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Magie noire, magie blanche - Tome 1: Tome 1
Magie noire, magie blanche - Tome 1: Tome 1
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Livre électronique301 pages3 heures

Magie noire, magie blanche - Tome 1: Tome 1

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À propos de ce livre électronique

Salomay mène une vie tout ce qu'il y a de plus normale, pour ne pas dire banale : collège, amis et famille font partie de son quotidien, sans oublier Cédric, dont elle est secrètement amoureuse. La jeune fille attend les vacances d'été avec impatience, ne se doutant pas qu'elles lui réservent des surprises de taille.

A l'approche de son anniversaire, des phénomènes étranges se manifestent : des objets se déplacent mystérieusement, des murmures indistincts bourdonnent à ses oreilles et des rêves surréalistes habitent ses nuits. Sarah, son amie depuis toujours, à qui elle se confie, lui suggère fortement de consulter un médecin. Salomay proteste : pas question, elle va très bien ! Mais elle-même commence à en douter…

Lorsque sa grand-mère, que ses parents lui interdisent de voir depuis plus de dix ans, l'appelle pour la prévenir de bouleversements imminents, Salomay refuse de la croire. Selon la vieille dame, elle descend d'une longue lignée de magiciennes issues d'un autre monde, les Territoires Occultes. Héritière de puissants pouvoirs, sa petite-fille serait même l'ultime chance de survie de ces contrées inconnues.

Bien malgré elle, Salomay apprendra que la réalité n'est pas toujours celle qu'on croit…
LangueFrançais
ÉditeurDe Mortagne
Date de sortie12 oct. 2016
ISBN9782896626267
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    Aperçu du livre

    Magie noire, magie blanche - Tome 1 - Dominique Perrier

    François.

    PROLOGUE

    LE PACTE DE SANG

    La nuit tombait quand la vieille femme descendit prudemment l’escalier menant au sous-sol de sa maison. Elle tenait dans ses bras une fillette toute menue à la chevelure couleur de miel. La fatigue embuait les yeux gris de l’enfant, qui laissa échapper un long bâillement avant de sombrer dans le sommeil.

    Dorothée resserra son étreinte et posa un regard attendri sur la petite fille. Le philtre d’endormissement agissait.

    Arrivée en bas des marches, elle s’arrêta, imitée par le chat qui la suivait comme une ombre. Une porte blanche fermée à clé empêchait l’accès à une pièce. Sur un simple mouvement de ses yeux pâles, si pareils à ceux de l’enfant, le battant s’ouvrit pour leur livrer passage. Sans perdre de temps, Dorothée se dirigea vers une table d’ébène : l’autel de cérémonie. Avec douceur, elle déposa la fillette sur l’étoffe de velours noir qui le recouvrait puis passa en revue les accessoires préparés un peu plus tôt. Tout était en place.

    À la tête de l’enfant se trouvaient un creuset en granit, des herbes choisies avec soin, un mortier, une fiole emplie d’une substance épaisse, rouge foncé, et quelques mèches de ses cheveux. À l’autre extrémité, trois cierges noirs, posés sur d’imposants socles, et une dague affilée au manche d’argent. Juste à côté, des parchemins anciens, faits du cuir d’un chevreau mort-né, sur lequel les textes étaient tatoués. La technique utilisée pour incruster les symboles dans la peau animale n’avait toutefois pas suffi à en garantir l’intégrité. Au fil des siècles, l’encre avait pâli jusqu’à presque disparaître. Seule sa parfaite connaissance de la langue sacrée permettait à Dorothée de déchiffrer les incantations nécessaires au pacte qu’elle s’apprêtait à conclure.

    Elle s’assura que la fillette était totalement immobile avant d’aller chercher plusieurs dizaines de chandelles immaculées, rangées sur une étroite étagère. Après les avoir disposées en cercle autour de la table d’ébène, elle les relia par une traînée de sel purificateur. Le message était clair : interdiction formelle à tout esprit ou à toute créature maléfique de s’inviter à la cérémonie.

