Le parquet grinçait, c’était vrai, concéda Lucile qui trouvait que sa sœur en faisait tout un plat. Madame avait l’habitude de vivre dans de l’ultra-contemporain, alors c’est sûr que lorsqu’elle était entrée dans cette maison d’un autre temps, elle ne s’y était pas sentie dans son élément.
– Non mais j’ai cru qu’un troupeau de zombies se baladait dans la chambre ! insista Emeline. Tu ne peux pas rester ici, c’est… Ses yeux erraient dans la cuisine à la recherche d’une explication sensée. C’était trop bizarre, ici… et comme Lucile soufflait, sa sœur rajouta que même le chat se sauvait la nuit.
– Comme tous les chats, je ne l’enferme pas. D’autant plus qu’il n’est pas à moi. « Le Chat » – c’était son nom – occupait seul cette maison depuis quatre ans. Il allait et venait par la chatière du rez-de-chaussée et la propriétaire de Lucile, Mme Henri, s’occupait chaque semaine de le ravitailler en eau et croquettes, vérifiant à cette occasion si le contrat passé avec sa locataire était respecté.
Car l’une des conditions fixées à l’emménagement de Lucile était qu’elle ne touche à rien. Mme Henri avait accepté de lui louer sa maison à un prix modique pour lui rendre service, mais elle refusait que quelqu’un en dérange l’intérieur ; tout devait rester en place.
L’autre condition était que la jeune femme s’entende avec Le Chat, clause beaucoup plus aisée à respecter que la première, tant la décoration de cette maison piquait les yeux. Cet animal était d’une agréable compagnie et il la débarrassait de quantité de rongeurs, à en croire les cadavres qu’elle trouvait dans le jardin…
– Tu ne trouves pas ça étrange qu’il ne veuille pas dormir au chaud avec toi ? continua sa sœur. Emeline ne croyait pas aux esprits ni à tous ces trucs paranormaux, mais peut-être Le Chat percevait-il des choses inquiétantes.
– A