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La Confrérie des Mages - Tome 5: Distorsion
La Confrérie des Mages - Tome 5: Distorsion
La Confrérie des Mages - Tome 5: Distorsion
Livre électronique221 pages5 heures

La Confrérie des Mages - Tome 5: Distorsion

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À propos de ce livre électronique

À l’aube d’une ère nouvelle où guerres et conflits retombent dans l’oubli, Lera et Alistair se préparent à célébrer leur union, promesse de jours meilleurs. De retour à Leivegan, la capitale, Mages comme guerriers baissent la garde. Lors d’une nuit de fête, tout bascule. L’orbe renfermant les terribles pouvoirs de Morleod est détruit, libérant une force dont on ne peut connaître les effets sur le long terme. Une traque sans pitié s’organise pour rechercher les auteurs de cette attaque malgré les signes à chaque jour plus prégnants. Pour Lera et Alistair l’évidence est là. Les forces occultes sont à la dérive, l’équilibre des éléments est rompu. Face au déni de leurs confrères, tous deux se lancent dans une nouvelle quête, certainement la plus difficile qu’ils aient menée jusqu’à aujourd’hui. Conscients d’être au pied du mur, les deux jeunes Mages envisagent toutes les possibilités, jusqu’à repousser les limites de leurs pouvoirs…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Originaire de Carcassonne, Emmanuelle Ferré arpente toute son enfance les remparts de la cité médiévale, mille histoires en tête. C’est à Nantes qu’elle découvre une atmosphère propice à l’écriture. Son univers ? Un monde médiéval à la fois imaginaire et réaliste, foisonnant et mystérieux. Car le Moyen Âge représente une longue période florissante, mêlant festivités, art, voyages et grandes explorations…
LangueFrançais
ÉditeurLibre2Lire
Date de sortie20 sept. 2021
ISBN9782381571898
La Confrérie des Mages - Tome 5: Distorsion

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    Aperçu du livre

    La Confrérie des Mages - Tome 5 - Emmanuelle Ferré

    Chapitre 1

    La croisée des chemins

    La vie, ici, suivait son cours. Cette ville en reconstruction voyait peu à peu sa population revenir, ses commerces rouvrir et les activités reprendre. Les seigneurs du nord du royaume de Ceralba prenaient possession des places fortes que leur attribuait le traité de paix et s’en retournaient dans leurs provinces. La domination royale maintenue sur Aubran et décidée par ce même traité se précisait également. Les troupes conduites par Darius Massa, souverain sorti victorieux de cette guerre, s’implantaient, fières de reconquérir la capitale.

    C’était indéniable. La vie, ici, suivait son cours. Pour Lera, il était grand temps qu’il en soit de même avec sa propre existence. Sa présence à Aubran n’avait que trop duré. Du haut du pont principal qui reliait le château au centre, tout lui rappelait la bataille qui avait si durement meurtri ce lieu. La myriade d’îlots et d’habitations aux façades multicolores que recelait Aubran. Son château juché sur l’île principale, reconnaissable au loin par ses hautes murailles qui dominaient le fleuve Meglan. Ses somptueux jardins, sur toute la partie est de l’imposante bâtisse. La double rangée de fortifications, dont la plus extérieure avait été érigée par les Dissidents durant la campagne pour renforcer la défense. Et enfin, ce lieu où le combat s’était achevé. Cette galerie à arcades construite en travers du fleuve et aujourd’hui en grande partie détruite.

    Dans un premier temps, Lera s’était laissée griser par la victoire. Maintenant que le conflit était derrière eux, elle ne pouvait oublier les moments décisifs qui avaient précédé son terme. Morleod qui s’en prenait si cruellement à elle, ses vaines tentatives de lui transmettre ses pouvoirs, ces heures interminables de lutte et de souffrance, et pour finir, ce qu’il révéla à ses frères, avant d’être anéanti par les éléments célestes. La folie qui s’était emparée de son âme, son obsession de faire renaître les forces occultes, ses pouvoirs incontrôlables hérités de leur mère, ces mêmes pouvoirs qui avaient emporté la vie de la Reine, alors que tout désignait Tasgall Venacher, son époux, coupable de ce crime.

