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Magie noire magie blanche - Tome 3: Tome 3
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Livre électronique277 pages3 heures

Magie noire magie blanche - Tome 3: Tome 3

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À propos de ce livre électronique

Déterminée à sauver sa grand-mère et sa meilleure amie des griffes d'Arnwald, Salomay a osé se rendre dans les Territoires Occultes en compagnie de ses protecteurs. Franchissant pics enneigés et marais maudits, ils doivent se frayer un passage jusqu'à la citadelle, des créatures prédatrices et des patrouilles ennemies sur leurs talons. Leur cauchemar ne fait toutefois que commencer : de son repaire, l'Innommable les guette sans relâche.
De son côté, Dorothée met tout en oeuvre pour refaire ses forces et dissimuler ses pouvoirs renaissants. Non loin d'elle, Sarah lutte pour sa survie, gardant l'espoir que son amie volera à son secours.

Salomay sent son fardeau s'alourdir. Ses deux univers sont menacés par la soif insatiable de puissance de l'usurpateur. S'il parvient à ses fins, personne n'en sortira indemne.

Guidée par Chammal et accompagnée de Cédric, dont la vigilance est sans faille, Salomay se prépare à l'ultime affrontement. Trouvera-t-elle le moyen de vaincre celui qui a juré sa perte ?
LangueFrançais
ÉditeurDe Mortagne
Date de sortie15 févr. 2017
ISBN9782896626328
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    Aperçu du livre

    Magie noire magie blanche - Tome 3 - Dominique Perrier

    profondément…

    PROLOGUE

    LE PIÈGE

    Son sceptre à la main, l’Innommable se tenait au sommet de la plus haute tour de la citadelle. Le vent qui soufflait en rafales agitait ses cheveux noirs et soulevait sa lourde cape sans qu’il y prête attention.

    Ses yeux froids errèrent sur la plaine, fouillèrent au loin les marais avant de se perdre à l’horizon. Il n’avait pas besoin de voir ce qui se trouvait là, il connaissait cette section des Territoires par cœur : une autre plaine, puis la forêt interdite appuyée à l’océan abyssal ; ensuite venaient une série de champs semés de villages et, enfin, à plusieurs jours de marche, la toundra.

    C’est derrière elle que se dressaient les hauts pics enneigés du nord… là où, toujours vivante, se trouvait l’impure.

    Un rictus de rage déforma les traits du souverain ; bien qu’il eût tenté à plusieurs reprises de l’anéantir, elle respirait encore. Mais, cette fois, elle était sur « son » domaine, et il n’allait pas la laisser s’échapper, s’enfuir vers la Terre comme Dorothée l’avait fait bien des années auparavant. Il allait procéder à un sortilège qui lui donnerait tout le temps nécessaire pour la trouver et l’exécuter, un enchantement qui exigerait beaucoup de ses forces occultes. Mais la magie contenue dans le sceptre et dans la mèche de cheveux de l’impure, qui se trouvait dissimulée dans la chevelure rêche de celui-ci, allait l’aider à y parvenir sans trop s’affaiblir.

    Arnwald inspira à fond, puis courba sa haute silhouette pour appuyer son front contre celui du crâne qu’il tenait devant lui. Il ferma les yeux et concentra ses pouvoirs pour appeler à lui ceux de l’horrible relique. Ses lèvres prononcèrent les mots de cette langue ancienne qu’utilisaient jadis les magiciennes, et qu’il avait mémorisés en prévision du charme.

    Une vibration sourde naquit de ses cornes massives et se répandit autour de lui. Il se redressa lentement et ses mains qui tenaient la hampe relâchèrent leur étreinte ; il étendit les bras de chaque côté de son corps. Le sceptre resta parfaitement droit devant lui, n’ayant pour seul point de contact que le sol sur lequel il reposait. Une aura de lumière en irradia alors, l’enveloppant ainsi que le mage. Au-dessus d’Arnwald, le ciel s’était obscurci ; le tonnerre grondait désormais et les nuages roulaient. Mais la tempête ne se déchaînait pas. Puis, alors que les forces occultes sollicitées culminaient, une déflagration assourdissante déchira le ciel.

    L’accès à l’Entre-Monde venait de se verrouiller.

