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Désirs Obscurs
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Livre électronique298 pages4 heures

Désirs Obscurs

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À propos de ce livre électronique

Alaïs est une jeune guide touristique qui mène une vie tout à fait ordinaire. Mais ce n’est pas une femme comme les autres, car elle possède un don : celui de faire des rêves prémonitoires à chaque nuit de pleine lune. Et depuis quelques temps, elle rêve de femmes qui se font violer et poignarder lors d’un rituel de magie noire. Toutes ces femmes sont les victimes du Culte Noir, un meurtrier en série qui sévit depuis quelques temps sur la petite bourgade de Paimpont. Mais ce qu’Alaïs ne sait pas, c’est qu’il la surveille et aime pénétrer chez elle à son insu…
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditions du Net
Date de sortie1 juin 2012
ISBN9782312003702
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    Aperçu du livre

    Désirs Obscurs - Orlanne Gray

    1

    Elle courait, se retournant souvent pour regarder derrière elle. Les bois sombres l’entouraient et la lune avait beaucoup de mal à percer les épais feuillages des chênes centenaires. Des feuilles mortes bruissaient sous ses pieds nus et elle trébuchait contre des branches mortes. Il était derrière elle et la poursuivait inlassablement. N’allait-il donc pas abandonner ? Se demanda-t-elle paniquée et essoufflée. Elle aurait tant voulu s’arrêter pour se reposer, mais c’était impossible car il la suivait toujours et gagnait du terrain. La peur lui tiraillait l’estomac et elle savait qu’il allait la tuer. Avec un peu de chance, elle réussirait à atteindre le village et rejoindre le commissariat du coin… enfin, si la drogue voulait ne plus faire son effet… Un chant de hibou la fit sursauter tandis qu’elle se cachait dans un bosquet. Elle s’accroupit et tenta de calmer sa respiration. Elle tremblait comme une feuille et la terreur pouvait se lire sur son visage tâché de points de rousseurs. L’ombre de son assaillant surgit de nulle part, et elle étouffa un cri de frayeur dans sa main. Il était là, si proche et la cherchait dans l’ombre. Elle put voir son collier qui brillait doucement et sa tenue sombre, qui lui cachait le visage. Elle recula pour s’enfoncer dans sa cachette, mais une branche craqua sous son pied. Il écarta les feuillages et lui lança tranquillement :

    – Tu es là, ma belle. Viens donc par ici.

    Elle poussa un cri et se releva pour tenter de s’enfuir mais il l’attrapa et la frappa violemment au visage. Le coup la fit sombrer dans l’inconscience.

    Elle reprit ses esprits lentement. Des milliers de bougies étaient allumées autour d’elle, traçant un cercle, et diffusaient une lueur douce dans la clairière. Elle réalisa soudain où elle se trouvait et voulut se libérer des liens qui lui entravaient les chevilles et les poignets. Elle leva la tête et remarqua la fine lingerie qui la recouvrait. L’air frais de la nuit la fit frissonner et les flammes des bougies vacillaient par moments. Elle poussa un gémissement de peur, en voyant les nombreuses têtes qui entouraient le pentagramme. Elle était allongée à même le sol, ses mains et ses pieds attachés aux extrémités du dessin. L’homme, qui l’avait poursuivit quelques instants plus tôt, possédait une tenue rouge, contrairement aux autres qui étaient tout de noir vêtus. Elle ne pouvait voir leurs visages qui étaient camouflés par leur capuche pointue. Seul, le maître de cérémonie avait le sien à découvert et entièrement recouvert de sang. La drogue l’empêchait de le voir correctement, et elle n‘arrivait pas à distinguer ses traits. Leurs voix psalmodiaient des paroles dans un murmure assourdissant, tandis qu’ils se balançaient sur leurs jambes. Elle tira encore sur ses liens quand l’homme s’approcha d’elle tout en ouvrant sa tenue. Il était totalement nu en-dessous et elle découvrit son membre fièrement dressé. Il s’agenouilla entre ses jambes écartées et la pénétra. Puis, tout en la prenant brutalement, il entama son invocation :

    – Asmodée ! Toi qui régis la colère, donne-moi la force de diriger la mienne. Pour assouvir ta vengeance, prends ce sacrifice que je t’offre ! Ainsi soit-il !

    Ses dernières paroles s’élevèrent sous l’effet de la jouissance, tandis qu’il levait un Athamé au-dessus d’elle. La lame s’abaissa pour se planter encore et encore dans sa chair et elle poussa un hurlement strident, qui s’éleva sous cette nuit de pleine lune.

