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Droit de Naissance: Ivy Granger Détective Paranormale
Droit de Naissance: Ivy Granger Détective Paranormale
Droit de Naissance: Ivy Granger Détective Paranormale
Livre électronique351 pages4 heures

Droit de Naissance: Ivy Granger Détective Paranormale

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À propos de ce livre électronique

Lauréate du BTS Red Carpet Award pour meilleur roman et du PRG Reviewer's Choice Award pour meilleur roman de fantasy urbaine.

Être une princesse fée n'est pas aussi génial qu'on le dit.

Ivy doit se rendre dans le Monde des Fées, mais le portail vers la cour des feux follets se trouve à Tech Duinn, la maison de Donn, dieu celte de la mort. C'est bien sa chance.

Ne pouvant partager son secret avec La Poisse, et avec Jenna partie pour des affaires de la Guilde des Chasseurs, Ivy doit compter sur Ceff et Torn afin de la mener littéralement à la porte de la mort, et en revenir. Et comme ce n'est pas encore assez dangereux, rien ne laisse présager quelles horreurs les attendent dans le royaume des fées. Dommage que la cour des feux follets soit la seule piste d'Ivy pour retrouver son père... et son possible salut.

Peut-être que se cacher et éviter les assassins sidhe n'est pas si mal après tout...

« Droit de Naissance est à lire absolument. »
– My Urban Fantasies

« Il n'y rien de plus enragé qu'une princesse feu follet énervée. »
– Sapphyria's Book Revies

« Une écriture forte, des personnages authentiques et l'action est endiablée. »
– If You Only Knew

« Fortement recommandé aux fans de fantasy/fantasy urbaine adultes ! »
–Rabid Reads

Droit de Naissance est le quatrième long roman de la série de fantasy urbaine primée Ivy Granger d'E.J. Stevens. Le monde d'Ivy Granger, comprenant la série Ivy Granger Détective Paranormale et la série Hunters' Guild, est rempli d'action, de mystères, de magie, d'humoir noir, de personnages excentriques, de vampires suceurs de sang, de démons dragueurs, de gargouilles sarcastiques, de métamorphes sexy, de sorcières au fort tempérament, de fées psychotiques et d'héroïnes narquoises qui envoient du lourd.

LangueFrançais
Date de sortie11 sept. 2020
ISBN9781071565582
Droit de Naissance: Ivy Granger Détective Paranormale

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    Droit de Naissance - E.J. Stevens

    Droit de Naissance

    E.J. Stevens

    Traduit par Cécile Bénédic

    Publié par Sacred Oaks Press

    Copyright 2015 E.J. Stevens

    Tous droits réservés

    Note de l’éditeur

    Il s’agit d’une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les endroits, sont soit le produit de l’imagination de l’auteure, soit utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes mortes ou vivantes, des établissements commerciaux, des événements ou localités n’est que pure coïncidence.

    Scanner, télécharger et distribuer ce livre par le biais d’Internet ou de tout autre moyen sans la permission de l’éditeur est illégal et punissable par la loi. Veuillez n’acheter que des éditions électroniques autorisées et ne participez ni n’encouragez la piraterie électronique de matériaux sous droits d’auteur. Votre soutien aux droits de l’auteure est apprécié.

    Édition livre électronique, notes de licence

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    Droit de Naissance

    Écrit Par E.J. Stevens

    Copyright 2020 E.J. Stevens

    Tous droits réservés

    Distribué par Babelcube, Inc.

    www.babelcube.com

    Traduit par Cécile Bénédic

    Babelcube Books et Babelcube sont des marques déposées de Babelcube Inc

    Introduction

    Bienvenue à Harborsmouth, où les monstres se baladent dans les rues sans être vus par les humains... sauf ceux ayant la seconde vue.

    Que vous visitiez notre quartier d’affaires moderne ou exploriez les rues pavées du Vieux Port, nous vous souhaitons un plaisant séjour. Quand vous rentrerez chez vous, n’hésitez pas à parler de notre superbe ville à vos amis, omettez seulement les détails surnaturels.

