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Tentation Indécente
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Livre électronique308 pages4 heures

Tentation Indécente

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À propos de ce livre électronique

C'était comme si Hadès avait revendiqué Perséphone pendant trente jours.
Je ne regardais pas où j'allais et, au volant de ma voiture, j'avais foncé droit sur Ricardo Ruiz, le dieu des Enfers. C'était un meurtrier. Un criminel. Je n'avais pas d'assurance. Pas d'argent. Aucun moyen de payer les réparations de son Aston Martin. Je l'avais supplié de trouver une solution officieuse. Je ne pouvais me permettre qu'une autre infraction soit retenue contre moi. Il m'avait dit qu'abîmer sa voiture allait me coûter cher.
Et le prix à payer, c'était moi.

LangueFrançais
ÉditeurK. P. Taylor
Date de sortie30 janv. 2022
ISBN9798201032517
Tentation Indécente

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    Tentation Indécente - P. A. Thomas

    Tentation Indécente

    Tentation Indécente

    P. A. Thomas

    Translation Copyright © 2021 P. A. Thomas

    Sweet Temptation Copyright © 2021 P. A. Thomas

    La reproduction de tout ou partie de ce libre est interdite, souts quelque forme que ce soit ou par tout moyen électronique ou mécanique, y compris les systèmes de stokage et de recherche d’informations, sans autorisation écrite de l’auteur, sauf pour l'utilisation, dans une critique de livre, de brèves citations.


    Un Patron Indécent est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, lieux, événements et incidents sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, ou avec des événements réels est purement fortuite. Cette historie aborde des thémes adultes et peut contenir un langage parfois dur, ainsi que des situations sexuelles. Elle est uniquement destinée aux lectuers adultes.

    Tous les personnages impliqués dans les situations mentionnées ci-dessus sont âgées de plus de 18 ans, et tous les actes sexuels son consentis.

    Vellum flower icon Réalisé avec Vellum

    Table des matières

    À propos de l’auteur

    Chapitre Un

    Chapitre Deux

    Chapitre Trois

    Chapitre Quatre

    Chapitre Cinq

    Chapitre Six

    Chapitre Sept

    Chapitre Huit

    Chapitre Neuf

    Chapitre Dix

    Chapitre Onze

    Chapitre Douze

    Chapitre Treize

    Chapitre Quatorze

    Chapitre Quinze

    Chapitre Seize

    Chapitre Dix-sept

    Chapitre Dix-huit

    Chapitre Dix-neuf

    Chapitre Vingt

    Chapitre Vingt et un

    Chapitre Vingt-deux

    Chapitre Vingt-trois

    Chapitre Vingt-quatre

    Chapitre Vingt-cinq

    Chapitre Vingt-six

    Chapitre Vingt-sept

    Chapitre Vingt-huit

    Chapitre Vingt-neuf

    Chapitre Trente

    Chapitre Trente et un

    Chapitre Trente-deux

    Chapitre Trente-trois

    Chapitre Trente-quatre

    Chapitre Trente-cinq

    Chapitre Trente-six

    Chapitre Trente-sept

    Chapitre Trente-huit

    Chapitre Trente-neuf

    Chapitre Quarante

    Chapitre Quarante et un

    Épilogue

    À propos de l’auteur

    À propos de l’auteur

    Elle habite avec ses trois enfants à Madrid.

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    Tentation Indécente

    C’était comme si Hadès avait revendiqué Perséphone pendant trente jours.

    Je ne regardais pas où j’allais et, au volant de ma voiture, j’avais foncé droit sur Ricardo Ruiz, le dieu des Enfers.

    C’était un meurtrier.

    Un criminel.

    Je n’avais pas d’assurance.

    Pas d’argent.

    Aucun moyen de payer les réparations de son Aston Martin. Je l’avais supplié de trouver une solution officieuse. Je ne pouvais me permettre qu’une autre infraction soit retenue contre moi.

    Il m’avait dit qu’abîmer sa voiture allait me coûter cher.

    Et le prix à payer, c’était moi.

    Chapitre Un

    Ricardo


    Mon portable sonna. Je n’avais pas besoin de regarder l’écran pour savoir qui m’appelait à cette heure de la nuit.

