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Borden: Mon histoire sombre avec Marcus Borden, #1
Borden: Mon histoire sombre avec Marcus Borden, #1
Borden: Mon histoire sombre avec Marcus Borden, #1
Livre électronique333 pages4 heures

Borden: Mon histoire sombre avec Marcus Borden, #1

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À propos de ce livre électronique

Marcus Borden a l'habitude du pouvoir et du contrôle. Après une enfance difficile et violente, dans un quartier particulièrement malfamé, Borden quitte sa ville natale pour y revenir quatre ans plus tard mystérieusement enrichi et méconnaissable, avec une seule femme à l'esprit.

Une femme qu'il ne possédera jamais.

Chagriné par un manque dévastateur et rempli de rage et de culpabilité, Borden se laisse engloutir par les ténèbres.

* * *

Emma Warne est une femme farouchement indépendante. La dureté de la vie, elle connaît très bien, après avoir dû se débrouiller seule la majeure partie de son existence. Mais la dernière chose à laquelle elle s'attendait, c'était d'être précipitée dans le monde du criminel notoire, Marcus Borden, un homme dangereux que toute la ville hait et redoute. Mais plus elle le repousse, plus il revient à la charge, prenant possession de sa vie et la dépouillant du contrôle auquel elle se raccrochait désespérément.

Maintenant que Borden a jeté son dévolu sur elle, Emma est prise au piège, incapable de s'enfuir… mais ce qu'elle n'aurait jamais cru, c'est qu'elle n'en a peut-être pas si envie que ça, tout compte fait.

 

LangueFrançais
Date de sortie23 mai 2023
ISBN9781643666228
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    Aperçu du livre

    Borden - R.J. Lewis

    PARTIE I

    MARCUS ET KATE

    1

    KATE

    C’est amusant ce qui arrive quand on sait qu’on marche vers notre mort.

    Votre vie vous semble soudainement à un million de kilomètres, dans une autre réalité. Je ne pouvais plus me souvenir des noms ou des endroits. Je ne pouvais me rappeler la moindre chose une fois que la peur avait envahi chaque atome de mon être, me forçant à rester sans bouger.

    Mes mains étaient attachées fermement dans mon dos, et j’inspirais avec hésitation les murs humides de la cellule dans laquelle on m’avait jetée à peine un jour plus tôt. Tout était noir. J’avais parcouru le petit espace pendant des heures et des heures, cherchant une sortie, mais il n’y avait que des surfaces dures et le silence.

    Seigneur, le silence était un meurtre à lui tout seul.

    J’avais cessé de lutter à la recherche d’une sortie des heures plus tôt, alors que l’espoir auquel je m’accrochais s’était réduit à néant. Je commençais à accepter mon destin. Ils allaient me tuer. Je ne savais pas comment, mais à ce niveau, ça n’avait pas d’importance.

    Je cessais de pleurer aussi.

    Maintenant, je contemplais simplement le sol, ne voyant rien d’autre que du noir. De la noirceur partout. Je m’étais résignée à ce noir. Je voulais qu’il me prenne, me consume pour que j’arrête de prier pour un peu de lumière.

    J’arrêtais de penser à mon père et s’il allait surmonter la perte de son seul et unique enfant. À ma mère et à son rêve de me marier qui disparaissait. J’arrêtais de penser à mes amis, les faux et les vrais, sachant qu’ils me pleureraient avant de continuer à vivre. J’arrêtais de penser à mes élèves, à leurs jeunes esprits qui pourraient lutter à comprendre l’absence de leur institutrice.

    Je cessais de penser à toutes ces personnes pour me concentrer sur une seule. Un homme. Celui qui était revenu pour moi, mystérieusement riche, mystérieusement différent, et n’ayant aucun rapport avec l’épave qu’il avait été. Il était le seul homme que j’aie jamais vraiment aimé et qui était brisé d’une manière que je n’avais jamais pu réparer.

    Allait-il passer à autre chose ?

    Je l’espérais.

    J’espérais qu’il m’oublie et trouve une femme qui pourrait le soulager de sa douleur.

    Tout à coup, plus de larmes montèrent, et je pris une inspiration, excessivement affligée devant la vie larguée que nous avions menée.

    Je somnolais et me réveillais, ma tristesse lourde dans ma poitrine. Mes mains devinrent engourdies et ma bouche sèche, et je me demandais si on ne m’avait pas abandonnée pour mourir ici.

