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Pétrole Last Call
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Livre électronique335 pages7 heures

Pétrole Last Call

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À propos de ce livre électronique

Thriller

Pourquoi le prix du pétrole augmente-t-il toujours?

Le Groupe Pyka est prêt à prendre tous les moyens pour atteindre son but et demeurer dans l’ombre. La communauté économique internationale ne doit en aucun cas les soupçonner.

Assassinats, kidnapping et désinformation sont mis en scène dans Pétrole Last Call, thriller international et scientifique qui a comme toile de fond le choc pétrolier. De l’Arctique au Koweït en passant par la France, les États-Unis, Cuba, le Canada et la Chine, Mars et les deux associés de la firme mettent à jour un complot international.

Pétrole Last Call décoiffe avec les difficultés d’approvisionnement, la montée en flèche des prix de l’essence, la faillite de compagnies aériennes, les émeutes des travailleurs qui sont des événements du choc pétrolier qui suscitent autant de rebondissements inattendus et de situations chaotiques qui sont mises en scène dans l’action qui illustre la crise de l’énergie.

« Suspense, scènes captivantes et étonnantes, émotions, prises de conscience collectives percutantes sont les ingrédients qui façonnent le polar nouveau genre de l'auteure Andrée Décarie, Pétrole Last Call, à lire absolument ! »
Stéphane Beauregard, Radio-Canada

LangueFrançais
Date de sortie30 juil. 2012
ISBN9780988025127
Pétrole Last Call
Auteur

Andree Decarie

Andrée Decarie is a chartered public accountant and a visionary IT pratictioner. Her participation in economic fraud investigations and analysis of information systems controls has conducted her to become an EDP auditor (Electronic Data Processing). She pursued her career with several international companies implementing information systems. Her passion for the energy industry has led her to be involved in several mandates for these corporations. She taught at the University of Montreal. She has lectured at the Institute of Internal Auditors and at Concordia University on various issues related to Information Technology security controls. Her 30 years of experience allowed her to better understand the geopolitical issues of energy which explains her ability to clearly communicate on the oil peak. During her career she has traveled in North America, Central America, Africa and Europe. She holds a bachelor's degree in Public Accountancy from Ec ole des Hautes Etudes Commerciales, University of Montreal and a licensed Chartered Accountant of the Institute of Chartered Accountants. She also has an Information Technology certificate.

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    Aperçu du livre

    Pétrole Last Call - Andree Decarie

    Chapitre 1 Alert ne répond plus

    «L’étude est un produit du service d’analyse des temps à venir du centre de Transformation Bundeswehr, un groupe de penseurs dont la tâche est de proposer une direction à l’Armée allemande. L’équipe d’auteurs, dirigée par le Lieutenant Colonel Thomas Will, utilise quelques fois un langage dramatique pour décrire les conséquences d’une diminution irréversible de matières premières. Elle nous met en garde à propos d’un renversement de la balance du pouvoir globale, de la formation de nouvelles relations basées sur l’interdépendance, du déclin de l’importance des nations industrielles de l’ouest, d’un effondrement total des marchés et des sérieuses crises politiques et économiques».

    Sept 2010 Source ASPO.

    L’Arctique, la dernière frontière.

    - Où est le commandant? demande un soldat, opérateur radar. Est-ce qu’il dort?

    À Alert, il fait jour constamment, de mars à septembre, six magnifiques mois sans nuits, c’est le soleil de minuit.

    D’octobre à février, c’est la nuit polaire. Pendant quatre mois, le soleil ne se lève pas.

    Tu sais bien que le commandant ne dort presque plus, lui répond un collègue.

    Et il fait un signe de la main, pointant son doigt vers le plafond.

    Le commandant est encore sur sa terrasse? À l’heure qu’il est, il doit être passablement éméché.

    - Il a gagné ce droit depuis bien des années.

