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Meurtre au Magic Cakes Café
Meurtre au Magic Cakes Café
Meurtre au Magic Cakes Café
Livre électronique338 pages4 heures

Meurtre au Magic Cakes Café

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À propos de ce livre électronique

Quand Evelyn Eldritch est frappée par la foudre, elle reçoit plus qu’une décharge électrique : elle hérite des pouvoirs magiques d’une sorcière !

Comme si ça ne suffisait pas, elle apprend la nouvelle choquant de l’assassinat de sa mère biologique. Avec son meilleur ami à ses côtés, Evelyn se rend au village pittoresque de Maiden-Upon-Avon, où elle découvre une communauté de loups-garous, de sorcières et de vampires ! La cerise sur le gâteau ? Sa rencontre avec un beau policier bourru qui fait chavirer son cœur.

Entre le café de sa mère, les habitants étranges de ce village et son apprentissage de la magie, Evelyn est débordée. Les choses empirent quand une autre victime est retrouvée pendant une rencontre locale de cricket. Avec une liste grandissante de suspects et une suite d’incidents surnaturels, la jeune femme s’embarque dans des aventures… ensorcelées !

Avec ses touches de nostalgie rétro et d’humour, Meurtre au Magic Cakes Café vous propose d’explorer une Angleterre magique où les rebondissements s’enchaînent. Préparez-vous une tasse de thé, installez-vous confortablement et découvrez cette histoire électrisante !

LangueFrançais
ÉditeurRosie Reed
Date de sortie7 juin 2023
ISBN9781667458090
Meurtre au Magic Cakes Café

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    Aperçu du livre

    Meurtre au Magic Cakes Café - Rosie Reed

    Meurtre au Magic Cakes Café

    Rosie Reed

    ––––––––

    Traduit par Marlène Laurençon 

    Meurtre au Magic Cakes Café

    Écrit Par Rosie Reed

    Copyright © 2023 Rosie Reed

    Tous droits réservés

    Distribué par Babelcube, Inc.

    www.babelcube.com

    Traduit par Marlène Laurençon

    Babelcube Books et Babelcube sont des marques déposées de Babelcube Inc.

    Meurtre au Magic Cakes Café

    Sommaire

    Prologue.........................................................................3

    Chapitre 1........................................................................5

    Chapitre 2........................................................................7

    Chapitre 3.......................................................................13

    Chapitre 4.......................................................................17

    Chapitre 6.......................................................................25

    Chapitre 7.......................................................................33

    Chapitre 8.......................................................................43

    Chapitre 9.......................................................................48

    Chapitre 10......................................................................54

    Chapitre 11......................................................................57

    Chapitre 12......................................................................66

    Chapitre 13......................................................................71

    Chapitre 14......................................................................77

    Chapitre 15......................................................................80

    Chapitre 16......................................................................85

    Chapitre 17......................................................................92

    Chapitre 18......................................................................97

    Chapitre 19.....................................................................105

    Chapitre 20.....................................................................110

    Chapitre 21.....................................................................119

    Chapitre 22.....................................................................123

    Chapitre 23.....................................................................125

    Chapitre 24.....................................................................130

    Chapitre 25.....................................................................137

    Chapitre 26.....................................................................142

    Chapitre 27.....................................................................146

    Chapitre 28.....................................................................150

    Chapitre 29.....................................................................155

    Chapitre 30.....................................................................159

    Chapitre 31.....................................................................165

    Chapitre 32.....................................................................167

    Chapitre 33.....................................................................174

    Chapitre 34.....................................................................178

    Chapitre 35.....................................................................181

    Chapitre 36.....................................................................187

    Chapitre 37.....................................................................190

    Chapitre 38.....................................................................197

    Livre Deux — Le Cri d’Effroi d’Une Nuit d’Été..............................................201

    Chapitre 1......................................................................202

    Chapitre 2......................................................................206

    Prologue

    Mardi

    Comme on pouvait s’y attendre, tout commença par un meurtre.

    Mais avant, un peu de magie. On choisit une carte, n’importe laquelle...

    Marilyn Eldritch, sorcière chevronnée, était assise à sa table préférée du Magic Cakes Café. Elle piocha dans son vieux paquet une carte de tarot qu’elle posa à plat : la Mort.

    Oh, non ! Quelqu’un allait mourir ce soir ! Un coup de tonnerre menaçant gronda dans les cieux. Pour tenter de calmer ses nerfs, Marilyn versa son alcool favori dans son café. Comme disait toujours sa mère Joanie : pour un corps pimpant et une longue vie, on oublie le lait et on ajoute du whisky.

