Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le règne du sang - Tome 1: Les disparues des Carpates - Partie 2
Le règne du sang - Tome 1: Les disparues des Carpates - Partie 2
Le règne du sang - Tome 1: Les disparues des Carpates - Partie 2
Livre électronique259 pages3 heures

Le règne du sang - Tome 1: Les disparues des Carpates - Partie 2

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Quelqu’un a tenté d’assassiner Darius. Quelqu’un qui connaîtrait les secrets de son arrivée au pouvoir et les raisons qui le poussent à haïr Lazare.

Génesys voit là enfin l’occasion de trouver sa place au Manoir en déjouant le complot qui vise son père. Mais en déterrant les vieux secrets de famille, la Quatrième ne risque-t-elle pas d’être la dupe d’une plus vaste conspiration ?


À PROPOS DE L'AUTRICE

Marie-Léa Pacchieri - Écrire est un besoin depuis l’enfance. Selon elle, le roman permet d’explorer la complexité des relations humaines à travers le voile de la fiction. Tout livre contient une espèce de vérité qu’il est inspirant de percer à jour.

LangueFrançais
ÉditeurTourments
Date de sortie7 nov. 2023
ISBN9782372243063
Le règne du sang - Tome 1: Les disparues des Carpates - Partie 2

Lié à Le règne du sang - Tome 1

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le règne du sang - Tome 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le règne du sang - Tome 1 - Marie-Léa Pacchieri

    cover.jpg

    Marie-Léa Pacchieri

    Le Règne du Sang

    Tome I - Deuxième Partie

    Les Disparues des Carpates

    Editions des Tourments

    « Et rien d'étonnant : Satan lui- même

    se déguise bien

    en ange de lumière. »

    II Corinthiens 11:14

    Évangile apocryphe

    Il était tombé face contre terre pour prier alors que ses disciples, alourdis par les reliefs de leur repas, s’assoupissaient, vaincus par l’excès du vin et les plaisirs de table. Deux fois encore après il avait posé un genou sur le sol, psalmodiant les mêmes paroles, s’enjoignant au courage. Car il était le fils de l’Homme et il mourrait comme un homme.

    Seul Judas Iscariote ne trouvait pas le repos. Il avait marché toute la nuit, sitôt le banquet quitté. Et était revenu au point du jour, accompagné d’une bande armée dans le jardin de Gethsémani. Les trente pièces d’argent tintaient au fond de sa poche.

    Au son des pas se rapprochant, Pierre, Matthieu et Jean et tous les autres sortirent de leur torpeur. Pourquoi leur frère venait-il vers eux, le glaive à la main ?

    Le douzième apôtre s’approcha de Jésus et lui donna un vif baiser sur la joue.

    - Allez, fais ta besogne, ami.

    Il savait, depuis le début.

    Alors, la troupe frappa Jésus et l’emmena. Rien ne les en empêcha – pas même l’un de ses compagnons qui faisait de grands moulinets avec sa courte épée. Il ne réussit qu’à trancher l’oreille d’un des suiveurs. La foule s’excitait autour d’eux.

    - Range ton glaive et quitte l’oliveraie ou tu seras livré comme complice, suppliait le Christ. Vous tous, partez.

    Ses condisciples l’abandonnèrent. Pierre, lui, l’accompagna un bout de chemin avant de prendre la fuite, lui aussi. Seul le fidèle Judas le suivit jusqu’au bout de la nuit.

    Et il finit par voir que son frère saignait. Comme il aurait pu lui- même saigner. Et il vit les souillures qui coulaient le long de ses membres transpercés en flots sombres et menaçants. L’odeur infecte qui suppurait de ses plaies – celles de ses chairs déchirées. Jésus hurlait. Il n’avait rien d’un demi-dieu. Juste d’un homme à l’agonie.

    Qu’avait-il fait ? N’était-ce pas ce qu’il désirait ? N’avait-il pas rendu cela possible ? N’était-il pas un traître nécessaire pour exaucer la parole du  Christ ?

    Pris de remords, il supplia les prêtres d’échanger ses pièces contre la liberté du condamné.

    - Qui vend un ami pour le prix d’un esclave supportera le poids des regrets.

