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Un passé pour un avenir
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Un passé pour un avenir
Livre électronique266 pages4 heures

Un passé pour un avenir

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À propos de ce livre électronique

Qui est Néva ? Une enfant abandonnée ? Une femme solitaire ? La seule chose qui soit sûre c’est quelle est une romancière à succès, les livres pour adolescents qu’elle écrit le prouvent. Alors pourquoi le sort s’acharne-t-il sur elle ? Tous les gens qui ont un jour osé la prendre sous son aile sont morts ! Les gens du voyage disent qu’elle a le mauvais œil, les gadjos qui l’ont élevé ne le pensaient pas mais ils sont morts aussi. Qui est cette ombre qui rôde autour d’elle n’attendant qu’une chose, la détruire à jamais ? Il faudra à Néva connaître son passé pour enfin se construire un avenir.
LangueFrançais
Date de sortie3 juil. 2012
ISBN9782312004013
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    Aperçu du livre

    Un passé pour un avenir - Isabelle Poudré de Masure

    978-2-312-00401-3

    Chapitre 1

    Les villes sont belles, avec un environnement aisé et pratique. Les villages du bord de mer ont pour eux le charme, l’ambiance et l’alanguissement. Ils font venir vers eux dès les beaux jours, les citadins ivres de liberté et de bronzette. C’était le cas pour Bray-dunes qui après les frimas de l’hiver s’éveillait enfin de son cocon. Mai démarrait un vendredi, donc avec en plus, un long week-end férié ensoleillé. Il avait amené dans son sillage, une longue cohorte de vacanciers qui durant des heures roula pare-chocs contre pare-chocs sur la seule route menant au village. C’est pour cela que Lucie une des doyennes de la commune, était repartie de Steenvoorde ; où durant trois jours elle avait soigné une amie, seulement après quinze heures. À cette heure-là, elle savait qu’à part quelques tracteurs dans les champs, personne ne s’aventurerait sur le long ruban d’asphalte, préférant de loin l’agréable sensation de la fraîcheur de l’eau et celle de la chaleur du sable. C’est sur ce long ruban, loin de toute habitation et de la moindre possibilité d’ombre, que sa petite Renault cinq décida de rendre l’âme.

    Oh ! Elle le fit avec classe ! Elle fit sortir une énorme fumée de sous son capot, roula encore un peu, fit quelques soubresauts avant de s’arrêter une fois pour toute, le moteur hors service.

    Lucie sauta hors de l’habitacle et partit se mettre à l’abri cent mètres plus loin, attendant que sa voiture explose. Au bout de quelques minutes ne la voyant pas devenir le plus beau puzzle de la route des Moëres, elle s’approcha de nouveau et ouvrit le capot. Le moteur fumait moins mais l’odeur âcre de l’huile brûlée la prit à la gorge et la fit tousser, elle rabaissa aussitôt le capot. Après une grimace envers son indigne voiture qui la lâchait, elle alla côté passager prendre son sac et en sortir son portable.

    – Il ne me reste qu’une chose à faire. Je vais appeler le fiston ! Avec un peu de chance, il ne sera pas en réunion et pourra me prendre de suite.

    Malheureusement, elle ne put que laisser un message à sa secrétaire, Jérôme ne serait de retour que vers dix-neuf heures, il était en déplacement avec sa compagne Claudia sur Armentières.

    Si au départ Lucie avait été heureuse de voir son fils prendre la relève de l’agence immobilière que son mari avait créée, elle déplorait depuis son veuvage de ne plus le voir qu’en coup de vent. Elle savait pourtant que son fils avait eu raison de diversifier son entreprise, il y avait ajouté la possibilité d’avoir une maison entièrement meublée et décorée. La seule chose que son fils n’avait pas prévu, c’est que sa notoriété franchirait le département et l’entraînerait partout en France et depuis peu à l’étranger. Olivier son petit-fils s’était pris lui aussi d’engouement pour le métier de son père. Après des études aux beaux-arts de Lille, il avait intégré la société. Ce faisant, Lucie ne voyait plus Olivier qu’une à deux fois dans l’année. Il avait en charge la plupart des chantiers situés à l’étranger.

    – Me voilà bien ! Je suis au milieu de nulle part ! Je n’ai pas mis dans mon portable le numéro du garage, et je n’ai de toute façon plus assez de batterie pour appeler qui que ce soit.