    Sur le toit du bâtiment numéro quatre, il s’est fait installer une terrasse. Son équipe et lui ont bourlingué dans toutes les guerres de la terre. Mais après leur dernière mission, la Croatie, pendant trois ans, il a demandé à être muté ici, en Arctique. Lui et ses hommes ont fait bien des choses dont ils ne sont pas fiers. Mais surtout, ils ont regardé ailleurs trop souvent au lieu d’empêcher les massacres.

    Le commandant a 63 ans. Il n’a plus de cheveux et il porte une tuque verte en permanence, à l’intérieur comme à l’extérieur. Sa tuque est brodée de pierres de plastique à la manière inuite. Une femme du village d’Alert, qu’il voit de temps en temps, la lui a offerte. Il y a un soleil et une étoile dessus. Le visage sombre, il a les sourcils blancs et une barbe de trois jours. Il a l’air d’avoir 90 ans avec ses rides prononcées au front et ses énormes poches sous ses yeux noir éteint. Le commandant a toujours une tasse à la main, mais ce n’est pas du café qu’elle contient. S’il y a quelque chose qui ne manque pas en Arctique, c’est bien l’alcool. Tout le monde évite le commandant parce qu’il est désagréable avec tout le monde et il sent mauvais. Rien ne le satisfait.

    - Vaut mieux ne pas le déranger, dit un autre soldat. Je ne suis pas d’humeur à avoir une de ses explosions de colère. On a la paix cette nuit, profitons-en. Ce n’est qu’un écho de terrain.

    Un plancher plus bas, les hommes et les femmes sont à leur poste, tout est tranquille. La plupart communiquent avec leur famille et leurs amis sur Internet, tout en surveillant les différents écrans radar, sonar, satellite. Une force calme unit ces personnes. Ils ont connu l’inimaginable cruauté des guerres civiles. Ils se sont plusieurs fois sauvé la vie. Toute cette équipe travaille ensemble depuis de longues années. Ils ont appris à prendre soin les uns des autres. À surveiller leurs arrières. Lorsque leur commandant leur a proposé cette assignation en Arctique, les réactions ont été mitigées. Aucun ne songe à la retraite. Il est certain que ce ne sont pas les troupes qui choisissent leur assignation, mais le commandant connaît beaucoup de monde dans l’armée. Il aurait pu faire sa demande sans en parler à son équipe, mais il n’aurait jamais fait une chose pareille. S’il est encore en vie aujourd’hui, c’est grâce à eux. Malgré son air d’indifférence, le commandant aime ces gens. Il les aime comme ses enfants. Il se sent responsable d’eux. Il ressent particulièrement de la culpabilité pour ceux qu’il a perdus au cours de ces longues années. Ensemble, ils ont été de presque toutes les guerres de l’après-guerre. Ils ont débuté ensemble au Vietnam. Ensuite le reste c’est de l’histoire maintenant. Le commandant a choisi cet endroit en particulier. C’est ici qu’il a commencé sa carrière. Il connaît bien ces lieux. Partout où il a combattu ensuite, il faisait chaud, très chaud. Il apprécie le froid. L’isolement et le silence sont les bienvenus. La moyenne d’âge de son unité est la plus élevée de toutes les troupes. Ils en sont très fiers.

    Cette nuit-là, le ciel est clair, il ne fait pas tout à fait nuit, mais on peut quand même apercevoir quelques d’étoiles. Le commandant est sur sa terrasse, l’oeil plongé dans un télescope avec son éternelle tasse de gin à la main. Le climat y est sec et froid. La base canadienne d’Alert fait partie du NORAD (North American Aerospace Defense Command) qui a pour mission de surveiller l’espace aérien et maritime du Canada et des États-Unis.

    Depuis la fin de la guerre froide, une équipe réduite demeure pour la surveillance des eaux sous la glace.

