Durant la moisson
La charge de Marie était lourde et elle avançait péniblement à travers le champ de blé. Elle s’arrêta un instant, imitée par Vadrouille, son colley de 7 ans qui la suivait partout. Elle posa à terre le seau d’eau et sortit son mouchoir de sa poche de tablier. Il faisait très chaud en cet après-midi d’été.
Tout en s’essuyant le front d’une main et caressant la tête de Vadrouille de l’autre, elle porta son regard sur les hommes qui, un peu plus loin, fauchaient les grandes tiges dorées avec une solide énergie. Ils étaient deux à coucher la précieuse céréale, son frère et son père. Derrière eux, sa mère la ramassait par brassées et allait les déposer dans la charrette. Un cheval y était attelé qu’elle faisait avancer au fur et à mesure de la fauche.
Marie les quitta des yeux pour s’intéresser, à une centaine de mètres d’eux, au champ voisin, appartenant aux Chalbaux. On s’activait également de ce côté-là, mais une seule personne retenait son attention : Jacques.
Jacques… elle ne comprenait pas son changement récent d’attitude. Il était devenu distant, la considérait presque comme une étrangère. Elle avait beau chercher, elle ne se souvenait pas d’avoir jamais fait ou dit quelque chose qui aurait pu lui déplaire.
Elle hésitait à le questionner sur cette soudaine froideur, craignant une rebuffade de sa part. Quelqu’une occupait peut-être ses pensées ? Elle n’était pas loin de la vérité, mais ne le savait pas encore. Ils se connaissaient depuis l’enfance. Ils jouaient ensemble dans la cour de l’un ou l’autre après l’école avec leurs frères respectifs. Mais en grandissant, la simple amitié qu’elle éprouvait pour lui s’était transformée en un sentiment plus profond. Sentiment qu’elle avait toujours cru partagé. Mais elle en doutait fort à présent.
Dès qu’il avait été en âge de travailler, il avait quitté l’école pour aider son père aux champs. Ses frères avaient
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