Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Brasier Ardent: Ivy Granger Détective Paranormale
Brasier Ardent: Ivy Granger Détective Paranormale
Brasier Ardent: Ivy Granger Détective Paranormale
Livre électronique354 pages4 heures

Brasier Ardent: Ivy Granger Détective Paranormale

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Finaliste du PRG Reviewer's Choice Award pour meilleure série de fantasy urbaine.

La maison brûle...

Ça ne va pas fort au bureau de Troisième Œil. La Poisse a des problèmes de démons, la ville est envahie par des lutins pyromanes et les pouvoirs de feu follet d'Ivy s'enflamment et sont toujours aussi difficiles à contrôler, ce qui attire l'attention des cours Seelie et Unseelie.

Sans oublier une certaine reine fée...

C'est le pire moment que la Dame Verte pouvait choisir pour demander une faveur, mais Ivy est liée à la glaistig par son marché. Dommage qu'il n'y ait pas beaucoup de marge de manœuvre dans les marchés de fées.

Ivy doit débarrasser la ville de lutins, empêcher La Poisse de tuer son seul lien solide avec l'Enfer et remplir son marché avec la Dame Verte, le tout avec des assassins sidhe sur les talons.

Une journée de travail presque normale pour Ivy Granger, détective paranormale.

« J'adore vraiment cette série ! »
My Urban Fantasies

« Fortement recommandé aux fans de fantasy urbaine. »
Rabid Reads

« La série Ivy Granger est fantastique ! »
Book Bites Reviews

Brasier Ardent est le troisième roman de la série de fantasy urbaine primée d'E.J. Stevens. La série primée Ivy Granger Détective paranormale est connue pour son action palpitante, ses personnages originaux et ses horreurs surnaturelles. Rendez-vous à Harborsmouth où vous rencontrerez des vampires suceurs de sang, des fées psychotiques, des gargouilles sarcastiques, des sorcières au fort tempérament et bien sûr notre héroïne narquoise badass préférée.

LangueFrançais
Date de sortie14 sept. 2019
ISBN9781071509913
Brasier Ardent: Ivy Granger Détective Paranormale

En savoir plus sur E.J. Stevens

Auteurs associés

Lié à Brasier Ardent

Titres dans cette série (3)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Brasier Ardent

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Brasier Ardent - E.J. Stevens

    Introduction

    Bienvenue à Harborsmouth, où les monstres se baladent dans les rues sans être vus par les humains... sauf ceux ayant la seconde vue.

    Que vous visitiez notre quartier d’affaires moderne ou exploriez les rues pavées du Vieux Port, nous vous souhaitons un plaisant séjour. Quand vous rentrerez chez vous, n’hésitez pas à parler de notre superbe ville à vos amis, omettez seulement les détails surnaturels.

    Ne vous inquiétez pas, la plupart de nos visiteurs ne font jamais d’expériences sortant de l’ordinaire. Les êtres de l’autre monde, comme les fées, les vampires et les goules, sont plutôt adeptes des ombres où ils se cachent. Bien d’autres sont également doués pour effacer les souvenirs. Il se peut que vous vous réveilliez en criant dans la nuit, mais vous ne vous souviendrez pas pourquoi. Soyez heureux d’avoir oublié, vous faites partie des chanceux.

    Si vous venez à faire une rencontre surnaturelle, nous vous recommandons les services d’Ivy Granger, détective paranormale. Co-fondatrice de l’agence d’investigation Troisième Œil, Ivy Granger est plutôt nouvelle dans notre petite communauté commerciale. Vous trouverez son bureau sur Water Street, au cœur du Vieux Port.

    Mademoiselle Granger a le don remarquable de recevoir des visions rien qu’en touchant un objet. Ce talent est utile pour son travail d’investigation, surtout pour localiser des objets perdus. Que vous cherchiez une broche perdue ou une personne disparue, aucune mission n’est trop insignifiante pour Ivy Granger. Et cette affaire pourrait de même lui être bénéfique.