    — Hijo ¹, articula mon père d’une voix pâteuse quand je décrochai.

    — Pa. Tu devrais dormir.

    Il gloussa, comme il le faisait chaque fois que je lui conseillais de se reposer.

    — Toi aussi. Il est une heure passée. Et puis, je suis au lit. Je voulais juste te rappeler la réunion de demain.

    Je hochai la tête.

    — J’y serai, pas de soucis. Hasta mañana ².

    — Buenas noches ³.

    Il raccrocha sur ces mots. Je consultai ma Rolex et me rendis compte qu’il avait raison : il était tard et, non seulement il aurait dû dormir, mais moi aussi. Chaque vendredi soir, nous avions la même conversation au sujet de notre réunion du samedi. Nous prenions le petit déjeuner ensemble, chez lui, dans la véranda ou parfois dans le jardin, selon la météo. La discussion tournait toujours autour des mêmes questions :

    Combien nous devait-on d’argent ?

    Qui avait besoin d’être sévèrement remis à sa place ?

    Qui gérait son business sans accroc ?

    Dans notre secteur d’activité, ce dernier point était une rareté. Nous avions tendance à écarter tous ceux qui appartenaient à la troisième catégorie, car nous savions bien que ce statut pouvait changer du jour au lendemain. En l’espace d’une semaine seulement, quelqu’un pouvait remonter dans la deuxième catégorie et devenir un problème dont nous devions alors nous occuper.

    Je savais qu’il avait pris son petit verre quotidien, probablement juste avant de se coucher ; je faisais la même chose. Par contre, je ne laissais pas mon verre près du lit. Non, je le prenais dans mon bureau et je grimpais ensuite à l’étage. Parfois, il me suffisait de monter l’escalier pour encore un peu plus me fatiguer.

    Ces derniers temps, beaucoup de choses commençaient à mal tourner. Un jour, j’allais prendre la tête de l’empire, et même si mon père répétait qu’il avait confiance en moi, parfois, je me posais des questions. Nous avions tous les deux nos propres équipes, pour différentes raisons. La sienne se composait de plein de vieux briscards qui passaient le flambeau à leurs fils ; la mienne comptait juste cinq personnes qui se débrouillaient ensemble pour accomplir leurs missions.

    Bientôt, je monterais l’escalier, retirerais mon costume à toute vitesse, comme s’il était fait de flammes, puis je plongerais dans mon lit en tenue d’Adam. Comme je le faisais tous les soirs. Je ne craignais pas que quiconque pénètre dans ma chambre. Personne ne l’avait jamais fait, personne n’avait jamais osé faire une telle chose. Pas seulement parce que c’était ma chambre ; même mon père disait que cette pièce lui foutait les jetons.

    Ma chambre ressemblait à mon interprétation de l’enfer, rouge et noir, ce que j’imaginais être les nuances du Mal. Les démons n’avaient rien à voir avec ces animaux laids à la tête surmontée de cornes que les films représentaient bêtement ; non, c’était tout le contraire. L’enfer était à mes yeux rempli des plus beaux hommes et des plus belles femmes qui soient, qui évoluaient là en s’émerveillant de leur destin. Et c’était bien cette ambiance-là que charriait l’atmosphère de ma chambre. La vraie laideur, cachée derrière la beauté extérieure. J’avais fait peindre La Carcasse d’Agostino Veneziano au plafond. Elle reflétait tout ce qu’il y avait de malfaisant dans le monde actuel, la cruauté des hommes et des femmes envers tous ceux qu’ils considéraient comme inférieurs à eux. Cette peinture symbolisait mon univers, le monde de ténèbres auquel ma famille appartenait et la façon dont nous traitions autrui. Nous utilisions les gens, nous leur faisions des choses terribles pour obtenir tout ce que nous désirions.

    Les murs étaient ornés de reproductions du triptyque Le Jardin des délices, une allégorie de notre monde actuel, même s’il avait été peint au XVe siècle. Il représentait un monde qui avait succombé aux tentations du malin et subissait par conséquent la damnation éternelle. Le tableau présentait des couleurs froides et la nudité des silhouettes humanoïdes ne versait absolument pas dans l’érotisme, elle mettait plutôt en évidence les tentations après lesquelles l’Homme courait. La noirceur de ma chambre reflétait l’âme de la personne qui y résidait. La personne qui se lavait nue dans la salle de bain et dormait dans ce lit.

