La petite folie de Sandrine
La situation de la maison est vraiment cocasse. Les passants s’arrêtent souvent pour la regarder. Il arrive que des gens la prennent en photo ou posent devant elle pour un selfie. Un article est même paru dans Ouest-France. Sous le titre, évocateur, de « David contre Goliath ». Coincée entre deux immeubles bâtis dans les années 1990, la villa a résisté à l’urbanisation galopante. Les mastodontes de quatre et cinq étages, plantés de chaque côté du jardin, semblent vouloir l’écraser. Mais Chasse-Cafard porte bien son nom et a hérité du caractère opiniâtre de son propriétaire : Gérard a toujours tenu tête aux promoteurs. Le grand-père de Sandrine est parvenu à garder sa villa, sa « petite folie », comme il l’appelait avec affection. Couverte de tuiles rouges, la maison offre une façade avenante percée d’une porte-fenêtre encadrée de briques rouges et d’une fenêtre à bow-window. Un lambrequin de bois vert, ciselé comme de la dentelle, court le long du toit orné d’une cheminée et d’une girouette. Deux marches permettent d’accéder à la maison. A l’arrière, la véranda laisse entrer la lumière.
Située en retrait du front de mer, la villa a toujours représenté pour Sandrine le lieu de vacances idéal.
Terrain d’exploration pour la gamine qu’elle était, la maison est devenue son refuge. Si la jeune femme a longtemps aspiré à y vivre, la vie en a décidé autrement.
Dans son enfance, il régnait dans le quartier une atmosphère conviviale. La rue était bordée de villas aux jardins sableux plantés de pins, transmises de génération en génération. Certaines, comme celle qu’avait acquise sa famille, avaient été revendues à des gens pas forcément riches mais ayant mis dans ce projet les économies d’une vie.
Au cours des années 1980, les grands-parents de Sandrine y accueillaient leurs petits-enfants pendant les vacances. En grandissant, les visites s’étaient espacées. La station balnéaire avait changé. Les immeubles remplaçaient les villas afin d’accueillir plus de monde. Il fallait nourrir l’économie touristique, devenue le
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