    Marilyn prit une gorgée de son Irish coffee, se prépara mentalement puis abattit ses deux cartes de tarot suivantes.

    L’Impératrice et le Valet de Coupe. La maternité et les enfants...

    Et la Mort ?

    Elle observa les cartes. Peut-être était-ce une référence indirecte à Leia, sa jeune apprentie. Plus tôt dans la journée, Leia avait laissé traîner le livre de sorts sacré de Marilyn devant un client humain. Marilyn comptait lui en toucher deux mots demain. Bien entendu, elle n’allait pas la tuer pour autant.

    Elle versa une autre larme de whisky dans son café qu’elle but lentement.

    Qu’est-ce que ces cartes essayaient donc de lui dire ? Avec appréhension, elle pensa que ça pouvait peut-être se référer à Evelyn, sa fille. Cela lui avait brisé le cœur d’avoir eu à l’abandonner vingt-sept ans plus tôt, mais elle avait dû la cacher pour la protéger d’Eux.

    Et s’ils l’avaient retrouvée ?

    Marilyn s’empara de son miroir magique. Elle eut le souffle coupé lorsque sa prémonition lui montra Evelyn, perchée dans un arbre au milieu d’une tempête, en train de sauver un chat. Evelyn allait-elle faire une chute fatale ? Était-ce là ce que voulaient dire les cartes de tarot ?

    Elles ne s’étaient jamais rencontrées (à l’exception d’une fois, bien sûr), mais Marilyn décida qu’elle devait tenter d’avertir Evelyn. On ne pouvait pas ignorer la Mort et Evelyn était impliquée d’une façon ou d’une autre. Même si elle n’était pas assez bête pour monter dans un arbre au milieu des éclairs, chat ou non. Seule une idiote ferait ça.

    Marilyn finit son café, saisie d’effroi face à la carte de la Mort. Soudain, une vague de nausée la prit. Sa température grimpant en flèche jusqu’à l’ébullition, elle comprit enfin la prédiction épouvantable du tarot.

    Elle jeta un coup d’œil en direction de la bouteille de whisky.

    Oh, mazette...

    Elle s’avachit en avant et, quand elle perdit connaissance, elle ne pensa qu’à Evelyn. Elle pria pour que sa fille vienne à Maiden-Upon-Avon : même faible et agonisante, Marilyn Eldritch n’était pas sorcière à laisser une chose aussi simple que la mort lui gâcher la vie.

    Chapitre 1

    Mercredi

    Un orage dans une rue minable de Londres. Un accident quasi mortel impliquant un chat, un arbre et la foudre...

    On pourrait penser que seul un idiot grimperait aux arbres pendant une tempête. La combinaison fatale de l’eau et de l’électricité est bien connue de tous ceux qui possèdent au moins une moitié de cerveau. Mais voilà que je me trouvais à six mètres du sol, agrippée à une branche humide, prête à être grillée comme le monstre de Frankenstein.

    Les giboulées de mars, ça a l’air si doux et si paisible, n’est-ce pas ? J’étais complètement terrifiée. C’était la faute de la chatte débile de ma sœur, qui s’était échappée en se dandinant quelques instants plus tôt lorsque j’étais sortie avec la poubelle. Un coup de tonnerre retentissant avait fait bondir Princesse sur les branches de cet arbre et j’y étais bêtement montée pour la secourir.

    La mort jouait ses meilleures cartes.

    Le vent soufflait en violentes rafales. J’étais secouée comme un cheval sauvage en pleine ruade. J’encerclai désespérément le tronc, criant à travers les trombes d’eau :

    — Princesse, viens-là, espèce de coussin trop rembourré !

    Elle cracha quand je voulus attraper son collier en strass.

    — J’essaie de t’aider, imbécile de chat !

    Elle recula. Je remuai un peu plus le long de la branche en m’étirant de tout mon long pour pincer la peau de son cou. Elle gémit lorsque je l’attirai à moi. Puis je coinçai son corps gigotant contre mes côtes.

    Bien. Comment allais-je redescendre maintenant ?

    Le vent violent battait contre ma branche qui émit un craquement. Oh mazette, non ! Je me retins à la force d’un seul bras alors que Princesse se débattait, hurlant comme si tout était de ma faute !

    — Et alors, qu’est-ce qui t’a pris de monter là-haut ? lui criai-je. Je sais qu’on ne s’entend pas, mais tu ne veux certainement pas que je sois foudroyée ?

