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Faust revisité ou l’enjeu de l’Ange: Roman
Faust revisité ou l’enjeu de l’Ange: Roman
Faust revisité ou l’enjeu de l’Ange: Roman
Livre électronique252 pages3 heures

Faust revisité ou l’enjeu de l’Ange: Roman

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À propos de ce livre électronique

Chauffez-vous les yeux aux flammes d'un conte démoniaque sur le monde d'aujourd'hui...

Quand le Diable s’en mêle, Cendrillon devient Barbie, soudain cultivée et perverse. Les ministres en perdent leurs moyens. Les concierges leur position. Les anges tombent amoureux. Le chaotique scénario d’un conte de fée d’aujourd’hui nous conduit dans un monde si familier qu’on y chercherait en vain l’empreinte démoniaque.
Et pourtant, si c’était vrai...

Le fabuleux de ce scénario chaotique vous enchantera !

EXTRAIT

Tout cela était des plus réjouissant ! Cependant, le Maître des Ténèbres demeurait sur sa faim. Il ne s'agissait finalement que d'une routine maléfique, or il est bien connu que ce qui s'obtient sans peine procure peu de plaisir. Dans toute cette déliquescence manquait la perle qui saurait en rehausser l'abjection : une âme pure...

À PROPOS DE L'AUTEUR

Myriam Michaelis est un écrivain belge, vivant à Bruxelles. Après une carrière d'avocate et de juriste, elle publie son premier roman.

Elle consacre son temps à la littérature, la philosophie et l'art. La méditation et la marche font partie également de son quotidien. Ses pratiques s'inscrivent dans une recherche spirituelle holistique .
LangueFrançais
Date de sortie29 mars 2019
ISBN9782378779610
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    Aperçu du livre

    Faust revisité ou l’enjeu de l’Ange - Myriam Michaelis

    Faust revisité, ou l’enjeu de l’Ange

    Roman

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    © Lys Bleu Éditions—Myriam Michaelis

    ISBN : 978-2-37877-961-0

    Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

    « Une âme suffit à deux amants. »

    Pierre Corneille.

    C’était l’heure des comptes.

    Les pages du rapport qui se succédaient à une cadence métronomique s’interrompirent subitement.

    De sa main courtaude, il récupéra un imposant havane dans le cendrier et l’ayant porté à sa bouche, se mit à le téter avec des petits bruits de succion infantiles et comblés.

    Le monde allait admirablement mal.

    Satan découvrit ses dents déchaussées et jaunies dans un rictus satisfait.

    Criminels, pervers et terroristes se pressaient au portillon de l’éternité comme s’il s’agissait d’une partie de plaisir.

    Il ricana.

    La corruption et l’envie envahissaient la société comme une lèpre dévastatrice tandis que la morale cédait la place aux plus âpres extrémismes.

    Tout cela était des plus réjouissant !

    Cependant, le Maître des Ténèbres demeurait sur sa faim.

    Il ne s’agissait finalement que d’une routine maléfique, or il est bien connu que ce qui s’obtient sans peine procure peu de plaisir.

    Dans toute cette déliquescence manquait la perle qui saurait en rehausser l’abjection : une âme pure…

    Il pleuvait à verse.

    L’eau se déversait d’un ciel opaque, si drue que ses gouttes hallebardes ne laissaient aucune échappatoire aux malheureux égarés sous ses dards.

    Les caniveaux gorgés s’étaient transformés en torrents et dévalaient la plus petite pente dans un fracas de Niagara. Avec des gargouillis jouissifs, l’eau s’engouffrait dans le ventre de la ville à la moindre béance.

    Pavés et seuils se trouvaient sournoisement investis de la brillance insaisissable de l’écaille et transformés en grands poissons dangereusement immobiles.

    Les flots célestes déferlaient dans une connivence absolue vers la Seine, la parant d’ombres tumultueuses qui faisaient penser au Styx, menant droit à l’enfer.

    Il y avait longtemps que Miranda avait cessé de croire à l’enfer.

    Et au paradis d’ailleurs.

    La vie était un impassible purgatoire, sans autre relief que les jours et les nuits qui se succédaient et les injonctions harcelantes de Mamicha.

    À peine la porte franchie, l’appartement lui avait semblé intolérablement vide.

    L’ombre de sa mère ne suffisait pas à le peupler.

    L’ombre, toujours l’ombre, dehors, dedans, au ciel et jusqu’au fond du cœur.

    Le silence auquel elle avait pourtant si souvent aspiré lui paraissait à présent pesant. Que n’aurait-elle donné pour entendre à nouveau le grasseyement malveillant de la vieille dame avachie dans son fauteuil ?

    De toute manière, elle avait appris à l’entendre sans l’écouter : elle savait par expérience combien il était périlleux d’écouter.

    Rien, hormis le martèlement insistant de la pluie au-dehors.

    Pas un chuchotement.

    Elle aurait pu mettre de la musique, meubler ainsi ce vide sidéral.

    Mais le vide était à l’intérieur et Mamicha n’aimait pas la musique.