    CHAPITRE 1

    Salomay sursauta violemment en entendant le grondement produit par l’éboulement de roc et de neige derrière elle ; Chammal et Cédric avaient donc réussi à déclencher l’avalanche avec l’aide d’Ozzy. Pour se mettre à l’abri, elle avait couru tant qu’elle avait pu pour s’éloigner, mais le son, répercuté par la montagne, semblait très proche. Elle se retourna, à bout de souffle ; elle aurait bien aimé voir la scène, mais, avec ce fichu brouillard qui persistait autour d’elle, c’était peine perdue. Pourvu qu’aucun débris ne les atteigne !

    À cet instant, Balthazar posa les pattes avant sur sa jambe ; elle baissa les yeux. L’abyssin paraissait aller mieux, mais il n’était pas encore lui-même, c’était évident.

    Et il puait toujours autant.

    – Qu’est-ce qu’il y a ?

    Le chat tourna la tête en direction de la montagne, puis la fixa de ses yeux d’or. Elle comprit qu’il essayait de communiquer avec elle et tendit son esprit vers le sien. Sa voix mentale, très faible, lui parvint :

    L’Ensorcelé… et l’Alpha… Ça ne… va pas…

    Cédric et Chammal ? Comment ça ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

    Affolée, elle revint sur ses pas tout en tentant de repérer ses deux compagnons. Mais la brume la devançait d’autant. Pestant contre le sortilège qu’elle avait elle-même instauré, Salomay s’arrêta en retenant une forte envie de pleurer. À cet instant, Balthazar, qui l’avait suivie, posa de nouveau les pattes sur son manteau.

    Pas… seule…

    – Oui… Je sais que tu es là… Est-ce qu’ils sont morts ? parvint-elle à articuler en essuyant les larmes qui débordaient sur ses joues.

    … sais pas…

    Une silhouette ténébreuse tranchant sur la blancheur de la brume apparut devant elle. Salomay étouffa un cri en reconnaissant celui qui s’arrêtait à ses côtés.

    – Ozzy ! Où sont Chammal et Cédric ?

    Il y eut d’abord un silence que Salomay prit pour une hésitation – ce qu’elle trouva bizarre de sa part –, puis l’esprit frappeur répondit :

    – Sur la montagne… Ensevelis.

    – Ensevelis ?

    Salomay retint un gémissement de désespoir. Si ses protecteurs se trouvaient coincés sous la neige et les rochers, ils n’arriveraient pas à s’en sortir sans aide. À supposer qu’ils fussent encore en vie…

    – Rentre dans ta bouteille.

    L’esprit frappeur s’exécutait quand Balthazar annonça d’un ton affolé :

    Ils… arrivent…

    Céd…

    Non… soldats…

    Ils ont donc réussi à me suivre !

    Oui. Ils… sont deux…

    Salomay frémit ; elle allait devoir affronter, seule, deux des guerriers de l’Innommable. Même si elle tentait de se cacher, ils sauraient qu’elle était là à cause de la brume qui l’enveloppait. Elle devait se donner le temps d’agir.

    Viens, suis-moi.

    Elle n’eut que le temps de se dissimuler derrière un amas de roc et d’attirer Balthazar à elle. Ils surgirent à l’orée du brouillard et s’arrêtèrent aussitôt. De sa cachette, elle les vit tourner lentement la tête de gauche à droite, leurs yeux d’oiseaux de proie fouillant chaque recoin du secteur. Elle se baissa de justesse quand l’un d’eux regarda dans sa direction, et elle retint son souffle.

    Un long moment, elle resta immobile. Qu’est-ce qu’ils faisaient ? Soit ils ne bougeaient pas et attendaient qu’elle se montre, soit ils étaient extrêmement silencieux en se déplaçant. Balthazar, qu’elle tenait toujours contre elle, se débattit brusquement. Prise au dépourvu, elle le laissa s’échapper et il fila vivement entre les rochers.

    Balthazar ! Reviens ici !

    Mais le chat ne se retourna pas et disparut bientôt. Effrayée de se retrouver dépourvue face à l’ennemi, elle s’appuya au rocher, son sac à dos toujours passé sur une épaule et le Grimoire sous son manteau.

    Un mouvement dans son champ de vision lui indiqua tout à coup qu’elle n’était plus seule. Elle tourna la tête et aperçut des jambes, enveloppées de peaux de bête. Plus haut, une veste de fourrure et, encore plus haut, un visage de cauchemar, mi-animal, mi-homme, qui aurait fait un très bon masque d’Halloween. Une lance surgit soudain devant son visage. Puis, un bruit sur la droite, et l’autre guerrier vint rejoindre son comparse.

