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Les Vents Perfides - Livre Élémentaire IV
Les Vents Perfides - Livre Élémentaire IV
Les Vents Perfides - Livre Élémentaire IV
Livre électronique404 pages6 heures

Les Vents Perfides - Livre Élémentaire IV

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À propos de ce livre électronique

Devon Sanders, un détective privé réputé pour son efficacité et sa discrétion, n’a jamais laissé une averse l’empêcher de résoudre une affaire. Malheureusement, avec l’orage qui s’apprête à s’abattre sur le monde paranormal, le sort de Quintessence est plus que jamais incertain.

Quand ses alliés se transformeront en ennemis et que les allégeances commenceront à changer, Devon devra recourir à son instinct ainsi qu’à ses talents de détective et s’associer à ses amis pour porter secours non seulement aux étudiants de Quintessence, mais au monde paranormal tout entier. Il ne tardera pas à découvrir que sacrifier ce qu’il a de plus précieux pourrait lui coûter bien plus cher qu’il ne le pensait. Cette fois, les élémentaires ne seront pas de son côté et Devon devra apprendre que toute magie a un coût.

Plongez au cœur de la magie élémentaire.

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie1 oct. 2016
ISBN9781507157053
Les Vents Perfides - Livre Élémentaire IV

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    Aperçu du livre

    Les Vents Perfides - Livre Élémentaire IV - Rain Oxford

    Sommaire

    Sommaire

    Chapitre 1

    Chapitre 2

    Chapitre 3

    Chapitre 4

    Chapitre 5

    Chapitre 6

    Chapitre 7

    Chapitre 8

    Chapitre 9

    Chapitre 10

    Chapitre 11

    Chapitre 12

    Chapitre 13

    Chapitre 14

    Épilogue

    Chapitre 1

    — Je n’ai rien pris !

    — J’ai du mal à le croire, répondit l’homme tout en armant son révolver.

    La femme sale agenouillée devant lui se mit à pleurer de plus belle.

    Joy Marina, dix-neuf ans, était une fille discrète et perfectionniste, major de sa promotion, qui ne ratait jamais un cours et souriait toujours. Personne ne se serait attendu à ce qu’elle s’entiche d’un dealer de drogue. Mais elle avait rencontré « Robbie » durant son premier mois à l’université et son monde s’était écroulé. Quand il l’avait frappée pour la première fois, elle était retournée chez ses parents, mais il refusait de la laisser partir. Il avait essayé de l’isoler et était parvenu à l’éloigner de ses amis, mais son grand frère était, lui, d’un tempérament protecteur tenace.

    Quand ses parents avaient atterri à l’hôpital après un accident de voiture suspicieux, son frère m’avait contacté. J’avais rapidement découvert que ce n’était pas l’amour que cherchait Robbie ; une grande partie de son stock de drogue avait disparu et il tenait sa copine pour responsable. J’ignorais si elle en consommait ou non.

    Je les observais depuis la galerie d’un vieil entrepôt. Robbie et ses trois sous-fifres plaquèrent Joy contre un mur de caisses. Je voulais attendre d’avoir plus d’informations sur ses complices, mais il n’allait pas me faciliter la tâche. Il frappa Joy avec la crosse de son révolver et elle cria.

    — Où est-ce que tu l’as mise ?!

    Elle secoua la tête.

    — Je te jure, je n’ai rien pris. Je veux juste rentrer chez moi.

    Il recula d’un pas et pointa son révolver sur elle.

    — Tu ne rentreras plus jamais chez toi.

    Je sentis d’autres humains s’approcher et poussai une boîte par-dessus le bord de la galerie. Elle heurta le sol en fracas et les quatre hommes se tournèrent immédiatement vers moi. Aussitôt leurs révolvers détournés de la fille, je réagis à l’aide de mes pouvoirs. Je n’avais plus besoin d’instiller aux autres, humains comme animaux, mes propres sensations pour les leur faire ressentir ; je n’eus qu’à penser à du feu. Nourri par ma colère, il prit possession de leur esprit. Tous les quatre se mirent à hurler, lâchèrent leur arme, et de douleur, se saisirent le crâne. Pour eux, c’était comme un cauchemar empli de feu dont la douleur était réelle.