    Nous pouvons également fournir, sur demande, une liste de croque-morts des plus talentueux. Si vous avez besoin de leurs services, alors nous vous conseillons également d’aller à l’agence immobilière du cimetière de Harborsmouth. Il n’est jamais trop tôt pour les contacter, car notre marché de « logements » est florissant. La demande est très forte pour un caveau local, il y a tout le temps des gens mourant d’envie de trouver un endroit où se reposer.

    Chapitre 1

    Vous avez déjà joué au jeu de la taupe avec un jincan ? Non ? Eh bien, vous en avez de la chance. Non seulement les jincans ressemblent à de grosses chenilles aux dents pointues, mais ils se reproduisent également comme des lapins et ont la sale habitude de creuser sous des structures porteuses, laissant des piles de gravats dans leur sillon. Oh, et ils sentent les œufs pourris quand on les écrase, c’est bien ma veine.

    J’observai le parking ponctué de cratères et soupirai. Depuis que Jenna avait été envoyée en Europe pour une mission secrète de la Guilde des Chasseurs, le problème de vermines surnaturelles de Harborsmouth été devenu hors de contrôle. Jenna était une des membres les plus jeunes du bureau de la guilde à Harborsmouth et en tant que telle, elle était responsable des chasses les moins désirables, comme s’occuper d’un nid de jincans. Maintenant qu’elle était partie, ce job revenait au secteur privé.

    Je resserrai ma prise sur le marteau de fer et affichai un air renfrogné. Avec Jenna en voyage et la guilde qui ne se pressait pas pour trouver un remplacement, les boulots affluaient. J’imagine que j’aurais dû me réjouir du travail, mais l’argent, quel que soit le montant, ne changeait pas l’impression que ce n’était pas une véritable affaire. Ces boulots n’étaient que du contrôle de vermine déguisé. J’aurais préféré travailler sur un cas nécessitant plus que de frapper des créatures sur la tête. Encore mieux, je voulais plus de temps pour me concentrer sur la recherche de mon père.

    J’avais récemment appris que j’étais à moitié fée et que mon bon à rien de père était Will au Tortillon, ou Willem comme le connaissait ma mère humaine, roi des feux follets. J’ai passé la majeure partie de ma vie à me sentir abandonnée par cet homme, ce qui m’avait énervée. Mes aptitudes psychiques me marquaient comme monstre et marginale, reléguée au banc de touche d’où je regardais les autres vivre leurs vies normales, heureuses, sûres. Même ma mère et mon beau-père s’étaient distancés de leur fille bizarre. Dire que j’avais des problèmes d’abandon était un euphémisme.

    Imaginez ma surprise quand je découvris, au cours de recherches sur mes aptitudes de feu follet, que mon père avait aussi été une victime. Il avait été piégé par un démon, sûrement Lucifer en personne, pour porter une lanterne maudite qui apportait des désastres où qu’il allait sur Terre. Dans une tentative de nous garder, ma mère et moi, en sécurité, Will au Tortillon avait quitté Harborsmouth. Maintenant, je n’avais pas seulement besoin de trouver mon père, je le voulais désespérément.

    Mais j’allais bientôt manquer de temps. Comme si mon don psychique et ma seconde vue ne suffisaient pas, je développais de toutes nouvelles aptitudes de feu follet que je ne savais absolument pas contrôler. Et les fées qui ne peuvent pas cacher leur côté surnaturel aux humains n’ont pas une longue espérance de vie, même pour des immortels. Si je ne trouvais pas vite mon père, je ferais face à un peloton d’exécution de fées. En fait, je pouvais déjà sentir le souffle froid d’assassins fées dans ma nuque.

    Ouais, régler mes problèmes de famille et trouver le moyen de contrôler mes pouvoirs de feu follet auraient dû être ma seule et unique mission, mais les informations ne sont pas données. Il faut de l’argent pour graisser ces rouages, d’où le fait que j’avais sauté sur l’occasion de combler le vide laissé par Jenna après son départ. De tels boulots étaient payés en cash et en services, deux choses qui me manquaient depuis que j’avais commencé à chercher des réponses.