    Pour toute réponse, un éclair énorme s'abattit sur moi. La foudre me secoua jusqu’aux os et m’illumina comme un sapin de Noël.

    — Aaah !

    Au moins, je n’avais plus à réfléchir à la façon dont j’allais descendre. Je serrai fort contre moi le matou qui poussait des cris stridents alors que, dans notre chute, nous nous dirigions toutes les deux droit vers le sol.

    On dit que notre vie défile devant nos yeux quand on se retrouve face à la mort. Mais, alors que l’impact se faisait imminent, mes pensées ralentirent : je considérai à quel point il était sale de laisser nos poubelles sur le trottoir tous les mercredis. Heureusement, ce fut cette pratique civique peu hygiénique qui me sauva. J’atterris avec fracas sur une pile de sacs-poubelle mous qui arrêtèrent ma chute et m’empêchèrent de me briser la nuque.

    Je restai allongée là un instant, trempée jusqu’aux os, retenant ma respiration face à l’odeur rance qui assiégeait mes narines. Princesse était toujours dans mes bras et je trouvais du réconfort dans son petit corps gorgé d’eau qui crépitait encore d’avoir été frappé par la foudre.

    Je m’assis avec un grognement, véritablement électrisée. Puis, tendant l’oreille dans les hurlements du vent, je m’aperçus que mon téléphone sonnait dans ma poche.

    J’allais bientôt savoir que cet appel allait changer ma vie pour toujours.

    Je retirai mes cheveux mouillés de ma bouche.

    — Allô ? Evelyn, j’écoute ?

    La voix à l’autre bout du fil était jeune et douce :

    — Bonjour Evelyn. Vous ne me connaissez pas, mais je m’appelle Leia Lucas (oui, mes parents sont fans de Star Wars.).

    — Euh... D’accord ?

    — Je suis une amie de votre mère biologique. Enfin, je l’étais. Je suis désolée d’avoir à vous l’annoncer, mais... Marilyn a été assassinée !

    Chapitre 2

    Jeudi

    — Evelyn ? Tu veux du thé ?

    —  Euh, quoi ?

    Pourquoi le monde tremblait-il et grondait-il sous mes pieds ? J’ouvris les yeux dans un sursaut. Où étais-je ? Ah, c’était vrai, dans un train en direction du village de Maiden-Upon-Avon. Je n’avais presque pas fermé l’œil de la nuit, toujours en état de choc, ressassant le coup de téléphone de Leia. J’avais dû m’assoupir.

    — Je t’ai pris du thé à la voiture-restaurant, me dit mon neveu Luke en me tendant un gobelet en carton.

    — Merci, mon chou, c’est juste ce qu’il me faut.

    Les gens trouvaient souvent étrange que j’aie un neveu de vingt-et-un ans, moi qui n’en avais que vingt-sept. Mais Luke était le fils de ma sœur Gemma qu’elle avait eu lors de son premier... Batifolage.

    Gemma avait dix ans de plus que moi. Mes parents n’avaient pas pu lui donner de compagnon de jeu ; c’est pourquoi ils décidèrent de m’adopter. Mais Gemma avait alors seize ans et elle avait créé elle-même son propre petit camarade. Ainsi, Luke et moi avions grandi dans la même maison. Avec seulement six ans d’écart, il était comme un petit frère pour moi. Plus encore, il était mon meilleur ami.

    Il étudiait à l’université Imperial de Londres pour devenir médecin. J’étais si fière de lui !

    Mais, malgré tout l’amour que j’avais pour lui, c’était de sa faute si je me trouvais désormais dans ce train en direction de mon destin. Ou du moins de Swindon[1]. Leia avait précisé que c’était là qu’il faudrait changer pour Maiden-Upon-Avon.

    — Ce sera une aventure, avait-il dit quand je lui avais raconté le coup de téléphone de Leia. C’est mieux que de se morfondre à Londres. Tu as dit que tu voulais échapper au chaos de vivre avec maman, Jack et les jumelles.

    J’étais reconnaissante envers Gemma de me soutenir après une énième relation ratée, car je n’aurais eu d’aucune façon les moyens de payer seule un de ces ridicules loyers londoniens. Mais il m’était difficile de vivre avec mes très jeunes nièces. Quant à Princesse...

    — Ne t’inquiète pas tant, Evie, me dit Luke en s’installant confortablement dans le siège en face du mien. Nous allons juste y faire un tour et voir de quoi il retourne. On peut repartir quand on veut.