    Elle serra très fort la main d’Alistair dans la sienne. Les jours qui avaient suivi la fin des combats paraissaient moins chaotiques à ses côtés. Pourtant lui-même était en proie à la confusion. Ces réponses qu’il cherchait depuis si longtemps ne l’avaient pas laissé indemne. Ressentant son mal-être, Lera tentait de lui parler mais les mots ne venaient pas.

    Le départ avait été fixé au jour suivant et elle en était grandement soulagée. Encouragée par Alistair, elle avait décidé de se lancer dans une nouvelle quête. Certes, elle était arrivée au bout des recherches menées tout au long de la campagne. Les manuscrits d’Ewenlod n’avaient plus de secret pour elle. Lera avait malgré tout le sentiment que cette tâche restait inachevée et qu’il ne tenait qu’à elle de la poursuivre. Sa décision prise, elle le fit savoir à Alistair, lui qui l’avait mise sur la voie.

    Bien décidée à aller au bout de son idée, Lera hasarda une question.

    À cet instant précis, elle comprit qu’étudier et comprendre les pouvoirs d’Indreas serait la seule façon de se libérer de son emprise. Alistair lui adressa l’un de ses habituels regards indéchiffrables puis l’approuva.

    Accoudés au pont, ils suivaient les allées et venues des troupes royales qui s’activaient plus bas. Un évènement important se préparait, le dernier de cette campagne. Darius avait l’intention de prononcer un discours d’adieu devant l’ensemble de ses troupes et de ses alliés. Deux rues plus loin, Graham et Karin menaient les membres respectifs de leur organisation jusqu’au campement installé à proximité des remparts. Ces derniers jours, le Directeur de la Confrérie et la meneuse des mercenaires ne passaient pas un moment l’un sans l’autre. Lera contint un rire en se remémorant leur rencontre houleuse, quelques mois plus tôt. Furieuse d’apprendre qu’une autre assemblée de Mages allait rejoindre l’armée, Karin avait exigé que les membres de la Confrérie plient bagage alors qu’ils venaient tout juste d’arriver. La jeune femme craignait qu’ils lui fassent de l’ombre et n’avait pas mâché ses mots pour le leur signifier.

    Elle était consciente qu’elle-même aurait beaucoup de mal à faire ses adieux à tous ses compagnons d’armes rencontrés au cours de ce périple.

    Il haussa les épaules et se mit en marche. Tous deux prirent la direction du campement. En chemin, Lera eut beau le questionner, il ne lui dit rien de plus.

    *

    Ce fut avec une grande ferveur que le jeune Roi remercia ses alliés de lui avoir si ardemment prêté main-forte. Darius n’avait pas toujours su faire preuve de bon sens. C’était en revanche un jeune homme énergique, audacieux, désireux d’entreprendre. Il avait déjà en tête de nombreux projets pour Aubran qui retrouvait son statut de capitale. Une fois qu’il les eut exposés, il donna la parole à son cousin. Edme Venacher, souverain du royaume de Tanera, avait pour sa part vaillamment mené les troupes alliées malgré les différends qui opposaient les deux hommes. Il assura sans l’ombre d’une hésitation que l’avenir du royaume de Ceralba était entre de bonnes mains. Il eut ensuite une pensée pour les seigneurs des terres du Nord, ce camp adverse qui jouerait un rôle crucial dans la construction de cet avenir. Puis il s’en tint à cette déclaration. À la surprise générale, il laissa sa fille, la princesse Yvanne, aller au bout de ce discours. Il n’était pas prévu qu’elle s’exprime et toute l’assemblée réunie en ce moment même fut prise au dépourvu.

    Yvanne se tut un court instant. Elle balaya l’assemblée du regard. Chacun l’écoutait avec attention et attendait qu’elle poursuive.