    Dorothée revint ensuite près de la petite et caressa son front paisible. Elle dormait profondément ; le rituel pouvait donc débuter. Murmurant une incantation, la vieille femme alluma tout d’abord les trois cierges à l’aide d’un briquet puis fit de même avec les chandelles. Le procédé lui prit à peine quelques minutes. Elle déroula ensuite le premier parchemin et commença sa lecture. Dévissant le bouchon de la fiole, elle répandit une bonne quantité de la substance visqueuse dans le récipient de granit. Elle entreprit d’écraser les herbes séchées à l’aide du mortier, les mêlant consciencieusement au sang ancien qu’elle venait de verser. L’odeur des aromates qui se mariait à celle de la cire chaude se répandit dans l’air. Soudain, un nuage de puanteur envahit la pièce, charrié par un souffle de vent qui coucha les flammes des bougies.

    L’abyssin se réfugia sous une chaise bancale, les oreilles aplaties sur le crâne, le poil dressé sur l’échine. Sans s’émouvoir de sa réaction, la vieille femme prit une mèche des cheveux coupés, qu’elle laissa tomber dans le creuset. Elle déroula ensuite le deuxième parchemin, l’étalant par-dessus le premier, et reprit les incantations. La table de cérémonie se mit à trembler sur ses pieds.

    Dorothée continua sa lecture d’une voix hésitante, certains mots rendus presque illisibles par le temps. Elle buta sur une phrase, fouilla sa mémoire à la recherche du sens exact à lui donner. Elle tenta différentes formulations, avant de choisir celle qu’elle pensait être la bonne. Puisant dans sa volonté inébranlable, elle psalmodia les incantations du pacte jusqu’à la dernière ligne.

    Toujours caché sous son abri précaire, le félin crachait à la fois sa frayeur et son désaccord. Elle se tourna vers lui :

    – Balthazar, mon ami, calme-toi. Tu sais qu’il le faut. C’est pour son bien et pour sa sécurité.

    En dépit de l’assurance qu’elle affichait, Dorothée eut besoin de prendre une profonde inspiration avant de détacher le haut du pyjama de la fillette. Même si elle savait qu’elle devait aller jusqu’au bout, elle était rendue au point le plus difficile de la cérémonie.

    D’une main qui ne tremblait pas, elle s’empara de la dague.

    Fixées aux murs rocheux de la grande salle d’audience du château, des torches grésillaient, laissant tomber sur le sol leur résine liquéfiée. Des scènes sanglantes, immortalisées par les vitraux des fenêtres, prenaient vie dans la lueur des flammes : guerriers féroces massacrant sans pitié des créatures insolites, soldats en armure montés sur des chevaux et chargeant l’ennemi, paysages et bestiaires de ce monde étranger.

    Tout au fond de la pièce, devant l’âtre, était assis l’être le plus redouté des Territoires Occultes. Sa chevelure noire lui balayant les épaules, le mage pencha la tête et concentra toute son attention sur l’Oracle de Cristal. Cette sphère aux qualités divinatoires exceptionnelles, issue des fragments d’une météorite, se révélait des plus précieuses quand il s’agissait de prévoir les mouvements de l’adversaire.

    Sous son regard empli de ténèbres se déroulait une scène étonnante : son ennemie de toujours venait de commettre une terrible erreur. Une erreur de débutante, qui allait lui permettre de s’emparer de ce qu’il convoitait si ardemment, et depuis si longtemps. Sa bouche aux lèvres minces se tordit en un rictus haineux ; dans son esprit s’échafaudait le plan pour y parvenir.

    Il attrapa un imposant cierge noir et y mit le feu d’un simple geste, avant de commencer à réciter une litanie de mots incantatoires.

    Ceux qui allaient lui assurer la victoire.

    L’Alpha couleur de nuit galopait à perdre haleine à la tête d’une dizaine de loups gris. Depuis le crépuscule, ils poursuivaient un orignal, un mâle dans la force de l’âge, qui refusait d’abandonner la partie. Le vent d’un froid mordant soufflait en rafales. Peu de temps auparavant, la meute avait franchi une rivière en plein dégel dans l’espoir de stopper enfin la course de sa proie. En vain. Depuis, les pattes des loups saignaient d’avoir dû braver la débâcle glacée et laissaient des traces écarlates sur la blancheur immaculée du sol. Ils étaient trempés.

    Soudain, l’Alpha bifurqua pour contourner un bosquet d’épinettes ; il devait mettre fin à la chasse avant que ses frères ne succombent à la fatigue. Parvenant de l’autre côté des conifères, l’orignal surgit devant lui, la meute toujours dans son sillage. Son souffle saccadé produisait une buée blanche dans l’air glacial. Sans hésiter, l’Alpha s’élança vers les naseaux humides et chauds ; la bête était à lui.