    Une heure passa sous la chaleur accablante. Lucie s’était allongée un moment sur la banquette arrière, mais même avec les fenêtres ouvertes, l’air était vite devenu irrespirable. Après avoir posé sur sa tête son chapeau de paille aux fleurs fanées, elle décida de s’asseoir sur l’herbe du talus et une autre heure passa. Deux automobilistes passèrent et tempêtèrent de la voir gêner le passage, mais aucune ne daigna s’arrêter pour l’aider. En entendant un autre véhicule arriver, Lucie cette fois décida de tenter, le tout pour le tout. Elle se mit au milieu de la route et fit de grands signes. La voiture approcha et Lucie se rendit compte que c’était une fourgonnette.

    – Mon dieu faites qu’elle veuille bien s’arrêter sinon je vais rejoindre ma Renault à la casse.

    Elle avait fermé les yeux et ne les rouvrit qu’en entendant rire. Tout à ses prières, elle n’avait même pas entendu la fourgonnette s’arrêter.

    Une jeune femme la regardait le regard mi-amusé, mi-ironique.

    – Vous avez vraiment cru que je vous écraserais ?

    Lucie s’appuya un instant sur sa voiture une main sur son cœur.

    – J’ai surtout prié pour que vous ayez de bons freins. Je me suis donnée la trouille de ma vie en faisant cela.

    Aussitôt la jeune femme cessa de sourire en voyant la vieille dame se sentir mal. Elle la prit par le bras en lui disant

    – Venez ! Je vais vous installer dans mon camping-car ! Nous y serons plus à l’aise que sous ce soleil. Vous m’expliquerez ce qui vous arrive devant un bon verre d’eau fraîche.

    La vieille dame lui sourit et regardant sa montre.

    – J’accepte votre offre avec plaisir, cela fait deux heures que je poirote ici, et je vais devoir encore attendre quatre autres heures minimum, avant que mon fils ne puisse venir me dépanner.

    Tout en installant sa visiteuse dans le coin cuisine du camping-car, la jeune femme lui dit.

    – Vous savez, vous n’aviez rien à craindre. On en a fait de la route ma choupette et moi. Elle ne paye pas de mine, mais elle a de la ressource sous le capot et de bons freins.

    – Votre choupette ?

    Devant le regard étonné de Lucie elle se mit à rire.

    – Je sais madame ! C’est stupide de donner un nom à une voiture. Mais c’est la complice de tous mes voyages, alors je lui devais bien de trouver une jolie façon de l’appeler !

    – Vous avez raison mademoiselle… ? Si j’en avais fait autant, peut-être que la mienne ne m’aurait pas laissée en rade au milieu de nulle part !

    S’installant en face de Lucie la jeune femme lui dit tout en servant les verres d’eau agrémentés d’une rondelle de citron.

    – Excusez-moi, je manque à tous mes devoirs ! Je me présente Néva Coursel.

    Elle tendit une main que Lucie prit et serra comme on peut serrer une bouée de sauvetage.

    – Enchanté mademoiselle Coursel. Je suis Lucie Vanhille votre débitrice ! Je ne sais pas ce que je serai devenue sans vous !

    Néva leva son verre, en but une gorgée avant de répondre en souriant.

    – Une crevette grillée au barbecue avec la chaleur qu’il fait.

    Lucie sourit de la remarque et se mit à détailler la jeune femme. Néva avec son fin visage ovale lui rappela le tableau de la madone qui ornait le fond de l’église de la plage. Elle avait des yeux en amandes de la couleur des noisettes avec de longs cils qui les ombraient. Des lèvres pleines et bien ourlées, des cheveux châtains clairs qui tombaient harmonieusement jusqu’à ses reins. Un foulard aux mêmes couleurs chatoyantes que la longue jupe gitane, cachait des petites oreilles où pendaient de grandes créoles. Néva avait un corps gracile comme celui des danseuses classiques, chaussée de ballerines blanches comme son corsage, l’ensemble de la jeune femme faisait penser aux elfes, mutins et magiques.

    Néva n’avait rien dit laissant Lucie l’observer. Voyant un sourire se dessiner sur le visage de la vieille dame, elle lui demanda.

    – L’examen est à votre convenance ?

    Rougissante celle-ci ne put que dire :

    – Excusez-moi ! Je ne voulais pas être offensante ! C’est juste que ! Vous semblez être encore… Une enfant ! Et vous me dites être toujours sur les routes ! N’est-ce pas dangereux ?

    Néva rit avant de dire :

    – Rassurez-vous, je ne suis pas du tout offensée. Maintenant c’est à mon tour !