    Les sirènes des voitures de police résonnèrent dans la distance. Une fois certain qu’aucun d’entre eux ne se relèverait, je relâchai leur esprit et les laissai à la police. J’observai bien sûr la scène à distance, caché dans la forêt, et vis les officiers embarquer les hommes dans leurs voitures de patrouille. Le frère de Joy arriva pour l’emmener au poste pour sa déposition.

    *      *      *

    J’avais toujours été persuadé que les hommes venaient au monde innocents. Peu importe où ils naissaient ou qui étaient leurs parents, ils n’avaient pas une fibre de méchanceté en eux. Sans pour autant dire qu’ils n’avaient aucune prédisposition génétique à faire du mal à autrui. Je pense que la différence entre l’homme qui ouvre le feu dans une banque et celui qui prend une balle pour sauver la vie de quelqu’un d’autre relève autant de l’acquis que de l’inné.

    Les paranormaux rendent cette problématique plus compliquée. Ils naissent tout aussi innocents, mais leurs actions relèvent bien plus de l’inné - de leur nature - que de l’acquis. Les changeurs possèdent une partie animale qui met leur moralité humaine en conflit constant avec leur instinct bestial. Les fæ et les vampires ne possèdent quant à eux aucun côté humain.

    Bien que les fæ chérissent la nature, ils peuvent se montrer extrêmement arrogants et violents envers ceux qui la violent. Les vampires, qu’ils soient nés ainsi ou aient été transformés, survivent en prenant les humains comme proies, sans pour autant être obligés de les tuer. Les sorciers sont, en gros, des humains dotés de pouvoirs. L’exemple de John m’avait appris que cela pouvait être une très mauvaise chose.

    Quand j’étais enfant, je savais que j’étais différent. Heureusement, je n’étais pas assez puissant pour me rendre compte de ce dont j’étais capable. Si j’avais développé mes pouvoirs avant mes notions de moralité, je serais certainement devenu une tout autre personne.

    Et pourtant, je suis en train d’essayer de conclure un pacte avec un démon.

    Mais bon, j’ai bien épousé Regina… L’ironie était qu’après avoir hanté mes rêves depuis sa mort, Heather avait cessé de venir me voir après que j’avais acquis une épée de feu… que j’avais obtenue après avoir suivi des salamandres magiques.

    Je soupirai et soulevai mon café. Il était presque trois heures du matin, en plein mois de janvier, et j’étais assis dans ma voiture, en train de m’inquiéter au sujet d’un pacte avec Heather qui me permettrait de sauver mon amie d’enfance, au lieu de me concentrer sur mon travail. Dans le cas présent, mon travail consistait à surprendre le mari d’une cliente en plein adultère. Si cela avait été n’importe quelle autre cliente, j’aurais été trop occupé pour laisser mon esprit divaguer.

    Mrs Thomas m’avait déjà engagé à trois reprises et elle était toujours extrêmement soulagée quand je lui annonçais que son mari ne la trompait pas. Elle avait à chaque fois eu une raison de penser que c’était le cas, et elle était venue me voir en m’offrant une coquette somme pour s’assurer que personne n’apprendrait qu’elle enquêtait sur son mari. Comme elle détournait de l’argent de son entreprise, lui mentait et le trompait, j’avais en réalité assez envie de me faire attraper. Hélas, cela aurait mis fin à ma carrière et je n’étais pas prêt à prendre ma retraite. J’observais donc les fenêtres sombres de la maison du couple et ne disais rien.

    Récemment, Mr Thomas avait touché une belle somme d’argent et avait commencé à rester tard au travail. C’était l’excuse que sa femme avait utilisée pour m’engager à nouveau afin que je surveille leur maison pendant qu’elle passait la soirée avec sa sœur. Comme son mari avait éteint la lumière pour aller se coucher à minuit et demi, je m’attendais à passer une longue nuit ennuyeuse.

    Je jetai un regard contrarié à mon café tiède et le reposai. Bien sûr, je savais contrôler le feu, mais je considérais, pour des raisons qui m’étaient propres, qu’utiliser mes pouvoirs pour réchauffer mon café constituait une utilisation inappropriée de la magie.