    Le commandant tourne la tête, mais reste penché vers son télescope. Il tend l’oreille pour analyser le son qu’il croit avoir entendu. Sa prothèse auditive est très perfectionnée. Il entend mieux qu’à 20 ans. Il se lève et prend ses jumelles. Il a indéniablement entendu quelque chose. Le son vient du nord, des motoneiges, il en jurerait. Mais il n’y a rien d’autre au nord. Il croit alors que c’est un groupe de touristes guidé par des Inuits pour la chasse. Mais il les aurait entendus partir du village près d’ici avant. On ne peut pas rester très longtemps à l’extérieur.

    Il ne voit rien que des amas de neige sculptés par le vent glacial. Et pourtant il ressent de la peur. Un frisson à la base de la nuque. C’est bien le dernier endroit sur la terre où il aurait pensé ressentir à nouveau une telle émotion. Le commandant ressent comme une certitude que sa vie se terminera bientôt. Il pense alors que ce n’est pas trop tôt. La mort est la bienvenue. Il finit sa tasse et se penche à nouveau vers son télescope.

    • • •

    Le lendemain, une traînée de sang rouge éclatait sur la neige blanche. Le chemin écarlate menait de la station météo jusqu’au bâtiment des opérations de la base militaire, le bâtiment numéro quatre.

    Le sentier rubis était visible à l’oeil nu même à plusieurs mètres de distance.

    CFS Alert ne répond plus. Qu’est-il arrivé à la douzaine de personnes qui travaillent à la Canadian Force Station d’Alert?

    Chapitre 2 Le Nunavut

    «Tout cela est si incroyablement évident, étant clairement révélé par la simple analyse des tendances des découvertes et de la production. La partie inexplicable, c’est notre grande réticence à regarder la réalité en face et au moins faire quelques plans pour ce qui promet d’être l’une des plus grandes interruptions économiques et politiques de tous les temps. Le temps qui reste est essentiel. Il est plus tard que vous le pensez»

    Colin J. Campbell, cofondateur de l’Association pour l’Étude des Pics de Production de Pétrole et de Gaz Naturel (ASPO), rédacteur, géologue, ancien premier vice-président exécutif de la FINA, Source ASPO, 2001.

    Quelque temps auparavant

    Dès que j’ai réussi à forcer l’accès, je savais que j’aurais des ennuis. Mais je n’ai jamais imaginé un instant que je venais de déclencher toute une série de meurtres et d’enlèvements jusqu’à causer ma mort.

    Depuis un certain événement regrettable qui m’est arrivé voilà plusieurs années déjà, j’ai acquis la certitude que lorsque mon heure serait arrivée de joindre l’au-delà, je le sentirai en moi et ce sentiment sera pour moi réconfortant.

    À 3h42 du matin, confortablement assise dans mon lit, ma vie n’était aucunement menacée. Je venais juste de regarder une petite photo en noir et blanc d’une femme qui souriait à la caméra. La bordure de fourrure de son capuchon lui fait comme une auréole.

    - Tu n’étais pas une sainte pour avoir eu un enfant à 15 ans, lui dis-je. Ce n’est pas toi qui vas me dire quoi faire.

    Je n’ai jamais eu personne pour me dire ce qui est bien ou mal et j’en ai souffert pendant longtemps. Ça me rendait triste jusqu’à ce que je comprenne que c’est une notion abstraite. Comme les mathématiques. On n’arrive pas toujours à la même réponse avec la même équation. À l’âge de raison, vers 10 ans, j’ai décidé de me lancer un défi. Maîtriser les mathématiques et ne plus me demander si ce que je faisais était bien ou mal.

    - Tu ne voulais pas de moi. Eh bien! moi non plus, je ne veux pas de toi. Il m’arrive souvent de parler seul.

    Depuis l’annonce de ce voyage prochain en Arctique, je dors moins bien. Moi qui suis pourtant un modèle de sommeil. L’insomnie? je ne connais pas.

    - Peut-être que tu n’as pas eu le choix après tout. Ni de m’avoir, ni de me garder.

    Elle dépose la photo dans le tiroir de la table de nuit et ferme soigneusement le tiroir. Ce geste l’apaise tant. Fermer le tiroir. Ne plus se poser de questions. Ne pas chercher à savoir la vérité.