    Lucie regarda La jeune femme étonnée.

    – Votre tour de quoi ?

    – De vous faire passer l’examen !

    Elle regarda Lucie, de sa robe d’été bleu ciel à la découpe princesse à ses chaussures en chevreaux noires. Tout en cette dame indiquait le chic discret sans ostentation des personnes de grande classe.

    – Vous êtes toute menue, vous avez des yeux magnifiques aux couleurs changeantes de l’océan. Vos cheveux gris me font penser aux nuages qui hésitent à nous annoncer que la pluie va arriver. La façon dont vous avez arrêté ma choupette prouve que vous avez du courage et un caractère vif. Vous avez de la classe dans vos gestes, dans vos toilettes.

    Elle leva son verre en direction de Lucie.

    – En un mot vous êtes une grande dame et je suis heureuse d’avoir fait votre connaissance madame Lucie Vanhille !

    Lucie entrechoqua les verres en répondant.

    – La réciproque est vraie ! Je suis heureuse d’avoir fait la connaissance d’un petit elfe de la route se prénommant Néva Coursel !

    Elles passèrent un moment à discuter. C’est ainsi que Lucie apprit que Néva venait du sud de la France, que depuis la mort de ses parents survenus alors qu’elle était à peine majeure, elle voyageait de ville en ville.

    Elle ne put s’empêcher de lui demander.

    – Vous n’avez jamais eu envie de vous arrêter ? De poser enfin vos valises ?

    Néva hésita un moment avant de répondre.

    – Cela fait maintenant six ans que je voyage, j’ai parfois eu envie de m’arrêter mais…

    Elle regarda Lucie droit dans les yeux avant de continuer.

    – Je viens du monde des manouches ! Je sais que beaucoup de gens me voit débarquer dans leur ville le regard mauvais. Ils se demandent quand la smala qui est sensée me suivre arrivera. Alors au bout d’un moment j’en ai assez de leur dédain et je repars.

    – Pourquoi ne pas rejoindre votre monde alors ! Celui des gens du voyage ! Vous seriez plus en sécurité intégrée dans un groupe.

    Néva se massa les tempes avant de répondre. Sa maudite migraine reprenait de plus belle, trois jours de chaleur sans climatisation dans le camping-car lui avait sans doute fait attraper un coup de chaleur. Enfin cela était terminé, le garage avait réparé la clim. Si seulement les antalgiques pouvaient en faire autant avec son mal de tête.

    – Tout simplement parce que chez eux non plus je ne suis pas désirée. Pour eux je suis frappée du mauvais œil ! Mais ne parlons plus de cela ! Cela n’en vaut pas la peine ! Il y a mieux à faire !

    – Quoi donc ?

    Néva sourit.

    – Mettre votre voiture sur le bas-côté de la route ! Les personnes venues passer une journée à la mer ne vont pas tarder à reprendre la route. Comme dans tous les villages côtiers, cela va créer un embouteillage. Le problème c’est que votre voiture gênant l’autre voie, je ne vous dis pas les dégâts. Nous risquons au mieux des insultes par des mécontents, au pire un accident avec le risque d’avoir des blessés.

    – Vous avez une corde pour remorquer ma voiture Néva ?

    – Toujours de quoi me dépanner Lucie ! Comme il vous est facile de le voir, ma choupette est très vieille. Je ne prendrai pas le risque de remorquer votre voiture jusqu’au prochain village. Pourtant, je crois que sans trop de peine elle pourra la tirer sur cent mètres. Ainsi, votre voiture sera en sécurité et nous avec.

    Aussitôt dit, aussitôt fait. Sans trop de difficulté Néva réussit à attacher la petite Renault à choupette, la tracta jusque sur le talus. Il était temps ! Les voitures commençaient à prendre le chemin du retour avec comme d’habitude les jeunes chiens fous ! Je te double, tu me doubles. L’un d’eux, musique à fond les frôla faisant trembler les deux véhicules.

    Lucie porta malgré elle une main à sa gorge.

    – Mon dieu ! Vous aviez raison Néva ! Si vous n’aviez pas bougé ma voiture, je suis sûre que cet imbécile l’aurait emboutie avec toutes les conséquences de la vitesse.

    Néva acquiesça du regard.

    – Pourquoi attendre ici Lucie ? Avec toutes ces voitures cela va devenir invivable. Je peux vous déposer chez vous si vous le voulez !