    Ne vous inquiétez pas, la plupart de nos visiteurs ne font jamais d’expériences sortant de l’ordinaire. Les êtres de l’autre monde, comme les fées, les vampires et les goules, sont plutôt adeptes des ombres où ils se cachent. Bien d’autres sont également doués pour effacer les souvenirs. Il se peut que vous vous réveilliez en criant dans la nuit, mais vous ne vous souviendrez pas pourquoi. Soyez heureux d’avoir oublié, vous faites partie des chanceux.

    Si vous venez à faire une rencontre surnaturelle, eh bien, vous n’avez pas de chance. Normalement, nous recommanderions les services d’Ivy Granger, détective paranormale. Malheureusement pour vous. Mademoiselle Granger est récemment décédée.

    Peut-être êtes-vous intéressé par nos biens immobiliers locaux ? Mademoiselle Granger n’étant plus parmi nous, il est probable que vous deveniez un résident permanent. Nous vous conseillons d’aller à l’agence immobilière du cimetière de Harborsmouth. Il n’est jamais trop tôt pour les contacter, car notre marché de « logements » est florissant. La demande est très forte pour un caveau local, il y a tout le temps des gens mourant d’envie de trouver un endroit où se reposer.

    Chapitre 1

    Je grimaçai face aux nouilles me narguant avec leur bouillon salé et leur texture caoutchouteuse, puis repoussai le bol fumant. Mon estomac grommelait, mais je l’ignorai et pris une tasse de café à la place.

    – Meuf, si tu continues à boire cette boue sans rien d’autre dans l’estomac, t’es bonne pour des boyaux pourris au café, dit La Poisse en posant une hanche contre le comptoir et tendant un ongle verni rouge vers moi. Mange ton dîner.

    La Poisse n’était pas ma mère, mais parfois elle agissait comme telle. Normalement, je supportais son attitude autoritaire sans trop râler, juste ce qu’il faut, mais quand il s’agissait de manger, je faisais généralement ce qu’elle disait. La Poisse était ma meilleure amie, c’était pourquoi nous étions colocataires et partenaires d’affaires.

    Jusqu’à récemment, La Poisse était aussi la seule personne dans ma vie qui se souciait de savoir si j’allais bien, ou du moins le pensais-je. Donc, quand elle me couvait, en secret, je me sentais toute chose à l’intérieur. Je n’étais pas quelqu’un de très tactile et émotive, être affublée du don de psychométrie assurait cela. Au fil du temps, les objets, y compris les gens, accumulent des résidus psychiques et toutes ces fortes émotions, souvent traumatisantes, restent là à attendre que quelqu’un comme moi les touche, créant un contact.

    Donc normalement, cela signifiait que je mangeais ce que La Poisse mettait sous mon nez, sans poser de questions. Pas aujourd’hui. Si je devais manger encore un bol de ramens ou un plat de macaronis au fromage, j’allais vomir.

    – Je préférerais lutter avec une reine jincan vibrante et puante, murmurai-je.

    – Eh bien, tu vas pas combattre de fée dans un futur proche, répondit-elle. Vu que t’es morte et tout.

    Je soupirai et regardai fixement le bol de ramens, mais ignorer La Poisse ne changeait pas la vérité. En ce qui concernait les fées, j’étais morte. Le mois dernier, les cours des fées avaient envoyé leurs assassins, les Moordenaar, pour m’exécuter, comme châtiment pour crimes contre les fées. C’était contre la loi des fées de se balader en faisant savoir l’existence des êtres de l’Autre Monde au grand public.

    Les fées sont immortelles, mais elles peuvent tout de même être tuées si les masses humaines deviennent conscientes des monstres se mêlant à eux et décident de s’armer contre eux. C’était pourquoi la capacité à nous envoûter était si importante.

    Donc, quand les cours des fées avaient eu vent que je brisais leur loi, intentionnellement ou non, ils avaient ordonné mon exécution aux mains des Moordenaar. Les Moordenaar étaient très très bons dans leur travail. Ils m’avaient percée de flèches empoisonnées, dans mon cœur, mon foie et mon rein, puis m’avaient laissée mourir.