    Et puis je l’entendis, les bruits de pas approchant la porte, déchirant le silence. Je me tendis alors que la personne déverrouillait la porte et la poussait en grand. Je m’étais attendue à ce qu’une lumière vive aveugle ma vision, mais tout était mal éclairé et sombre à la place. Une large silhouette se tenait sur le seuil, et de l’appréhension s’enroula dans mon ventre. Était-ce mon kidnappeur ? Il y en avait deux qui m’avaient attendue dans mon appartement, surgissant sur moi alors que j’entrais dans la douche, me droguant et me jetant, nue et vulnérable, dans cet endroit pendant ce qui m’avait semblé durer une éternité.

    Je reculai dans un coin de la cellule pendant qu’il entrait lentement, avançant à pas mesurés dans ma direction. Je ne pouvais pas voir ses traits, pas avec la cagoule sur son visage. Rien chez lui ne révélait son identité, cependant je pouvais sentir un frisson dans l’air, je pouvais sentir sa folie, ce qui me fut confirmé quand il sortit un couteau de sa poche. Mon souffle se coupa.

    — Je ne te ferai pas de mal… me dit-il d’une voix grave et dure.

    Elle ne paraissait pas aussi monstrueuse que son allure. Elle avait même l’air jeune, en fait.

    Je ressentis des frissons me parcourir la colonne vertébrale alors qu’il envahissait mon espace, saisissant mes mains. Je tremblais durement, retenant un geignement avant de sentir que mes mains se libéraient.

    — Ne fais rien de stupide ou je te rattache, me prévint-il.

    Mes épaules et mes bras étaient engourdis. Je frottai mes poignets, étirant mes doigts, observant sa grande silhouette se déplacer de l’autre côté de la petite cellule. Il glissa le long du mur, la lame toujours dans sa main, me rendant mon regard.

    Il y eut à nouveau un silence, et quand on passait ses journées normalement entourée de moulins à paroles de 8 ans, il était tout en haut parmi la liste des espèces en voie d’extinction, à peine présent.

    — Que… qu’est-ce que vous me voulez ? lâchai-je enfin dans un tremblement. C’est à cause de mon père ?

    Il partit d’un petit rire qui parut forcé.

    — Le juge ? Non, ce n’est pas au sujet de ton père, mais tu le sais déjà. Tu sais pourquoi tu es là. Dis-le.

    Je baissai les yeux sur mes mains, tremblotante.

    — Marcus.

    — Mmh. Gentille fille, dit-il d’un ton approbateur.

    Pendant une demi-seconde, mon regard se tourna vers la porte ouverte de la cellule.

    — Non, l’entendis-je répondre. Il n’y a aucun moyen de t’en tirer. Ne te fais pas d’illusions en croyant que tu peux t’échapper. Personne n’entendra tes cris, nous sommes assez isolés, et mon frère te traquera comme une biche si tu penses à courir. C’est un chasseur, tu sais, et il est très doué.

    Mes épaules s’affaissèrent. Des larmes coulèrent de mes yeux, un sentiment désespéré tirant sur mes entrailles, déchirant mon esprit. Je ne m’étais jamais sentie aussi vulnérable de ma vie.

    — C’est pour une rançon, alors ? lâchai-je en sachant que ce n’était pas le cas. Parce que si c’est le cas, Marcus vous donnera ce que vous voulez. Je sais qu’il le fera.

    — Je suis certain qu’il me donnerait l’univers entier pour toi putain, répliqua-t-il. Mais non. Ce n’est pas pour une rançon.

    Je déglutis.

    — Alors, qu’est-ce que vous voulez ?

    — Je suis là pour passer le temps, pour en apprendre un peu plus au sujet du mystérieux Marcus Borden et l’institutrice privilégiée pour laquelle il est revenu.

    — Si c’est au sujet de ce qu’il a fait ces quatre dernières années, je n’en sais rien. Je ne sais pas où il a trouvé cet argent. Je ne sais rien.

    — Non, je suis sûr que tu ne sais rien, rétorqua-t-il sèchement.

    Il savait que je mentais.

    — Mais ce n’est pas le sujet. On se fiche de tout ça.

    Je me détournai de son regard pénétrant.

    — Je me demande comment une belle femme riche comme toi s’est retrouvée impliquée avec une petite merde comme lui.

    Je m’essuyai les yeux.

    — Ce n’est pas une petite merde.