    Quand les lampes du salon de la maison de l’autre côté de la rue s’allumèrent, j’attrapai mon appareil photo sur le siège passager. Après quelques instants, constatant qu’aucune voiture ne s’était engagée dans l’allée et que personne ne regardait à travers la fenêtre, j’eus la sensation de devoir aller y regarder de plus près. Je me fiai à mon instinct et tirai la poignée de la portière, mais fus surpris de constater que cette dernière ne s’ouvrait pas.

    — C’est une blague ?

    La portière était bloquée par la glace.

    J’appuyai mes mains à plat contre la portière, comme pour la pousser. Je me concentrai sur la chaleur et imaginai que je la transmettais à la portière. Comme je ne voulais pas mettre le feu à ma voiture, j’évitai de penser à des flammes. Je m’imaginai plutôt en train de courir en été. Quand mon rythme cardiaque s’accéléra, ma peau se mit à picoter au contact du scorpion d’or, ce qui m’avait surpris la première fois que cela s’était produit. Cette fois, je l’ignorai, car j’étais encore loin d’atteindre un seuil critique.

    Quelques minutes plus tard, je laissai la chaleur se dissiper de mon esprit et saisis à nouveau la poignée. Je poussai fermement la portière, qui s’ouvrit. En faisant attention à là où je mettais les pieds, je fermai la portière de la Nissan noire aussi silencieusement que possible. C’était une voiture de location, car la mienne ne passait pas inaperçue. En faisant de mon mieux pour ne pas me faire remarquer, je traversai la route et contournai le garage pour atteindre la cour arrière. Alors que j’allais m’approcher de la fenêtre de la cuisine, mon intuition me signala de me cacher. Je m’accroupis derrière des poubelles à côté du garage quelque secondes à peine avant que la porte de la cuisine ne s’ouvre.

    Le mari sortir de la cuisine… complètement nu. J’eus tout juste le temps de me demander quel genre de fantasmes il allait assouvir avant qu’il ne se transforme. Comme j’avais vu des changeurs se transformer à de nombreuses reprises, je fus soulagé de voir qu’il était devenu un loup gris. Je mentirais à sa femme pour protéger la communauté paranormale, mais je n’aurais pas hésité à le dénoncer s’il avait sacrifié des vierges dans son garage, ou autre chose dans le genre. Bien sûr, les mensonges de sa femme semblait désormais être le moindre de leurs soucis.

    Le loup s’en alla par le portail à l’arrière de la maison et je me dirigeai vers ma voiture, car je ne voyais aucune raison de le suivre. Pour la deuxième fois en seulement quelques minutes, mon instinct m’avertit d’un danger. Je me cachai dans l’ombre du garage et attendis. Quelques secondes plus tard, un SUV noir descendit lentement la rue. Il ralentit encore en arrivant à ma hauteur, mais passa finalement sans complètement s’arrêter.

    Quand ses phares arrière eurent disparu, je traversai la route et remontai dans ma voiture, qui avait recommencé à geler. La chaleur que j’avais créée à l’intérieure s’était entièrement dissipée et je dus donc laisser le moteur chauffer pendant une minute avant de m’éloigner.

    Les rues étaient presque désertes et je ne croisai que quelques voitures. Je sentais qu’on m’observait. Comme je voulais pouvoir tout laisser tomber d’un jour à l’autre au cas où une chance de sauver Astrid se présentait, je n’avais accepté que quelques rares affaires. J’avais donc du mal à voir qui j’aurais pu énerver. Peut-être les dealers, mais ça n’avait été qu’une petite opération. S’ils insistaient, je pourrais toujours retourner dans l’esprit de Robbie et le forcer à confesser tout ce que lui et ses amis avaient fait.

    Je fis une halte dans un diner ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre et commandai une tarte aux pommes chaude et un café. Je m’assis dans un petit box et regardai par la fenêtre. L’impression qu’on m’observait s’intensifia. Trente minutes environ plus tard, je n’avais plus aucune excuse. Je réglai mon addition et ressortis dans le froid. Un SUV, qui avait été caché dans une allée sombre à côté du diner, apparut en allumant ses phares, qui m’illuminèrent ainsi que ma voiture. Je soupirai. Avant de pouvoir faire un pas de plus en direction de ma voiture, un autre SUV noir s’engagea sur le parking et s’immobilisa devant moi. La portière s’ouvrit.