    Humphrey était une des raisons pour lesquelles mes assassins n’avaient pas attendu pour voir ma mort et donc, ils n’étaient pas là quand mes amis m’avaient forcée à manger une pomme magique qui m’avait ramenée à la vie. Je devrais le remercier pour ça un jour, bien que je n’aimais pas vraiment l’idée d’avoir une dette envers une gargouille. Espérons qu’il n’y aura pas anguille sous roche.

    – OK, je vais te faire une boîte de macaronis au fromage, dit-elle en levant les yeux au ciel. Mais on a plus de lait et de beurre. Ce sera probablement pas bon.

    – Non, ne gâche pas, dis-je. Je mangerai les macaronis demain.

    Je n’avais aucune intention de manger une autre boîte de ce machin le lendemain, ni jamais, mais La Poisse ne le savait pas. Par les os de Mab, je préférerais mourir de faim.

    – J’ai une barre protéinée dans ma chambre, dis-je en haussant une épaule.

    – Ce n’est pas un dîner, dit-elle en plissant les yeux.

    – Ça non plus, dis-je en repoussant le bol encore plus. Tu le veux ?

    La Poisse fixa le bol, sa lèvre tremblant.

    – Certainement pas, répondit-elle.

    Je renâclai et secouai la tête. La Poisse s’était extasiée devant ses plats toute la semaine, mais elle en avait autant marre que moi des ramens. Ma meilleure amie était compliquée.

    – Sparky ! lançai-je. T’as faim ?

    Le petit démon sortit en trombe de notre salle de bain, du papier toilette traînant derrière ses longues oreilles et il grimpa les barreaux du tabouret de bar à côté de moi. En couinant avec joie, il sauta sur le comptoir et dansa une petite gigue en se tortillant.

    – Oui, oui, oui, oui ! chanta-t-il.

    Je tendis la main vers le paquet de couverts en plastique que l’on gardait à portée de main pour Ceff, mon petit-ami le roi kelpie local, mais La Poisse secoua la tête.

    – Attends, dit-elle en plissant les yeux et pointant une louche vers Sparky. Qu’est-ce que tu faisais ? T’as encore joué dans les toilettes ?

    Forneus affirmait que Sparky grandirait un jour pour devenir un énorme seigneur démon, mais c’était dur à croire. Le petit bonhomme faisait la taille d’un chihuahua bedonnant... et tout autant de bêtises. La semaine dernière, il avait lancé des « trésors » dans les toilettes, qui seraient récupérés par Sparky le grand explorateur spéléologue. Malheureusement, un de ces trésors était la brosse à dents de La Poisse.

    – Noooon, dit-il.

    Il rougit et sourit timidement à La Poisse.

    – Alors, comment tu t’es retrouvé avec ce papier toilette accroché à tes oreilles comme une guirlande ? demanda-t-elle en tendant la main pour lui enlever le papier des oreilles.

    – Pas toilette, stupide, dit-il. Poubelle !

    Je passai une main gantée sur mon visage et essayai de ne pas rire. Sparky avait trouvé les merveilles de la poubelle de la salle de bain. Qu’Obéron nous sauve.

    – Oh mon Dieu, iiiiiih ! couina La Poisse en lâchant le papier toilette comme s’il lui avait brûlé les doigts.

    – Iiiiih ! cria Sparky en souriant alors qu’il mimait La Poisse.

    – Si c’est comme son jeu avec les toilettes, alors il mettait sûrement le papier toilette dans la poubelle, pas l’inverse, dis-je. Le papier toilette est certainement propre.

    Cela voulait aussi dire qu’il s’était probablement aventuré dans la poubelle, fouillant au milieu d’on ne sait quoi avec ses mains nues. Apparemment, La Poisse avait tiré la même conclusion.

    – Va te laver les mains, dit-elle en désignant l’évier du bar. Et plus de jeux dans la salle de bain.