    — Eh bien, non, plus maintenant. Mais il l’était avant, n’est-ce pas ? Avant de devenir clean, de revenir pour toi, ce n’était qu’une racaille de plus. Tu craquais pour ses beaux discours ? T’a-t-il promis le monde ?

    — Non.

    — Alors, dis-moi. Aide-moi à comprendre.

    Je plissai les yeux.

    — Vous ne pourriez pas comprendre. On ne peut pas expliquer notre relation avec des mots. Ça n’a été que des sensations, dès le début.

    Il haussa les épaules.

    — Ça me va. Commence par le début. Où as-tu rencontré ce type ?

    Je commençai à secouer la tête, réticente à partager mes histoires personnelles avec un homme qui allait me tuer, mais ensuite… la simple pensée de Marcus me calmait. Il m’avait toujours réconfortée. Il avait évolué si drastiquement, et je m’étais inquiétée de ce qu’il adviendrait de lui après mon départ. Ce ne serait pas si mal de se souvenir, du moins juste de ça. N’est-ce pas ?

    — Allez, insista mon tueur d’un ton condescendant. Était-ce magique ? L’as-tu regardé et su qu’il était pour toi ?

    — Non, murmurai-je.

    Clairement pas. Pas pendant un long moment. Pas même avant son départ.

    — Quel âge avais-tu ?

    — J’avais 19 ans… commençai-je.

    Tout à coup, tous les moments passés avec lui, les bons, les mauvais… tout défila devant mes yeux.

    La première fois que j’ai officiellement rencontré Marcus Borden remonte à cinq ans, dans une fête à laquelle une amie de l’université m’avait invitée. C’était loin de là où j’habitais, dans un quartier auquel je n’appartenais pas, et entourée de gens bien plus durs que moi.

    Il était seul, complètement séparé du reste du groupe, tout au fond du jardin de derrière. Il portait un jean baggy qui retombait bas sur ses hanches et était torse nu, ses abdominaux recouverts de tatouages. En fait, tout son haut du corps en était criblé, avec ces motifs complexes que les autres clowns comme lui avaient.

    Je l’observais allumer une cigarette et lever les yeux vers le ciel qui s’assombrissait, et je me souvins avoir été intriguée par lui. Je me demandais à l’époque ce qu’il se passait dans son esprit, quel genre de pensées se tapissait dans les tréfonds de son âme, lui donnant cet air mélancolique. J’imaginais les profondeurs résidant en lui, ou peut-être que c’était juste la romantique créative et désespérée en moi.

    Je savais tout de Marcus Borden.

    Je savais que ce n’était qu’un voyou.

    Un homme indomptable, un qui était sorti avec plusieurs filles de mon école. Elles n’avaient pas peur de le faire savoir, chantant les louanges de l’homme avec la bouche magique qui était capable des choses les plus folles.

    Il était celui que j’admirais souvent de loin, sans pouvoir me l’avouer à voix haute.

    Partout où j’allais, on aurait dit qu’il était toujours là. Il connaissait tout le monde, et tout le monde le connaissait.

    Et moi j’étais là, femme naïve et privilégiée qui venait d’une famille fortunée, avançant vers lui comme si mon corps avait sa propre volonté alors que mon cerveau était éteint par les quelques bières que j’avais bues hâtivement. Peut-être que j’avais envie de me venger de mon père en faisant ça, peut-être que je voulais juste sortir de ma zone de confort, peut-être que les bad boys dysfonctionnels étaient mon point sensible après les centaines de romances que j’avais dévorées entre deux séances de révisions.

    Je ne savais pas ce que c’était.

    Je savais juste que je voulais briser cette monotonie. Cesser d’être Kate Davenoth la béni-oui-oui, fille du juge Douglas Davenoth troisième du nom, première dans tous ses cours, une élève qui excellait partout et qui avait filé droit toute sa vie.

    Je m’arrêtai à quelques pas derrière lui et jetai un œil au jardin. Il y avait des conversations partout. Des gens qui riaient, criaient, demandant plus de shots par-dessus la musique tambourinant. Je regardai mon amie Sophie qui discutait avec un mec sexy près de la piscine avec qui elle rentrerait sans aucun doute. Je me souvins de ses paroles quand nous étions arrivées : « Fais quelque chose de fou pour une fois ! Apprends à t’amuser. Trouve un mec canon à cette soirée et envoie-toi en l’air ! » J’avais observé son assurance irradier, et désirais la même. Je voulais être attirante et sexy. Je voulais être capable de faire signe d’approcher à ce voyou sexy et le mettre à genoux.