    — Monte.

    La voix m’était familière, mais je ne voyais rien ni personne à l’intérieur.

    — Et pourquoi donc ?

    Je sortis mon révolver de son étui et déployai mon pouvoir. Je sentis l’esprit d’un changeur extrêmement puissant, ainsi que celui d’un humain. Heureusement, je les reconnaissais tous les deux. Sans attendre de réponse de leur part ni ranger mon révolver, je montai et fermai la portière.

    — Vous êtes un peu loin de votre boîte de nuit, vous ne trouvez pas ? demandai-je.

    Des lumières bleues s’allumèrent à l’intérieur de la voiture et révélèrent que cette dernière était équipée de deux banquettes arrière qui se faisaient face, comme dans une limousine. Drake était assis à côté de moi et son garde du corps changeur qui se transformait en dragon de Komodo était à sa droite.

    — Range ton révolver, Devon, m’ordonna-t-il.

    Bien qu’il n’était qu’un humain dont le travail lui faisait passer tout son temps parmi les paranormaux, il avait l’habitude de toujours obtenir ce qu’il voulait. Il était de taille et de corpulence moyennes, ses cheveux noirs étaient gominés et il portait un élégant costume noir.

    — On est dans ma ville. Ne venez pas jouer à la mafia sur mon territoire.

    Drake sourit.

    — Vous autres flics, vous n’avez aucun talent pour les affaires.

    J’ignorai son commentaire, car je savais qu’il était au courant que je n’étais pas flic, tout comme que je savais qu’il ne faisait pas partie de la mafia.

    — Qu’est-ce que tu veux ?

    — Kevin, j’étais persuadé de lui avoir dit de ranger son arme.

    Le changeur ne s’était avancé que de quelques centimètres quand je dirigeai le canon de mon révolver vers son crâne.

    — Je croyais qu’on avait eu cette discussion, Kevin. Et les balles sont en argent.

    Le changeur recula.

    — Je veux détruire le conseil des sorciers, continua Drake en ignorant mon révolver et la soumission de son garde du corps. Ils mettent en place de nouvelles lois, de nouvelles taxes, et un système d’enregistrement, tout en essayant de nous faire croire que c’est dans notre intérêt à tous. Ils rallient certaines personnes à leur cause en leur offrant des droits et du pouvoir – des droits et du pouvoir qu’ils nous enlèvent pour essayer de nous les revendre. Des droits fondamentaux. Si le conseil parvient à ses fins, tout paranormal qui n’est pas un sorcier se retrouvera avec moins de droits qu’un humain. J’ai entendu dire qu’ils prévoyaient de limiter le régime alimentaire des changeurs pour les forcer à devenir végétariens, parce qu’ils pensent que ça les rendra moins agressifs.

    — Et qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Tu es humain.

    Il plissa les yeux, presque énervé.

    — Je suis humain, mais je vis dans la communauté paranormale. Je me soucie des paranormaux. Je me soucie de ce qui leur arrive.

    — D’accord, répondis-je en rangeant mon arme. Je suis d’accord, on doit les arrêter, mais pourquoi venir me voir moi ?

    — Le conseil ne peut pas introduire ses taxes avant d’avoir catalogué tous les paranormaux. Logan Hunt, directeur de Quintessence, est extrêmement protecteur de l’identité de ses étudiants. C’est pour cette raison que le conseil veut mettre la main sur ses registres. Je sais que tu es étudiant à l’université. Je sais aussi que Hunt garde tous les registres de son orphelinat, de l’école pour enfants et de l’université dans son bureau à l’université. Ces registres doivent être détruits pour le bien de tous.

    — J’en parlerai à Hunt. Si c’est réellement pour le bien de tous, il le fera.

    J’attrapai la poignée de la portière, l’ouvris, puis descendis de la voiture. Drake ne tenta pas de m’arrêter.