    Je n’avais jamais vu la bonté chez qui que ce soit et je savais que je n’y arriverais jamais. Je fermai les yeux en pensant à ceux qu’il faudrait tuer ou à qui il faudrait donner une bonne leçon le lendemain. Pour l’instant, je me contentai de ressentir les effets du Louis XIII, mon alcool préféré, qui prenait mon corps en otage. Demain serait un autre jour ; pas une journée plus lumineuse, non, juste une autre journée placée sous le signe des ténèbres.


    * * *


    Quand je me réveillai, il faisait encore nuit ; après tout, il n’était que cinq heures du matin. J’avais une routine stricte et m’imposais de me réveiller tous les jours à la même heure. En général, je ne dormais pas beaucoup, peut-être quatre à cinq heures tout au plus. Je me dirigeai vers la douche et je ne pris même pas la peine de fermer la porte. Seule ma gouvernante, Lourdes, vivait avec moi, et le reste du personnel ne commençait qu’à sept heures. J’essayais de ne pas me trouver à la maison quand ils étaient là, car je ne supportais pas que les gens fassent le ménage autour de moi. Ça me tapait terriblement sur les nerfs.

    Je fis couler l’eau froide, car je sentais que j’avais besoin d’un bon coup de fouet. J’avais peut-être trop bu, la veille au soir ; j’avais un peu la gueule de bois, ce qui était surprenant, vu que je ne buvais jamais jusqu’à l’ivresse. Cela dit, j’étais sorti fêter quelque chose avec la bande. Nous avions de quoi être heureux, et c’était sans doute pour ça que je me sentais si mal. Quand je baissai les yeux, je constatai que j’étais encore tout habillé.

    C’était quoi, ce bordel ?

    Il avait dû se passer quelque chose, parce que la dernière chose dont je me souvenais, c’était d’être monté dans ma chambre après avoir discuté avec mon père, et j’étais quasi sûr de m’être dévêtu… Quand m’étais-je levé et habillé ?

    Personne n’aurait osé pénétrer ici, je devais donc être confus, la soirée ne s’était sûrement pas terminée comme je me la rappelais. Soudain, je réalisai : je devais apprendre à mesurer ma consommation d’alcool. Ces derniers temps, je m’étais réveillé sans vraiment me souvenir des événements de la veille. Et en pensant que quelque chose s’était passé, alors que ce n’était pas le cas.

    J’avais peut-être besoin d’un ami intime, comme mon père me l’avait conseillé. Je n’étais pas comme lui. Je n’utilisais pas le sexe comme une arme et n’étais jamais satisfait tant que je n’avais noué aucun lien avec ma partenaire. Coucher juste pour coucher, ça ne fonctionnait pas avec moi. Je savais que les gars de ma profession marchaient ainsi, mais moi, je n’arrivais absolument pas à m’imaginer faire ça régulièrement. Mon cousin Diego se faisait parfois trois ou quatre filles en une nuit, mais il était jeune, lui. « Tout est question de plaisir, primo ⁴ ! » me disait-il en me faisant un clin d’œil. Quand nous nous trouvions chez lui ou chez quelqu’un d’autre et qu’une fête battait son plein, il n’hésitait pas à draguer une ou deux filles.

    La vie est trop courte. J’avais entendu tant de personnes différentes répéter cette phrase maintes et maintes fois !

    Peut-être que la prochaine étape serait de me trouver une compagne. Sortir et trouver quelqu’un, quelqu’un qui ne soit pas dans mon secteur d’activité. Putain, ces femmes-là étaient tellement exigeantes ! Elles voulaient toujours plus de ceci, plus de cela.

    Avoir une relation avec une Mexicaine serait agréable durant les premiers mois, mais ensuite, elle se mêlerait de ce qui ne la regardait pas et, avant que je ne m’en rende compte, elle deviendrait insupportable. Non, j’avais besoin de quelqu’un pour me tenir compagnie au lit quand j’en aurais envie ou si j’en avais envie.