    Il se trouvait que j’avais accumulé des dettes avec les mauvaises personnes. Prenez par exemple ma dette envers le maître vampire de Harborsmouth. J’avais promis de travailler sur une affaire pour ce vieux sac à poussière pompeux. Ouais, j’étais sûre que ça finirait bien... Et comme si ça ne suffisait pas, j’avais fait non pas un, mais deux marchés avec la Dame Verte. Je savais que la glaistig demanderait bientôt mes services. J’avais surpris ses gardes me surveiller plus d’une fois. Je savais qu’elle gardait un œil sur son investissement et ça m’effrayait plus que la menace des assassins fées.

    Malheureusement, le vamp et la glaistig n’étaient pas les seuls avec qui j’avais passé des marchés au cours des derniers mois. Ces marchés avec eux étaient juste les plus à même de finir en mort ou folie. En comparaison, mon alliance avec Sir Torn et les cat sidhe locaux était une balade de santé. Ce qui soulignait encore plus le potentiel fatal de mes marchés avec la Dame Verte et le maître vampire de la ville. Torn était une sombre épine féline dans le pied, qui pensait de toute évidence que ma colocataire et partenaire était de l’herbe à chat, comme si je n’avais pas assez de sujets d’inquiétude.

    Une des grosses chenilles sortit en trombe d’une pile de gravats sur ma gauche et, dans un éclat de fourrure dorée tortillante, replongea dans les ruines d’un magasin de vidéos. Mince, ces machins étaient rapides. Je courus vers l’allée derrière le magasin, espérant coincer le jincan avant qu’il ne s’échappe à nouveau dans le sol ou dans le garage aux multiples niveaux. J’aimerais éviter de chasser le jincan dans ce terrier de béton et de fer. Il y avait des fées qui aimaient habiter dans ces ombres et je préférerais ne pas me retrouver nez à nez avec elles.

    J’inspirai profondément en arrivant à l’arrière du bâtiment, observant l’espace autour de la benne à ordures et de la porte en métal, à la recherche de signes du jincan. Pas de chenille de deux mètres cinquante ici. J’avais peut-être eu tort de penser qu’il viendrait par ici. Mince, il pourrait bien être en train de creuser une galerie sous le magasin en ce moment-même. En fait, je pouvais entendre un bruit sourd rythmé venant de l’intérieur. Merde, je ne toucherais pas mes honoraires si je laissais cette vermine s’échapper.

    Je pivotai sur mon talon, prête à courir le long de l’allée quand un train à vapeur poilu déboula à toute allure en défonçant le mur en parpaings. Le propriétaire du centre commercial n’allait pas être content. L’endroit était en ruines. Dommage que j’avais des problèmes plus pressants que de ne pas énerver mes clients.

    Je devais rester en vie.

    Un morceau de béton vola à quelques millimètres de ma tête et je m’accroupis pour esquiver. Je clignai des yeux pour dégager la poussière et les débris emplissant l’air et cherchai la créature. Là, il était encore dans le mur, sa tête baissée vers le parking.

    – Non, pas moyen, dis-je. Hé, Boucle d’Or, par ici !

    Le jincan leva la tête et fit grincer ses grosses dents brunes. Ah ouais, c’était du joli. Ces vermines auraient bien besoin d’un dentiste.

    Avec un cri rugissant, il bondit vers moi. J’esquivai sur la droite, évitant ces horribles dents avec une marge de près d’un mètre. Quand, dans son élan, la créature avança, je levai le marteau et l’abattis à la base du crâne de la chose. Les chenilles ont-elles des crânes d’ailleurs ? Peu importe, le coup arrêta le bruit assourdissant de ses dents, dommage que ça éclata aussi la tête de la bête comme une bombe à eau.

