Christophe Bataille défend la passion du secret
En cette veille d’un Noël très troublé, on a eu envie d’aller chercher les mots d’un écrivain-éditeur-faiseur-de-livres-forts qui a la passion du trouble et qui est d’autant plus prompt à pactiser contre la fin des temps qu’il la croit inéluctable : Christophe Bataille. Un évangélique, un vrai. « J’attends le retour du royaume. Ce jour-là, je sais que ce sera la fin des temps. » Petit rire étouffé ; on pourrait croire qu’il plaisante, erreur, sur ce sujet il est au premier degré. En attendant la fin, il y a le verbe. « Ma participation à moi, c’est de mener le combat poétique contre la fin des temps. »
Bataille lutte contre les mots. Tous les jours des pages nouvelles arrivent dans le petit bureau stratégique depuis lequel il veille sur la maison ; beaucoup moins lorsqu’il se caresse les cheveux, un casque de boucles, on sent que ses mains s’interrogent : pénétrer les frisures ou rester au-dessus, elles explorent toutes les réponses possibles. Le plus souvent elles effleurent le casque ; parfois elles s’aventurent à l’intérieur. Est-ce qu’au moins ça apaise sa timidité ? Il attrape notre regard. Il pince des lèvres fines qui commencent à se dire qu’il n’y a rien de bon à attendre de ce rendez-vous. Sans doute sent-il qu’il faut adoucir le propos ; il sourit et ses fossettes remontent haut. La définition nous plaît. Beaucoup. Mais Bataille est aussi, d’abord, écrivain ; c’est de là qu’il tire la profondeur de son exigence avec les mots et avec leur vérité, celle qui magnétise les auteurs ayant la chance de passer entre ses mains.
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