Vint le moment pour Henry et Mary de rentrer, mais Saul décida de rester auprès de son aîné quelques semaines de plus, sous prétexte de l’aider pour les récoltes. James n’était pas dupe. Son cadet ne cessait de rechercher la compagnie de la jeune Capucine. Cette dernière ne semblait pas s’apercevoir de l’attention que Saul lui portait. Elle le traitait comme un ami, voire un frère, attitude qui dépitait l’amoureux transi.
La jeune fille semblait tout faire pour décourager chaque tentative de séduction. Saul ruminait sa déconvenue, adossé à la stalle de Liberty. Sa main caressait l’encolure de l’animal, d’un geste machinal.
– Ta maîtresse me fuit, fait mine de ne pas me voir. Je ne sais pas quoi faire pour qu’elle comprenne qu’elle me plaît.
La jument secoua la tête. Saul soupira. Son frère lui avait confié que Capucine et Rosalie avaient eu des vies compliquées dans le passé. Il lui avait conseillé d’être patient, de lui faire la cour. Capucine avait besoin d’être en confiance pour se laisser apprivoiser. Saul était prêt à faire des efforts pour faire naître chez elle un tendre sentiment.
La jeune fille n’était pas aveugle ni sotte. Elle avait bien vu les attentions dont elle était l’objet de la part du jeune homme. Et si son cœur semblait désireux de lui échapper, car le frère de James était non seulement séduisant, mais il était également attachant, sa tête lui permettait de rester maîtresse d’elle-même. S’engager dans une relation l’effrayait. Elle était bien trop jeune pour démarrer une histoire d’amour. Même si avec Saul de nombreux points communs les réunissaient, elle ne voulait en aucun cas céder à cette attirance. Rosalie avait avoué son passé à son mari, mais cette dernière n’avait tué personne. Capucine, elle, avait commis un meurtre et cela, même James l’ignorait. Sa femme n’avait évoqué que la carrière de voleuse de son amie.
L’être qu’elle avait occis était immonde, et même si, à ce jour, elle ne parvenait pas à éprouver le moindre regret, son acte pesait