    Je me sentais particulièrement anxieuse de voir de mes yeux le pays de ma naissance, le Nunavut. Je suis née dans le minuscule village d’Alert. La région habitée le plus près du pôle Nord. C’est sûrement cela qui a défini ma personnalité. Froide et recluse. Je n’en ai aucun souvenir, je n’y suis restée que quelques jours.

    - Peut-être que tu as choisi de me donner. Tu m’as peut-être vendue, dis-je en direction du tiroir.

    C’est un immense territoire. Rassure-toi, aucune chance de se croiser dans la rue. Et puis on va voir des puits de pétrole à Iqaluit. Alert est encore à 2000 km plus au nord.

    Mars ramasse son ordinateur sur le dessus de la table de nuit et tape son mot de passe.

    - Je veux te pardonner, un jour j’y réussirai. Un jour je vivrai en paix avec cette photo.

    - Shaozu, qu’est ce que tu as pour moi? Je discute beaucoup avec mon ordinateur. On s’entend vraiment bien.

    J’ai travaillé ainsi dans mon lit jusqu’à 5 h. Ensuite, j’ai pris une douche brûlante et j’ai enfilé mon jean et mon t-shirt. Je n’ai pas oublié d’apporter mon gros manteau de plumes d’oie et mon appareil photo pour me rendre à l’aéroport de Dorval. Je me suis fait un peu remarquer surtout qu’on est en plein été à Montréal.

    En arrivant au terminal, je vois que Myriam et Frank sont déjà là. Ce sont mes patrons. Myriam et moi partons ce matin pour le Grand Nord canadien. Et Frank me dit qu’il retourne à Paris.

    - Bonjour Myriam, bonjour Frank. M’adressant à Frank, je lui demande: Alors, qu’est-ce que ton horoscope t’a dit aujourd’hui?

    - Que je ferai face à des décisions difficiles et que je devrai garder un esprit ouvert, me répond-il d’un air jovial. Arrivée à l’aéroport, je me demandais si j’allais voyager en première classe ou en classe économique? En arrivant au comptoir pour prendre ma carte d’embarquement, la personne m’a dit que j’avais droit à un surclassement pour la première classe, bonis de grand voyageur. Mon horoscope me l’avait dit.

    C’est que Frank a un côté superstitieux. Il lit son horoscope tous les jours.

    Frank a entrepris des cours de cuisine française, me dit Myriam.

    Mais c’est vraiment très difficile avec le système métrique, dit Frank.

    C’est la principale difficulté pour un Américain, exilé en France. Il faudra que tu nous prépares une recette, lui dis-je.

    - Dans tes rêves, me répond-il.

    Je saisis mon appareil photo et prends quelques clichés dans l’aéroport. J’adore les aéroports. J’aime regarder les gens. C’est un gros bouillon d’émotions. Les retrouvailles, les embrassades de départ, les gens qui partent en vacances et ceux pressés par le travail. Les différentes cultures qui se mélangent en paix. Tous ensemble divisés en deux mouvements; partir ou arriver. Il y aussi les gens qui y travaillent. Mais eux sont stationnaires.

    - Tu m’enverras quelques images de l’Arctique Mars, dit Frank. Tu fais de magnifiques photos. As-tu pensé un jour à faire une exposition?

    - Ce n’est qu’un passe-temps. Je n’ai aucun talent. Je fais ça seulement par plaisir, lui dis-je.

    Je me demande si c’est d’origine chimique ou énergétique? Ou si c’est le subconscient, mais Frank me rappelle quelqu’un dont je n’ai pas souvenance? Comment puis-je me sentir aussi bien auprès de lui. La plupart du temps, je dois avouer que je suis assez indifférente aux autres humains. Un charme spécialisé. Je me suis tout de suite sentie bien avec lui. Comme acceptée d’avance. Comme si je l’avais connu toute ma vie. Une vieille connaissance. C’est très étrange comme sensation.

