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Temps mort (Saison 3)
Temps mort (Saison 3)
Temps mort (Saison 3)
Livre électronique238 pages3 heures

Temps mort (Saison 3)

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À propos de ce livre électronique

Saule et Élisabeth, dite Petit Kiwi, dite PK, adorent se détester. Mais ce qu’elles aiment plus encore, c’est faire le vide autour d’elles. Les deux criminelles les moins douées au monde sont vernies : elles liquident, trucident, empoisonnent, noient... sans jamais être inquiétées. Enfin, jusqu’à présent...
Lorsque Saule est brutalement incarcérée à Fleury-Mérogis, que fait sa meilleure amie ? Elle prend ses jambes à son cou, direction l’Afrique Noire. Comment PK, perdue au fin fond du Burkina Faso, va-t-elle aider Saule à s’évader ?
Encore une fois, tout va partir en vrille. Nos deux tatas flingueuses déjantées vont alors enchaîner les catastrophes et les crimes, sans aucun état d’âme.
Saule arrivera-t-elle à s’enfuir ? Seront-elles enfin stoppées dans leur folie meurtrière ?
Au programme de ce dernier opus « serial-thriller-gore » jubilatoire qui ne laisse aucun temps mort : sorcellerie, cloche-pied, patte d’alligator, magie noire et David Copperfield.
Bon, peut-être pas de David Copperfield, en fin de compte.

LangueFrançais
Date de sortie25 juil. 2018
ISBN9782370116154
Temps mort (Saison 3)
Auteur

Marie-Pierre Bardou

Née en Afrique équatoriale dans une famille d’oiseaux migrateurs, Marie-Pierre Bardou a gardé de ses voyages précoces le goût des départs, même en imagination. Elle teste un peu tous les genres – poésie, nouvelle… - mais c’est avec le roman qu’elle peut, réellement, se laisser « embarquer ». Grande admiratrice du génie fiévreux d’un Dostoïevski ou de l’implacable plume d’un Ross Mc Donald ou d’un Liam O’ Flaherty, elle adore les romans historiques et les thrillers. C’est le plus souvent dans les drames familiaux qu’elle puise sa propre inspiration. Elle a une prédilection pour les grasses matinées et les séries TV, et de temps en temps se laisse séduire par quelques chutes libres – mais toujours avec un parachute. Sinon, son bureau ou son canapé seront les endroits où vous la trouverez la plupart du temps. L’avantage étant qu’ils sont dans la même pièce, pour une très agréable économie de mouvement.

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    Aperçu du livre

    Temps mort (Saison 3) - Marie-Pierre Bardou

    cover.jpg

    TEMPS MORT 3

    Marie-Pierre BARDOU et Kathy DORL

    Published by Éditions Hélène Jacob at Smashwords

    Copyright 2018 Éditions Hélène Jacob

    Smashwords Edition, License Notes

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    © Éditions Hélène Jacob, 2018. Collection Polars. Tous droits réservés.

    ISBN : 978-2-37011-615-4

    ÉPISODE 1

    « Y’a pas d’hélice, hélas, c’est là qu’est l’os ! »

    Gérard Oury

    La grande vadrouille

    PSYCHOPROLOGUE

    Mardi 19 février 2013

    Un coffee house, quelque part dans Londres.

    — Qu’est-ce que tu fabriques ?

    — Quoi ? (Saule ouvre des yeux ronds comme des billes) Qu’est-ce que tu me reproches, encore ?

    PK pointe du menton la main de Saule qui tient à deux doigts l’anse de sa tasse de thé à la bergamote.

    — Le petit doigt en l’air, tu pourrais t’en dispenser…

    — Bah, c’est le tea time, so chic ! riposte Saule, avec des gestes précieux.

    — OK, Madame la Comtesse du Bout du Manche de La Brosse à Chiottes.

    — Ça me change de l’ashram ! soupire d’aise Saule, en portant le breuvage à ses lèvres, enfin plutôt ses merguez. Il n’y a rien de plus « British » qu’un afternoon tea à Londres.