    – Ensuite manger ? demanda-t-il.

    – Ensuite, tu pourras manger les nouilles d’Ivy. Maintenant, dépêche-toi avant qu’elles refroidissent.

    Sparky fila vers l’évier. Il se pencha en avant pour ouvrir le robinet et il se retrouva vite à jouer sous l’eau qui coulait comme s’il courait devant des arroseurs automatiques. La Poisse affichait un regard noir en regardant le chaos que le démon faisait dans sa cuisine, mais je secouai la tête et souris.

    – Laisse-le s’amuser, dis-je. On pourra toujours réchauffer les ramens plus tard.

    – Tu devrais pas lui donner autant de sel, répondit-elle. Si c’était un chien, il ferait déjà de l’hypertension.

    Je haussai les épaules. Le gamin avait l’air d’aller bien, pas que je puisse dire s’il avait trop de tension ou pas. Sa peau était toujours teintée de rouge.

    – C’est un démon, dis-je. Cette bouffe nous tuera sûrement avant de lui faire quoi que ce soit.

    J’observai le bol de ramens comme s’il allait tendre ses tentacules de nouilles et attaquer.

    – Si tu veux à nouveau manger de la vraie nourriture, on doit d’abord rentrer de l’argent, répliqua-t-elle. Ou alors on prend dans le fond d’urgence. Oh, attends, non, on peut pas. Quelqu’un l’a déjà dépensé.

    Je soupirai. Elle n’avait pas tout à fait tort de m’en vouloir, mais je n’avais pas eu le choix.

    – Tu sais que je dois trouver mon père, dis-je. C’est mon seul espoir pour contrôler mes pouvoirs de feu follet et de me blanchir auprès du conseil des fées.

    Jusqu’à ce que je puisse prouver que je n’étais pas une menace ambulante pour la société des fées, je devais rester morte. C’était quelque chose qui, comme nous l’avions vite appris, signifiait une sévère baisse de nos revenus. C’est difficile de travailler sur des affaires quand vous êtes censée être six pieds sous terre.

    – Laisse-moi prendre des affaires, dit La Poisse. Je peux faire le travail sur le terrain et tu peux consulter de la maison. Si j’ai besoin de ta main magique, je sais où te trouver.

    Je secouai la tête et agitai les mains.

    – Pas moyen, répondis-je.

    – Écoute, je me contenterai de rencontrer les clients et de noter les détails du boulot. Si je porte du baume de fée, je pourrai voir s’ils ne sont pas humains.

    Les ingrédients pour faire du baume de fée étaient chers. Si La Poisse était prête à utiliser le reste de son baume, je savais qu’elle était sérieuse quant au fait de prendre une mission. Cela rendait la discussion bien plus difficile.

    Pas que je veuille déjà abandonner. Ce que La Poisse ne savait pas, ce que je n’avais pas le droit de dire à un humain, c’était que j’avais une clé pour une des portes secrètes menant au Monde des Fées. Le seul chemin vers cette porte se dévoilait au solstice d’été, une date qui approchait rapidement. Si nous prenions une affaire maintenant, je ne pourrais aider que pendant quelques jours. Ensuite, La Poisse pourrait être sans renforts, de façon permanente.

    – Le baume de fée ne fonctionne pas sur les morts-vivants, dis-je.

    Les vampires ont leur propre envoûtement, que le baume de fée ne peut pas pénétrer. Je laissai échapper un profond soupir gratifiant. J’étais sûre de gagner cet affrontement.

    – Je ne ferai des affaires qu’en journée, dit-elle.

    Mince. Je n’avais pas pensé à ça. Je m’éclaircis la gorge, essayant de penser à une autre raison pour laquelle ma meilleure amie ne devrait pas prendre de risques. J’étais plutôt sûre que lui dire que « manger c’était surfait » ne fonctionnerait pas.

    – C’est dangereux, dis-je.

    Elle releva le menton, les yeux brillants, les épaules en arrière et elle se pencha vers moi, ses mains à plat sur le comptoir.