    Il fut un temps où la pratique des forces occultes se faisait dans la plus grande discrétion. C’était même l’une des principales règles que les membres de la Confrérie s’imposaient jusqu’à ce que Mages et guerriers combattent dans les mêmes rangs. Ainsi, ce voile de mystère qui longtemps entoura les forces occultes s’était peu à peu levé.

    Sur ces dernières paroles, Yvanne s’inclina humblement, un large sourire sur le visage. Un tonnerre d’applaudissements vint clore son discours. À tout juste quinze ans, la jeune fille était dotée d’un charisme indéniable. Elle n’avait que onze ans lorsque Lera avait fait sa rencontre. Son aplomb, sa force de caractère s’étaient affirmés au fil du temps. Par-dessus tout, Yvanne avait un grand cœur, une qualité qu’elle tenait de son père. Celui-ci vint vers elle, visiblement ému.

    Yvanne le dévisagea, à son tour très émue. Il lui prit la main et la porta à ses lèvres.

    Tous deux rejoignirent leur cousin et saluèrent la foule en liesse. Darius annonça la fin du rassemblement. L’assemblée se dispersa, les allées du campement se remplirent de monde et chacun s’en retourna à ses occupations.

    Lera se fraya un chemin jusqu’au campement de ses confrères. Avant que le discours ne commence, Graham l’avait prévenue qu’il souhaitait lui parler. Elle n’eut pas à le chercher longtemps. Il était en grande conversation avec Darius qui remerciait personnellement les membres de la Confrérie d’avoir secondé son armée. Cependant, il sembla à Lera que la discussion traînait en longueur et qu’à travers les propos de Darius il n’était plus réellement question du soutien de la Confrérie.

    Lorsque Lera arriva, il reporta son attention sur elle.

    Elle salua le jeune homme en retour.

    Puis il s’approcha subrepticement de Lera et lui caressa la joue.

    Lera commençait à être habituée à ses manières douteuses et ne lui en tint pas rigueur.

    Graham, qui s’était mis à l’écart, toussota bruyamment. En guise de réponse, Darius lui adressa un regard noir. Il marmonna quelques mots incompréhensibles avant de faire demi-tour, laissant Lera et Graham seuls. Tous deux marchèrent en silence à travers le campement qui à présent fourmillait de monde. Le départ étant proche, une grande fébrilité se faisait sentir. Chacun mettait du cœur à l’ouvrage pour que les troupes soient prêtes à prendre la route le lendemain à la première heure.

    Lera observa Graham brièvement, un air sombre avait envahi son visage. Elle devina que ses interrogations, il les portait en lui depuis longtemps, peut-être même depuis qu’il avait été nommé Directeur de leur organisation. Elle fut heureuse qu’il se confie à elle.

    Graham ralentit le pas et dirigea un regard indécis vers Lera.

    Lera ne fut pas surprise par cette question, d’autant plus qu’elle y songeait depuis quelque temps déjà. Dès l’instant où elle décidait de poursuivre l’œuvre de Lorhian, l’idée de partager le fruit de ses recherches lui parut de moins en moins absurde.

    En entendant ces paroles, Lera frissonna. Eoghan Rannoch, l’ancien Directeur de la Confrérie, faisait partie des Mages hantés par l’idée que les forces occultes étaient vouées à disparaître. Elle repensa à ce qu’avait dit Morleod, le concernant. Jamais Rannoch n’avait été son allié. Il l’avait dépossédé de son existence en exigeant de lui l’impossible : restaurer l’équilibre perdu de ses pouvoirs.

    Graham lui tapota l’épaule puis s’éloigna. L’espace d’un instant, Lera se demanda si lui aussi n’avait pas en tête quelque projet de vie concernant une certaine jeune femme rencontrée il y a peu.

    Pour l’heure, Lera songea au banquet d’adieu qui devait avoir lieu ce soir dans les jardins du château. Darius y avait convié son cousin et les administrateurs des trois contrées indépendantes. Il était déjà tard, Lera se dépêcha de s’y rendre. Elle traversait le campement des mercenaires au pas de course quand des éclats de voix attirèrent son attention, des voix familières qu’elle reconnut aussitôt. Pour ne rien changer à leurs habitudes, Karin et son frère se disputaient, indifférents au raffut qui ameutait tout le campement.