    Mais je ne le fis pas.

    Je ne le pouvais pas.

    Je me dégonflai tout à coup. Je restai paralysée derrière lui, me demandant bien ce que j’essayais de faire. Mon père m’aurait tuée s’il avait su où je me trouvais, et encore plus en train de parler à un type comme ça, un type qui avait probablement connu les barreaux de la prison un peu trop souvent.

    Merde.

    Je tournai les talons.

    C’était dingue ! Je n’étais pas la fille qui oblitérait la prudence et ne couchait pas avant les quinze ou vingt rencards normaux. Je ne me mêlais pas aux hommes comme lui. J’étais de la classe supérieure, bon sang ! Et ennuyeuse. Tellement ennuyeuse. Je ne pouvais jamais lâcher prise. Je ne pouvais même pas modifier ma routine sans faire de crise d’anxiété.

    — Ne pars pas.

    Sa voix, à la fois dure et douce, brisa toutes mes pensées conflictuelles, les emportant comme les vagues qui reculaient de la plage. Je me tournai, toujours raide, toujours lâche, et me sentant dépassée, puis croisai son regard. Sa tête était tournée dans ma direction, sa bouche remontée dans un rictus alléchant pendant que ses yeux parcouraient mon visage et mon corps.

    — Tu es arrivée jusqu’ici, ajouta-t-il d’une voix assurée. Ça ne sert à rien de repartir maintenant.

    Puis il désigna la chaise en plastique près de lui, m’invitant à m’asseoir à ses côtés, et je savais que je n’aurais pas dû le faire, mais je ne pus m’en empêcher. J’étais de ce côté du jardin pour lui, après tout. J’avais fait ce trajet épique de vingt pas. C’était inutile de tourner les talons juste parce que je flippais.

    Consciente de son regard sur moi, je lui lançai un sourire hésitant et marchai jusqu’à la chaise pour m’asseoir. Mon corps était tendu comme un string, mes mains nichées sur mes genoux et mon visage tourné timidement dans sa direction. Il m’observa à nouveau, et cette fois son rictus se transforma en vrai sourire. Waouh, il avait un beau sourire. Il était légèrement enfantin, avec des fossettes au bout et des lèvres pleines. Alors que je me pâmais un peu, j’avais aussi l’impression d’être le dindon de la farce, et avec le recul, je compris pourquoi. J’étais le genre prude, tout habillée pour impressionner dans mes vêtements roses girly, et j’étais assise à côté du mec à moitié nu avec des tatouages partout, fumant une cigarette. Je m’efforçai de ne pas froncer le nez sous la fumée.

    — Détends-toi, me dit-il doucement en regardant mon dos tout droit et tout l’espace que je laissais sur la chaise en plastique.

    — Je suis détendue, lui assurai-je.

    — Tu m’as l’air un peu raide.

    — Non.

    Mytho.

    J’étais totalement raide, et j’étais sûre de ne pas paraître crédible.

    Nous restâmes assis en silence pendant plusieurs minutes. Il était complètement soulagé et termina le reste de sa cigarette tout en me jetant des regards curieux, alors que de mon côté j’étais sur le point de perdre l’esprit. Comment une fille pouvait-elle se détendre en la présence d’un homme comme lui ? Il n’avait rien à voir avec les mecs coincés avec lesquels j’avais grandi. Les mochetés qui conduisaient les Lamborghini de leur papa en ville avec leurs cols remontés et leurs montres à dix mille dollars.

    Le charme résidait possiblement dans le fait qu’il était un dur à cuire et que j’étais une idiote naïve à la recherche de frissons. Pour goûter un soupçon de l’interdit. Pendant une nuit, rien de plus.

    — Alors, qu’avais-tu à l’esprit quand tu as traversé tout le jardin jusqu’ici, ma belle ? demanda-t-il soudain, ses yeux bleus brillants me scrutant. Tu cherches de la bonne ?

    Je me figeai.

    — De la bonne ?

    Il hocha nonchalamment les épaules.

    — Oui, tu veux de la beuh ? Tu veux te défoncer avec toutes tes copines Barbie ? Quel est ton poison, bébé ?

    Je restai bouche bée, secouant immédiatement la tête.

    — Pas de besoin. Je ne fume pas.

    — Tu sniffes, alors ?

    — Non.