    Judas ne voulait pas entendre son dernier râle. Pas après ce qu’il avait fait. Avant le chant du coq, il se pendit dans le jardin de Gethsémani.

    Mais Dieu ne lui permit pas le repos. Son corps n’était de la viande pour les corbeaux que le jour. Dès que le soir tombait, il se balançait à la corde, l’âme pesant plus lourd qu’un tonneau rempli d’or. Il revivait chaque nuit sa trahison.

    Évangile apocryphe

    VIII - Le Baiser du vampire

    Novembre 1689

    †††

    Chapitre XXXV

    Fière de ses nouvelles fonctions, Génesys ne tarda pas à tenter d’asseoir sa position au sein du clan. Le climat de peur dans lequel s’enfonçait sa maisonnée n’y était pas étranger. Darius lui laissait carte blanche pour gagner sa confiance et doubler Davys, mais surtout pour éliminer le mystérieux empoisonneur.

    Sitôt Trevor transporté ailleurs, alors qu’il se vidait encore de tout son sang – les muscles de ses joues fondant sous sa peau écailleuse, la Quatrième et ses pairs avaient rattrapé la servante qui les avait servis, hagarde. Elle se promenait au rez- de-chaussée, l’air égaré.

    - Pénélope, tu es toujours parmi nous ?

    Génesys avait sauté sur l’occasion et entamé un bref examen de sa conscience. Rien. L’humaine était vidée. Seule une image répétitive trottait dans son cerveau effacé : elle distillait généreusement le poison dans le breuvage, puis frottait l’argenterie d’un geste mécanique.

    - Sève millésimée, sève millésimée ! répétait-elle de façon cyclique dès qu’on l’interrogeait.

    Elle se remémorait l’expression horrifiée de Davys, sous sa frange blonde, quand la coupable fut escortée dans sa cellule.

    Exaltée suite à ce nouvel objectif, elle ne put s’empêcher de partager ses ambitions avec la toujours plus morose Solenn :

    - Comme tu veux, lui avait répondu celle-ci sans réaction, apathique.

    Ce jour-là, Génn était d’humeur bavarde.

    - Il faut le faire tomber d’une manière ou d’une autre. Peu importe comment ; la fin justifie les moyens… Tu pourrais même faire partie du projet, suggéra-t-elle poliment sans attendre d’objection, tu me serais bien plus utile là-bas, dehors, qu’emmurée vivante ici.

    Soudainement, la langueur de sa suivante s’atténua.

    - Tu as eu l’autorisation de quitter le Manoir ?

    - Oui et tu pourrais goûter l’air frais avec moi, se satisfaisait sa maîtresse sans lui donner l’impression qu’elle lui faisait un cadeau. Je ne t’obligerai pas à m’assister dans mes expériences : tu pourrais chasser, exercer et profiter de tes nouvelles facultés…

    - Je pourrais même rendre visite à mes parents. A Rozvan.

    La digne fille de Darius parut consternée.

    - Rien qu’une fois ! s’empressa de compléter une Solenn ravivée par ce qu’elle venait d’entendre. Cette envie me démange depuis quelque temps ; je ne me présenterai pas forcément à eux… je voudrais juste voir leur visage, essayer de me rappeler ma vie d’avant, ce que cela faisait d’être une petite fille ordinaire. Et puis, je me souviens avoir eu des frères : ils ont dû grandir. Je n’arrête pas de me demander à quoi ils peuvent bien ressembler maintenant...

    Génesys se racla la gorge.

    - Ne sois pas déçue, mais il faudrait que tu sois accompagnée bien sûr, tu sais à quel point c’est dangereux par ici… Le second de mon père, Trevor, l’éclaira-t-elle, vient d’être empoisonné. Il y a fort à parier que ce soit en réalité Darius qui était visé…

    En considérant le faciès indifférent de Solenn, Génesys s’interrompit.

    - Je ne te demanderai qu’un service en retour.

    - Lequel ?