    La jeune femme eut un rire narquois.

    Frappée de stupeur, Lera écouta malgré elle ce qu’ils se disaient. Karin demeura un instant silencieuse.

    Darius se passa une main nerveuse sur le visage.

    À cet instant, une jeune fille brune aux cheveux mi-longs coiffés à la va-vite surgit de derrière une tente. Il s’agissait de Klara, fille d’Othon Cavel, l’un des chefs de la rébellion qui avait activement contribué à la paix. La petite avait hérité des pouvoirs de Morleod et avait été forcée de combattre. Âgée de quatorze ans, c’était une jeune fille vaillante qui n’en donnait pas l’impression tant elle était nerveuse et maladroite. Elle resta plantée devant Darius et sa sœur et, ne sachant visiblement comment se comporter, leur coupa la parole.

    D’une voix doucereuse, Karin demanda à la petite de répéter.

    Darius regarda successivement sa sœur et la jeune fille qui se tenait devant lui, raide comme un piquet, puis éclata de rire. La réponse de Karin le fit taire sur-le-champ.

    Karin laissa son frère pantois puis s’en fut. Apercevant Lera plus loin, il soupira longuement.

    La petite paraissait maintenant sur le point de pleurer. Lera vint vers elle et la réconforta.

    Klara bredouilla quelques mots de remerciement puis déguerpit. Lera jeta un coup d’œil à Darius. À l’expression troublée de son visage, elle ne sut que lui dire.

    Puis elle s’approcha de Darius avec un sourire taquin.

    Darius sortit de sa torpeur et leva ses yeux d’un bleu intense vers Lera. Le sérieux qu’elle lut dans ce regard habituellement frivole la surprit.

    Lera se tut, soufflée. C’était la première fois que Darius lui parlait avec une telle sensibilité. Il s’approcha d’elle, déposa un baiser sur son front et partit aussi soudainement que sa sœur.

    En proie à une vive émotion, Lera le regarda s’éloigner sans rien répondre. Elle réalisa qu’elle n’avait pas été la seule à suivre cette conversation. Tout autour, les mercenaires vaquaient à leurs occupations. Ils s’écartèrent et laissèrent passer Alistair qui vint à sa rencontre. Il la prit dans ses bras, l’attira tout contre lui.

    Alistair répondit par un hochement de tête. À son air assuré, Lera comprit qu’il était au courant depuis belle lurette.

    Le banquet allait bientôt commencer, ils se hâtèrent de regagner le château. En arrivant, ils interrompirent Darius et les administrateurs des trois contrées au beau milieu d’une discussion animée. Le jeune homme était à nouveau plein d’entrain et pour leur part, les trois administrateurs semblaient ravis d’être là ce soir, eux qui avaient joué un rôle crucial lors de la bataille d’Aubran. Naoise Wardenan, ses quatre fils, Sachairi Correnaigh et Seona, son épouse, ainsi qu’Helen et Darech Walraven, tous avaient répondu présent.

    La jeune génération était également bien présente si l’on se fiait à leurs rires et bavardages incessants. Niven et Edan, les deux aînés des Correnaigh ainsi que Rory Invegon, fils du Premier Conseiller du village d’Eghenell attendaient Lera avec impatience. Yvanne se trouvait parmi eux et tous ces jeunes gens n’avaient d’yeux que pour elle. Lera et Alistair s’empressèrent de les rejoindre.

    La nuit tombait, enveloppant le château et ses jardins d’une fraîcheur moite. Un grand brasero fut allumé et une fois le repas terminé, chacun prit place tout autour. Une ambiance joviale s’installa à mesure que les convives partageaient leur enthousiasme d’être bientôt de retour dans leur foyer. Très vite, les futurs mariés furent au centre de la conversation. Ainsi qu’ils l’avaient souhaité, leur union serait célébrée à Eghenell, le lieu même de leur rencontre.