    — Tu prends quelque chose ?

    — Non, rien de tout ça.

    — Alors, pourquoi tu es là ?

    — Je… Je suis venue te parler.

    Pas pour te demander de la drogue.

    Il me scruta pendant un long moment, et je ne pus lire son expression. Je devenais de plus en plus mal à l’aise, me demandant s’il était sur le point de me rejeter. Seigneur, est-ce que j’avais l’air désespérée ?

    — Comment tu t’appelles ? demanda-t-il enfin.

    — Kate.

    Il hocha lentement la tête, ses yeux songeurs.

    — Kate, répéta-t-il, comme s’il le goûtait sur sa langue. Je t’ai déjà vue dans le coin, tu sais.

    Mes joues rougirent et je restai bouche bée, étonnée.

    — Vraiment ?

    Ses lèvres tressaillirent.

    — Ça te surprend ?

    — Oui.

    — Tu n’es pas sérieuse. Tu fais tourner toutes les têtes, mais je parie que tu le savais déjà.

    Je secouai la tête, luttant pour garder mes yeux dans les siens.

    — Je ne remarque pas ces choses-là.

    Il ricana avec ironie.

    — Eh bien, c’est le cas. Tu me fais tourner la tête depuis que tu es arrivée, et chaque fois où je t’ai vue marcher sur le campus dans tes toutes petites jupes, avec tes longs cheveux blonds. Pas cette merde platine que les nanas se foutent, mais de vrais cheveux blonds, putain.

    Je ne répondis pas tout de suite. J’avais tout à coup le souffle coupé, sentant ce plaisir inexplicable me traversant à l’idée que je n’étais pas aussi invisible que je le croyais.

    — Je suis Marcus, dit-il doucement, ses yeux examinant mon visage.

    Je hochai la tête.

    — Je sais.

    Il leva les sourcils.

    — Tu sais ?

    — Oui.

    Il sembla quelque peu ravi à cette idée, peut-être tout autant que moi.

    — Quel âge tu as ?

    — 19.

    — Tu ne viens pas non plus de ce côté de la ville, hein ?

    — Non, je suis du nord.

    Il n’eut pas l’air surpris.

    — Près du square de New Raven ?

    — Oui.

    — Sympa. Tu vis encore avec ta famille ?

    Je secouai la tête.

    — Non, j’ai mon propre appart.

    — Tu t’es libéré de tes chaînes, alors.

    Je ris doucement.

    — Presque, mais ils sont toujours dans le coin.

    En particulier mon père, qui a fait un travail merveilleux pour faire peur à tous les garçons sur lesquels j’ai pu craquer.

    — Ça veut dire qu’ils tiennent à toi, répondit-il doucement.

    Je hochai la tête avec prudence.

    — Oui.

    Il lécha sa lèvre inférieure pensivement et regarda vers la maison.

    — Donc, qu’est-ce que tu fiches ici, Kate ? Tu n’es clairement pas dans ton élément, et je peux repérer tes amis à un kilomètre. Ces filles et toi vous cherchez le frisson ou un truc du genre ?

    Je ne répondis pas tout de suite. Mes joues chauffèrent encore plus. Je regardai vers la maison aussi, apercevant à nouveau Sophie. Je n’étais venue qu’avec elle, mais je compris pourquoi il avait spéculé sur plusieurs autres filles. Elles étaient habillées dans le même style que moi, peut-être un peu plus âgées, mais à en juger par leur façon de traîner autour des durs à cuire, ce qu’elles cherchaient était clair… ce que nous cherchions toutes.

    — Oui, avouai-je en le regardant. C’est vrai.

    Ses lèvres s’étirèrent en un sourire paresseux, cependant ses yeux magnifiques m’assimilaient et avaient un effet étourdissant sur moi.

    — Et tu es venu à moi pour ce frisson, Kate ?

    Chaque centimètre de mon corps était en feu. J’avais l’impression de tanguer au bord d’une falaise, devant confronter ma peur d’être ouverte d’une façon que je ne l’avais jamais été.

    — Oui, murmurai-je presque, ravalant ma nervosité.

    Avoir de l’assurance était une cause perdue. Je n’y arriverais jamais. Au lieu de ça, je laissai ma vulnérabilité à l’air libre. C’était comme s’il avait ce pouvoir sur moi.

    Sa respiration s’allégea un peu et il jeta un regard rapide à ma bouche.

    — Pourquoi moi, exactement ?