    Pa m’avait dit une fois qu’il savait comment dénicher ce genre de personne. J’en discuterais avec lui lors de la réunion, car pour l’instant, il fallait que me prépare. Je n’aimais pas être en retard, alors je devais être à l’heure. Même si personne ne respectait la ponctualité dans ma famille, je m’assurais de le faire avec tout le zèle du monde. Je levai les yeux vers la vieille pendule qui carillonnait dans ma salle de bains. J’avais des pendules partout. Le temps, c’était de l’argent ; deux choses que je ne pouvais pas me permettre de perdre.

    1 Fils.

    2 À demain.

    3 Bonne nuit.

    4 Cousin.

    Chapitre Deux

    Une semaine plus tard…


    Ricardo


    J’étais assis dans la salle d’une de nos planques, rongé par le chagrin et la colère. Nous n’en avions pas beaucoup en ville, et nous préférions qu’elles soient bien cachées, mais il était assez difficile d’avoir des planques dans une ville jonchée d’immeubles comme Chicago. Nous utilisions donc l’une des boutiques que nous possédions pour blanchir de l’argent. Le quotidien de merde typique de chaque roi de la pègre, des restaurants aux magasins de vêtements pour homme. On aurait pu ajouter les casinos à la liste, mais alors, ces connards d’agents fédéraux auraient été dessus, collés à nous comme des sangsues. Nous préférions les restaurants, car il n’y avait rien de plus satisfaisant que de tabasser quelqu’un et de pouvoir avaler un bon repas après.

    Même si j’essayais d’effacer de mon esprit l’image qui ne cessait de revenir à moi, je n’y arrivais pas. Même si une semaine entière s’était écoulée, j’avais encore l’impression que ça s’était passé la veille. Ni la nourriture, ni l’alcool, ni le temps ne pouvaient effacer ça. Je bondis sur mes pieds comme si un éclair risquait de frapper la chaise sur laquelle je me trouvais. Je me souvins du corps sans vie de Pa allongé dans son lit. L’homme que j’aimais plus que ma propre personne était mort, et je ne savais pas si je me sentirais à nouveau moi-même un jour ni si j’en avais quelque chose à faire.

    Aujourd’hui, ça faisait une semaine.

    Une semaine depuis ce jour où je l’avais perdu. Je ne me souvenais pas de la dernière fois où un membre de notre famille était décédé de cause naturelle, cela semblait arriver rarement. Dans notre profession, nous étions constamment menacés de mort. J’avais envoyé beaucoup d’hommes dans la tombe sans même ciller. D’autres avaient tenté de me descendre et je n’hésitais jamais à leur rendre la monnaie de leur pièce.

    Alcool.

    Sexe.

    Femmes.

    Ces vices rendaient supportable notre quotidien, car nous jouions tous les jours à la roulette russe ; il était clair que nous franchirions un jour la ligne blanche et en paierions le prix fort. Le jour où j’avais trouvé le corps de mon père, ça avait tout changé pour moi. Quand j’y repensais, je me sentais tout engourdi, comme chaque putain de jour depuis lors.

    Aurais-je pu changer le cours des événements ?

    Si j’avais su qu’il se tramait quelque chose, j’aurais pu intervenir. C’est la question à un million de dollars qui doit traverser l’esprit de toute personne qui vient de perdre un être cher.

    Je suis né au cœur de la pègre, mon grand-père était mexicain et, à l’époque, venir vivre aux États-Unis était un sacré luxe. Maintenant, c’était une nécessité qui m’insupportait, la plupart du temps. Après le krach de Wall Street, ma famille et les autres avaient contribué à maintenir sur pied la putain d’économie du pays. Nous n’étions pas perçus comme des criminels, autrefois, mais bien comme des sauveurs.

    Quand ça les arrange, nous sommes des criminels, à tel point que le Président parle de construire un foutu mur pour nous séparer. Ils devraient le construire, ce putain de mur, et on verra combien de temps ils tiennent sans notre sucio dinero ¹. Notre argent est tellement sale quand ils en ont besoin pour survivre à la crise économique qui frappe à leur porte ! Les politiciens et même les banquiers viennent nous supplier de leur prêter de l’argent. Ils veulent que nous restions là, et pourtant, le reste du temps, ils nous traitent comme des animaux. Comme si nous méritions d’être enfermés dans une cage avant de la jeter au fond de l’océan.