    Du jour où les membres de la Confrérie avaient été appelés en mission dans la contrée des Bocages Mauves, Lera gardait une impression à la fois heureuse et confuse. L’arrivée des Mages bouleversa le cours de son existence. Tout avait commencé par l’éveil de ses pouvoirs puis sa décision de quitter Eghenell et les Correnaigh avec qui elle vivait depuis l’âge de cinq ans. À cette période, elle ne gardait aucun souvenir de ses parents disparus dans des conditions mystérieuses. Ce fut d’ailleurs le plus grand chamboulement qu’elle devait vivre car en même temps qu’elle se familiarisait avec ses pouvoirs, son passé refaisait surface. Au cours de son apprentissage, le lien qui s’était créé entre Alistair et elle, tissé par leurs sentiments mutuels, devint plus fort en découvrant que l’instructeur du jeune Mage et le père de Lera n’était qu’une seule et même personne. Désormais tous deux connaissaient la vérité sur la disparition de Lorhian Ewenlod. L’acceptaient-ils pour autant ? Au moment de ranger son journal dans le coffre des manuscrits, Lera avait longuement pleuré en songeant que cette personne qui avait tant compté dans leur vie ne serait pas présente à leurs noces.

    Au fil de la conversation, leur famille en vint à évoquer des souvenirs d’enfance. Sachairi fut le premier à se laisser prendre au jeu. Il raconta à qui voulait l’entendre que sa petite tête brûlée n’avait pas froid aux yeux, enfant. Plus jeune, Lera préférait la compagnie des garçons, leurs jeux turbulents et leurs innombrables défis. Plus d’une fois, les Correnaigh s’étaient fait des cheveux blancs en surprenant leur fille perchée dans les arbres les plus hauts du village.

    Lera se tourna vers Alistair, un sourire en coin.

    Les regards se portèrent sur les deux jeunes gens qui à cet instant précis donnaient l’impression d’avoir oublié ce qu’il se passait autour d’eux. Ils échangèrent un baiser, doucement pour commencer, puis avec plus d’insistance. Comme cela arrivait fréquemment ces derniers jours, Sachairi croyait bon de les interrompre.

    En réalité, son entêtement à ce que Lera et Alistair se tiennent à bonne distance amusait tout le monde.

    Sachairi lui fit signe de parler moins fort.

    Tous partirent à rire. Seona et Lera se mirent en retrait puis bavardèrent ensemble. À leur grand regret, ces occasions se faisaient de plus en plus rares.

    Cette nouvelle la mit en joie tant elle avait à cœur de respecter les coutumes auxquelles Seona faisait référence. Au sein des trois contrées, un mariage représentait avant tout l’union de deux familles. Pour symboliser cette union, le marié devait être accompagné par la mère de la mariée, en l’occurrence Seona. La mariée, elle, était menée à son futur époux par le père de celui-ci. Tasgall Venacher n’étant plus de ce monde, Seona avait demandé à Edme d’assurer ce rôle. Lera aurait dû s’en réjouir, elle se demanda toutefois si cette faveur était bien méritée.

    La soirée s’acheva dans la bonne humeur. Les discussions se firent plus rares, plus feutrées. Personne n’était pressé de se quitter mais le temps passait et Darius finit par raccompagner ses invités. Les adieux s’éternisèrent. L’émotion était palpable, tout le monde se mit à parler en même temps, quelques larmes furent versées. Au milieu de cette cacophonie, Lera se rendit compte qu’Helen et Edme s’étaient isolés et se parlaient tout bas. Si elle ne pouvait les entendre, elle remarqua en revanche un geste furtif qui la laissa interdite, cette main qu’Edme posa délicatement sur l’épaule de la jeune femme et qui s’y attarda, un court instant. Ses yeux rivés aux siens, Helen lui murmura quelques mots en retour. Le son de sa voix était si doux et enjôleur qu’un baiser aurait pu produire le même effet.

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