    — Mouais, si tu veux arborer une posture distinguée, c’est ton choix, à condition de ne pas te moucher ensuite sur la nappe. Et arrête de donner des mignardises à ce chien ! Tu vas le rendre malade !

    Hercule occupe le troisième confortable siège de cette charmante table ronde, sur laquelle sont déposés une théière remplie de thé fumant, des scones à la crème et à la confiture, des petits toasts et gâteaux savoureux.

    Hercule est un chihuahua à poil long. Affublé d’un chouchou sur la tête et habillé du museau à la queue d’un uniforme en tissu écossais, similaire à celui d’un collégien de la très réputée Wimbledon School, il scrute tour à tour Saule et PK de ses yeux globuleux, la langue pendante, espérant gratter un peu plus de marmelade.

    — Et regarde comment tu l’as fagoté ! râle encore PK. C’est un chien, pas un humain.

    — Tu détestes les animaux, lui lâche Saule.

    PK manque s’étouffer dans son thé.

    — Pardon ? J’aime les bêtes et je les respecte, mais ce ne sont pas des jouets. J’adore particulièrement les gros chiens comme Tommy ou Clarence, un peu moins les petits gabarits de ce genre. Tu n’as pas remarqué qu’il aboie comme une contractuelle en période de menstruations ? Il est mal dressé.

    — Pas du tout ! s’offusque Saule. Hercule est mignon et câlin, il remue toujours la queue.

    — C’est clair, le jour où il arrêtera de faire du vent, c’est qu’il sera mort et au lieu de t’extasier sur ton rat qui chie le décuple de son poids, ce qui en fait une énorme usine à merde, tu devrais t’occuper de ton fils.

    — Ben, je comptais un peu sur toi, avoue Saule en avalant un scone qui déborde de Chantilly. Dickens ne cesse de m’interroger sur tout ce qui l’entoure, un vrai moulin à paroles, parfois je n’y comprends rien ! Ce gamin m’épuise ! bougonne égoïstement Saule.

    — C’n’est pas une raison pour ne pas l’habiller, ce pauvre gosse est arrivé à Londres en short et sandales éculés ! C’est quand la dernière fois qu’il a pris un bain ?

    — Ben, je comptais sur toi aussi…

    PK exhale un profond soupir de désespoir.

    Saule se dresse et repousse son thé.

    — Voilà, t’as gagné, tu m’as coupé l’appétit ! Avoue que tu m’en veux !

    PK est extrêmement agacée :

    — Bien évidemment que je t’en veux ! Quelle folie t’a prise de relater toutes nos affaires devant Donnall ?

    — J’ai parlé à demi-mot ! s’explique Saule.

    — T’as juste oublié que mon Donnall est perspicace ! Notre départ précipité à Londres l’a toujours titillé. Et te voilà qui débarques chez moi et tu balances tout de go nos petits secrets.

    — Bah, je n’ai pas dit grand-chose.

    PK ironise :

    — Non, trois fois rien ! Que mon congélo était occupé par Eugénie, la femme de mon amant, Charles, qui, lui, a flotté entre deux eaux pendant un bon moment dans la Tamise. Pire encore, que Ducati a disparu de la circulation ainsi que Birdie, alors que c’étaient ses plus proches à l’ashram, ceux qu’il considérait comme sa propre famille.

    — J’étais prise dans l’enthousiasme de nos retrouvailles…, se justifie Saule, penaude, babines pendantes.

    — Un enthousiasme qui t’autorise à lâcher « que tu me suivras partout dans mes crimes » ?

    — Voui, bon, j’l’ai pas fait exprès.

    — Je vais finir par me poser la question !

    — Allez, ça va ! Ce n’est pas comme si j’avais révélé que nous avons empoisonné son père, pardon, leur père, rectifie Saule, en se resservant une tasse de thé. (Puis se mettant à rire) Et hop ! Après trois coups de cisaille, les flics ont retrouvé sa tête dans le coffre de sa femme, Abigaïl, d’ailleurs elle va bien ? Toujours dans le couloir de la mort ?