    – Cela serait avec joie Néva ! Mais mon fils s’attend à me trouver sur cette route, s’il trouve la voiture et pas moi, il va être fou d’inquiétude.

    – Appelez-le !

    Lucie montra son téléphone.

    – Je n’ai plus de batterie. Impossible de l’appeler.

    – S’il n’y a que cela, je vais vous prêter le mien.

    Jérôme rassuré, Lucie donna son adresse à Néva qui l’inscrivit sur son G. P. S. Une fois sur la route de sa maison, elle redemanda.

    – Je vais vous paraître indiscrète Néva, surtout que nous ne nous connaissons pas. Mais je suis vraiment intriguée. Pourquoi les gens du voyage pensent-ils que vous avez le mauvais œil ?

    Néva regarda Lucie avant de se concentrer à nouveau sur la route. Lucie crut que la jeune femme ne lui répondrait pas, contre toute attente, elle l’entendit dire.

    – Je porte la poisse aux gens qui croisent ma route !

    Lucie se redressa sur la banquette.

    – Porter la poisse ! Baliverne que tout cela !

    Néva sourit et reprit.

    – J’ai vingt-cinq ans Lucie ! Je n’ai pas connu mes parents, d’après ce que je crois savoir, ils sont morts dans un incendie quand j’étais bébé. C’est un oncle manouche qui m’a recueillie, il est mort d’un cancer quand j’avais six ans. Je suis allée à l’orphelinat durant une année avant d’être adoptée. Je pensais être la plus heureuse des filles, mais le sort s’est acharné encore. Je suis devenue à nouveau orpheline le jour de mes dix-huit ans.

    – Ma pauvre enfant comment cela s’est-il passé ?

    – Nous venions de fêter mon anniversaire dans une auberge et nous rentrions joyeusement à pied. Un chauffard nous a fauchés tous les trois et a pris la fuite. Je ne dois mon salut qu’au geste désespéré de mon père qui m’a jeté dans le fossé. Les clients du restaurant sont arrivés tout de suite, malheureusement trop tard pour mes parents, ils sont morts sur le coup.

    Néva essuya une larme et reprit.

    – Moi ! Je n’ai eu que des égratignures !

    Lucie regarda Néva avec compassion.

    – Vous auriez préféré mourir aussi ?

    – À votre avis !

    – Le geste de votre père prouve que lui vous veut vivante Néva !

    – C’est ce que je fais ! Je reste en vie Lucie !

    – Vous croyez vraiment que c’est vivre que de partir loin toujours plus loin ?

    Néva haussa les épaules et ne répondit pas. Le reste du chemin se fit en silence.

    En arrivant sur Bray-Dunes la jeune femme tomba sous le charme de cette petite station balnéaire. Après avoir quitté l’artère centrale, elle prit un dédale de ruelles où des maisons plus belles les unes que les autres, vous accueillaient d’abord par un jardinet ombragé. La villa de Lucie portait bien son nom. Villa des roses. Nichée au fond d’un magnifique jardin, elle ressemblait aux chaumières des contes de fées. Quel que soit l’endroit où se portait votre regard sur le terrain l’entourant, des roses, des plus communes aux plus rares, le garnissaient harmonieusement.

    Néva ne put s’empêcher de dire en aidant Lucie à descendre de sa choupette.

    – Si je suis un elfe de la route, vous devez sans aucun doute être la fée du même royaume Lucie, votre maison et votre jardin sont magnifiques !

    Lucie regarda les yeux émerveillés de Néva, réfléchit un moment, avant de prendre une grande respiration et de lui dire.

    – Il ne tient qu’à vous d’en profiter Néva !

    Néva la regarda un moment sans comprendre.

    – Que voulez-vous dire ?

    – Comme vous pouvez le voir Néva, mon jardin est grand, bien entretenu, mais inutilisé !

    – Oui je vois cela ! Mais où voulez-vous en venir ?

    – Vous m’avez dit, vouloir vous installer pour un temps dans ce village !

    – C’est vrai ! Mais je ne vois toujours pas où vous voulez en venir Lucie !

    – Comme j’ai envie de nous restions en contact, je vous propose de rester ici ! Là-bas sous le grand saule, il y a assez de place pour votre choupette ! Qu’en dites-vous ?

    Lucie vit les traits de Néva se crisper. La jeune femme redressa les épaules, prit sur elle de parler calmement.

    – Ainsi c’est cela ! Moi qui pensais avoir enfin trouvé quelqu’un qui me comprenait, me respectait ! Quelle sotte j’ai été !