    – Laisse-moi le faire. S’il te plaît.

    Punaise. Je relâchai les épaules et pris ma tête dans les mains. C’était le « s’il te plaît » qui m’avait eue. Au cours du mois passé, La Poisse avait essayé de prouver qu’elle était la même dure à cuire qu’avant son attaque. Le fait qu’elle montre un signe de faiblesse maintenant prouvait à quel point c’était important pour elle.

    – OK, bien, concédai-je. Mais je te laisse pas faire ça seule. Pas de rencontre avec des clients sans moi.

    Nous allions devoir faire des heures supp’ pour que je ne loupe pas le solstice, mais ce n’était pas comme si je n’avais jamais travaillé sur une affaire jour et nuit. Tant que La Poisse continuait de m’alimenter en café, nous pourrions finir un boulot avant que je disparaisse.

    – Tu ne peux pas venir au bureau, répliqua-t-elle en fronçant les sourcils. C’est trop dangereux.

    – Alors j’imagine que je devrai m’assurer que personne ne me voit.

    Chapitre 2

    Je me donnai un coup de coude dans le rein et grimaçai. J’avais insisté pour accompagner La Poisse à Troisième Œil pour son rendez-vous avec un client. Dommage que notre bureau fût petit et qu’il y avait peu d’endroits où se cacher. Je déplaçai mon poids, mes fesses se prenant sur une vis lâche qui ressortait de la paroi du placard où j’étais actuellement accroupie. Je fronçai les sourcils, espérant que le métal pointu n’avait pas déchiré mon jean. La dernière chose dont j’avais besoin était d’être emportée dans une vision.

    Je soupirai. J’aurais dû y réfléchir un peu plus. J’étais tellement coincée là-dedans, que j’avais déjà un début de torticolis et que mes jambes s’endormaient. Encore vingt minutes comme ça et je ne pourrais plus du tout bouger, ce qui voulait dire que si un gros méchant surnaturel entrait dans notre bureau, je ne serais pas d’une grande aide. Tout comme le placard commençait à perdre ses vis, il semblait que je perdais des neurones.

    J’étais paranoïaque et je le savais. La Poisse avait déjà rencontré des clients par le passé. Elle était bonne aussi en solo, son air autoritaire permettait de garder les réunions sur le droit chemin et un flux régulier de liquidités sur notre compte en banque. Mais elle n’avait jamais fait cela sous prétexte de gérer l’endroit toute seule.

    C’était la partie qui m’inquiétait. Elle avait toujours été ma partenaire s’occupant de la paperasse, l’assistante administrative serviable. Maintenant, elle s’exposait comme détective paranormale, un boulot qui attirait son lot de timbrés. Se mettre à ma place pourrait bien la mettre en danger, un fait qui me faisait souhaiter qu’elle s’en tienne à répondre au téléphone et à me donner des ordres. Manger était si important que ça que l’on avait vraiment besoin d’échanger les boulots ?

    Le rôle de La Poisse au bureau n’était pas la seule chose qui avait changée récemment. Jusqu’à l’été dernier, notre clientèle avait été presque exclusivement humaine. Mais après une bataille avec des chevaux fées carnivores qui faisaient passer les kelpies pour des Mon Petit Poney, notre clientèle avait changé. Les fées savaient maintenant que je pouvais être une alliée précieuse, ou une ennemie puissante.

    Malheureusement, ils pensaient également que j’étais morte. Cela laissait ma partenaire humaine sur le front avec quelques potentiels vilains monstres mortels qui la pensaient seule, sans renforts. J’allais m’extirper de ma prison auto-imposée quand la cloche au-dessus de la porte du bureau sonna.

    Je retins mon souffle et essayai de ne pas bouger un muscle. Si nous avions de la chance, le client de La Poisse serait juste un humain sans défense avec un boulot simple. La cloche au-dessus de la porte ne sonna qu’une fois, ce qui voulait dire qu’on ne devrait avoir affaire qu’à un seul adversaire... euh, client.