    — Espérons-le, plaisantai-je en prenant quelques gorgées de mon thé. On connaît tous la fin de ces films d’horreur qui se déroulent dans ce genre de petite bourgade pittoresque.

    Luke secoua la tête avec un rire :

    — Je suis sûr que tout ira bien.

    Des derniers mots célèbres...

    Lorsque le train fit halte dans une gare, mes yeux s’arrêtèrent sur deux policiers à l’allure de chars de combat qui portaient des armes semi-automatiques.

    — Je n’arrive pas à m’habituer à les voir armés.

    — Et avec des gilets pare-balles, ajouta Luke.

    — Je suppose qu’ils doivent se protéger à Londres. Ils affrontent les créatures les plus terrifiantes et les plus dépravées.

    Luke acquiesça.

    — En parlant de ça, qu’a pensé Maman à propos de nos aventures imprévues à Maiden-Upon-Avon ?

    — Eh bien, soupirai-je, au début, elle était agacée parce qu’elle voulait que j’aille chercher les filles après la garderie. Puis elle s’est calmée, car elle croyait t’avoir toi pour le faire.

    — Ah, zut !

    — Quand j’ai dit que je t’emmenais avec moi, elle a répondu que j’étais égoïste. Que je ne pensais pas à ce que ressentiraient papa et maman en me voyant partir par monts et par vaux à la recherche de mon passé.

    Luke, pour qui il était facile d’imaginer cette confrontation avec sa mère, leva les yeux au ciel.

    — Au moment du départ, elle a ajouté que s’enfuir ainsi était irrationnel et irréfléchi, que je ferais mieux d’essayer de trouver du travail et de mettre de l’ordre dans ma vie.

    — Oui, répondit Luke. J’imagine que tu as hâte de retrouver un autre de ces palpitants postes de haute volée en tant qu’assistante administrative dans une boîte de carrelage de salle de bain.

    Je laissai échapper un petit rire.

    — Il faut dire que le prêt étudiant de mon diplôme de psychologie ne va pas se rembourser tout seul. Et se former pour être thérapeute, ce n’est pas donné.

    — Ça vaut bien chaque centime, rétorqua Luke. Tu seras une psy géniale.

    — Oh, merci, mon chou.

    Le train poursuivait son chemin en vrombissant.

    — Voir où vivait ta mère biologique te fera du bien, reprit Luke.

    — C’est vrai, m’égayai-je. Je n’ai pas dormi de la nuit à la pensée que j’aurais dû contacter Marilyn quand j’en avais la possibilité. Mais j’ai laissé maman, papa et Gemma me convaincre que la rencontrer serait trop dur à gérer. C’était trop dur à gérer pour eux, en fait.

    — Tu prends la bonne décision, Evie. Nous prenons la bonne décision. Avoir une mère absente, je sais ce que c’est. Et je ne connais pas mon père moi non plus. C’est la raison pour laquelle on s’est toujours serré les coudes.

    — Je sais. Depuis le premier jour, on a été uni par le fait qu’on n’avait pas tout à fait notre place.

    — Mais on a bien ri, n’est-ce pas ?

    — Ça, oui, répondis-je dans un sourire. Je suis tellement contente de t’avoir eu à mes côtés, mon chou. De t’avoir toujours.

    — Moi aussi.

    C’était une belle journée ensoleillée, le calme après la tempête de la nuit précédente. Je m’enfonçais dans mon siège. Je m’autorisais à me détendre à la perspective de cette aventure et à apprécier la beauté du printemps de mon merveilleux pays. Des prés verts et des nuages blancs cotonneux, encadrés par le ciel bleu, défilaient par les fenêtres sales. Ça m’apaisait.

    Luke s’avachit et posa ses pieds sur le siège à côté du mien.

    — Les trains, c’est comme des machines à voyager dans le temps.

    — Des portails vers des endroits magiques !

    — Ouais, comme Swindon, plaisanta-t-il en riant.

    — La ville de Slough, ajoutai-je de ma meilleure voix de doublage de bande-annonce.

    — West Drayton[2] !

    Nous rîmes comme des enfants. Sans que je me l’explique, le simple fait de prononcer des noms de lieux avec Luke était drôle.

    — Alors, qu’a dit cette personne, Leia, quand tu l’as rappelée ? demanda Luke en revenant à nos affaires.

    Par les fenêtres, j’observais le paysage vert qui défilait.

    — Eh bien, elle pense que Marilyn a été assassinée. Mais la police et le médecin légiste ont conclu au suicide.

