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Jusqu’ici, tout va bien !
Jusqu’ici, tout va bien !
Jusqu’ici, tout va bien !
Livre électronique256 pages6 heures

Jusqu’ici, tout va bien !

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À propos de ce livre électronique

Sur le campus universitaire de Paris-Saclay, Noah Morin, un homme sans histoires, tire à bout portant sur Emma Loris, jeune étudiante en œnologie.
Pourquoi affirme-t-il la connaître intimement, alors que sa victime, une fois sortie du coma, prétend ne l’avoir jamais rencontré ?

Un officier de police judiciaire raide dingue de foot, une psychologue sous l’emprise d’un parfum, une juge d’instruction en pleine ménopause et un avocat timide auront fort à faire avec les proches d’Emma, surtout Narcisse, l’excentrique et délirante mère de la victime, complètement borderline.
Une folie contagieuse s’empare de tous ceux qui tournent autour de cette enquête.
Suffit-il d’un grain de sable dans l’engrenage pour que tout parte en vrille ? Sommes-nous tous susceptibles d’une sortie de route qui peut nous faire basculer dans la folie ?
Et surtout, de Noah et Emma, qui détient la vérité ?

« Jusqu’ici, tout va bien ! » est un polar Dorlesque, bien loin d’être noir, haut en couleur, « chat-oyant », plein de peps et d’humour, sur fond de folie douce, pour la joie de lire.

LangueFrançais
Date de sortie19 mars 2017
ISBN9782370115256
Jusqu’ici, tout va bien !
Auteur

Kathy Dorl

Kathy Dorl a jusqu'à présent vécu aux Etats-Unis en charge du développement à l'international de grands groupes de cosmétiques américains. Malgré un agenda chargé entre vie professionnelle et familiale, elle a toujours aimé se réfugier dans l'écriture. Son premier roman « Ce que femme veut... » publié en 2013 aux Editions Hélène Jacob rencontra un vif succès. Entre légèreté et humour le ton est donné : sans prétention, les sujets sont d'actualité et les personnages attachants. Un roman pétillant et drôle. En avril 2014, Kathy Dorl renouvelle l'expérience avec "Fifty-Fifty, et toujours un grain de folie" toujours aux Editions Hélène Jacob. Un roman saupoudré d'humour et de dérision. L'écriture de Kathy Dorl se situe dans ce qu'on appelle aux Etats-Unis les « feel-good books », ou romance moderne en français. Les romans de Kathy Dorl : de vrais vaccins anti-morosité !

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    Aperçu du livre

    Jusqu’ici, tout va bien ! - Kathy Dorl

    cover.jpg

    JUSQU’ICI, TOUT VA BIEN

    Kathy Dorl

    Published by Éditions Hélène Jacob at Smashwords

    Copyright 2017 Éditions Hélène Jacob

    Smashwords Edition, License Notes

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    © Éditions Hélène Jacob, 2017. Collection Humour. Tous droits réservés.

    ISBN : 978-2-37011-525-6

    Rien n’est plus humain que la folie.

    Sigmund Freud

    1.

    Plus on essaie de rentrer dans le moule, plus on ressemble à une tarte.

    — Ce matin, arrêtée à un feu, je me fais lourdement draguer par les passagers de la voiture garée à ma droite. Embarrassée, j’attrape mon téléphone portable, fais semblant de répondre à un appel et je tourne la tête de l’autre côté…

    — Et ?

    — Niveau prise de contact, les personnes du véhicule à ma gauche ont été nettement plus énergiques. Mon stratagème m’a coûté quatre-vingt-dix euros et trois points sur mon permis !

    Oxane éclate de rire :

    — T’as encore fait ta mijaurée ! Voilà un bel exemple de ce qu’il se passe quand on n’assume pas la drague : les flics te coincent. C’est bien fait pour toi !

    Emma réplique aussi sec :

    — Venant d’une serial séductrice, ça ne me fait ni chaud ni froid.

    — Et rien ne m’étonne d’une diplomenteuse, renchérit Oxane.

    Emma lui tire la langue et marmonne :

    — Tu ne peux pas t’empêcher de faire ton allumeuse devant un troupeau de mecs.

    — Et toi, ta vierge effarouchée, riposte Oxane.

    — Tu dandines de la croupe en haranguant la foule des mâles « testostéronée » qui tourne autour de toi.