    Elle secoua les épaules, comme pour se débarrasser de quelque parasite importun, soupira à plusieurs reprises et bailla comme un poisson qui cherche un peu d’oxygène.

    Son regard balaya le salon où traînaient encore sur la table basse les boîtes régurgitant des posologies chiffonnées, les fioles et leur pervers contenu dont l’ingestion avait rythmé l’existence de Mamicha.

    Au bord de la nausée, elle réalisa qu’elle n’en supportait plus la vue et se précipita vers la lumière parcimonieuse qu’autorisait le déluge extérieur.

    Le rideau que l’eau avait tendu dans sa précipitation obstruait le paysage familier de la rue désertée.

    Aucun exutoire.

    Fermer les yeux dans une tentative de fuite désespérée la ramena aussitôt sous l’éclairage cru des néons du funérarium.

    Y trônait solitaire un cercueil de bois clair qu’elle avait choisi sobre et discret et qui n’aurait certainement pas plu à Mamicha.

    Eh bien, si c’est ça que je vaux à tes yeux… Note que plus rien ne m’étonne…

    Quelques rares visiteurs étaient passés en coup de vent, rendus hâves et blafards tant par la longue saison hivernale que par la lumière cruelle des tubes électriques.

    Avant qu’on ne puisse procéder à l’incinération (le vœu cruel de Mamicha), elle s’était efforcée deux jours durant de faire bonne figure, l’esprit indécemment vide et le ventre aussi.

    Et tu veilleras à ce que je sois bien morte !

    De temps à autre, pour accompagner ses hôtes de passage, elle avait ingurgité une tasse de café fade et brûlant.

    Cela lui avait donné une haleine de phoque et des brûlures d’estomac.

    Elle avait rassemblé les fleurs blanches dont elle avait camouflé le bois nu, y joignant à regret quelques parcimonieux et hideux chrysanthèmes offerts en pâture à la mémoire de Mamicha.

    Puis un prêtre bredouillant avait fait l’éloge mensonger de la défunte. À ce point mensonger qu’elle s’était demandé si elle ne s’était pas trompée de chapelle funéraire.

    Et, elle s’était retrouvée libre.

    Libre, quel mot indécent… et pourtant tellement juste.

    Libérée de l’emprise insidieuse d’une mère vieillissante, libérée de la domination inavouée à laquelle elle s’était lâchement soumise depuis l’enfance et qui le temps passant avait sournoisement dégénéré en esclavage.

    Ce n’était pourtant pas une impression de soulagement qu’elle éprouvait en cet instant, pas plus qu’un chagrin qui eut été parfaitement légitime, mais juste le désespoir résigné d’être enfermée dans une vie qui n’était pas la sienne, claustrée dans cet appartement qui était désormais le sien.

    Ce soir, elle aurait aimé noyer son mal être dans un alcool qui, l’abrutissant, ferait taire toute souffrance. Mais elle savait qu’il n’y avait pas d’alcool dans l’appartement. Tout en se shootant consciencieusement au Lexomil et au Xanax, Mamicha se plaisait à répéter : « Une femme qui se respecte ne boit pas ! ».

    Puisque ce type d’évasion n’était pas envisageable pour elle qui avait largement eu le temps d’en apprécier les effets délétères, se sentant malgré tout épuisée, elle décida de se coucher.

    Passant brièvement par la salle de bain encombrée, elle se fit une grimace dans la glace, la plus vilaine qui soit, mais qui curieusement ne la fit pas rire.

    Bien au contraire, elle se mit à pleurer.

    Oh, pas sur la disparition prévisible de Mamicha, ni sur le vide qu’elle allait laisser, mais bien sur l’être pitoyable qui se reflétait dans la glace, et qui n’était autre qu’elle même.

    Lorsqu’elle fut calfeutrée dans les draps de pilou élimés et fleuris, elle eut la tentation d’une prière. Elle ne savait plus très bien comment s’y prendre.

    Là-haut : silence radio, quelle que soit la fréquence.

    Il y avait bien longtemps que les signaux bienveillants qu’elle percevait enfant s’était estompés. C’était comme si l’âge l’avait irrémédiablement éloignée de la source vivifiante.

    Rien, il n’y avait désormais plus rien.

    Et de ce rien, elle n’avait d’autre choix que de se satisfaire, ou…

    Finalement, se dit-elle avant de sombrer dans un sommeil sans rêves, il ne me reste plus qu’à vendre mon âme au Diable !

    Il avait cessé de pleuvoir et soufflait un vent léger qui ressemblait à celui du printemps.

    Aux averses avait succédé la grisaille uniforme des fins d’hiver.

    Le quotidien semblait avoir rétabli ses contraintes comme ses rites et pourtant…

    La voix fusa, acerbe et peu aimable.

    Rien d’inhabituel.

    Miranda était rompue à l’impassibilité et à la soumission.

    À la maison, au bureau, à la maison.

    Sauf qu’à la maison plus personne ne l’interpellait, ne lui donnait d’ordres, ne la contrariait.