    – Bienvenue à Troisième Œil... dit La Poisse d’une voix hésitante.

    Je ne pouvais rien voir par l’étroite ouverture par laquelle j’essayais de regarder, j’ouvris donc la porte du placard de quelques millimètres de plus. Je déplaçai mon poids, prête à lui venir en aide, ou au moins à tomber sur son agresseur, quand le mot qu’elle prononça ensuite me stoppa net.

    – Papa ?

    Je n’avais jamais rencontré le père de La Poisse, mais de ce que je pouvais voir, c’était un grand homme baraqué avec une barbe sombre et plus de tatouages que sa fille. Il ôta la casquette de sur sa tête, passant ses doigts tachés de graisse sur un espace chauve, et soupira.

    – Désolé de te déranger au travail, dit-il. Surtout après ce qu’il s’est passé. Toutes mes condoléances, ma puce.

    La Poisse se figea et regarda son père en clignant des yeux, restant sans voix. J’avais su que me cacher et perpétuer l’histoire de ma mort serait dur. Ce que je n’avais pas prévu, c’était que garder ce secret en coûterait à mes amis et mes proches. La Poisse devint pâle et baissa les yeux vers son bureau, replaçant les stylos et piles de papier déjà alignés avec une précision militaire.

    Son père prit son inconfort pour du chagrin et referma la distance entre eux, prenant La Poisse dans ses bras. Mon amie resta plantée là, le visage virant au rouge, et je savais que je devais faire quelque chose. Contrairement aux fées pur-sang, les humains pouvaient mentir, mais ça ne voulait pas dire que mentir à son père serait facile.

    – Hum, ça va, dit-elle en repoussant délicatement son père et passant de l’autre côté du bureau. C’est pour ça que t’es là ?

    C’était mon bordel. Je devais faire quelque chose pour arranger ça.

    La Poisse continuait de fixer son bureau et j’observai la porte, me demandant où notre client était. Quelqu’un, ou quelque chose, avait demandé un rendez-vous ce matin. Peut-être que si j’étais assez rapide, je pourrais me révéler au père de La Poisse, lui donner une explication rapide de ma situation actuelle, lui faire jurer de garder le secret et me reglisser dans cette petite boîte en bois avant que notre client n’arrive. OK, les chances étaient minces, mais je ne pouvais pas laisser tomber La Poisse.

    – En fait, ma puce. Je suis ton rendez-vous de dix heures, dit-il en enroulant sa casquette et en rougissant jusqu’au nez. J’ai besoin de ton aide.

    Avec fracas, je roulai hors du cabinet et m’écrasai aux pieds de Monsieur Braxton. Ce n’était pas une entrée gracieuse, mais en même temps, il semblait plus concerné par le fait qu’une femme morte venait de sortir du placard de notre bureau.

    Je grimaçai et me relevai sur un genou, faisant un signe de la main au père de La Poisse. Je lançai un coup d’œil vers la fenêtre face à la rue, mais il n’y avait pas de monstre traînant par là et le bureau me bloquait en grande partie de la vue. Je baissai la capuche de mon sweat et mis les mains dans les poches, mais je gardai la tête détournée des fenêtres face à la rue.

    – Excusez-moi si je ne vous sers pas la main, dis-je. Ce n’est rien de personnel.

    – Pas de soucis, répondit-il d’une voix tremblante. Ma fille m’a parlé de votre... affliction.

    Bien. Si La Poisse avait dit à son père que j’étais une médium et qu’il l’avait crue, alors il serait peut-être plus réceptif à ce que j’allais lui dire.

    – La Poisse, tu peux baisser les stores et verrouiller la porte ?

    – Bien sûr, répondit-elle, heureuse de s’occuper.

    – Je suis désolée d’avoir écouté aux portes, mais je ne savais pas qui viendrait pour ce rendez-vous, dis-je. Et je ne pouvais pas laisser La Poisse toute seule. Il y a des gens dangereux, des monstres qui ne donnent aucune valeur à la vie humaine.

    – Ces hommes dangereux, c’est la raison pour laquelle vous faites la morte ? demanda-t-il.