    PK observe Saule d’un air inquiet.

    — Toi, t’es vraiment inconsciente, lâche-t-elle enfin. Le seul point commun que nous ayons, c’est que nos fils ont le même père.

    — Et quelques crimes sordides, au passage…, relance Saule.

    — Ton irresponsabilité me hérisse le poil ! Ton corps se réveille tous les matins, mais ton cerveau, c’est légèrement plus tard, aux environs de 19 heures !

    — Bah, j’ai gardé mon esprit de jeunesse, un peu de désinvolture, ça fait du mal à personne.

    — Du mal à personne, c’est vite dit…

    — Allons, détends-toi, PK, et c’est vrai qu’à 20 ans, on était un peu connes, non ?

    — Ben, maintenant, j’ai la preuve que tu n’as pas beaucoup vieilli.

    Saule balaie la réflexion en engouffrant une énorme part de cake aux fruits confits, sous le regard suppliant d’Hercule. Apparemment, elle a oublié qu’elle avait l’appétit coupé par la mauvaise humeur de PK.

    — Sinon, les amours, ça roule ? demande-t-elle, la bouche pleine. Tu couches toujours par intérêt ? Quoi de neuf depuis que Charles a bu la tasse ?

    — Je te retourne la question : t’as pas prévu d’acheter une écharpe avec tous les vents que tu te prends ?

    Saule lève l’index et le tourne comme s’il s’agissait d’une baguette :

    — Abracadabra !

    Puis, observant PK :

    — Ah, bah non ! T’as pas changé, t’es toujours une garce.

    PK hausse les épaules de désarroi :

    — Tu te souviens comme nous étions heureuses à 15 ans ?

    — Mais on ne se connaissait pas encore…

    — C’est bien ce que je dis !

    1.

    De : saule@yahouille.com

    À : pkpaspq@coldcase.com

    Objet : Outaipasséencore ?

    Dimanche 24 février 2013 à 18 h 30

    Ma très chère PK,

    Je viens de prendre connaissance du petit mot que tu as eu l’amabilité de me laisser avant de te barrer. J’ai fini par mettre la main dessus. Il avait glissé entre le secrétaire et le mur et c’est Dickens qui l’a trouvé en furetant un peu partout à la recherche d’une lettre d’alphabet aimantée. Ce jeune couillon, précoce, mais couillon, je le confirme, passe ses journées à construire des phrases sur son tableau magnétique. Moi qui espérais tant qu’il deviendrait un Youtubeur connu. Eh bien non, cet idiot veut être instituteur. Mais qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?

    Mais revenons à ce qui me préoccupe. Je te remercie de m’avoir prévenue de ton départ : « Je vais être indisponible pour une durée indéterminée. Pour toute question ou tout problème urgent, merci de te démerder toute seule ».

    J’apprécie ta légendaire délicatesse. Mais c’est un tic chez toi ? Dès que nous nous retrouvons enfin, dans la gaieté et la bonne humeur, la tendresse et la joie de vivre, la complicité et la confiance mutuelle, il faut que tu disparaisses de la circulation. Attention, PK, je vais finir par penser que c’est ma présence qui t’indispose.

    Ne me laisse pas croire que j’embellis tes journées juste par mon absence. C’est un chouïa vexant, surtout quand ça vient de ma meilleure, super-méga-meilleure amie au monde.

    Heureusement qu’Hercule est là pour me distraire. Tu te souviens d’Hercule ? Le chien que je t’ai offert avec toute mon affection et que tu as lâchement abandonné. Hercule le molosse, Hercule le dieu du parc municipal en face de ton appartement, Hercule le puissant, Hercule le maître des lieux. Hercule : ton Chihuahua.