    Madame la Vuachère (surtout, n’oubliez pas le u) darda sur sa secrétaire un regard sans complaisance, s’étonnant malgré elle de ne pas lui trouver mauvaise mine et s’en irritant secrètement.

    La jeune femme n’était pas belle, pas vilaine non plus dut elle admettre.

    Grande, un peu forte et très modestement terne, Miranda était le type même de la secrétaire : rassurante, efficace et qualité suprême, transparente.

    Mais aujourd’hui, alors qu’elle aurait dû afficher un teint blême, sanglée dans des oripeaux noirs ou gris de circonstance, elle était étrangement à son avantage.

    Sans doute les semaines de soins dévoués à sa mère mourante lui avaient-elles fait perdre un peu de poids, à moins que ce ne soit la coupe plutôt flatteuse de cette petite robe noire.

    Alors qu’elle était d’ordinaire d’une patience conciliante qui frisait la servilité, la directrice crut discerner un soupçon d’autonomie dans la voix aimablement posée.

    Allait-on vers une rébellion ?

    Les ordres furent dispensés par monosyllabes que seule Miranda était à même de décrypter. Celle-ci les ayant réceptionnés, fit volte-face sans autre forme de cérémonie, rejoignant d’un pas ferme son petit bureau sous l’œil perplexe de sa supérieure.

    À peine eut-elle franchi le seuil, qu’elle se sentit happée par l’atmosphère déprimante des lieux.

    La lumière y était avaricieusement distribuée par un éclairage hétéroclite où la diversité des ampoules multipliait les tonalités incertaines.

    Les années avaient accumulé les possessions de Mamicha, sans aucune homogénéité ni sens esthétique.

    S’entassaient simplement des objets défraîchis, accolés les uns aux autres en fonction de l’espace disponible.

    Miranda jeta un regard haineux sur la rigide commode chinoise.

    Ah, si elle avait pu l’emporter dans la tombe.

    Disposées par-dessus, trônaient une multitude de photos pompeusement encadrées, de Mamicha pour la plupart, lorsqu’elle était jeune et belle.

    Un canapé sombre et profond, flanqué de deux encombrants fauteuils monopolisait le salon, contrebalancé par une table de salle à manger en verre et des chaises de fer forgé d’une légèreté aérienne et intimidante.

    Les murs, sombres eux aussi étaient littéralement tapissés de tableaux exotiques, souvenirs émus des voyages que sa mère avait effectués.

    Sans elle.

    Avec l’adolescence, s’étaient imposés d’autres prétextes pour l’exclure de ses périples. Elle avait dû se contenter des camps de vacances. Apprentissage des langues, pratique des sports, tout y était passé. Des moments dépaysants qui malgré leur côté souvent spartiate lui avaient laissé une agréable impression de liberté.

    Les objets avaient une mémoire qui leur conférait une présence tangible et malveillante : ils étaient définitivement les alliés de Mamicha.

    Sentant leur sourde oppression, elle décida en un instant d’évacuer à jamais ce malaise en s’en débarrassant.

    À peine eut-elle pris cette résolution, qu’elle éprouva un soulagement si grand qu’elle s’en étonna.

    Comme c’était simple ! Le bien être et osa-t-elle rêver, le bonheur était-il à portée de main ?

    Ah, cette emphase ! S’irrita presque malgré lui l’un des interpellés.

    Moi, j’appelle ça réquisitionner.

    C’est que nous nous lançons dans une entreprise un peu particulière.

    Satan gloussa, fier de son inventivité et de son audace.

    L’équipe, mobilisée au lendemain d’un sulfureux Sabbat, affichait une petite mine et fort peu d’enthousiasme.

    … Cette fois, pas de contrat !

    Si les yeux s’écarquillèrent, la mine des démons se fit plus contrite encore.

    Mais apparemment, ils n’avaient pas droit au chapitre décisionnel.

    L’un d’eux risqua pourtant au péril de sa damnation :

    L’audacieux fut immédiatement ramené à la soumission par un regard pétrifiant.

    Au risque de n’être plus crédibles. Le monde change, mes Diables ! 

    Une fois encore, Satan péchait par orgueil. Déplora un diable chenu.

    Il aurait pourtant du savoir où cela l’avait mené par le passé…

    Dans une volte-face aussi gracieuse que lui autorisait son embonpoint, Satan tourna le dos à ses sbires et les congédia d’un petit geste condescendant.

    À leurs us, frustrés mais soumis, les émissaires du mal réintégrèrent une humaine dimension.

    Le réveil tardif du week-end avait permis au soleil, étonnement généreux pour la saison de transpercer les rideaux fanés et de rosir délicieusement le papier peint. Tout en subtilité, il l’ombrait de nuages et de volutes qui accordaient une touche surréaliste aux motifs surannés.

    Miranda s’étira voluptueusement, libérant bras et jambes de l’avalanche de duvets et de coussins qui garnissaient son lit, la protégeant d’un monde trop souvent ingrat.

    L’atmosphère paisible, lumineuse et familière la plongea dans un agréable sentiment de permanence, enchevêtrant le présent et le passé entre mémoire et semi-conscience.

    Cette chambre avait

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