Le secret de la confession
Dans la sacristie, Adrien Meunier, la cinquantaine grisonnante, prêtre de son état depuis vingt ans, posa l’étole violette sur ses épaules et récita une courte prière. Les confessions étaient assez rares de nos jours dans sa petite église d’une ville de la périphérie de Lyon. Curieux de nature, il se creusait la tête. Qui donc trouverait-il derrière la grille du confessionnal ce jeudi matin ? C’était un homme, il l’avait eu au téléphone. D’après la voix, il devait avoir le même âge que lui, approximativement. Il connaissait tous ses fidèles qui n’étaient pas très nombreux, et cette voix ne lui en rappelait aucun. Quelqu’un frappa à la porte.
– Entrez, Philomène.
Les gonds grincèrent et un visage féminin encadré d’une épaisse chevelure blonde parut dans l’interstice.
– Votre client est là, mon père, et il a une mine patibulaire, méfiez-vous, chuchota la femme. Adrien Meunier soupira, agacé.
– Combien de fois devrais-je vous rappeler qu’on ne dit pas « client », mais « pénitent » ? Et puis ce n’est pas très charitable de juger les gens à leur physique.
– En tout cas, il vous attend, conclut Philomène en refermant la porte. Philomène était veuve depuis trois ans. Comme elle n’avait jamais travaillé pour élever ses deux enfants et qu’il n’était pas très facile de trouver un emploi à 40 ans, elle occupait quelques places de femme de ménage, dont celle-ci, à l’église.
Le prêtre était persuadé qu’elle en pinçait pour lui et que ça ne datait pas d’hier.
Il en était à la fois gêné et amusé. Quelquefois, il avait véritablement l’impression qu’elle le déshabillait du regard pendant les offices où l’on ne l’avait jamais autant vue que depuis la mort de son mari.
Adrien la suivit de peu et entra dans le confessionnal. Là, il ouvrit la petite trappe et le visage d’un homme lui apparut derrière la grille.
Il faisait un peu trop sombre pour qu’il puisse le reconnaître, il ne vit qu’un éclat brillant dans le
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