Bientôt la maison aux colonnes blanches, orgueilleusement dressée sous le ciel, lui apparut. Aucune lumière ne trouait sa façade. Le vent chaud, le vent du sud, s’était apaisé. Sherry, dans la moiteur de cette nuit de juillet, manquait de souffle. Troussant sa jupe, elle gravit pesamment les marches de la terrasse. Son pied buta sur un obstacle imprévu. Elle cria et perdit l’équilibre.
Quand elle se releva, ses yeux distinguèrent un corps immobile.
La jeune femme se pencha. Un gémissement répondit à son angoisse. Une main s’empara de la sienne. Elle tenta d’échapper aux doigts glacés qui s’accrochaient à son poignet ; elle retint un nouveau cri.
– De l’eau, je vous en prie.
La supplication sortait d’un râle. La voyageuse s’agenouilla auprès de l’inconnu.
– Qui êtes-vous ?
Au même instant, la lune, émergeant des nuages, arracha la terre au mystère de la nuit, et, baigné par le halo fade, le visage de l’homme apparut.
Chapitre 4
L’effroi paralysait ses membres.
– Hilary ! Vous êtes blessé !
– Hâtez-vous… Ces deux mots prononcés avec effort lui rendirent sa présence d’esprit. Traversant la terrasse, la jeune femme se jeta contre la porte de la maison et actionna le heurtoir. Les coups sourds éveillèrent l’écho. Aucune présence ne se manifestant, Sherry mit ses mains en porte-voix et appela Mélinda. Pendant quelques secondes, la jeune femme craignit que la demeure soit inhabitée. Madame du Telley et sa suite avaient dû quitter les lieux. Mais Mélinda ? Mais Philip-Howard et la nurse ?
Elle s’acharna de nouveau sur le heurtoir. Son affolement la faisait haleter. Les gémissements qu’Hilary ne pouvait maîtriser ébranlaient ses nerfs. Elle n’avait pu localiser sa blessure. L’incertitude dans laquelle elle se trouvait la privait de réflexion. Elle ne savait que s’acharner sur la porte.
Les nuages cachaient la lune. L’obscurité effaçait le corps d’Hilary. Tandis que des frôlements furtifs parcouraient les buissons, les oiseaux de nuit faisaient entendre de curieux cris.
– Mélinda !
Elle s’époumonait. Au moment où elle