    Pa disait toujours que nous devions leur manger dans la main, car un jour, ce serait leur tour de nous manger dans la main. C’était une putain de blague, car parfois, on avait l’impression qu’ils nous égratignaient la main de leur bec lorsqu’ils nous rendaient service.

    Il n’y avait aucune trace d’effraction, aucun signe avant-coureur, à un détail près : Pa n’était toujours pas levé à six heures. Parfois, il se levait un peu plus tard… genre six heures dix… Mais à six heures trente, j’avais compris qu’il se passait quelque chose d’anormal.

    Alors, j’étais allé chez lui. J’avais frappé à la porte. Rien.

    — Pa ! ¡Despiértate ²! avais-je lancé en riant lorsque j’étais entré dans sa chambre pour tirer les rideaux.

    J’avais jeté un coup d’œil derrière moi, il dormait paisiblement dans son lit. C’était du moins ce que je croyais…

    Ce n’est que lorsque je l’avais regardé de près que je m’étais figé, car je ne voulais pas le déranger. Sauf que quelque chose me paraissait bizarre. Il était si immobile, si pâle, à l’opposé du teint bronzé qu’il arborait habituellement, que je m’étais penché vers lui pour lui déposer un baiser sur le front. Sa peau était froide. J’avais étouffé un cri et basculé en arrière. Il ne respirait plus. J’avais rabattu les draps, mais ils étaient collés à son corps. Secoué de haut-le-cœur, j’avais reculé en trébuchant. Quelqu’un l’avait charcuté comme un foutu boucher.

    Mon père.

    Les ambulanciers et la police s’étaient alors présentés à son domicile ; ils étaient arrivés trop tard. Ces putains de porcs avaient éclaté de rire, et je les avais même entendus dire que l’auteur du meurtre avait sauvé la vie de milliers de personnes en tuant mon père.

    De quoi parlaient-ils ?

    Nous tuions des gens, certes, mais eux descendaient des innocents ; les politiciens poussaient les familles jusqu’au seuil de pauvreté, mais c’était nous, les animaux. Sans compter que personne n’était vraiment innocent, dans ce monde.

    Personne.

    Je leur avais dit d’envoyer Pa à la morgue. Il ne serait pas enterré, il ne reposerait pas tant que je n’aurais pas découvert qui l’avait tué. J’allais mettre toute ma vie de côté. Rien n’était plus important que de lui rendre justice.

    Juan, mon bras droit, un ancien boxeur, entra dans la pièce et lança :

    — Listo, jefe ³.

    Il avait des yeux sombres et le crâne lisse. Il s’était rasé les cheveux longtemps auparavant, quand il avait commencé à être chauve. Ça lui donnait l’air beaucoup plus jeune que son âge.

    — C’est l’heure, Juan. Il est temps d’apprendre ce que notre cible sait.

    Juan plissa les yeux et hocha la tête en signe d’approbation.

    — Quelqu’un, quelque part sait qui a fait ça à Pa et je ne me laisserai aucun répit tant que je n’aurai pas mis la main dessus. Je ne dormirai pas, je ne mangerai pas, je ne m’accorderai aucun luxe. Je peux encore sentir le corps froid de Pa contre le mien. Quelqu’un lui a fait ça. Les médecins légistes m’ont confié qu’il était vivant lorsque la grande majorité des blessures lui ont été infligées. Celui qui a fait ça me le paiera, lui et toutes les personnes impliquées dans cette affaire subiront le même sort.

    Je me redressai subitement, saisi d’un nouvel élan, prêt à tout casser.

    — Voyons voir ce qu’il sait.

    Juan acquiesça et je réfléchis au nombre de fois où j’avais déjà fait ça. Le chiffre exact se trouvait à des années-lumière du nombre de fois où je l’avais fait cette semaine. J’arrêtai de compter après cinq. Il fallait que je trouve l’assassin de mon père et, surtout, que je le fasse payer.