    La jeune Transylvanienne ne cachait pas son désappointement. Bien que sa compagne se soit déplacée pour parler d’elle, il lui semblait que c’était sa manière à elle de s’inquiéter pour sa pauvre Solenn…

    La Quatrième pesait ses mots :

    - Tu sais que même si j’ai déjà suffisamment exercé mes dons sur ces idiotes de nonnes, j’ai encore besoin de m’aguerrir… avec des cobayes un peu moins dociles.

    - Et tu as enfin trouvé une utilité aux deux jeunes gens que tu gardes jalousement ? dit sa compagne d’une voix éteinte.

    - Je veux capturer un Angelus, pépia Génesys sans l’écouter. Avec un peu de chance, je pourrais peut- être même apprendre l’emplacement d’Esmeldéa ou démasquer le traître…

    Et châtier mon cousin par la même occasion pour toi, pour moi.

    Toutefois, elle le tut – ne désirant pas raviver des plaies encore ardentes ou spéculer sur un projet dont elle n’avait pas encore réglé les détails…

    - Ça, c’est ton but ; quels sont les moyens dont tu as besoin pour y parvenir ? débita la nouvelle recrue sur un ton plus tranchant qu’elle ne l’aurait voulu.

    Génesys lécha ses lèvres :

    - Tu pourrais, par exemple, convaincre l’un de tes petits protégés de m’accompagner.

    - Pour servir d’appât ? Il en est hors de question !

    - Écoute, tâcha d’amadouer la belle stryge au regard de jade, je ne sais pour quelle raison tu tiens si férocement à eux… mais je t’assure qu’il ne leur sera fait aucun mal. J’ai besoin d’eux vivants. Je ne ferai que tendre un piège à l’ennemi s’il est assez dupe pour y plonger ; je ne les sacrifierai pas. En plus, ils sont abandonnés depuis bien trop longtemps, seuls, dans mes appartements. J’aimerais reprendre possession de ma chambre et m’assurer leur sympathie.

    - Qu’est- ce que tu comptes faire d’eux ? Comme je ne suis plus là, tant qu’à faire, tu aimerais en faire des humains de compagnie ?

    - Mmh, les rendre… disons plus réceptifs à notre cause serait déjà un point de départ.

    Génesys se fit plus caressante :

    - Solenn… ne sois pas si susceptible, personne n’a à prendre ta place : j’ai terriblement soif et toi aussi. Les réserves de sang s’amenuisent de jour en jour à cause de l’état de restrictions dans lequel nous nous trouvons ; il serait regrettable de ne pas en profiter temporairement. On pourrait se les partager, qu’en dis-tu ? Lequel trouves-tu le plus appétissant… ?

    La Transylvaine avait envie de la gifler pour lui remettre les idées en place. Au lieu de suivre ses basses pulsions, elle campa sur ses positions d’un ton monocorde :

    - Aucun. Je préfère me contenter de ce que l’on me donne.

    Génn soupira.

    - Comme tu voudras.

    - Si tu veux mon avis, n’essaie pas de convaincre Evan. Mattia est plus influençable.

    Sa camarade l’embrassa sur les deux joues.

    - Merci, la gratifia-t-elle d’un sourire. Je ne sais pas ce que je ferai sans toi.

    - Tu demanderais à Andrzej.

    †††

    Chapitre XXXVI

    N’importe quel visiteur se serait aperçu du triste état dans lequel se trouvaient Evan et Mattia. Bien qu’ils aient tiré les épais rideaux qui empêchaient habituellement la lumière du jour de filtrer, le manque de soleil ternissait leur peau. Palots, les traits tirés, débraillés et odorants à force de macérer dans les mêmes vêtements depuis leur séjour forcé au Manoir, ils perdaient foi.

    Même si on leur apportait, chaque jour, une perdrix ou un faisan en guise d’unique repas, ils finiraient par se laisser dépérir. Déjà, Mattia, malgré la faim qui lui tenaillait sans cesse l’estomac, perdait l’appétit. Quant à Evan, les migraines quotidiennes l’attaquaient sans répit : le cœur battant, il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il pensait souvent à son inhumaine geôlière. Cette prison de confort le rendait fou.

    Enfin, quelqu’un se soucia d’eux et de leur puanteur.