    De la matière gluante et puante m’éclaboussa le visage, sur ma peau nue. Je me figeai, le marteau serré entre mes doigts gantés immobiles, alors qu’une vision me tenait dans ses griffes glacées. J’essayai de calmer ma respiration et de la vivre. Cela ne m’apporterait rien de la combattre, je devais en finir. Si un autre jincan arrivait alors que j’étais piégée dans la vision provoquée par la matière gluante, j’aurais l’occasion de voir de près ces dents pointues pourries.

    Je serais de la pâtée pour chenille, sans aucun doute.

    En fait, il semblait que je serais donnée à manger à la reine de ce gars s’il avait son mot à dire. Chouette !

    C’est marrant, la psychométrie. Si une forte empreinte psychique est laissée sur un objet, alors quelqu’un partageant mon rare don peut lire les informations imprégnées. Dans ce cas précis, la matière gluante de la chenille me donnait un concert de visions qui me retournait l’estomac. Ce jincan avait trois images qui tournaient en boucle et le message de ce qui stimulait la bête était clair. Il voulait tuer, manger et s’accoupler, pas forcément dans cet ordre.

    Et, punaise, la nana qu’il voulait impressionner était un asticot imberbe à la peau dorée grosse comme un semi-remorque. Protéger la Reine, nourrir la Reine, copuler avec la Reine. Par les yeux d’Obéron, j’allais devoir laver mon cerveau à l’eau de javel.

    Ah ouais, cette vision, c’était pas une promenade de santé, elles le sont jamais. Mais des visions de mâles jincans faisant la queue pour sauter leur reine gélatineuse ? Ça allait me donner des cauchemars à coup sûr. Punaise, quelle merde.

    J’eus un haut-le-cœur et me secouai pour sortir de la vision. La psychométrie est un don psychique salopard, mais le truc, c’est que c’est parfois pratique. Maintenant, je savais comment empêcher ces créatures de détruire un autre quartier de la ville, même si c’était dans la banlieue. Je devais juste écraser leur cheffe de ruche et je savais exactement où la trouver.

    Consciente de la nuit tombante, je courus dans le parking. Pour la deuxième fois ce jour-là, je regrettais que Jenna ait énervé la Guilde et se soit fait envoyer en Europe. C’était un boulot pour lequel j’aurais bien eu besoin de renforts. La reine obèse ne semblait pas être une véritable menace, elle ressemblait plutôt à un marshmallow vivant, mais j’étais sûre que les masses de mâles jincans en rut que j’avais vus dans ma vision n’allaient pas m’accueillir à bras ouverts, même s’ils avaient une vingtaine de paires en plus.

    Je soupirai et me baissai pour entrer dans le parking alors que les premières étoiles apparaissaient dans le ciel s’obscurcissant au-dessus de l’allée. La nuit allait être longue.

    Chapitre 2

    Ivy ! hurla La Poisse.

    Je me réveillai en sursaut, le cœur battant, me demandant brièvement si le cri venait vraiment de mon loft ou s’il m’avait suivie des profondeurs d’un cauchemar. J’attrapai mes lames et sortis de ma chambre en vacillant, espérant ne pas me donner en spectacle à quelqu’un. Je ne pouvais pas vraiment me plaindre si La Poisse ramenait un mec à la maison, surtout après le sport en chambre entre Ceff et moi ces derniers temps, mais je ne voulais sûrement pas me heurter nue à un étranger. Après avoir été dans la tête d’un jincan, je n’étais pas prête pour une autre vision. En plus, je ne pensais pas que rencontrer quelqu’un tout en brandissant des armes seulement vêtue d’une culotte et de gants en cuir ferait une bonne première impression.

    Mais en même temps, je n’hésiterais pas si La Poisse avait besoin de moi. Elle était ma meilleure amie et, jusqu’il y a peu, presque ma seule famille.

    – La Poisse ? lançai-je tout en observant l’appartement à la recherche de menaces.

    Je plissai les yeux face à la forte lueur qui émanait de ma peau. Me transformer en une satanée ampoule était un des effets secondaires de mon sang de fée. Je pris une profonde respiration, essayant de calmer mes nerfs et de diminuer la lumière. Pour une fois, je priai en silence pour que La Poisse n’ait pas ramené de mec humain à la maison. Si un humain voyait mes aptitudes de fée, je signerais mon arrêt de mort.