    — Vous savez ce qu’on dit ; il vaut mieux ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

    Je savais qu’il ne parlait pas de la clé, car il était impossible qu’il sache quoi que ce soit à ce sujet. Mais sa remarque m’énerva tout de même. J’essayais d’être préparé à toute éventualité et de garder mes options ouvertes, mais il m’était de plus en plus difficile de différencier ceux qui étaient de mon côté de ceux qui essayaient seulement de m’utiliser. Mes visions du futur étaient changeantes, mon cœur risquait de lâcher la prochaine fois que je me mettrais en colère, et mon amie d’enfance était en enfer grâce à un professeur qui voulait que je signe un pacte avec son démon de fille. Enfin, ce n’était pas vraiment l’enfer et Heather n’était pas vraiment un démon. Mais apprendre que le père d’Astrid était un sorcier de Dothra et sa mère une vampire ne rendait rien de tout cela plus facile.

    J’arrivai devant chez moi quelques minutes plus tard, franchis la porte du bâtiment principal et me rendis silencieusement jusqu’à mon appartement, mais m’immobilisai devant ma porte. Quelqu’un se trouvait à l’intérieur. Je déployai à nouveau mon pouvoir, puis soupirai en reconnaissant immédiatement l’intrus. J’ouvris la porte, entrai chez moi et la refermai.

    Le changeur jaguar était assis sur mon canapé, une expression inquiète sur le visage.

    — Tu veux que je revienne plus tard ?

    — Non. Qu’est-ce qui se passe ? demandai-je.

    Henry avait l’air plutôt fatigué, mais il n’était pas blessé. Demander à cet expert voleur comment il était entré chez moi aurait été inutile.

    — Tu m’as proposé un travail, il y a quelque temps. Je sais que tu n’étais qu’à moitié sérieux, mais est-ce que tu as toujours besoin d’aide ?

    — Heu… ouais. Est-ce que tes parents sont toujours… ?

    — Ils sont vivants.

    — Donc tu ne leur as rien demandé au sujet de Scott ?

    — Depuis que tu m’as dit que je n’ai pas tué Zoé, j’ai repensé à ma vie. Je t’ai cru quand tu m’as dit ce que tu avais vu, mais il m’a fallu des mois pour croire vraiment que je ne les avais pas tués. J’ai commencé à mieux écouter mon jaguar et à me remémorer ces moments. Mon jaguar hait mes parents plus que quiconque.

    — Donc tu te rends compte que ton jaguar essaie seulement de te protéger ?

    — Je ne lui accorde pas une confiance aveugle, mais je veux croire que je n’ai jamais tué personne… à part Mrs Ashcraft.

    — C’était l’œuvre de John, toi et ton jaguar n’y êtes pour rien.

    — J’ai dit à mes parents que je sais ce qu’ils ont fait et j’ai exigé qu’ils me disent où se trouve mon fils. Ils m’ont répondu qu’ils l’ont déposé dans un orphelinat et qu’ils n’avaient aucune idée de l’endroit où il se trouvait. J’étais à deux doigts de les tuer… mais je me suis retenu pour deux raisons. La première, c’est qu’ils mentent quand ils disent qu’ils ne savent rien. Ils l’auraient abandonné dans un orphelinat, mais ils ne renonceraient jamais à un moyen de pression. La seconde, c’est que je viens de découvrir que je ne suis pas un tueur. Je ne veux pas en être un le jour où je retrouverai Scott.

    — C’est une excellente raison. Est-ce qu’ils t’ont dit quel orphelinat ?

    — Sous la contrainte. Ils l’ont déposé sans dévoiler son nom à personne. Je ne sais pas à quoi il ressemble, où il se trouve, ou même quel nom ils lui ont donné. Il n’aura même pas la même date de naissance.

    — Il n’y a aucun dossier contenant des empreintes digitales, ou autre chose d’utile ?

    — Il n’est pas né aux États-Unis, mais ma mère l’a déposé dans un orphelinat en Arizona.

    — Comment lui a-t-elle fait passer la frontière ?

    — Je n’en ai pas la moindre idée. Je me suis rendu à l’orphelinat, mais il a été détruit par un incendie et tous les dossiers des enfants placés en familles d’accueil ou adoptés ont été brûlés. Il restait quelques dossiers d’enfants qui ont été transférés dans d’autres orphelinats, mais aucun d’entre eux ne correspondait à Scott.