    C’est un vrai jouet notre bout de chou, trop choupi ! Une peluche trop mignonne qui lève la patte partout (surtout sur ton tapis oriental, il l’adore), qui bouffe tes chaussures : il vient d’attaquer ton dernier talon aiguille, quand tu reviendras, tu marcheras bien à plat, grâce à Hercule ! De toute façon, les talons vertigineux sont mauvais pour la colonne vertébrale.

    C’est qu’il est très concerné par ta santé, Hercule, et tu lui manques beaucoup. Pour preuve, il aboie toute la journée. Dickens et moi, nous gérons ses petits éclats de voix avec des boules Quies de première qualité. Les voisins, nettement moins.

    Hier, la concierge est venue frapper à la porte pour râler. C’est Hercule qui lui a répondu. Elle n’était pas contente, mais alors pas du tout !

    C’est super sympa d’avoir un chien quand on déteste marcher. C’est un excellent compagnon et une chouette motivation pour sortir lorsqu’il pleut et qu’il fait froid, surtout ici, à Londres, en cette saison.

    Le seul souci, c’est qu’alors que je pensais que les promenades seraient bouclées en dix minutes, Hercule réclame facilement une heure. Notre peluche adore s’arrêter pour renifler les cacas des autres et marquer son territoire tous les trois pas.

    Par contre, à éviter absolument : les parcs à gamins. Ne jamais approcher un Chihuahua d’une bande de gosses. Non ! Surtout pas ! Jamais !

    Parce que tu peux être certaine qu’une vingtaine de marmots vont accourir comme des zombies et se jeter sur Hercule pour le câliner. Et même si l’animal est un brin siphonné du cerveau, pour ne pas dire complètement dingo, ils veulent quand même le porter, et ils s’évertuent vainement à essayer de choper notre adorable pile électrique, cachée sous une jolie couche de poil.

    Il est trop choupinet, notre Hercule, tellement petit que je pourrais l’écraser. Ce à quoi je fais remarquer qu’effectivement, je lui marche dessus une bonne dizaine de fois par jour. Il a un peu la tronche déglinguée, mais il encaisse, il est courageux et vaillant, notre clébard.

    N’ayant jamais eu à m’occuper d’un animal, j’ai été stupéfaite quand, pour la première fois hier, j’ai rencontré une autre personne promenant son clebs. PK, je t’assure, ça m’a complètement fait flipper, j’étais choquée et angoissée, je ne m’en suis même pas encore remise. Il faudrait que j’en parle à un psy. Non, mais imagine la scène, je suis en plein Londres, je croise un inconnu avec son beagle. Son chien vient renifler le trou de balle d’Hercule, et, là, le type se tourne vers moi et me dit :

    — Bonsoir !

    Je ne m’en remets toujours pas, PK. Je t’assure. Ça m’a perturbée !

    Attention aux vieilles, aussi ! Les vieilles kiffent Hercule à mort.

    Elles sont bien mignonnes les petites mamies, mais gaffe à la contagion, cet après-midi je me suis sentie dans la peau d’une parfaite octogénaire. Alors, de retour à la maison, j’ai mis des chaussons, je me suis fait une verveine, et je me suis endormie devant la télé, en regardant Derrick.

    Mais, comme tu peux t’en douter, Hercule m’apporte un quotidien tout en joie. Super con, le chien est hypercollant. Il adore me faire la fête pendant une heure et quarante-sept minutes (c’est la durée maximum d’utilisation avant de recharger les batteries). Il aime me réveiller le matin en me léchant la bouche (après s’être nettoyé le popotin). Par contre, moi, je me marre quand ce demeuré prend peur et devient hystérique en voyant son reflet dans le miroir.

    Ma chère PK, j’essaierai tous les jours de t’apporter des nouvelles de ton petit Hercule. Il ne faut pas couper le cordon ombilical trop tôt. Une mère et son enfant doivent tisser un lien unique et cette relation singulière se construit jour après jour. J’espère que tu reviendras assez vite pour qu’il n’oublie pas votre premier regard échangé, le moment où je te l’ai mis dans les bras. Ne t’inquiète pas, je lui montre tous les soirs une photo de sa « maman ». Tu peux me faire confiance, jamais au grand jamais je ne détournerai un enfant de sa mère ! Et j’ai la main sur le cœur quand je pianote ces mots (d’une seule main et du coup, c’est pas facile) sur le clavier.