    Je hochai la tête, tout en regardant le corps musclé de l’homme et sa combinaison de travail tachée de graisse. Il y avait de la crasse sous ses ongles et ses mains et bras portaient de petites cicatrices. C’était un homme qui travaillait avec ses mains, mais le plus impressionnant chez lui, c’était l’intelligence dans ses yeux bleus étincelants. J’imaginai qu’il serait facile de sous-estimer un tel homme, si on ne le regardait pas dans les yeux. À en juger par sa taille, la plupart des gens n’en faisait probablement rien.

    Je souris et lui fis signe de s’asseoir.

    – Il y a des gens qui veulent me voir morte, répondis-je. C’est mieux s’ils pensent que leur vœu a été exaucé, du moins pour l’instant.

    – Des gens voulant votre mort vous mettent toujours d’une telle bonne humeur, Mademoiselle Granger ?

    – Non. Je suis juste heureuse de rencontrer enfin le père de La Poisse. Venir sur votre lieu de travail n’était pas vraiment une option. Les choses vieilles et usées ont tendance à se retourner contre moi.

    Il gloussa et s’assit, frappant sa cuisse de la taille d’un tronc d’arbre avec sa casquette.

    – Et moi qui pensais que tu n’aimais pas les casses automobiles, dit-il.

    – Seulement en raison de leurs complications, répondis-je.

    Une casse remplie de détritus de centaines, voire de milliers, de vies me faisait trembler dans mes bottes. Certains ont peur de la mort, mais moi ? Moi j’étais terrifiée de la folie potentielle qui se cachait parmi les vieux objets, les souvenirs de leurs anciens propriétaires prêts à me sauter dessus et à arracher ma santé mentale.

    – OK, Papa, dit La Poisse en s’asseyant derrière son bureau (elle avait verrouillé la porte et baissé les stores). Pourquoi tu es là ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

    – Des gens sont entrés par effraction dans la casse, répondit-il en fronçant les sourcils. Et je ne pense pas qu’ils sont humains.

    J’époussetai la poussière de papier et l’encre de sur mon jean et me rassis sur mes talons. Nous avions rapidement enlevé les étagères et les fournitures de bureau du placard ce matin, mais nous n’avions pas pris le temps de le nettoyer avant que je ne m’y faufile. Je fronçai les sourcils en voyant une tache noire sur mon jean. Cette trace de toner serait merdique à retirer.

    Dommage que ce n’était pas tout ce dont j’avais besoin de m’inquiéter.

    Chapitre 3

    – Pourquoi pensez-vous que les voleurs ne sont pas humains ? demandai-je.

    La question était adressée au père de La Poisse, mais alors qu’il y réfléchissait, je regardai sa fille en levant un sourcil. Elle mima des canines et des cornes avec ses doigts, hocha la tête et haussa les épaules. Apparemment, elle avait partagé quelques connaissances sur les créatures surnaturelles avec son père. Bien que je puisse soutenir l’honnêteté, ce genre d’informations étaient dangereuses. La plupart des fées et des morts-vivants feraient beaucoup pour garder ce secret et la plupart des êtres vivant depuis des siècles ne se souciaient pas de choses comme la morale ou la conscience. Ils briseraient le cou d’Eben Braxton et se féliciteraient pour le bon boulot.

    Je devrais le leur rappeler à tous les deux, mais pour l’instant, je devais me concentrer sur le travail, un travail que je commençais déjà à craindre.

    – Attendez, vous pouvez répéter ? demandai-je.

    – Je disais, ils ont attiré mon garde de nuit avec des genres de lumières flottantes, dit-il en se passant la main dans les cheveux. Ce n’était pas naturel.

    Je me mordis la lèvre, essayant d’ignorer le nœud dans mon estomac. Je me disais que j’avais bu trop de café et que je n’avais pas assez mangé. C’était tout. Mais une petite voix traîtresse dans ma tête faisait déjà le lien entre les lumières flottantes surnaturelles et mes frères

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