    — Les bébés sont en général immédiatement adoptés. Il y avait sûrement une liste d’attente, Scott aurait été adopté avant même qu’ils puissent l’installer dans un berceau. S’il a été adopté, il est possible qu’il ait une famille aimante.

    — Je sais, mais c’est peut-être un changeur.

    — D’accord. Il nous reste une semaine avant le début du semestre. Dans la matinée, on ira trouver…

    — Non, m’interrompit-il. Le conseil se méfie de nous et de Darwin, ils nous surveillent certainement. Sans oublier l’homme des ombres. Tant que le danger n’est pas avéré, je pense qu’il vaut mieux qu’on attende de ne plus être sous surveillance.

    *      *      *

    Je laissai échapper un grognement en entendant la sonnerie de mon téléphone. Je me levais plus tard depuis que j’avais appris que j’étais un sorcier et j’avais acheté des rideaux occultants. Comme l’écran du téléphone était trop lumineux pour mes yeux adaptés à l’obscurité, je répondis sans le regarder.

    — Allô ?

    — Tu devrais surveiller tes arrières.

    Je vérifiai l’écran, surpris d’y voir un numéro, bien que je ne le reconnaisse pas.

    — Qu’est-ce qui ne va pas ? demandai-je en me redressant.

    J’avais reconnu la voix de Marcus.

    — Tu te souviens de ce problème que j’ai eu il y a quelques mois ?

    — Ouais.

    Quelqu’un le suivait, mais il ne m’avait jamais demandé d’aide et j’en avais déduit qu’il s’en était occupé.

    — Eh bien le problème m’a retrouvé. Trois de mes amis ont été blessés et six autres ont disparu. Tous les gens que je connais se font attaquer.

    — Et ton ordinateur ?

    — Détruit. Ma maison a sauté alors que je me trouvais à l’intérieur.

    — Tu as besoin d’aide ?

    — Pas encore. Je vais essayer de disparaître à nouveau, mais je te contacterai si j’ai besoin de toi. Je dois y aller.

    — Attends, juste une chose…

    — C’est parti par la poste. Si tu rencontres…

    La ligne fut coupée.

    Avant que j’aie le temps de reposer le téléphone, il sonna à nouveau. Le numéro était différent.

    — Allô ? demandai-je en répondant.

    — Bonjour Devon, c’est Cindy. Je ne te réveille pas, j’espère ?

    Cindy était une des personnes qui m’avait parlé de Quintessence avant que je ne rencontre John. Elle m’avait engagé plusieurs fois pour lui dégoter des livres de magie très rares.

    — Bonjour. Non, je suis debout. Tu as besoin d’un autre livre ?

    — En réalité, j’ai appris que tu pratiquais toi-même l’art.

    — Il semblerait que j’aie perdu mon anonymat.

    Elle rit.

    — Seulement dans la communauté paranormale. C’est à ce sujet que j’appelle. Quelque chose de surnaturel est en train de se produire ici et je ne sais pas qui d’autre me croirait, et encore moins qui serait capable de m’aider. Le mari de ma sœur s’est fait attaquer… par des abeilles. Il a été hospitalisé à cause d’une réaction grave aux piqûres.

    — D’accord, mais en quoi est-ce surnaturel ?

    — Quatre témoins disent qu’il n’y avait aucune abeille.

    — Quelle est son adresse ?

    — Elle vit en face de chez moi.

    — J’embarque sur le prochain vol, mais sache seulement que je suis attendu ailleurs le vingt-cinq.

    — Ouais, je sais, pour le début du semestre.

    J’avais envie de lui demander comment elle était au courant, mais ce n’était pas le genre de discussion à avoir au téléphone.

    — D’accord, on se voit dans quelques heures.

    Je raccrochai et m’habillai. Alors que j’étais en train d’enfiler un t-shirt noir, mon téléphone sonna à nouveau. C’était Mrs Thomas, qui voulait des nouvelles de son mari. Je lui annonçai pour la quatrième fois qu’il était innocent, mais c’était la première fois que je lui mentais.

    Quand j’arrivai enfin à la cuisine, Henry était en train de préparer le petit-déjeuner.

    — Salut.

    — Salut, répondit-il. Tu devrais te forcer à te lever tôt pendant les vacances, comme ça tu auras déjà le rythme à la rentrée.