    Deux créatures aux dents pointues entrèrent sans s’annoncer. La propriétaire des lieux, qu’il reconnut aussitôt, fronça les narines, dégoûtée – pourtant, elle choisit de ne pas faire de remarque désobligeante.

    - Fermez les rideaux, ordonna Andrzej en guise de bonjour tandis qu’un faisceau éclatant agressait le duo de visiteurs.

    Mattia s’exécuta. Evan crut déceler une peur paranoïaque dans les pupilles du serviteur ; il lui semblait même avoir vu sa peau rougir un instant ou roussir. Détail qu’il retiendrait.

    Génesys s’avança de trois pas, l’air presque cordial. Elle portait une combinaison saillante qui épousait la moindre de ses formes. A sa garde, une courte épée. Le jeune homme eut un mouvement de recul instinctif.

    - Il est inutile de me craindre, les cajola la Quatrième, vos jours ne sont plus comptés. Vous êtes sous ma protection définitive.

    - Je suppose que nous devons vous remercier ?

    La vampiresse s’assit sur le bout de lit capitonné – se rapprochant un peu plus du garçon qui osait soutenir son regard de braise.

    - C’est inutile, je ne suis pas friande de remerciements.

    Aussi vite, elle claqua des doigts. Des domestiques se précipitèrent comme une nuée de corbeaux, en apportant avec eux de l’eau tiède, des objets de toilette et des vêtements propres.

    - Aimeriez-vous dîner du gibier ce soir ? en profita pour glisser Génn, langoureuse.

    - Pourquoi cette sympathie si soudaine ?

    Mattia ne posait pas de questions. Il observait, en retrait, de peur qu’on leur tende un piège.

    - J’ai mis du temps à comprendre que nous n’étions pas ennemis. Je veux donc vous rendre ce séjour agréable.

    - Vous pourriez nous être agréable en nous relâchant.

    - Mmh, vous savez bien que je suis contrainte de refuser… même si je peux faire exception de quelques promenades. En revanche, Andrzej vous a obtenu ça.

    - Faites-en bon usage, maugréa-t-il.

    Il tendit à la plus forte tête du binôme un laissez-passer avant de s’éclipser.

    - Vous pouvez vous rendre à la bibliothèque à toute heure de la journée ou profiter du patio, leur apprit Génesys.

    - Y-a-t-il une contrepartie ? se risqua Mattia.

    - Non, bien sûr que non. D’ailleurs, ce n’est pas la seule nouvelle. La bonne, juste en face de mes appartements, vient de déménager ses affaires : elle migre à un autre étage. Je pourrai ainsi respecter votre intimité tout en vous faisant installer près de moi. C’est plus prudent.

    - M-merci.

    - Si vous avez besoin de quoi que ce soit, accentua délicieusement la stryge en se relevant, vous saurez où me trouver. Je ne vous presse pas, prenez votre temps pour rassembler ce que vous désirez emporter.

    L’opération de séduction pour obtenir ce qu’elle convoitait était lancée.

    ***

    - Escorte-le jusqu’à la bibliothèque, j’ai besoin de rester seule un moment avec lui, décréta Génesys, sûre d’elle.

    Andrzej fit la moue.

    - Qu’y-a-t-il ? Mon plan ne te plaît pas ?

    - Je ne leur fais pas confiance.

    - Moi non plus, mais je sais ce qu’ils veulent si ardemment : la liberté. Ils ne sont que des otages de peu de valeur ici, leur situation est précaire : ils le savent et nous aussi. Puisqu’ils souhaitent la liberté, ils doivent la gagner.

    - Je n’aime pas la façon dont cet Evan te regarde.

    L’Ombre de Génesys se rapprochait chaque jour un peu plus d’elle. Puisqu’il était son bras droit, la Quatrième s’autorisait à lui faire des confidences et à entendre ses conseils bien souvent avisés, lui pardonnant sans mauvaise rancune son absence à Rozvan.

    - Il est à l’affût de la moindre de tes réactions. Il t’étudie.

    - Alors nous sommes deux et j’ai tout intérêt à mettre son ami sous mon influence.

    Sa décision était sans équivoque. Furtivement, elle regagna sa chambre et écouta attentivement leur échange sans être repérée.