    — Jalouse !

    — D’une nana avec une voix de crécelle, certainement pas !

    Vexée, Oxane lui balance son stylo quatre couleurs à travers la table, sauf que la partie bleue est légèrement dévissée ; l’efficace ressort du Bic fait le reste. Propulsées dans l’air, les quatre pointes traversent la salle de la bibliothèque, tel un jet de flèches. La mini-artillerie finit sa course sur les livres d’un étudiant, installé quelques mètres plus loin. Surpris par la soudaine attaque, le pauvre gars manque de tomber à la renverse.

    Sous les « chut ! » et les soupirs d’exaspération, Oxane se lève en bredouillant des excuses ; elle récupère rapidement les preuves du délit, sous le regard noir de la victime. Confuse, elle revient s’asseoir en face d’Emma qui pouffe.

    La bibliothèque du campus de Paris-Saclay a imposé, pour le confort de tous, des échanges silencieux entre les personnes. Aussi le responsable de cette digne institution doit constamment lutter contre les comportements de certains étudiants dissipés et, plus particulièrement, ceux d’Emma et Oxane, désormais prises d’un fou rire ingérable.

    Les deux femmes sont des amies de presque toujours. Elles se sont rencontrées l’année du baccalauréat et ne se sont plus jamais quittées. Inséparables, elles ont opté pour le même cursus universitaire.

    Après une licence complète en sciences biologiques, elles ont obtenu le diplôme national d’œnologie en deux longues années d’études additionnelles. Elles ont alors décidé de conforter leurs connaissances par un supplément de formation dans l’expertise « Wine and Spirits », nouvellement déployée à l’université Paris-Saclay, spécialisée dans les techniques d’appréciation et d’évaluation de grands crus. Emma est passionnée par le vin, ce puissant fédérateur, un produit noble, complexe. Elle aime y associer les mets. Elle a découvert que la dégustation est une approche de la consommation des vins et alcools bien différente de la boisson plaisir ; quant à Oxane, elle suit le mouvement, plus enthousiasmée par les alcools qui font du bien au moral que par les études approfondies du célèbre breuvage.

    — Que veux-tu, avait-elle lancé un jour à Emma lors d’une séance de révision intensive, j’ai une vision administrative des partiels à venir : j’avance très doucement.

    En guise de réponse, la studieuse Emma avait levé un sourcil avant de replonger dans ses livres.

    — Bah, quoi ? En quoi les études sont-elles bonnes pour notre équilibre et notre santé ? Et puis la forme des pyramides le démontre : l’homme a toujours tendance à en faire de moins en moins, c’est dans sa nature.

    — Potasser ses révisions n’a jamais tué personne.

    — Je ne prends aucun risque ! Et c’est injuste ! Le matin dans ton lit douillet, à 6 heures, tu fermes les yeux deux secondes et il est 7 h 45. En cours, il est 13 h 30, tu fermes les yeux cinq minutes, il est 13 h 31 !

    À 27 ans révolus, les deux femmes se dirigent vers des fonctions de recherche et de conseil auprès d’organismes ou laboratoires, tels que l’Institut National de l’Origine et de la Qualité.

    Mais, dans l’immédiat, c’est vers la sortie de la bibliothèque qu’elles filent en vitesse, hilares, sous un tollé général.

    ***

    Manao, le petit ami d’Emma, ne se demande pas vraiment ce que l’avenir lui réserve. À 30 ans, sa vie semble toute tracée ; cela lui convient parfaitement et sa compagne apprécie cette routine qui la rassure. Il est diplômé universitaire, il effectue son horaire, 9-17 heures, tous les jours, il aime bien son travail et son salaire est plutôt confortable. Son couple est solide. Il vient d’acheter un appartement en banlieue parisienne ; Manao profite de ses cinq semaines de vacances annuelles. C’est juste un couple, comme beaucoup d’autres, qui vit une de ces vies monotones. Ils rêvent de bébé, chien et poisson rouge, dès qu’Emma aura fini ses études. Manao archive déjà ses points de retraite. Les standards de la société ne les dérangent pas. Ils mangent sainement, ne fument pas, boivent peu et regardent le journal de 20 heures, tous les soirs. Ils font du sport ensemble et, tous les samedis après-midi, ils arpentent les allées d’un grand magasin de décoration. C’est leur petit plaisir hebdomadaire. Tel un bug temporel, il semblerait que la vie leur impose un chemin et, en aucun cas, ils n’envisagent d’en prendre un autre.