    – Ici ! cria-t-elle.

    Je me tournai vers la salle de bain et me dirigeai rapidement vers la porte. Notre loft était petit, un fait que j’appréciai sur le moment. Je changeai mes lames de main et tendis une main gantée, mais j’hésitai, mes doigts planant au-dessus de la poignée de la porte.

    – Tu vas bien ? demandai-je.

    – J’sais pas, répondit-elle derrière la porte fermée. Ta feu-folleterie est contagieuse ?

    – T’es sérieuse ?

    De quoi diable La Poisse parlait-elle ? Je posai mes lames sur le comptoir de la cuisine dans mon dos, l’adrénaline quittant mon organisme. Elle m’avait tirée du lit pour un quiz sur les fées ? Je passai une main gantée sur mon visage et bâillai. Par les os de Mab, j’étais fatiguée. Tout ce que je voulais, c’était un bon lit bien chaud. Mon flanc me faisait mal et ma tête tournait. Nettoyer les nids de jincan était un boulot épuisant.

    – S’il te plaît, dis-moi que oui, dit-elle d’une faible voix.

    J’en eus la chair de poule. La Poisse ne semblait jamais faible. Ma meilleure amie, tatouée et rockabilly, était certes humaine, mais elle était plus dure à cuir qu’une peau d’ogre. J’avais un très mauvais pressentiment.

    – Non, ma fée-itude n’est pas un virus, répondis-je. C’est plus genre une maladie congénitale ou un défaut de naissance. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il se passe là-dedans ?

    J’entendis un froissement de tissu derrière la porte fermée, mais La Poisse ne sortit pas.

    – R... R... Rien... bredouilla La Poisse.

    – Rien ? Et mon cul brillant c’est du poulet radioactif ? Sors, qu’on règle ce qui va pas, quoi que ce soit.

    Je croisai les doigts, les doigts de pied aussi. La Poisse était la personne la plus malchanceuse que je connaissais. J’osais même pas essayer de deviner ce qu’il se passait dans cette salle de bain.

    – Tu promets de pas rigoler ? demanda-t-elle.

    – Promis juré craché.

    Je n’allais pas lier mon petit doigt à celui de ma meilleure amie, comme c’est le cas quand on promet juré craché, elle le savait, mais le cœur y était.

    – OK, dit-elle.

    La poignée tourna et La Poisse ouvrit la porte de la salle de bain. Je me mordis la lèvre, étouffant l’envie de rire. Après tout, j’avais promis, et briser une promesse n’était pas facile pour les fées, même pour une hybride comme moi. Par chance, mon sang faible me permettait de mentir. Obéron soit loué pour les petites faveurs.

    La Poisse se tenait de façon gênée dans un T-shirt et avec des chaussons en peluche, ses cheveux étaient en bataille, elle avait des cernes sous les yeux et croisait les bras avec ses mains protégeant son cou. Je hochai la tête d’un air encourageant. Elle laissa tomber ses mains, ce qui révéla une ligne de marques brillantes en forme de lèvres qui commençait derrière son oreille et suivait la ligne de son pouls, un pouls qui sautait maintenant comme une sauterelle sous Red Bull.

    – C’est pas si grave, dis-je en haussant les épaules.

    Mais c’était grave. Très grave, en effet. En fait, j’aurais même dit qu’elle avait perdu du poids. Son visage était hagard sous les dures lumières de la salle de bain.

    Je n’avais plus envie de rire, c’était sûr. Ce n’était pas juste une sale journée, quelque chose clochait vraiment chez mon amie.

    – Vraiment ? demanda-t-elle en tirant sur le T-shirt extra large qu’elle portait pour dormir et exposant alors encore plus de baisers lumineux. J’ai l’air d’avoir passé la nuit à une rave.