    — Vraiment ? Pourquoi saurait-elle mieux que la police ou le légiste ?

    — Je crois qu’elle connaissait très bien Marilyn. Elle affirme qu’elle n’était pas du tout suicidaire.

    Luke me regarda d’un air perplexe.

    — Et elle, c’est qui exactement, cette Leia ?

    Je me frottai le front en essayant de tout remettre en ordre dans ma tête.

    — Leia a dit que Marilyn possédait un café qui s’appelle le Magic Cakes. Il se trouve sur le terrain d’une demeure historique.

    — Sympa.

    — Oui. Leia est sa serveuse et son apprentie.

    — Son apprentie ? demanda Luke en fronçant les sourcils. Comment ça ?

    — Je ne sais pas vraiment. Elle a l’air d’avoir un grain, si tu veux mon avis. Gentille, mais...

    — Un grain ?

    — Elle racontait des choses bizarres.

    Une contrôleuse des billets pénétra dans notre wagon. Luke retira ses pieds du siège en toute hâte. Même à vingt-et-un ans, il avait peur d’être réprimandé par un adulte. Je le comprenais : Gemma pouvait être terrifiante quand elle n’était pas d’humeur.

    Ce que Luke avait oublié cependant, c’est qu’il était désormais un beau blond bien bâti d’un mètre quatre-vingt. Les gens perdaient le sens des réalités en l’observant. Une fois, une femme qui était trop occupée à le mater s’était pris un lampadaire en pleine face — boum ! Luke s’était précipité pour lui apporter un secours médical. Ça avait peut-être été le plan de cette femme depuis le début...

    En plus, Luke était charmant, gentil et attentionné. Voilà pourquoi il finissait toujours dans de mauvaises relations. Ça désorientait les gens.

    Quant à moi, Dieu seul savait quelle était mon excuse. J’avais eu plus d’histoires amoureuses toxiques qu’une usine de déchets nucléaires.

    La contrôleuse réussit à détacher ses yeux de mon neveu et à composter nos billets. Alors qu’elle s’éloignait, Luke se pencha vers moi en baissant la voix :

    — Qu’est-ce qu’elle a dit de bizarre, Leia ?

    — Luke, tu ne peux rien dire à personne, mais c’est incroyable...

    — Quoi ? demanda-t-il avec un sourire d’anticipation.

    — Leia m’a informée que Marilyn m’a légué son café.

    — Bien joué, Evie, s’exclama Luke. Ça te lance un défi ! Je sais à quel point tu adores cuisiner. Attends, j’ai dit « adores » ? Je voulais dire « détestes ».

    Je ris à son sarcasme.

    — Oui, d’accord, calme-toi. Je vais le vendre, s’il a une quelconque valeur. Ça permettra à Gemma de se débarrasser de moi.

    — C’est vrai, dit Luke avec une grimace.

    — Mais j’hérite aussi d’autres choses.

    — Ah bon ?

    — Non, ne te réjouis pas ! C’est bizarre. Apparemment, Marilyn m’a aussi laissé son livre de sorts, sa baguette et son miroir.

    — Oh, voilà qui est... Euh... Très utile ?

    Le train s’engouffra dans un long tunnel et le wagon fut plongé dans le noir. British Rail, cette bonne vieille compagnie ferroviaire ! On pouvait toujours compter sur elle pour être minable.

    — J’aimerais qu’ils allument, remarquai-je.

    Luke jeta un œil tout autour de lui.

    — Je ne crois pas qu’il y ait de lampes.

    — Qu’en est-il de celles-ci ? Oh !

    Les lumières s’allumèrent au moment où je les pointai du doigt.

    — Ouah, mes désirs sont des ordres avec la British Rail.

    — Tu as des doigts magiques, Evie.

    — Ça, ce serait super. Imagine la puissance ! Sans parler de ce que je pourrais faire avec... Oh, mazette ! C’était quoi, ça ?

    Je m’étais retournée en entendant appeler mon nom depuis l’extérieur du train.

    — Tu as vu ça, Luke ? Il y avait un visage à la fenêtre !

    — Un visage ?

    — Oui ! Une vieille femme. Elle avait l’air... L’air... Morte. Elle était terriblement pâle ! C’était terrifiant !

    Nous fixâmes la vitre redevenue normale.

    — Tu es sûre que ce n’était pas juste ton reflet ? me demanda Luke.

    — Non, c’était horrible... Mon reflet !

    Il rit.

    — Désolé ! Ça devait être une illusion d’optique due à la lumière.

    Hmm, bien sûr... Ça devait être ça...