    Frank et Myriam sont les deux associés de la société- conseil en sécurité informatique pour laquelle je travaille.

    Avec Myriam, il a fallu nous apprivoiser tranquillement.

    En passant devant une vitre fumée, j’aperçois mon reflet. 38 ans, de longs cheveux noirs lisses, les yeux marron foncé en amande, 1,6 m, maigre. Je suis un curieux mélange, la peau noire ébène de mon père et celle jaunâtre de ma mère d’origine inuite, me donne un teint olive claire. Je peux facilement passer pour une Asiatique. Je me nomme Barbara Jupiter. Mais tout le monde m’appelle Mars. Oui je sais ce n’est pas vraiment un nom, c’est mon alias sur Internet. Je l’ai choisi parce que ma tante, qui m’a élevée, me demandait régulièrement de quelle planète je venais pour être aussi différente des autres filles de mon âge. Je lui répondais que je venais de la planète Mars. Je le préfère de loin à mon vrai nom. Je pense qu’au bureau il n’y a que Myriam et Frank qui connaissent mon nom de naissance. Je n’ai pas connu mon père. Ma tante m’a seulement dit qu’il avait la peau noire et que j’étais tout son opposée.

    Myriam et Frank sont les meilleurs patrons de l’univers. Je fais ce que je veux. Je prends les mandats que je veux, je travaille où j’en ai envie, je pars en vacances quand je le désire. Ils me versent un excellent salaire. J’ai une allocation de dépenses…

    Quand je pense à tout le mal que je m’apprête à leur faire, j’en viens à la conclusion que je ne saurai jamais distinguer le bien du mal.

    On embarque enfin dans notre avion, un Boeing 737-200. C’est un vol de plus de 5 heures.

    C’est quoi la suite après l’Arctique? demandais-je à Myriam, assise derrière moi.

    L’avion est presque vide, on est environ une vingtaine de passagers dans un appareil qui peut en contenir une centaine. Pourquoi s’entasser? Et puis je n’aime pas avoir quelqu’un près de moi. J’ai une grosse bulle. J’aime avoir de la distance avec les autres, autant physique que psychologique. J’ai un côté un peu autiste. C’est ainsi que j’ai passé la majeure partie de ma vie. Ma tante m’a toujours tenue à distance. On pourrait dire qu’elle m’a élevée de loin. Même si c’est ma plus proche parente.

    C’est Baku dans un mois, ensuite le lac Maracaibo et on finit avec le Mexique, me répond Myriam

    Cool ! lui dis-je, en remettant mes écouteurs dans mes oreilles.

    C’est ce que Myriam apprécie chez Mars, il n’y a jamais rien de compliqué. C’est pourquoi les dossiers les plus complexes et les plus difficiles lui sont souvent confiés.

    J’ai hâte que la consigne de garder la ceinture attachée s’éteigne pour démarrer mon ordinateur.

    C’est fou, ça fait trois ans que je suis des cours de mandarin et je commence à peine à comprendre cette langue. J’écris en mandarin;

    - Shaozu, j’ai un cadeau pour toi.

    Je venais de signer mon arrêt de mort.

    Chapitre 3 Le pôle Nord, le désert enneigé

    «Ce que je trouve intéressant, c’est que lorsque nous sommes passés au travers de la crise (crise du pétrole de 1973), nous pensions que 30$ US le baril de pétrole était insupportable. Ironiquement, les étapes que nous avions proposées à ce moment, qui avaient été plus ou moins acceptées, mais jamais mises en place, sont encore les mêmes étapes discutées par les gens et pas encore implantées. Nous avons établi l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) pour créer des stocks de réserve d’urgence, coordonner la coopération des consommateurs en cas de crise et possiblement des actions conjointes sur les prix en contre balance à l’OPEP. Nous avions recommandé l’établissement d’un prix plancher au pétrole afin que des sources alternatives d’énergie ne soient pas forcées à la faillite par des prix pirates du pétrole ou des prix politiques. De plus, nous avions recommandé le développement de sources d’énergie alternative. Tout cela avait été accepté en principe, mais jamais mis en place. Maintenant, nous faisons face exactement au même problème, mais nous avons déjà vu ce qui arrive si nous n’agissons pas lors d’une crise. À quel point le transfert de richesses (vers les pays producteurs de pétrole) devient-il inacceptable? Cela devra être décidé par l’ensemble des consommateurs».