    En fait, elle faisait penser à un clip des années quatre-vingt, mais je gardai cette pensée pour moi. Les marques incriminées suivaient sa clavicule jusqu’à la courbe de son épaule, le long de son bras, le long de son tatouage de rose et sur sa poitrine. Je levai les yeux vers le visage de La Poisse et clignai des yeux.

    – Je dois poser la question, dis-je. D’où ça vient, par tous les diables ?

    – C’est le truc, répondit-elle avec des larmes dans ses yeux rouges gonflés. Je suis allée au Club Nexus hier soir. Ju... ju... juste pour un verre. Je pensais tomber sur Torn, mais il n’était pas là...

    – Je croyais qu’on s’était mises d’accord, tu ne vas pas au Nexus sans escorte, dis-je en plissant les yeux.

    – Mais t’étais occupée avec une affaire, et je pensais que Torn serait là ! Je pensais pas que je serais seule.

    – OK, donc il s’est passé quoi ensuite ?

    Je croisai les bras pour éviter d’étrangler mon amie, visions ou pas, et m’adossai au bar. J’avais l’impression que je n’allais pas aimer ce qu’elle avait à dire.

    – Et j’imagine, continuai-je, à en juger par les suçons lumineux que tu n’as pas fait demi-tour pour rentrer tout de suite à la maison.

    – Eh bien, non. J’ai bu un verre ou deux. Pas de vin de fée ! J’me suis assurée qu’ils sachent que je suis ta vassale ou quoi. Donc, j’ai bu quelques verres et je crois que j’ai dansé, mais...

    – Mais tu te souviens plus du reste.

    – Pas vraiment, dit-elle en traînant les pieds.

    Merde. La Poisse avait certainement fait trop la fête et avait quitté le club avec un type louche. Un être surnaturel qui pouvait laisser une ligne de baisers lumineux comme un marquage au fer magique. Les marques étaient-elles intentionnelles ? Si oui, qui voudrait réclamer la propriété de La Poisse ?

    Une ordure en particulier me vint immédiatement à l’esprit. Quand j’avais demandé ce qu’il s’était passé, par tous les diables, je n’avais pas réalisé comme je chauffais. Ces marques pourraient très bien venir des profondeurs ardentes de l’Enfer même. Et si je découvrais qu’un certain avocat démon avait touché ma colocataire, les anges vengeurs pourraient bien apprendre une chose ou deux de la revanche que je déverserais sur la tête bien coiffée de Forneus.

    – Reste ici et repose-toi, dis-je en élaborant rapidement un plan.

    Je récupérai mes couteaux sur le comptoir et courus dans ma chambre. J’enfilai un jean et un T-shirt et attrapai mes fourreaux à couteau. Les fourreaux avaient été faits sur-mesure, de l’artisanat cluricaune, ils me permettaient de ranger mes lames en toute sécurité et confort sur mes avant-bras sans me donner de visions non désirées. J’enfilai ma veste en cuir pour cacher les lames et protéger mes bras, puis enfilai rapidement une paire de bottes en cuir. Je vérifiai que les couteaux à lancer glissaient facilement des fourreaux et cachai une dague dans chaque botte.

    Cela suffirait amplement à gérer un adversaire humain, mais j’avais de plus gros monstres à fouetter. J’ouvris le tiroir de ma table de nuit et en sortis une grande ceinture à outils chargée de pieux en bois et de charmes. Je passai la ceinture autour de ma taille et ajoutai une bande de petites bombes à eau. Les pookas portaient ça comme des chapeaux, mais j’avais trouvé une autre utilité aux préservatifs qu’ils distribuaient au dispensaire. J’avais rempli ces petits avec de l’eau bénite, bénie par mon pote le Père Michael. J’ajoutai un pendentif en forme de crucifix autour de mon cou, attachai mes cheveux en un chignon serré sur ma nuque et me précipitai vers la porte.

    J’étais parée à toute éventualité, mais surtout, j’étais armée pour un démon. Si Forneus croyait qu’il pouvait abuser de La Poisse, il allait avoir une mauvaise surprise. Personne ne filait une IST surnaturelle à ma meilleure amie sans en subir les conséquences.