    Sous l’incitation de l’arme, Salomay réussit à se mettre debout malgré ses jambes flageolantes, en s’accrochant au rocher.

    – Laissez-moi partir et je ne vous ferai aucun mal, tenta-t-elle en regardant l’homme droit dans les yeux.

    Il n’eut aucune réaction. Sans doute ne devait-il rien comprendre à ce qu’elle disait. Il ne savait peut-être même pas qui elle était et quelle menace elle pouvait représenter. D’ailleurs, en ce moment, elle ne le savait pas trop elle-même. Il la poussa, de la pointe de sa lance, en direction de la toundra. Elle fit celle qui ne comprenait rien non plus :

    – Qu’est-ce ?…

    Il la piqua plus durement et Salomay perdit toute envie de bluffer ; il ne plaisantait pas. Elle leva les mains en signe de reddition et se retourna pour se mettre en route. Le second soldat s’écarta avant de lui emboîter le pas.

    Alors qu’ils serpentaient entre les obstacles, elle aperçut du coin de l’œil la forme fauve de Balthazar qui les suivait, dissimulé par les taillis ; l’abyssin ne l’avait donc pas abandonnée comme elle l’avait cru.

    Salomay se mit à réfléchir fiévreusement. Elle devait trouver un moyen de se débarrasser de ses deux kidnappeurs. Oui, mais comment ? Du feu, encore ? C’était une solution de dernier recours ; la souffrance qu’il infligeait était vraiment trop horrible. La vipère ? Elle ne lui serait pas d’un grand secours ; elle serait frigorifiée dès qu’elle se manifesterait – si elle en était même capable ! Pour l’instant, collée contre la chaleur de son ventre, elle était immobile et silencieuse. Ah ! Si seulement Chammal et Cédric étaient là ! Salomay songea enfin qu’elle pouvait peut-être entrer en contact avec eux :

    Chammal ? Cédric ? Est-ce que vous m’entendez ?

    Au pied du plateau, une main émergea soudain d’une épaisse couche de neige. Repoussant et creusant, elle réussit à agrandir un trou, et enfin Cédric put aspirer à pleins poumons l’air glacé. Mais il n’était pas sorti d’affaire pour autant ; son corps était complètement immobilisé.

    Ensorcelé ? Tiens bon ! J’arrive !

    Alpha ? Je suis là !

    Au-dessus de lui, la neige se mit à voler en tous sens sous les coups de pattes du grand loup noir. Ses griffes puissantes se frayaient un chemin vers le Fils de la Terre. Bientôt, le visage de ce dernier apparut. Puis ses épaules. Il se mit lui aussi à creuser pour se dégager.

    Soudain, tous deux se figèrent, tendus comme une seule entité ; un appel pressant venait vers eux.

    Cédric ? Chammal ?

    Magicienne ! ! ! Sal ! ! ! répondirent-ils, leurs voix mentales s’entremêlant.

    Vous êtes vivants ! ! !

    Ils perçurent l’écho du soulagement qu’éprouva alors Salomay.

    Juste avant que l’impression d’un danger imminent ne les submerge.

    Malinos releva la tête, maculé du sang et de la chair de l’araignée-femme. Il fixa Sarah, prisonnière de ses fers à quelques pas de lui ; les genoux enserrés dans ses bras, elle se balançait d’avant en arrière en regardant dans le vide. Elle n’eut même pas un mouvement lorsqu’il s’approcha pour l’observer. Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il n’empoigne les chaînes épaisses qui maintenaient ses entraves fixées au mur. Un seul geste lui suffit pour les briser. Le bruit du métal s’entrechoquant en tombant sur le sol n’arracha même pas un sursaut à la jeune fille. Elle n’eut pas non plus le réflexe de s’enfuir ; son esprit, au moins, était déjà loin.

    La créature tendit ses longues mains griffues pour la coucher sur ses épaules. Cette fois encore, Sarah resta sans réaction et se laissa ballotter comme une poupée de chiffon.

    Marchant courbé pour ne pas laisser tomber cette nouvelle proie, Malinos s’en fut dans les méandres des catacombes.