    Henry Kissinger, Secrétaire d’État des É.U. de septembre, 1973 à janvier 1977 Forum Économique International des Amériques, Montréal Juin 2008.

    Alert, Nunavut

    En plus de pratiquer mon mandarin avec Shaozu, je fais aussi des essais de brouillage de piste internet. J’aime croire que ça fait partie de mon travail et ça m’amuse énormément, il faut bien que je l’avoue. Shaozu est un collègue pirate informatique. Il demeure en Chine, à ce qu’il dit. Pour communiquer avec Shazu, j’ai commencé par pirater le système d’une petite station météorologique à Alert. J’ai trouvé que ça serait sympathique pour moi d’aller à Alert même si c’est seulement de manière informatique. C’est psychologique tout ça, je sais. Et puis à partir de là, je suis tombée presque par hasard sur une base militaire.

    Pour quelqu’un comme moi, c’est comme promener un drapeau rouge devant un taureau. J’ai foncé tête baissée.

    Je me demande bien ce que ces militaires fabriquent à cet endroit?

    Alert se trouve dans la région de Qikiqtaaluk, sur l’île d’Ellesmere, sur le bord de la mer Lincoln, gelée en permanence. Alert n’est qu’à 817 km du pôle Nord. C’est le village habité le plus au nord de notre planète.

    Le village tient son nom d’un navire d’exploration britannique commandé par Sir George Nares en 1875, le HSM Alert. En 1950, le gouvernement canadien y a établi une station météo. Une base militaire canadienne a suivi en 1958. En pleine guerre froide, Alert servait de base secrète pour faire l’écoute et le décodage des messages radio du monde entier. Et plus particulièrement de son voisin de l’autre côté du pôle, URSS, (l’Union des républiques socialistes soviétiques). C’est aussi une station sonar qui surveille la mer Arctique afin de s’assurer que les sous-marins qui s’y promènent respectent la souveraineté canadienne de son territoire.

    Les Inuits sont présents sur l’île d’Ellesmere depuis des milliers d’années. Les Inuits, que l’on appelait autrefois les Esquimaux, parlent l’Inuktitut, la langue inuite. Inuit veut dire les gens.

    Le nom du pays, le Canada, vient aussi d’un terme amérindien qui signifie notre village.

    Le 1er avril 1999, on assiste à la création d’un nouveau territoire canadien, le Nunavut. En langue inuktitute, ça signifie Notre Terre. Anciennement inclus dans les Territoires du Nord-Ouest, le gouvernement canadien a posé ce geste politique mondialement publicisé afin de réparer le tort causé à la population aborigène au cours des années.

    Que voulez-vous, je suis une spécialiste de la recherche de renseignements ou une pirate informatique, c’est selon.

    Je sens une main qui me tape sur l’épaule, c’est Myriam.

    - Nous arrivons à Iqaluit, dit-elle, ferme ton ordi.

    J’ai mal à l’estomac. Ce ne sont pas les soubresauts de l’aéroplane qui descend vers l’aéroport qui me chamboulent le système, mais je prends soudain conscience que je me trouve plus près de ma mère que je ne l’ai jamais été depuis ma naissance. J’ai comme un vide dans le ventre. Un tel sentiment d’abandon m’envahit. Et la révolte en même temps. Je me sens tiraillée entre la colère et la tristesse.

    Nous descendons à l’hôtel et, le lendemain matin, nous sommes de retour à l’aéroport pour prendre place dans un hélicoptère.