    Leur entourage n’en revient pas, surtout Oxane, qui a juste envie de se pendre devant cette routine qu’elle estime médiocre. Rien qu’à les observer se bécoter amoureusement, elle se sent rouiller sur place. Elle manque d’air quand Manao narre ses fabuleuses journées, qui se résument à passer huit heures sur un écran d’ordinateur et rentrer, chaque soir, dans le même appartement. Elle a des bouffées de chaleur lorsque Emma lui raconte ses péripéties au supermarché. La dernière fois, elle a sorti un pack d’eau en douce, oublié sous le caddie. Quelle aventure !

    Oxane est désespérée de voir son amie se perdre ainsi, sans même qu’elle s’en aperçoive.

    Car pour conserver l’équilibre idéal de son couple, Emma use et abuse de petits mensonges de complaisance. Diplomate, elle simule une bonne crève pour éviter les dîners de famille. Non pas parce qu’elle n’aime pas les parents de Manao, mais elle préfère un tête-à-tête sous la couette avec son chéri. Et quand elle ne peut pas y échapper, elle lâche un « c’était dé-li-cieux » à future belle-maman. Ben oui, ce serait idiot de compromettre l’avenir pour de simples tripes à la mode de Caen. Emma ment souvent par omission. Surtout quand il s’agit de recevoir sa propre mère à dîner, alors que son chéri ne l’aime pas beaucoup : « Ah bon, je ne t’avais pas dit que c’était avec elle, le dîner de ce soir ? »

    À son premier rendez-vous, avec Manao, pour se donner un genre, elle lui avait annoncé qu’elle était allergique au gluten, allez savoir pourquoi. Pas très malin quand la relation devient sérieuse. Il a fallu un second mensonge pour annuler le premier : « mon allergie ? C’est fini ! Un vrai miracle, je peux manger ce que je veux, maintenant… Eh oui, mon médecin est très étonné aussi ! »

    Ce ne sont que des mensonges, des bêtises de rien du tout qui font monter l’adrénaline de la sage Emma, mais qui tapent sur le système de la franche et directe Oxane.

    Mais ce n’est pas tout : elle est d’une fidélité à toute épreuve.

    — Ce qui m’attache à Manao, ce sont ces promenades en forêt que nous partageons, lui avait un jour raconté Emma, plus amoureuse que jamais. Ce qui nous soude, c’est le refuge que nous sommes l’un pour l’autre.

    Je crois entendre ma grand-mère, avait songé Oxane.

    — Si je le trompais, j’aurais l’impression de me bousiller, en plus de détruire mon couple.

    Oxane avait alors, mentalement, visualisé une boule de démolition fracassant la belle gueule de Manao, puis, d’un geste, avait chassé cette image de son esprit.

    — Nous nous en sommes fait la promesse, avait persévéré Emma. La fidélité ne va pas sans serment.

    Oxane était consternée.

    — Ce qui nous unit, c’est quelque chose qui ressemble à l’habitude, mais une habitude délicieuse. C’est une sorte de profonde amitié que je ne connais avec personne d’autre…

    — Même pas avec moi ? avait grommelé Oxane, un peu vexée de la dernière réflexion de son amie.

    — Nous ne nous disputons jamais…

    — C’est clair que si tu demandes à Manao « avec quoi cette robe m’irait ? », ce n’est pas lui qui te répondrait « avec une panne de courant », avait riposté Oxane, désabusée.

    Apparemment, ça sentait le vécu. Oxane avait été, encore une fois, la cible de répliques grinçantes de certains mâles à l’ego démesuré.

    Emma avait soupiré, assise sur son nuage :

    — Je suis désolée pour toi, j’aimerais tant que tu connaisses le monde de nuances, de modulations, d’un couple solide. Une petite musique de chambre où deux instruments jouent harmonieusement, au diapason.

    Oxane avait mimé l’archet effleurant les cordes du violon en se fichant d’Emma :

    — Arrête ton laïus, tu vas finir par vomir des Chamallows.

    — Et toi, de draguer tous les mâles qui te tournent autour, sans distinction aucune !