    Elle se retourna pour cacher la honte de se sentir salie, trahie, voulut remonter dans son camping-car. Lucie la prit par le bras et la força à se retourner. Ses yeux étaient brillants de colère.

    – Bien sur que je vous respecte Néva ! Que croyez-vous donc ? Que c’est par pitié que je vous demande de rester ici avec moi ? Non ! C’est par égoïsme ! Que croyez-vous que ce soit la vie d’une vieille femme de soixante-dix ans ? La fête tous les soirs ? Non ! C’est rester à attendre dans une maison vide que son fils, sa belle-fille et son petit-fils donnent de leurs nouvelles ! C’est lire la nécrologie du journal, y voir la mort de ses amis d’enfance ! C’est comme depuis trois jours, soigner mon amie Nora qui n’en a plus pour très longtemps à vivre parce que son cœur la lâche ! C’est allez voir le médecin une fois par mois pour mes médicaments contre l’arthrose ! C’est être seule, toujours seule ! Alors oui ! C’est vrai ! J’ai envie, malgré le fait que nous sommes des étrangères l’une pour l’autre, de vous voir rester un peu avec moi ! Pas par pitié ! Tout simplement parce que j’ai besoin de ce souffle de vent frais que vous m’apportez ! Pouvez-vous, m’en vouloir de cela ?

    Néva que la colère de Lucie avait déchargée de la sienne, secoua la tête.

    – Je ne sais pas quoi vous dire Lucie ! Si ce n’est, que c’est vrai ! J’ai cru que c’était par pitié que vous vouliez m’héberger ! À ma décharge je dois dire que c’est une situation qu’il m’est arrivée de vivre. Les gens croient que parce que je voyage, je suis sans le sou, mais c’est faux ! Je travaille ! Tant et si bien, que je n’ai pas eu en six ans, le besoin de toucher à l’héritage me venant de mes parents.

    – Alors acceptez ma proposition Néva ! Restez un peu avec moi !

    – Que va penser votre fils en arrivant tout à l’heure et en me voyant chez vous ?

    – Je n’en sais rien et je m’en contrefiche !

    – Je vais vous le dire moi Lucie ! Il va dire que vous êtes folle de faire confiance à une étrangère que vous ne connaissez que depuis quatre ou cinq heures ! Que je pourrai vous nuire, être-là par profit !

    Faisant taire d’un geste les protestations de Lucie, elle reprit.

    – Je lui donnerai raison sur toute la ligne ! C’est de la folie pure ce que vous me proposez ! Je vous ai dit que je portais la poisse et je le pense ! Mais aussi folle que soit votre proposition, j’ai presque envie de l’accepter.

    Lucie bondit de joie mais Néva continua.

    – J’y pose une condition !

    Lucie les mains sur les hanches attendait prête à répliquer.

    – Je veux un bail pour le coin du jardin que vous mettez à ma disposition afin de vous payer un loyer !

    – C’est vous qui êtes folle Néva ! Comment voulez-vous que je sache combien coûte un bout de jardin ?

    – Donnez-lui la valeur d’un emplacement de camping-car dans un terrain de caravaning !

    – Et je fais comment pour savoir cela ?

    – Tout simplement en téléphonant au camping municipal. Ils vont vous dire combien vaut l’emplacement pour un mois !

    – Si je ne fais pas cela, vous n’accepterez pas ma proposition je suppose ?

    – Effectivement Lucie ! Je n’ai jamais été à la charge de qui que ce soit depuis mes dix-huit ans, ce n’est pas maintenant que je vais commencer !

    Elles s’affrontèrent du regard puis Lucie partit d’un grand éclat de rire.

    – Vous me plaisez de plus en plus Néva ! Installez-vous sur la terrasse, j’apporte un bloc note, des boissons fraîches et mon téléphone. Vous appellerez vous-même le camping, comme cela vous ne pourrez pas dire que j’ai soudoyé qui que ce soit sur le prix de la location.

    La chose étant entendue entre les deux femmes, elles prirent le temps d’apprendre à mieux se connaître allongées sur les chaises longues de la terrasse.

    C’est ainsi que Jérôme et Claudia les trouvèrent en entrant dans le jardin. Deux femmes, l’une à l’aube, l’autre au crépuscule de la vie. En les voyant ainsi, Jérôme ne put s’empêcher de penser, que le conflit des générations n’était en vérité qu’une invention des psychiatres en

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