    Sinon, avec le brouillard et la pluie, ici, je me les caille sévère. Il fait tellement froid que j’ai les lèvres gercées. Avec ces fichues injections ratées pour gonfler mes lèvres, j’avais deux merguez, mais ça, c’était avant. J’ai la bouche d’un Zodiac, maintenant !

    Ta Saule.

    2.

    De : pkpaspq@coldcase.com

    À : saule@yahouille.com

    Objet : Re-Outaipasséencore ? Enpleintransitetpasintestinal

    Mardi 26 février 2013 à 17 h 35

    C’est la cata dans la Creuse. Je répète : c’est la cata dans la Creuse.

    Bon, je me tortille de désespoir à l’idée de t’avoir lâchée comme une sale chaussette qui pue et m’être carapatée, telle la sauvage moyenne, de notre nid douillet ; mais cette fois, ma vieille, tu n’y es pour rien !

    Donc je me tortille de désespoir, car j’ai conscience de t’avoir blessée ; que dis-je, blessée, lacérée par les coups de couteau de mon indifférence – mais pas réelle, mon indifférence, juste supposée de ta part, vilaine que tu es, fausse amie ; tu pourrais avoir confiance, et merde, je ne sais plus du tout ce que je voulais dire.

    J’en étais où, moi ?

    Voilà ce que c’est, de décider d’être gentille et tout sucre, tout miel, beurk !

    Allez, on recommence : je me suis cassée, parce que mon génie et peu équilibré de fils a disparu de son Institution du jour au lendemain et s’est évaporé dans la nature.

    Je quittais le taf, accablée par mes deux longues heures de travail journalier, quand mon portable a sonné : c’était la directrice de l’Institut, qui m’avertissait que mon tendre canard était absent depuis le matin. Il était pourtant bien allé en cours après avoir pris son breakfast au réfectoire, mais il a prétexté une extrême et soudaine douleur à l’orteil droit pour sortir de la classe en claudiquant. Il ne pouvait pas avoir mal au ventre ou à la tête, comme tout le monde. Remarque, on a eu chaud, ce n’était que l’orteil. Mais, bref ! L’infirmière ne l’a jamais vu. Donnall a fait pfuit et a disparu. Je sais bien qu’il aime les trucs qui partent en fumée, mais quand même, là…

    J’étais morte d’inquiétude, tu supposes bien, et je tournoyais sur moi-même dans la rue, en me demandant ce que diable il fallait que je fasse, quand j’ai dû m’asseoir par terre tellement j’avais le vertige. C’est pour ça que je le fais, d’ailleurs : ça me colle un tournis qui m’oblige à me poser, et à réfléchir. Bon, je passe pour une tarée finie, mais tu sais bien ce que je pense de ce que les gens pensent de moi…

    D’accord, on s’en fout. Au moment où, la tête toute chamboulée et les jambes molles, je gisais comme un mollusque sur le trottoir, mon portable a résonné. Et c’était mon canard. Il avait des remords, en anticipant mon angoisse de génitrice, et voulait juste me prévenir que tout se passait bien, qu’il allait revenir bientôt.

    — Mais où es-tu ?

    — Je vais bientôt passer sous un tunnel, maman, ne t’inquiète pas si ça cou…

    Petit salaud ! Me faire le coup du tunnel, à moi, sa mère !

    Sauf qu’il était vraiment dans un tunnel : avant que la communication soit coupée, j’ai entendu les annonces de destinations du train dans lequel était mon fils. Le tunnel sous la Manche. Ce couillon est revenu en France. Je n’ai même pas hésité trois secondes, car je savais où il allait : où

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