    Les deux femmes n’ont rien en commun. Mais comme les aimants, parfois les contraires s’attirent, même en amitié. La relation entre Emma et Oxane en est la preuve. On pourrait supposer qu’elles apprennent beaucoup l’une de l’autre et de leurs expériences respectives. Elles se chamaillent beaucoup, mais aucune ne se conforme aux choix de vie de l’autre.

    Car à la différence d’Emma, Oxane ouvre les cuisses aussi vite qu’une page Google.

    — Et alors ? Qu’est-ce que ça peut te foutre, s’était-elle écriée à une étudiante qui la regardait de travers, sa réputation ayant tendance à largement devancer chacune de ses apparitions.

    Et, ce matin, c’était dans l’amphithéâtre du campus, plein à craquer :

    — Je suis une pétasse, une chaudasse, une fille facile ! Vous me gonflez tous avec vos tabous moralisateurs à deux balles ! Eh oui, je confirme : je couche le premier soir ! Mais avec qui j’ai envie et quand j’ai envie ! Pas systématiquement et pas avec tout le monde ! Ça t’en bouche un coin, la cousue du cul ?

    L’amphithéâtre avait explosé de rire. Emma s’était empressée de tirer son amie vers la sortie, pour éviter un nouvel esclandre.

    Après le scandale du matin et leur passage éclair à la bibliothèque, les deux femmes se réfugient dans leur brasserie préférée :

    — Tu prends quoi ?

    — Un panaché.

    — Avec modération, conseille la prudente Emma.

    Oxane repart en flèche :

    — On dit toujours qu’il faut boire avec modération, mais c’est qui ce « modération » ?

    Emma regarde son amie en souriant :

    — Sache que, sans alcool, la fête est plus folle !

    — Mouais, dans la limite d’autres drogues disponibles ! Dis-toi que si douze mecs suivaient Jésus partout, c’est qu’il changeait l’eau en vin ! Et puis, je ne bois pas parce que je suis alcoolique, je bois parce que je suis égocentrique ; j’aime quand tout tourne autour de moi !

    Oxane est frivole, elle aime la vie et les hommes, surtout les hommes. Le problème avec son attitude désinvolte et sa facilité à balancer ses dessous affriolants par-dessus tête, c’est qu’elle envoie un mauvais signal au sexe opposé. Elle tue toute l’attirance et le mystère qui ne se trouvent pas uniquement dans sa culotte. Résultat, il est bien rare que le mâle renouvelle l’expérience.

    — Niveau respect, ce n’est pas terrible ! tente d’argumenter Emma. Le mec conserve de toi une image pas très nette et il aura un peu de mal à se projeter dans quelque chose de sérieux. Pourquoi tu ne les fais pas un peu mariner ? Et, côté estime de soi, c’est quand même mieux que donner le sentiment de se brader aux enchères…

    — Donc, tu me conseilles de jouer la fille bien comme il faut, qui garde ses jambes bien serrées ? Le gars me quittera au cinquième ou au dixième rencard, une fois que j’aurais cédé. Pourquoi perdre son temps à risquer de s’attacher puisque, de toute façon, il me larguera le lendemain matin ? Et puis, zut ! La révolution sexuelle, c’est pas pour les chiens et elle ne date pas d’hier ! Chez mon dentiste, y’a des posters de chicos, chez le véto, des animaux, pourquoi y’a que des photos de bébés chez mon gynéco ? Pas une foufoune dans le décor, et va trouver une copie de l’origine du monde de Courbet ! C’est de l’hypocrisie notoire ! Du foutage de gueule !

    Oxane est systématiquement ulcérée dès qu’Emma tente d’aborder ce sujet délicat et c’est, toujours et encore, aujourd’hui, l’éternel même débat :

    — Dois-je en conclure que de nos jours, une femme qui affiche, sans chichi pompon, son appétit pour le sexe, continue de ne pas être respectable ? Le pire, c’est que la disgrâce vient souvent des hommes !

    — C’est parfois fragile un mec et la virilité est complexe. Alors, de deux choses l’une, Oxane, soit tu te cantonnes aux types vraiment libérés qui ont un rapport franc avec la sexualité, soit tu apprends à repérer à qui tu as affaire et tu fais l’effort de prendre ton temps. Mais surtout, tu évites définitivement les balourds.

    Comme d’habitude, Oxane, la fusée dopée aux hormones, bougonne.

    — Et si tu pouvais éviter les mecs à problèmes, ce serait pas mal aussi… ajoute Emma.

