Le piège

David décrocha son téléphone.

– Bonjour, je suis Charline. Je vous ai envoyé un e-mail hier, et, comme convenu, je vous appelle concernant la location de votre studio.

La ligne grésillait, un mauvais son qui laissait à penser que ma correspondante appelait d’un pays étranger. Pour autant, la voix féminine et très dynamique me plut instantanément, évinçant à elle seule tous les bruits parasites dans mon téléphone portable.

– Oui, j’ai lu votre mail… Vous souhaitiez réserver pour novembre ? – Oui c’est cela… Je serais intéressée pour le louer un mois entier. Je viens de l’île de la Réunion…, précisa-t-elle.

– OK… C’est un long déplacement ! Eh bien… Pas de problème, je vous le réserve.

Charline arriva un jeudi. Il faisait un froid de canard sur Brest et il pleuvait des cordes. Le taxi la déposa devant l’immeuble à l’horaire exact qu’elle m’avait annoncé par le biais d’un simple SMS. Elle s’extirpa du véhicule, s’empara de la lourde valise que le chauffeur lui tendait, et sa silhouette calfeutrée dans une grosse doudoune à capuche se déplaça rapidement jusque devant le hall d’entrée de l’immeuble où je l’attendais bien à l’abri. Il me tardait d’entendre à nouveau le son de sa voix. Elle s’empara de son téléphone et sembla envoyer un SMS (à moi, supposais-je, sans doute pour indiquer son arrivée et sa présence en bas de chez moi). Elle rangea l’appareil dans sa poche. Mon téléphone vibra effectivement. Je sortis aussitôt à sa rencontre, bravant les éléments.

– Bonjour, je suis David, pour la location…

Elle abaissa sa capuche. J’écarquillai les yeux.

Le temps sembla s’arrêter, la pluie également.

Je n’entendais plus rien, ne distinguais plus rien à part la jolie jeune femme devant moi. Cette fille, que j’avais imaginée bien plus âgée au téléphone, avait à peine 30 ans, soit mon âge. Et c’était une somptueuse métisse aux yeux clairs, avec un sourire