LES FALAISES DE NORGEVILLE
Cela fait peu de temps que ma fille et moi sommes installées dans ce village de Normandie. J’ai besoin de repos, mon métier m’épuise. L’endroit me semble vraiment idéal.
Chaque jeudi matin,j’aime me rendre au marché de Norgeville pour y choisir les fruits et les légumes les plus parfumés des étalages. Bien sûr, j’en profite pour écouter les conversations des gens du village et me tenir ainsi informée des dernièresrumeurs,qui sinon neparviendraient guère jusqu’à moi. Car il n’y a que trois ans que j’ai quitté Paris pourvenir m’installer avecma fille dans la région. Il faut du temps pour que les gens d’ici prennent l’habitude de m’associer à leurs conversations. C’est au marché que les rumeurs circulent le plus vite.
Ce matin, maraîchers et clients partagent une indignation unanime, car ils ont lu dans le journal que Patrick Perrier s’était évadé de la prison de Mereville. – C’est intolérable,répète Mme Fougerayàchaque commerçant. Il a tout de même tué un homme. Et je le connais, il n’hésitera pas à recommencer, surtout s’il sesentendangerd’êtrerattrapéparlesgendarmes. M. Freynet renchérit en rappelant que la prison de Mereville est située à moins de huit kilomètres de notre village, aussi ne doit-on pas exclure que Patrick Perrier vienne se réfugier aux alentours de Norgeville.
– D’autant plus que c’est par chez nous qu’est revenue vivre Céline Castinel, insiste Mme Fougeray.
Et comme je demande qui est Céline Castinel, l’ancienne boulangère m’explique brièvement que c’est la fille pour qui Patrick est devenu un assassin. Je ne connais pas encore l’histoire de Patrick Perrier, ni le mobile de ses crimes. Mais malgré moi, à force d’entendre parler de lui, je me sens gagnée par l’inquiétude ambiante. Car si cet évadé venait se cacher à Norgeville, il pourrait bien être attiré par mon prieuré, qui est à la fois spacieux et isolé. Et il serait Sabouraud me fait signe dans un sourire qu’elle a deux mots à me dire. Malgré ma hâte, je ne peux refuser de l’écouter, car elle a été la première personne à m’offrir sa sympathie, avec une belle spontanéité, lorsque je suis arrivée à Norgeville.
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