    Chapitre 3

    Je marchai d’un pas lourd et rapide sur Congress Street, m’éloignant des rues pavées du quartier du Vieux Port, montant vers le quartier financier plus moderne. Le plan A était de trouver Forneus, un avocat démon bon à rien, et de clouer l’enfoiré au mur avec mes lames pour le faire parler.

    Je devais juste le trouver.

    Je caressai du bout des doigts la fermeture de mes fourreaux de poignet alors que j’avançai vers les plus hauts immeubles de Harborsmouth. C’était une bonne chose que je savais où cette ordure aimait faire des affaires. Forneus travaillait certes au noir comme avocat, mais c’était aussi un démon avec un quota à remplir, et il y avait plein d’âmes à vendre dans ces tours de commerce de verre et d’acier.

    Les couteaux descendirent dans mes paumes quand mon cerveau remarqua l’odeur de soufre, mais à ce moment-là, j’étais déjà épaule contre épaule avec le démon. Mince, Forneus était rapide quand il voulait. J’avais vu ce mec en action plus d’une fois.

    Ma poitrine se serra quand un souvenir de Forneus sauvant la vie de La Poisse remonta à la surface. Par chance, il fut suivi de l’image du bonhomme dans sa pleine splendeur démoniaque : cornes, sabots et tout le toutim. Cela me facilitait la tâche pour repousser la culpabilité montante et maintenir ma colère.

    Je n’étais toujours pas sûre de connaître ses motivations concernant La Poisse, mais le surprendre en train de faire une soupe de langues avec ma colocataire était un bon indice. Sa façon de la suivre comme un petit chien en était un autre. Est-ce que les marques brillantes sur la peau de mon amie signifiaient qu’il avait déjà réclamé sa propriété ? S’il pensait que La Poisse allait devenir sa fiancée démoniaque sans se battre, il allait regretter le voyage.

    L’Enfer n’allait pas ajouter une nouvelle âme rockabilly à sa collection. Nan, niet, pas moyen.

    – Ah, Mademoiselle Granger, quel plaisir de te voir dans cette partie de la ville, dit-il. Tu ne t’aventures pas souvent au-delà des quartiers sordides. Qu’est-ce qui t’amène ? Tu as décidé de vendre ton âme pour savoir où se trouve ton maudit père ?

    Je dois avouer, l’espace d’un instant, je fus tentée. Par les yeux d’Obéron, j’étais tentée, mais je m’accrochai à la rage qui alimentait chacun de mes mouvements depuis que j’avais vu ces marques sur le corps de La Poisse. Mes narines se dilatant, je fis un pas vers Forneus et, avec une précision absolue, je maintins la lame d’un couteau contre la bosse dans son pantalon de costume Armani.

    – Tu n’auras jamais mon âme, Forneus, mais on parlera de mon père plus tard... si je te laisse vivre, dis-je.

    Il leva un sourcil et pencha la tête sur le côté, prenant garde de ne pas faire de mouvements brusques.

    – Touché, répondit-il. Bien, Princesse, que me vaut cet honneur ?

    Ouais, j’agissais pas comme une bonne petite princesse. Peu importe. J’étais plutôt sûre que je n’étais pas la seule princesse fée à se salir les mains. En fait, la Reine Mab avait laissé des corps dans son sillon en route vers son trône. Quelle joyeuse pensée.

    – La Poisse, dis-je avant de m’interrompre pour regarder son visage à la recherche d’indices. La Poisse a des problèmes, mais j’imagine que tu es déjà au courant.

    Sa réaction ne fut pas ce à quoi je m’attendais. À la place d’un sourire suffisant, il donnait l’impression d’être sonné.

    – De quoi as-tu besoin ? demanda-t-il. Je suis à ton service.

    Par les feux de l’Enfer, ce mec était plein de surprises. Soit ça, soit un super bon acteur, ce qui était probable considérant qu’il était avocat... et un démon piégeant les gens pour qu’ils vendent leur âme.

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1