    1 Argent sale.

    2 Réveille-toi.

    3 Prêt, chef.

    Chapitre Trois

    Veronica


    J’étais à mon bureau, peu à l’aise tandis que j’essayais de trouver un moyen pour que ma jupe crayon cesse de serrer chaque partie de mon corps et de m’empêcher de respirer correctement. Debout, ça allait, mais quand je m’asseyais, j’avais l’impression que l’on me tendait une corde en travers du ventre. Je décidai de jeter un coup d’œil tout autour de moi afin de m’assurer que personne ne regardait, histoire de défaire le bouton dans mon dos et de respirer sans avoir l’impression de suffoquer. Je soupirai lorsque la fermeture éclair s’ouvrit toute seule au moment où je me redressai et où mon ventre se libéra de la jupe.

    Je soufflai quand je fermai les yeux, me demandant pourquoi je continuais à me punir ainsi. Je n’avais pas pris qu’un peu de poids, plutôt beaucoup, et je ne pouvais plus refuser d’acheter de nouveaux vêtements. C’était la seule jupe que j’avais réussi à enfiler le matin ; quant au chemisier, il n’avait heureusement pas de bouton et le tissu s’étirait au niveau de ma poitrine. En revanche, impossible de fermer la veste de tailleur assortie à ma tenue. Je n’avais pas besoin de la fermer, de toute façon : je pouvais me promener dans le bureau comme ça, au contraire de mon manteau d’hiver, que je ne portais que quelques minutes à l’extérieur, avant de sauter dans un taxi.

    Je n’avais pas remarqué que la secrétaire de Gold s’avançait vers mon bureau, j’étais trop occupée à penser à la boutique où je devais me rendre. N’importe quel magasin à proximité ferait l’affaire pour trouver quelque chose à me mettre. N’importe quoi. Aujourd’hui allait être une longue journée et elle le serait encore plus si je ne me trouvais pas une tenue dans laquelle je puisse respirer car, à l’heure du déjeuner, il me serait impossible de manger.

    — Veronica, il veut vous recevoir dans son bureau, ronronna-t-elle en passant son ongle long et rose sur la surface de mon bureau.

    Elle atteignit l’autre bout du meuble et tendit le doigt vers elle, comme pour vérifier qu’il n’y avait pas de poussière dessus ; je levai les yeux au ciel. Sa seule présence m’agaçait et ses petites manies m’irritaient encore plus.

    Je m’apprêtai à être virée. C’était une pratique bien connue dans l’entreprise : quand le grand patron vous appelait dans son bureau sans avoir programmé un rendez-vous dans votre agenda ou envoyé un e-mail, mais en mandatant son petit chihuahua (le surnom que nous donnions à sa secrétaire), ça n’augurait rien de bon. Elle avait coiffé ses cheveux blonds en un chignon parfait et portait des lunettes à monture carrée dont elle n’avait apparemment pas besoin (une rumeur dont je n’étais pas certaine de la véracité, car je l’avais vue les porter au bureau, mais jamais à l’extérieur). Ses lunettes tombaient un peu trop sur l’arête de son nez carré. Ses yeux bleus étincelaient tandis qu’elle se tenait là, les bras croisés, prête à m’indiquer le chemin. Je me sentais comme un agneau que l’on envisage de mener à l’abattoir.

    Hank Gold travaillait au dernier étage de l’édifice. C’était un riche héritier ; son père, et son grand-père avant lui lui avaient légué l’entreprise. Il aimait faire savoir qu’il était riche et si important qu’il se devait de résider au sommet de cet immeuble de vingt étages. Personne ne pouvait y monter à part lui et son chihuahua, qui me souriait et m’observait de ses yeux bleus comme l’océan. C’était la raison pour laquelle, après un an à bosser ici, nous lui avions donné ce surnom, car monsieur Gold la traitait comme si elle était plus précieuse que tous les autres employés de l’entreprise et qu’elle aimait le faire savoir. Elle adorait qu’on la suive jusqu’au dernier étage ; c’était comme si elle prenait son pied rien que parce qu’elle possédait le pouvoir de nous voir nous faire virer.

    Elle n’avait pas l’autorité de le faire, mais elle faisait de son mieux pour que nous nous sentions tout petits, comme si elle tenait notre sort entre ses mains.

    — Monsieur Gold n’aime pas qu’on le fasse attendre, gronda-t-elle au moment où elle se tournait vers moi pour passer à nouveau le doigt sur mon bureau.

    Je détestais absolument tout chez monsieur Gold, de la façon dont il s’asseyait sur son trône dans sa haute

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