    Le train sortit en trombe du tunnel. Nous nous détendîmes.

    — Qu’est-ce que tu me disais à propos de Leia ? reprit Luke.

    — Ah, oui. La baguette, le livre et le miroir. Leia m’a annoncé ça comme si je devais être contente, comme si ça devait compter pour moi.

    Luke haussa un sourcil sceptique :

    New Age ou complètement timbrée ?

    Je me mordis la lèvre pour retenir un rire.

    — Je ne suis pas sûre. Mais aussi, la manière dont elle parlait de Marilyn... Leia a dit que Marilyn n’utilisait ses pouvoirs que pour le bien. C’est comme si elle pensait que Marilyn était une espèce de... Je ne sais pas, créature magique.

    Sous le choc, Luke ouvrit de grands yeux.

    — Elle t'a dit ça ?

    — Pas exactement, c’est juste que... Elle l’admirait, de toute évidence. Comme quand tu as un mentor que tu respectes et à qui tu prêtes toutes sortes de qualités extraordinaires, tu vois ?

    — C’est toi l’apprentie thérapeute, répondit-il en haussant les épaules.

    — Ma foi, si Leia croit que Marilyn avait véritablement des pouvoirs magiques, elle va avoir besoin de quelque chose de plus fort qu’une psychanalyse.

    — Cellule capitonnée, camisole de force ?

    — Quelque chose comme ça, dis-je en riant.

    Luke s’adossa dans son siège.

    — Si elle est complètement barge, elle trouvera parfaitement sa place dans la famille.

    Nous nous esclaffâmes de concert. C’était bien vrai.

    Chapitre 3

    Ainsi commença l’aventure.

    Nous descendîmes à la gare de Maiden-Upon-Avon et partîmes à pied sous l’agréable soleil en direction du village. Ici aussi, il y avait eu un orage la nuit d’avant, pire encore qu’à Londres au vu des branches au sol, des grandes flaques et des tuiles arrachées.

    La bourgade était désormais paisible comme une ville fantôme. Suivant l’itinéraire donné par Leia, Luke et moi longeâmes la rue principale, High Street, qui était une route étroite bordée de part et d’autre de vieilles boutiques et de jolies maisonnettes au toit de chaume. J’avais l’impression d’avoir remonté le temps jusqu’aux années 1950. Échapper au tohu-bohu de Londres apaisait mon âme.

    Des banderoles de drapeaux anglais volaient majestueusement au vent devant chaque vitrine et me rappelaient qu’on fêtait la Saint-Georges ce week-end[3]. Je pouvais imaginer les habitants de Maiden-Upon-Avon le célébrer avec fierté en entamant quelques hymnes comme Jerusalem ou God Save the Queen[4]. Ce village était typiquement anglais avec ses cabines téléphoniques rouges, son pub et ses rues pavées. Ça me donnait envie de chanter Land of Hope and Glory, même si je préférais de loin écouter les gazouillis mélodieux des oiseaux.

    Entre les magasins se tenaient des chênes anciens en apparence plus vieux que le bourg lui-même, qui semblait pourtant avoir plusieurs siècles.

    Luke pointa du doigt la première boutique d’une longue rangée. Sa devanture vermoulue était bleue et sa peinture s’écaillait.

    — Je n’avais jamais vu de quincaillier. Je ne sais pas exactement ce qu’ils... « quincaillent ».

    — De la quincaillerie, je suppose, dis-je avec un petit rire.

    À côté, il y avait une mercerie puis un apothicaire.

    — Tout est si pittoresque et charmant, dit Luke.

    — Oh, rentrons dans cette boutique !

    — Chez le marchand de journaux ? Pourquoi ?

    — Achetons un quotidien ! J’ai besoin de vérifier dans quelle décennie on se trouve.

    Luke fit un geste en direction d’une grande benne de recyclage de bouteilles en plastique.

    — Au moins, ils ont des aménagements écologiques dans ce trou perdu. Très moderne !

    Nous entrâmes en saluant la dame qui tricotait derrière le comptoir. Elle avait environ cinquante ans et un visage amical.

    Les articles s’empilaient sur les étagères. Il y avait toutes sortes d’objets à vendre : des bondes de baignoire, des paillettes colorées, un assortiment de gants, de chapeaux et d’écharpes, des livres d’activité, des paillassons et bien d’autres choses encore.

    Je saisis un exemplaire du journal local.

    Luke parla à voix basse pour n’offenser personne :

    — Écoute ce gros titre : « Un

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