    Épuisé et abattu, Archibald était assis près du feu, entre les tentes en peaux de caribou du campement, au cœur de la forêt interdite. Silencieux, il remuait les tisons rougeoyants à l’aide d’un bout de bois ; aucun de ses hommes n’osait troubler ses pensées. Elles le tourmentaient depuis son retour en catastrophe des marais maudits, quelques jours plus tôt.

    Non seulement il avait encore une fois perdu presque la totalité de ses hommes dans cette expédition, mais les soldats de l’Innommable avaient capturé deux des survivants pour les amener au château. Et, malheureusement, il était impuissant à aider ses deux frères d’armes. Lui-même et quelques-uns des rebelles ne devaient leur survie qu’à un galop éperdu leur ayant permis d’atteindre les bois protecteurs. Il passa une main lasse sur son front. C’était horrible. Il les avait abandonnés.

    Il était le chef qu’ils avaient élu pour les mener dans leur révolte contre Arnwald, mais, depuis quelque temps, il les conduisait plutôt à la mort. Les enjeux étaient tels qu’il n’avait pas le choix ; il devait employer tous les moyens possibles afin de détourner l’attention d’Arnwald de l’héritière et de Dorothée.

    La créature des eaux vives qui évoluait au sein de la Cascade de Vie lui avait montré de nouvelles images mentales de l’héritière, sur le flanc d’une montagne et prisonnière de deux soldats. Ses protecteurs n’étaient pas à ses côtés, ce qui ne pouvait être que de mauvais augure. Il devait tenter de la rejoindre avec un groupe de combattants pour la délivrer. Mais, grâce à ce maudit Oracle, l’Innommable aurait encore un coup d’avance sur eux.

    Quoi qu’il en soit, en ce moment même on sellait des chevaux en les chargeant d’armes et de sacoches emplies de vivres. Ils devaient à tout prix prendre le souverain de vitesse.

    Encore des morts en perspective.

    Chammal descendait le flanc à pic de la montagne, suivi de près par Cédric ; ils ne devaient d’être encore en vie qu’à leurs aptitudes exceptionnelles. Bien que la défaillance de l’esprit frappeur ait failli tout faire échouer, leur plan avait fonctionné ; leurs poursuivants avaient tous été happés par la force de l’avalanche de roc et de neige qu’ils avaient déclenchée. Cependant, pour plus de prudence, une fois tout en bas de la montagne, ils longèrent l’endroit où se tenaient les soldats peu de temps auparavant. Aucun mouvement, aucun signe de vie ; seulement des arbres morts et des rochers accumulés, le tout presque complètement enseveli sous la neige.

    Marchant péniblement dans les traces du grand loup noir, le Fils de la Terre entendit soudain un gémissement. L’Alpha l’avait également perçu ; il bondit sur sa gauche et se mit à creuser frénétiquement de ses pattes antérieures.

    – Que fais-tu ? l’interrogea Cédric en le rejoignant. Tu n’as quand même pas l’intention de leur porter secours ?

    Sans répondre, Chammal plongea brusquement la tête au fond du trou. Cédric entendit un craquement et le silence revint. Se redressant, Chammal jeta un bref regard à son compagnon, puis se détourna pour reprendre son avancée en direction du brouillard dense qui s’étendait un peu plus bas.

    Cédric lui emboîta le pas sans plus insister.

    Ils arpentaient maintenant un sol à peu près plat recouvert d’herbe jaunie, de mousse plus ou moins desséchée, d’arbrisseaux chétifs ainsi que de pierres. Et de neige, encore et toujours. « La toundra », pensa Salomay en s’efforçant d’avancer le plus lentement possible sans s’occasionner une nouvelle bourrade dans le dos. Elle avait besoin de réfléchir à un plan d’action et voulait donner à ses protecteurs le temps de les rejoindre. Les guerriers du monstre marchaient de part et d’autre d’elle, prêts à intervenir si elle tentait de fuir.

    Ce qu’elle s’apprêtait à faire, n’en pouvant plus de la situation.

    – J’ai soif ! dit-elle soudain en faisant le geste de porter un verre à ses lèvres et en s’arrêtant brusquement.

    Le regard mauvais, l’un des guerriers lui attrapa le bras et la tira en avant. Salomay résista et, se dégageant, tapota son sac à dos de la main tout en réitérant le geste de boire à un verre. Elle répéta :

    – J’ai soif ! J’ai une bouteille d’eau là-dedans.