    — Pourquoi ? Mis à part Manao, y’a d’autres mecs normaux ? ironise Oxane.

    — Déjà, évite celui qui a une « ex » un peu trop présente dans son esprit. S’il a envie de recoller les morceaux de son histoire, c’est son problème, pas le tien.

    Oxane opine du chef, attentive.

    Encouragée par l’attitude de son amie, Emma continue.

    — Fuis l’ado attardé, celui qui passe son temps devant des jeux vidéo et à fumer des joints avec ses potes. Il est peut-être craquant, mais tu n’es pas sa baby-sitter.

    — Tu fais le listing de mes ex ? sourit Oxane.

    — J’essaie, tant bien que mal.

    — Si tu comptes éditer la liste, charge à bloc ton imprimante sur papier et mets une cartouche d’encre neuve, ça va « sprinter » sévère !

    Les deux femmes s’échangent un clin d’œil complice et affectueux.

    — Oublie aussi celui qui sort en boîte dès le jeudi soir et chope cinq nanas différentes. Ce type ne sait même pas ce que c’est d’être amoureux.

    — Ch’suis pas très douée, non plus, avoue Oxane. En plus, l’autre jour, on m’a dit que j’étais moche…

    — Si une fille te dit que tu es moche, c’est qu’elle est jalouse, si c’est un mec, c’est qu’il est méchant.

    — Et si c’est un gamin ?

    — …

    — Eh ben, voilà !

    — Mais non, c’est certainement un petit morveux qui…

    Mais Oxane ne l’écoute plus. Son attention est détournée par un nouvel étudiant de l’université qui cherche une place dans le café bondé.

    — Il est plutôt pas mal, non ?

    Emma suit le regard de son amie :

    — Euh, côté mec libéré niveau sexe, je pense que tu as tout faux…

    — Pourquoi ?

    — Tu ne vois pas qu’il a l’air snob comme un bouton de porte ?

    — Ça ne veut rien dire ! réplique Oxane en faisant un signe au beau gosse, l’invitant à s’asseoir à côté d’elle.

    Incorrigible, elle est définitivement incorrigible, ressasse silencieusement Emma en soupirant.

    2.

    Les femmes sont le régal de l’homme et vice-versa.

    — Tu ne trouves pas que, pendant les soldes, les articles sans promotion ont un vrai charisme ?

    Emma sourit.

    Ce matin, les deux femmes profitent de l’absence de cours pour traînasser dans les allées d’un grand magasin.

    — Non, sérieux, mate-moi cette superbe veste, insiste Oxane.

    Emma regarde l’étiquette du vêtement.

    — Pour du charisme, elle peut en avoir ! T’as vu le prix ? Restons raisonnables, nous ne sommes encore qu’étudiantes. À la maison, avec le seul salaire de Manao et les traites de l’appartement, ce n’est pas simple ; on tire un peu la tronche en fin de mois. Alors des collants me suffiront.

    — T’as vraiment l’art de casser mes rêves ! Tu penses vie pratique alors que je te montre un bijou de la mode.

    Oxane daigne enfin regarder le prix et écarquille les yeux :

    — Tout compte fait, peux-tu m’indiquer où se trouve le rayon des collants ? Et puis les soldes, c’est génial, uniquement si tu chausses du 32 et que tu t’habilles en XXL.

    Emma ne répond pas. Elle vient de s’éloigner pour prendre un appel téléphonique, sa mère, apparemment, d’après les signes qu’elle lui fait à distance.

    Esseulée, Oxane erre dans le stand parfumerie. « Parfumez-vous là où vous voulez être embrassée », lit-elle sur une étagère.

    — Merci, Coco Chanel, j’ai testé sans approuver ! Trois heures sous la douche à tenter d’éteindre le feu ! grommelle-t-elle. Grâce à toi, j’ai marché comme un cow-boy pendant une journée entière !

    Emma la rejoint enfin en s’excusant :

    — Désolée, c’était ma mère, confirme-t-elle.

    — Comment va-t-elle ? demande Oxane.

    — Mieux, beaucoup mieux, heureusement. Elle semble voir le bout du tunnel, la fin d’une longue traversée du désert. Elle reste toutefois fragile émotionnellement.

    — J’ai cru, pendant une période, qu’elle perdait pied. Elle a sacrément morflé…

    — Mon père a

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