    — Ça ne m’a jamais posé de problème avant. J’arrivais à rester debout toute la nuit pour faire des planques, ou des trucs dans le genre, et une sieste d’une heure suffisait à me requinquer.

    J’attrapai une tasse dans un placard et la remplis de café.

    — On a une affaire.

    — J’ai entendu. Enfin, je t’ai entendu toi.

    — Je t’aurais dit de faire ta valise pendant que je réserve les billets d’avion, mais tu n’as rien apporté.

    — J’ai laissé mes sacs dans ma voiture parce que je n’étais pas certain de l’endroit où je logerais.

    — Tu ne peux de toute façon pas faire l’aller-retour entre chez toi et ici chaque jour, et j’ai une chambre de libre. Et pour ton salaire, est-ce que tu préfères une somme fixe ou un pourcentage ?

    — Tout ce qui m’intéresse, c’est d’avoir un travail réglo et de tourner le dos à mes parents et à cette vie.

    — Est-ce que tes parents vont te poursuivre ?

    — S’ils viennent, ce sera avec quelque chose qui leur permettra de me faire chanter. Je mets ta vie en danger rien qu’en étant ici, mais je me suis dit que contrairement à n’importe qui d’autre, tu as de quoi te protéger.

    — J’ai une bonne alarme et Vincent m’a appris des sorts qui pourront être utiles. Ça ne suffira pas à empêcher quelqu’un de m’attaquer, mais ça pourra les empêcher d’entrer sans se faire remarquer.

    — S’ils viennent pour me menacer en utilisant Scott comme chantage, ça me permettra au moins d’obtenir des informations à son sujet.

    *      *      *

    Bien que l’avion ait atterri à l’heure, le vol fut très désagréable à cause de turbulences inattendues et presque violentes. J’entendis une des hôtesses se plaindre des téléphones portables et pensai à demander à Darwin s’ils interféraient réellement avec les appareils de bord. Henry resta stoïque, plongé dans un de mes romans policiers, mais je devinai qu’il était irrité en voyant ses poings serrés et ses muscles contractés.

    Nous ne parvînmes dans la petite ville de l’État d’Oklahoma qu’à six heures. Le taxi nous déposa devant la maison de Cindy, qui était une des seules à ne pas avoir l’air de tomber en ruines. Celle qui lui faisait face, bien qu’à l’allure subtilement menaçante, était elle aussi en assez bon état. Cindy sortit sur son porche alors que je payais le chauffeur de taxi et récupérais mon sac.

    — C’est donc ça que tu fais, dit Henry en jetant un regard dubitatif à la maison.

    — En fait non. J’ai toujours refusé les affaires paranormales.

    — Peut-être aurais-tu dû en faire de même cette fois.

    — Ce ne sera pas si difficile, répondis-je en observant la maison.

    — Merci d’être venu, dit Cindy.

    C’était une femme menue d’environ un mètre soixante, avec des cheveux teints en violet.

    — Et qui est ton ami ?

    — Je te présente Henry. Il travaille avec moi.

    Quand ils se serrèrent la main, je remarquai la longue inhalation de Henry. C’était sa façon de la renifler discrètement. Je remarquai également l’enveloppe qu’elle tenait dans la main gauche.

    — Comment ça va ?

    — Jusqu’à il y a environ un mois, ça allait bien. Ensuite des trucs bizarres ont commencé à se produire.

    — Bizarres comment ?

    — Eh bien, rien de très grave. Des tempêtes de neige sorties de nulle part au milieu de la nuit, des objets qui lévitent, ou toutes les voitures de la rue qui refusent de démarrer. Quand on pose un objet sur une surface, il glisse hors de portée… Et les chaises se sont empilées d’elles-mêmes sur la table à manger plusieurs fois.

    — Tu penses à un esprit frappeur ?

    — Ouais. Et on a des problèmes d’électricité aussi. Puis, il y a une semaine, c’est devenu plus sérieux. Les ampoules se sont mises à exploser, des objets ont pris feu spontanément, et tous les chats sauvages ont complètement disparu.

    J’échangeai un regard avec Henry, puis nous nous tournâmes vers la maison.