    Il se trouvait en plein essor quand une douleur fulgurante traversa sa patte avant droite. Il poussa un bref glapissement et, manquant sa foulée, s’abattit dans la neige molle. Rendu fou de peur, l’orignal à bout de forces tenta de le piétiner, mais se retrouva encerclé pour l’assaut final. La forêt résonna alors de grognements d’excitation et de souffrance tandis que la meute mettait enfin sa proie à mort.

    Allongé dans le froid, le grand loup à la fourrure sombre ne se souciait plus ni de sa douleur, ni de sa fatigue, ni de la conclusion victorieuse de la traque. Dans son esprit, comme atténuée par la distance, une voix résonnait. Des mots indistincts, humains, mais que pourtant il comprenait sans peine. Des mots qui s’adressaient à son essence même.

    Et le murmure qu’il percevait le sommait de renoncer à sa liberté.

    CHAPITRE 1

    Onze ans plus tard

    Les couloirs de l’école secondaire Les Hirondelles résonnaient du brouhaha provoqué par la sortie de ses quelque mille cinq cents élèves. Il était quinze heures trente-cinq, la cloche venait de donner le signal du départ.

    D’un coup de poignet expert, Salomay ouvrit le cadenas de sa case. Juste à côté, des garçons se bousculaient en chahutant. Des filles qu’elle connaissait passèrent près d’elle dans un silence hostile. Elle les ignora ; elle n’avait aucune envie de se faire snober par ces pimbêches, encore une fois.

    Elle attendit que les garçons s’éloignent à leur tour et entrebâilla la porte de sa case. Comme rien de désastreux ne se produisait, Salomay se détendit et l’ouvrit complètement. Elle scruta d’un œil méfiant la tablette qui croulait sous le matériel scolaire. Au retour du dîner, elle était venue récupérer ses cartables de maths et ils lui avaient dégringolé sur la tête. Au grand plaisir de certains élèves, qui n’avaient pas manqué de la traiter de « catastrophe ambulante ».

    Même si ça la vexait, elle devait bien admettre que ce surnom était mérité. Depuis son tout jeune âge, avant même qu’elle ne fréquente l’école primaire, elle cumulait les gaffes comme d’autres collectionnaient les galets. Ce qui lui avait valu cette réputation de « maladroite finie » qui lui collait à la peau comme de la glu. Une chance, l’année scolaire tirait à sa fin. Plus que trois semaines – trois vraiment longues semaines –, et elle retrouverait sa liberté !

    D’une main nerveuse, elle repoussa ses cheveux soyeux. Autrefois, quand il était parmi eux, son père la surnommait « ma fée aux cheveux de miel ». Et, quand elle était de mauvaise humeur, il remplaçait ce sobriquet par « mes petits nuages d’orage », à cause de ses yeux gris clair cerclés d’une ligne plus sombre.

    À cette époque, elle s’installait sur ses genoux pour qu’il lui raconte une histoire. Puis il l’embrassait en la mettant au lit et lui disait à quel point il l’aimait. Avant de sortir de sa chambre, il lui murmurait tendrement qu’elle était son trésor, son petit lutin, pour toute la vie. C’était leur rituel. Juste à eux.

    Elle ignorait alors que le bonheur pouvait être fragile. Et qu’il fallait le chérir à tout prix. Elle l’avait appris à la dure, lorsque son père les avait quittées. Pour toujours.

    Levant un menton résolu, la jeune fille chassa le chagrin qui menaçait de la submerger, comme chaque fois qu’elle pensait à lui. Elle se pencha pour récupérer son sac, coincé entre les paires de chaussures et les vêtements de sport de sa coloc de case.

    – Salut, Mademoiselle-la-Gaffe ! Alors ? Ta journée ? Pas de labo détruit grâce à toi ? Ni de toilettes inondées ? Ah non ! Je sais ! Tu as dû te planter un fusain dans l’œil dans ton cours d’arts plastiques !

    Amusée malgré elle, Salomay fit une grimace à Sarah.

    Sarah Dupuis, son amie depuis toujours. Sa best. Grande brune aux yeux bleus, elle portait les cheveux courts, coiffés en mèches hérissées. Son visage agréable et son air espiègle trahissaient sa personnalité pétillante. Elle adorait provoquer ses copains, pour le seul plaisir de les voir réagir à ses piques.

    – Eh ! C’est vraiment moche de te moquer de moi, Mâchoires-d’acier !

    Sarah sourit de façon exagérée, découvrant deux rangées de broches.