    Quelques secondes plus tard, Evan répondait.

    - Je ne sais pas lire, brava-t-il en réponse à la proposition du vampire.

    Andrzej s’en sortit avec brio – même si, de toute façon, l’humain n’avait pas vraiment le choix – en le conviant à une visite de la bâtisse plutôt que de fureter dans les rayonnages de la bibliothèque. Plus les habitants du Manoir s’habitueraient à la présence de l’homme, moins leurs regards se révéleraient insistants et il se fondrait dans la masse.

    La voie était libre.

    La vampiresse, impatiente, réajusta sa nouvelle tenue puis sa parure : un pendentif en forme de lune enrichi d’une triade de saphirs. Sa robe grise, simple et évasée, laissait l’œil se fixer sur sa peau glabre.

    Ses coups répétés ébranlèrent la porte de la chambrette.

    - Mattia ? J’aimerais vous parler, prononça-t-elle sur un ton plus velouté que sa main leste.

    Le jeune homme, méfiant, répondit timidement :

    - A moi ? Pourquoi ?

    - Parce que vous me semblez le plus raisonnable, le flatta-t-elle. Puis-je entrer un instant ? Ce ne sera pas long.

    Le commerçant l’autorisa à entrer dans la loge et se força à sourire. Génesys referma la porte derrière elle, suscitant son inquiétude.

    - Je préfère l’intimité des chambres.

    Mattia se massa nerveusement l’arrière du crâne ; quelques plis barraient son front. Contrairement à son associé, son regard s’avérait fuyant. Il était évident qu’il vivait très mal son isolement. Ses traits juvéniles et les taches de rousseur autour de son nez accentuaient encore son manque d’assurance.

    Se balançant d’un pied sur l’autre, il demanda avec effort :

    - En quoi puis-je vous être utile ?

    - Vous ne suivez pas vraiment avec le décor et il serait de mauvais goût de vous retenir ici contre votre gré pour le restant de vos jours, commença-t-elle pour le mettre à l’aise en pesant finement ses mots. J’aimerais donc que vous me soyez utile, un temps. Ensuite, en guise de remerciements, je vous rendrai une certaine forme d’indépendance voire une liberté totale.

    Les yeux ambrés du Transylvanien pétillèrent.

    - Solenn désirait vous épargner ; moi, je désire vous rendre heureux de vivre.

    - Qu’aurais-je à faire pour vous ?

    - Faire un choix éclairé.

    Le concerné haussa un sourcil interrogateur.

    - Il faut qu’entre nous les termes du contrat soient clairs dès le début. Je ne cherche pas à vous tromper : il est impossible que vous retrouviez la douceur de votre foyer à Rozvan. Jamais plus, vous ne devez y retourner.

    La lèvre inférieure de Mattia, plus épaisse que la supérieure – remarqua Génesys – tremblota lorsque la sentence tomba comme un couperet. Bien qu’il la dépassait d’une bonne tête, sa grande taille ne parvenait pas à masquer sa sensibilité à fleur de peau.

    - Vous comprenez, nous préférons éviter de nouvelles morts inutiles et prendre le risque que vous ne répétiez à tout votre village ce que vous avez vu ici.

    Sa voix était calme, mesurée, sans une once d’agressivité ou de menace.

    - Il n’était pas si doux de toute façon…

    Le jeune homme ne flairait pas le mensonge. Tout ce qu’il humait, c’était le parfum floral de la Quatrième.

    - Soit vous partirez en exil à Bucarest… soit, mieux, nous devenons égaux.

    - Qu’êtes-vous en train de me promettre… ?

    - La vie éternelle. Est- ce que cette idée te plairait, Mattia ?

    Comme elle était belle, dans la simplicité de sa tenue. Et le temps n’aurait jamais d’emprise sur elle. Même s’il avait peur, il ne pouvait le nier.

    - J’ai besoin de réfléchir.

    - Vraiment ?

    Le sourire de la stryge était communicatif.

    - Voici donc ma requête : revêts l’habit de serviteur et travaille pour moi. Tu seras mes yeux et mes oreilles au sein

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1