    — Le mari de ta sœur a été le seul à se faire attaquer ?

    — Oui.

    — Personne n’avait de raison de s’en prendre à lui ?

    — Non. Luther n’a jamais fait de mal à personne. Je vais t’y emmener, tu pourras parler à Meg, ma sœur. Ah, et j’ai trouvé ça pour toi dans mon courrier, ajouta-t-elle en me tendant l’enveloppe vierge, que je glissai dans la poche intérieure de ma veste.

    Nous traversâmes la rue et frappâmes à la porte. La femme qui nous ouvrit ressemblait énormément à Cindy, sauf que ses cheveux étaient brun foncé. Ses yeux étaient rougis, mais ses joues n’étaient pas bouffies. Elle avait probablement arrêté de pleurer une heure auparavant. Elle adressa un sourire manifestement forcé à sa sœur.

    — Meg, je te présente Devon et Henry. Ils vont enquêter sur ce qui est arrivé à Luther.

    — Il n’est pas encore rentré. Les médecins veulent le garder encore une nuit à l’hôpital en observation.

    — Quand l’attaque a-t-elle eu lieu ? demandai-je.

    — Hier soir, à huit heures environ. Entrez.

    Elle s’écarta de l’entrée en fit signe en direction du canapé.

    C’était une petite maison tout à fait convenable. La porte d’entrée donnait sur le salon, qui était décloisonné et ouvert sur la cuisine. Au fond de cette dernière se trouvait une porte, et un couloir sur la gauche menait aux chambres à coucher et aux salles de bains. L’absence d’objets wiccans indiquait que Meg ne partageait pas les mêmes centres d’intérêt que sa sœur.

    — Est-ce que je peux vous offrir du café ?

    — Non merci, répondis-je.

    Mon instinct ne m’avertissait d’aucun danger, mais il y avait bel et bien quelque chose de bizarre. J’avais l’impression d’être dégoûté par quelque chose, sans savoir quoi exactement.

    — Votre mari était-il à l’intérieur ou à l’extérieur quand il a été attaqué ?

    — Il a entendu un bruit dehors et il est sorti sur le porche à l’arrière de la maison. Nos voisins étaient en train de faire un barbecue, donc ils ont tout vu. Ils ont dit qu’il essayait de chasser quelque chose de la main, mais ils n’ont ni vu ni entendu d’abeilles. Et je ne sais pas si vous avez des abeilles là où vous vivez, mais laissez-moi vous dire, si vous croisez un essaim, vous l’entendez.

    — Et il avait des piqûres, ou seulement une réaction ?

    — Il avait des dards plantés dans tout le corps. Ses vêtements ne l’ont même pas protégé.

    Nous la suivîmes jusqu’à la cuisine, où elle se servit une tasse de café.

    — S’est-il disputé avec quelqu’un récemment ?

    — Non… répondit-elle en secouant la tête

    Henry se racla la gorge pour me faire savoir qu’elle mentait. Nous l’observâmes tous les deux et elle détourna le regard.

    — Eh bien, on s’est un peu disputés récemment, mais je ne ferais jamais de mal à Luther. Et je sais qu’il ne s’est disputé avec personne d’autre.

    Henry jeta un regard rapide à Cindy avant de me regarder à nouveau. Je secouai la tête. Je savais que Cindy avait les connaissances nécessaires, mais elle était wiccane et croyait donc à la règle du triple retour. Elle croyait que chacune de ses actions, bonne ou mauvaise, lui reviendrait à puissance triplée. Si j’avais bien compris, tout son pouvoir lui venait de ses croyances religieuses, contrairement à la magie qu’on nous apprenait à Quintessence.

    — Je vais jeter un coup d’œil dehors, proposa Henry.

    Je hochai la tête et il sortir par la porte arrière.

    — À quel sujet vous disputiez-vous, si ce n’est pas trop indiscret ?

    — L’argent.

    Elle posa sa tasse, qui glissa le long du comptoir.

    Alors qu’elle allait passer devant moi, je tendis la main pour la bloquer. Elle s’arrêta à deux centimètres de ma paume, assez brusquement pour faire gicler une partie de son contenu. Je concentrai mon pouvoir mental non pas pour trouver un autre esprit,

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