    — Parce que… tu m’intéresses.

    Il pencha la tête sur le côté, pensif.

    — Pourquoi ça ?

    Je secouai la tête, n’étant pas sûre de la réponse.

    — Je ne sais pas. Je suppose… que j’aimais te regarder de là-bas, et… je suppose que je suis vraiment attirée par toi, si je reste honnête.

    J’avais l’impression de passer pour une abrutie, et mon excuse semblait faible. En vérité, faire tout ça n’avait pas trop de sens. J’étais venue, je l’avais vu, je m’étais souvenue de tout ce pour quoi il était connu, cependant ça ne me dérangeait étrangement pas, comme ça aurait été le cas s’il n’avait pas été là et que quelqu’un parlait de lui. Non, en chair et en os, les choses étaient différentes. La réalité était plus étrange, et je me sentais attachée à lui.

    Il avait l’air encore plus sérieux après ma réponse stupide. Doucement, il demanda :

    — Et quel genre de frisson cherches-tu ?

    Oh, Seigneur. Avait-il vraiment besoin que je le dise ?

    — Tu le sais, rétorquai-je tout aussi doucement.

    — Tu veux que je couche avec toi ?

    Je m’immobilisai. Mon cœur cessa même de battre pendant une seconde. J’écarquillai les yeux en lui rendant son regard.

    Il éclata d’un rire léger.

    — Pourquoi tu es si nerveuse ?

    — Personne n’a jamais été aussi frontal avec moi auparavant.

    Il m’examina un instant et secoua légèrement la tête.

    — Vu les circonstances, je suis convaincu que personne non plus ne t’a jamais ramenée le premier soir pour te prendre jusqu’à ce que tu en perdes la raison.

    Je ne répondis pas. C’était évident. Mon expérience était limitée, clairement. Je n’avais jamais couché avec quelqu’un sans contrepartie.

    — Est-ce que ça te dérange ? demandai-je, serrant nerveusement les mains.

    Il posa les yeux sur elles et son regard s’adoucit.

    — Non. Pas du tout. Je veux juste que tu sois consciente de ce que tu demandes.

    — Est-ce que j’ai vraiment besoin de demander ?

    Il eut l’air amusé, passant son doigt le long de sa lèvre inférieure tout en me dévisageant.

    — Pour une fille comme toi, je boufferais des lames de rasoir juste pour toucher ta peau. Mais ça ne veut pas dire que je devrais. Tu es clairement hors de ta zone de confort, ici. Qu’est-ce qu’il se passera si je t’emmène chez moi et que tu te rends compte de ce que nous sommes sur le point de faire et des conséquences qui s’en suivent ?

    — Quelles conséquences ?

    — Tu fais partie des riches, Kate. Je peux le voir à la façon dont tu te tiens. Je peux le voir dans tes vêtements, dans les bijoux que tu portes, même dans le shampoing que tu utilises pour ces putains de cheveux sexy. Tu as probablement une famille respectable avec un père vertueux et une super maman. Que penseraient-ils de toi ? Que penseraient tous les autres de ton cercle si tu rentrais avec moi ce soir ?

    Je pris un long moment pour répondre.

    — Eh bien, lançai-je enfin, la plupart des filles que je connais diraient que je suis une pute. Si nos familles privilégiées étaient au courant, je serais la honte de notre cercle social, et tu veux savoir le meilleur dans tout ça ?

    — Je t’écoute.

    — Ce soir, je m’en fiche.

    Son visage changea à ce moment. Il ne me regardait plus comme le divertissement momentané qui serait effrayé le moment venu. Non, il me regardait comme s’il mourait d’envie de goûter, et la tension qui monta à partir de cet instant fut incroyablement satisfaisante.

    — Viens là, demanda-t-il, me faisant signe de me rapprocher.

    Je pris la chaise et l’avançai quand il secoua la tête.

    — Non, chérie. Je ne te demande pas de rapprocher ta chaise. Je parle de ton corps. Amène-le à moi.

    Je luttais pour garder mon sang-froid, mais à l’intérieur, mon cœur tambourinait dans ma poitrine, et j’avais des picotements partout. Je m’avançai vers lui et il posa sa main sur ma taille, m’installant sur ses genoux pour que je sois à cheval sur lui. Je parvenais à peine à respirer, lui faisant face alors qu’il me scrutait, ses deux mains effleurant mes cuisses. Il resta léger, cependant la position était loin de l’être. C’était en

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