    - Une pénurie de pétrole? Ne me dis pas que tu crois à ces histoires? dit Mars.

    - Quelque chose de terrible se prépare. Tu ferais mieux de commencer à te faire à l’idée, répond Myriam Nelligan.

    J’entendais très bien le bruit du rotor de l’hélicoptère malgré l’énorme casque d’écoute. Cela fait toujours bizarre d’entendre les mots qui semblent sortir de l’intérieur de la tête et voir les lèvres de la personne plus loin articuler les mots sans qu’aucun son ne soit perçu de cette source.

    - C’est ça l’Arctique? Il n’y a rien là, dit Mars. J’ai si peu de souvenirs. J’en profite pour prendre plusieurs photos. Le paysage est magnifique.

    Je pratique une méditation que je nomme le détachement. Mon appareil photo me permet de me projeter dans une autre Moi. Je deviens alors indifférente à tout. Ça me fait mal au ventre de me trouver ici. Je ne peux supporter ce sentiment d’abandon. Alors, je mets mon interrupteur d’émotions à Off. Je me concentre sur le travail.

    J’appelle mon équipe les M & M, comme les friandises, Myriam et Mars.

    - Bienvenue dans la partie la plus convoitée de la terre, répond Myriam. Tu sais Mars, on ne réalise pas pleinement l’importance du pétrole dans notre vie.

    - Précieux et non renouvelable, lui dis-je alors. Formé de matières organiques il y a 90 millions d’années. Enfoui à 2000 mètres de profondeur et parfois à 5000 mètres. Tu vois, j’ai fait mes devoirs.

    C’est facile à faire avec Myriam. Elle est tellement consacrée à son travail. Je n’ai qu’à glisser quelques phrases et hop, elle est partie. Je l’entends de loin. Je suis si loin de moi-même. Ça me fait du bien.

    - 2000 mètres de profondeur au Moyen-Orient à forer dans le sable du désert, c’est très différent d’ici au pôle Nord, dit le pilote. Ici on a la glace à la surface qui est solide comme du roc. En dessous de la glace, on a parfois de l’eau, on a parfois une île et il faut creuser encore 5000 mètres sous la surface de la mer. 27 fois la hauteur de la Place Ville-Marie, 13 fois l’Empire State Building, 16 fois la tour Eiffel. À des températures de moins 70 degrés C, ce n’est pas le chaud soleil du désert.

    En été, la température grimpe au-dessus de zéro libérant la baie de Frobisher de son étreinte glacée.

    - Le pétrole n’est utilisé uniquement que pour le transport, même si 70 % du pétrole produit est utilisé dans le transport. Le 30% restant est présent dans tous les aspects de notre vie. La fertilisation des champs aux agents pétrochimiques a augmenté le rendement de l’agriculture de manière extraordinaire. Le plastique est un sous-produit du pétrole. Les industries pharmaceutiques et cosmétiques utilisent les sous-produits du pétrole, continue Myriam.

    - Est-ce vrai que 98 % du transport fonctionne au pétrole? demande le pilote.

    - Oui, c’est tout à fait exact. Autos, camions, avions, trains, bateaux, etc. C’est d’ailleurs une des raisons de notre présence ici aujourd’hui. Nous passons d’une ère où l’énergie était bon marché à une ère où l’énergie est rare et coûteuse. Il y a deux disputes pour l’Arctique. La première consiste à déterminer à qui appartient le sous-sol de l’Arctique et la seconde est de savoir à qui profitera le passage du Nord-Ouest par bateau. Ce passage relie l’Atlantique au Pacifique et il se trouve au Canada, un peu au nord de la baie d’Hudson.

    - Mais on n’a pas déjà le canal de Panama qui relie l’Atlantique et le Pacifique? demande Mars.

    - Oui, mais le canal de Panama ne suffit plus à la demande. La raison pour laquelle le passage du Nord-Ouest est si intéressant, c’est que c’est beaucoup plus court que de passer par Panama. La distance

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