    – Que veux-tu ? Il faut ce qu’il faut pour atteindre la perfection, rigola-t-elle.

    Elle s’adossa à une case voisine avant de reprendre, mine de rien :

    – Je sais que je vais encore t’énerver mais… Avoue ! Tous ces trucs qui t’arrivent, c’est pas normal.

    – Ah non ! Tu ne vas pas remettre ça !

    Salomay leva les yeux au plafond. Elle connaissait la suite par cœur, pour l’avoir trop souvent entendue.

    – Trou-ble dé-fi-ci-tai-re de l’at-ten-tion ! articula Sarah, décidée à ne pas lâcher son os.

    L’expression de Salomay s’assombrit :

    – Arrête avec ça, tu veux ?

    – Faudra bien que tu admettes un jour que tu es dans la lune. Et pas juste un peu ou à l’occasion. Tu es toujours comme ça ! Tu multiplies les gaffes, tu provoques des accidents. Je t’adore, Sal, et c’est justement parce que je t’adore que je t’en parle… Tu devrais aller voir un médecin et te faire prescrire du Ritalin…

    – Parle moins fort ! Pas besoin que toute l’école t’entende !

    Sarah baissa le ton, mais continua sur sa lancée :

    – C’est vrai, quoi ! Ce n’est pas la fin du monde ! Plein de jeunes en prennent et ça les aide à mieux fonctionner ! Mon cousin Charles, par exemple…

    – Arrête !

    La colère commençait à poindre dans la voix de Salomay.

    – Je te l’ai déjà dit, je n’ai aucun trouble de l’attention ! Je suis parfois distraite, c’est vrai… je suis une gaffeuse professionnelle, je te l’accorde… mais rien d’autre !

    – D’accord, mais ça n’explique pas tout, ne put s’empêcher de rétorquer Sarah.

    – S’il te plaît, laisse tomber. Si certaines personnes t’entendaient, elles me colleraient d’autres surnoms désagréables. J’ai déjà assez de « catastrophe ambulante »…

    Sarah réfléchit quelques secondes avant d’acquiescer, une moue dubitative sur les lèvres :

    – OK, OK, j’arrête…

    Mais c’était contre nature pour sa best de rendre les armes aussi vite.

    – Ça ne m’empêche pas de penser…

    Le regard orageux qu’elle reçut en retour était sans équivoque. La dispute menaçait.

    Dans la case, des cartables commencèrent à tressauter. Sarah fronça les sourcils. Bah ! C’était sûrement un poids lourd qui passait dans la rue. Salomay, quant à elle, ne s’était rendu compte de rien. Décidant que le sujet était clos, elle tourna le dos à son amie et fourra ses livres dans son sac.

    – Tu viens à la maison réviser pour les examens de demain ? demanda Sarah.

    – Jusqu’à dix-sept heures, pas plus. Je dois aider à préparer le repas. Ce soir, c’est mon tour.

    Quelques minutes plus tard, les deux jeunes filles arrivaient dans le grand hall de l’établissement. Distraite comme toujours, Salomay calcula mal l’espace nécessaire pour passer à côté d’un présentoir, qui se dressait sur leur gauche. Sarah eut tout juste le temps de l’attraper pour le tirer hors de la trajectoire de son amie. Tandis qu’elle se débattait avec le présentoir pour le remettre d’aplomb, la « catastrophe ambulante » continuait sa route, inconsciente de ce qui venait de se passer.

    – Tu n’as rien vu, hein ? fit Sarah d’un ton exaspéré en la rejoignant.

    – Vu quoi ?

    Sarah secoua la tête et tira son amie vers la sortie.

    – Rien. Laisse tomber…

    Chez les Dupuis, les deux jeunes filles furent accueillies par le chat de la famille, un vieil himalayen bleu nommé Cachou, qui se frotta sur leurs jambes.

    – Tu as faim ? s’enquit Sarah.

    – Non, pas vraiment, chuchota Salomay en massant ses tempes du bout des doigts.

    Un bourdonnement continu lui vrillait les tympans depuis le début de l’après-midi. Ce qui n’avait rien de nouveau. Ayant toujours souffert de ce problème, elle s’y était habituée. Parfois, elle entendait des sifflements ou des craquements… parfois même des murmures.