    Le soldat allait de nouveau l’empoigner quand l’autre lui signifia d’arrêter. Puis, il hocha la tête en direction de Salomay et dit quelque chose qu’elle interpréta comme un assentiment. Son regard allant de l’un à l’autre, la jeune fille plongea la main à l’intérieur de son sac à dos, à la recherche de la bouteille de parfum abritant l’esprit frappeur. Elle la sortit et, se tournant à demi, murmura, près du goulot :

    – Ozzy, je t’appelle. Sors de ton refuge et rejoins-moi, je te l’ordonne.

    Elle n’eut pas le temps de reculer ; l’esprit frappeur jaillit dans un tourbillon de noirceur, l’enveloppant. Salomay en eut le souffle coupé. Elle tomba à genoux, écrasée par la puissance de l’entité. Puis celle-ci s’écarta et la jeune fille reprit peu à peu ses sens. Juste à temps pour voir que les soldats, effrayés mais non dépossédés de leurs moyens, s’apprêtaient à la saisir par les bras.

    – Reculez !

    En même temps, elle leur envoya une puissante poussée télékinésique, brève mais brutale. Ce qu’elle pensait s’avérait : ils étaient tout à fait sensibles à la magie. Ils s’affalèrent l’un sur l’autre dans un fatras d’armes et de membres.

    – Retiens-les ! ordonna-t-elle à l’entité ténébreuse.

    L’esprit se propulsa à une vitesse phénoménale entre elle et ses agresseurs qui se relevaient. Là, il s’enfla jusqu’à les dominer de plusieurs têtes. Dégainant leurs glaives, les soldats tentèrent de le repousser, mais leurs lames frappaient dans le vide, ne laissant que des sillages de fumée derrière elles. Soudain, sans que Salomay ait ordonné quoi que ce soit, la noirceur de l’entité se condensa comme si elle réagissait à leurs attaques. Les lames parurent alors heurter un mur et se brisèrent. Tandis que les morceaux tombaient sur le sol, les guerriers empoignèrent leurs lances qu’ils avaient laissées choir et les pointèrent en direction de Salomay. Ils estimaient sans doute que l’esprit serait automatiquement neutralisé s’ils la tuaient. Mais elle n’eut pas besoin d’intervenir. L’esprit frappeur se mit à tourbillonner autour des deux guerriers. Chaque fois que l’un d’eux essayait de sortir du cercle défini par la fumée noire, il était frappé durement et repoussé en arrière. Salomay se demanda combien de temps pouvait durer ce scénario. Et puis… Ozzy n’était pas censé faire du mal aux vivants ! Ses heurts n’étaient pourtant pas sans violence… Les œufs de poule et les rémiges du plumeau étaient-ils en cause ?

    – Désarme-les ! ordonna-t-elle, lassée de ces récidives.

    Aussitôt, les lances furent arrachées des mains des deux soldats et filèrent dans sa direction pour tomber à ses pieds. Elle recula, un peu effrayée et, à ce moment, une voix non loin derrière elle la fit sursauter :

    – Sal ? Tu n’as pas de mal ?

    Un soulagement intense envahit Salomay.

    – Chammal ! Cédric ! Vous êtes là ?

    Le Fils de la Terre pénétra alors dans le brouillard en compagnie de l’Alpha et découvrit les deux soldats. Il porta la main à son bras, faisant apparaître son glaive, prêt à intervenir. Puis, il réalisa soudain qu’Ozzy les tenait à sa merci. Quant à Chammal, il s’approcha de l’entité pour la renifler un moment. Il tourna son regard d’émeraude vers sa magicienne :

    Je suis soulagé que tu sois venue à bout de ces deux hommes-bêtes. Mais, maintenant, vas-tu m’expliquer d’où sort cette… entité ?

    – C’est un esprit frappeur serviteur que j’ai créé lorsque j’ai eu besoin de faire porter un message à l’Innommable.

    Un moment de silence, puis Chammal demanda, sans la regarder :

    Et que comptes-tu faire d’eux ?

    – Je ne comprends pas ce que tu veux dire.

    Tu sais comment ça doit se terminer…

    Salomay déglutit ; elle avait saisi ce que son loup sous-entendait. Elle regarda les deux hommes-bêtes, prisonniers de l’esprit frappeur. Comment pouvait-elle se résigner à leur faire du mal alors qu’ils étaient sans défense ? Pour le moment, du moins…

    – Je ne peux

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