Une femme de trop

Fl n’y a jamais eu d’amour entre eux, mais au moins se supportaient-ils sans se combattre ouvertement, comme par une sorte d’accord tacite.

Aujourd’hui, la haine s’est installée au sein du couple, sournoise, cruelle, irréductible. Olivier se moque bien que Sylvie multiplie le nombre de ses amants.

En revanche, il ne comprend pas qu avec un tel comportement sa femme lui reproche d’entretenir une relation avec Laura, une étudiante célibataire qu’il aime sincèrement et qui le lui rend bien.

– Tu me ridiculises depuis des mois en t’affichant avec elle. Je suis la risée de toute la ville. Si encore tu étais discret, je pourrais te pardonner, mais là c’en est trop !

Sylvie écume de rage. Si ses yeux sont rouges, ce n’est pas d’avoir pleuré, c’est uniquement de colère.

Ce genre de scène, Olivier en a vécu des dizaines et est contraint depuis longtemps de faire face à l’orgueil blessé et à l’humiliation. Aujourd’hui pourtant, il ne s’agit plus de simples reproches ou d’une engueulade quelconque, c’est une véritable algarade qui ne peut que s’achever en grabuge. Sa femme est une furie prête à mordre, une harpie à la recherche de sa vengeance. Elle veut les mots les plus blessants, des termes définitifs qui démontreront sa supériorité sur le mâle. Elle n’en trouve aucun suffisamment fort à son goût, se déchaîne plus encore.

La plupart du temps, Olivier fait le dos rond. Il ne répond pas, ou bien il s’éloigne sans tenter de se défendre, conscient que la moindre de ses paroles ne ferait qu’envenimer la situation. Ou bien encore il quitte la maison pour aller retrouver la douce Laura,maîtressetendre etconsolatrice. Cette fois il en va différemment parce que lui non plus ne supporte plus cette ambiance électrique et ces reproches permanents. Que sa femme aille voir qui elle veut, qu’elle fasse l’amour avec la terre entière, c’est le moindre de ses soucis, mais au moins qu’elle lui foute la paix ! Il veut aimer ! Il veut enfin vivre comme il l’entend et avec qui il le souhaite. – Nos querelles perpétuelles ne nous mènent à rien. Toi et moi