    Dernièrement, comme ça se produisait de plus en plus souvent, elle avait fait des recherches sur le Net. Selon les sources, ces phénomènes appartenaient à la catégorie des acouphènes et pouvaient s’accompagner de violents maux de tête. Un article précisait que, si ce syndrome n’était habituellement pas dangereux, il fallait quand même « rester vigilant et consulter un médecin si l’état du patient s’aggravait ».

    Elle devait se rendre à l’évidence : elle ne pouvait plus cacher ces faits à sa mère. Pfffff…

    – Youhou ?

    La jeune fille leva les yeux vers son amie. Celle-ci venait de lui parler et elle n’avait rien entendu. Elle lui adressa une grimace contrite :

    – Désolée. J’étais… distraite.

    – Wow ! Quelle nouvelle !

    – Arrête de te moquer. J’ai mal à la tête. Je dois être fatiguée.

    Sarah haussa les épaules et se dirigea vers l’escalier qui montait aux chambres.

    Salomay lui emboîta le pas et demanda d’un ton qui se voulait désinvolte :

    – Ton frère est à la maison ?

    – Hummmm…, fit Sarah d’un ton malicieux.

    En croisant l’expression anxieuse de son amie, elle renonça à la taquiner.

    – Aucune idée.

    Une fois en haut, les deux amies longèrent le couloir jusqu’au bout, le chat sur les talons. Elles s’apprêtaient à entrer dans la chambre de Sarah quand une voix masculine les stoppa net.

    – Salut, vous deux…

    Salomay sentit le rouge lui monter aux joues.

    Appuyé contre le mur, les mains enfoncées dans les poches de son jeans, Cédric lui souriait. Elle avala péniblement sa salive tout en essayant de cacher son trouble, et balbutia d’une voix étouffée :

    – Sa… Salut, Cédric… euh… Ça va ?

    Elle n’entendit même pas ce qu’il lui répondait, trop occupée à le dévisager. De taille supérieure à la moyenne, mince et tout en muscles, il était vêtu d’un jeans sombre et d’un t-shirt à l’effigie de U2, groupe qu’il affectionnait particulièrement. Avec ses dix-sept ans bien sonnés, ses cheveux presque noirs et un regard pénétrant du même bleu que celui de sa sœur, il avait vraiment beaucoup d’allure. Beaucoup. Énormément. Et, comme toujours, il paraissait très calme, très sûr de lui. Ce qui expliquait sans doute pourquoi elle se sentait toujours gauche en sa présence, pensa Salomay en rougissant de plus belle.

    Il fallait qu’elle trouve quelque chose d’intéressant à raconter, sinon il croirait qu’elle était complètement nulle, à le fixer ainsi en silence. Mais son cœur battait un tempo endiablé, elle avait la tête absolument vide. Et sa best qui ne pipait mot, la laissant mijoter dans son malaise !

    Tout en le dévisageant, elle s’invectiva intérieurement : « Allez, dis quelque chose, pauvre nouille ! »

    Inconscient des sentiments qui animaient la jeune fille, Cédric baissa les yeux, craignant qu’ils ne trahissent son admiration.

    Elle eut soudain l’impression d’entendre ses pensées :

    Elle est vraiment belle… Mais un peu jeune et, en plus, c’est la meilleure amie de Sarah.

    Sans remarquer que Salomay virait au cramoisi, il annonça à sa sœur :

    – Les parents vont être retardés.

    – OK. Nous, on va étudier jusqu’à dix-sept heures.

    Cédric hocha la tête et réintégra son antre, où résonnait en sourdine la musique d’un groupe heavy métal.

    – Tu viens ou tu restes là à baver devant la chambre de mon frère ? Je comprends maintenant pourquoi on appelle ça un coup de foudre. Tu as l’air d’avoir été électrocutée !

    – La ferme ! siffla Salomay en sortant brusquement de sa rêverie.

    – Ha ! Ha ! Quand tu réagis comme ça, je sais que j’ai visé dans le mille !

    Sarah éclata de rire et se réfugia dans sa chambre, évitant de justesse le coup de coude que sa best lui destinait. Curieux comme tous les spécimens de son espèce, Cachou se faufila dans le sanctuaire de sa maîtresse avant que cette dernière ne referme la porte.

    Salomay se laissa choir dans le fauteuil vert pomme situé sous la fenêtre. Elle essayait de reprendre ses esprits. Ben voyons ! Percevoir les pensées de Cédric à son égard ? C’était sûrement son imagination qui s’emballait.

    Elle secoua la tête, déterminée à reprendre contact avec la

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