    Alaïs se réveilla en sursaut et poussa un cri de frayeur. Des larmes roulaient sur ses joues et elle pouvait encore sentir le poignard pénétrer son corps en sueur. Elle s’assit et cala sa tête entre ses mains pour reprendre sa respiration. Elle se remémora ce rêve étrange qui en était un nouveau parmi tant d’autres. D’ailleurs elle n’avait jamais compris pourquoi elle faisait ces cauchemars à chaque pleine lune. Elle se leva du lit et regarda son réveil : 5h00. Elle soupira et essuya les dernières larmes qui roulèrent sur ses joues. Pieds nus et seulement vêtue de son shorty et de son caraco, elle se dirigea vers la cuisine et se servit un verre de lait. Tout en buvant sa boisson lactée, elle s’approcha de la baie vitrée et observa l’extérieur sous cette nuit claire. Les bois qui l’entouraient semblaient menaçants, mais elle n’avait pas peur. Elle était habituée à l’environnement des lieux qui étaient chargés d’histoire. Brocéliande, située au cœur de la Bretagne, berceau de la légende du Roi Arthur et des Chevaliers de la table Ronde, était connue pour ses mythes et légendes. Et elle les connaissait par cœur. C’est ce qui l’avait poussée à faire ses études dans l’histoire en plus de la musique, dans le seul but de devenir guide touristique. Et Brocéliande était l’endroit qu’elle chérissait le plus au monde. Cette forêt mystérieuse attirait beaucoup de touristes et elle se plaisait à leur raconter les aventures du célèbre roi Arthur ou de Lancelot du Lac. Elle possédait une autre grande passion. Elle était aussi violoniste dans l’orchestre du village de Paimpont et était réputée dans toute la Bretagne pour manier l’archet avec virtuosité. C’était deux métiers opposés qu’elle affectionnait tout particulièrement. Surtout depuis qu’elle avait perdu ses parents à l’âge de huit ans, dans un accident de voiture. La musique l’aidait à surmonter le vide qu’ils laissaient derrière eux.

    Alaïs soupira et termina son verre avant de le poser sur l’ilot central. Elle bougea et traversa le salon pour aller jeter un coup d’œil du côté de l’étang. L’endroit semblait paisible et brillait doucement sous la clarté lunaire. Une légère brise faisait bouger le feuillage des chênes et des hêtres, projetant des ombres sur les carreaux des fenêtres. Au loin, de l’autre côté de l’étang, elle voyait la petite maison de Greg et Micha, ses voisins et amis, d’où une petite lueur luisait à l’une des fenêtres. Ils devaient sûrement se préparer pour commencer leur journée, se dit-elle. Ils travaillaient dur et s’occupaient du centre nautique qu’ils avaient ouvert depuis quelques années sur Paimpont. Mais ils étaient aussi, tout comme elle, guides touristiques. Elle tourna la tête vers un recoin plus sombre et caché, d’où se trouvait un chalet de la même taille que le sien, qui était habité depuis peu. Elle n’avait guère connu ses anciens occupants, qui étaient morts assassinés peu de temps avant le décès de ses parents et qui avaient laissé un fils derrière eux. Elle avait pu faire sa connaissance peu de temps avant ce drame, avant qu’il ne soit envoyé chez sa grand-mère à l’autre bout de la France.

    Enfin, elle n’avait encore jamais vu son nouveau voisin. D’après Simone, sa patronne, c’était un homme très discret. Mais elle ignorait tout de lui, que ce soit son nom, son métier, ou ses origines… il était inconnu aux yeux de tous, à la plus grande déception de l’épicière qui aimait collectionner les ragots. Alaïs ne put retenir un sourire, en pensant à l’imposante femme, dont la mine joviale donnait de la bonne humeur à ses clients. Elle se massa la nuque, encore stressée par ce rêve et bâilla de fatigue. Etait-ce des rêves prémonitoires ? Se demanda-t-elle. Difficile à dire mais ils semblaient si réels pourtant ! Tout comme celui qu’elle faisait depuis qu’elle était enfant. C’était le seul, qu’elle refaisait régulièrement, celui où elle se voyait dans les bras de sa mère qui courait à en perdre haleine avant de mourir brutalement. Mais la suite restait floue et elle n’en comprenait pas le sens. Cependant ce rêve n’était qu’imaginaire, vu que ses parents étaient décédés d’une manière totalement différente. Alaïs soupira à nouveau. Il valait mieux qu’elle retourne se coucher si elle voulait être en forme pour aller travailler demain. Surtout qu’elle devait se rendre à Trehorenteuc pour une randonnée pédestre de plusieurs kilomètres. Elle retourna dans sa chambre et ne vit pas l’ombre qui passa à ce moment là devant la baie vitrée. Puis elle s’allongea et admira les feuillages qui bougeaient doucement sous la brise nocturne, avant de s’endormir profondément.

    – Eh, Alaïs ! Lança Juliette, son amie d’enfance. T’as écoutée les infos ce matin ?

    – Non, répondit-elle en se retournant pour la regarder. Tu sais bien que ce n’est pas le genre de chose que j’écoute.

    Elle regarda la frimousse d’ange de Juliette qui était blonde aux yeux bleus. Elle possédait un charme inéluctable et les hommes avaient du mal à lui résister. Et la diablesse le savait très bien car elle en profitait un maximum ! Le mariage n’était pas sa priorité absolue, comme elle disait, et préférait en profiter avant qu’elle ne soit pas trop vieille. C’était d’ailleurs ces derniers mots qui faisaient souvent rire Alaïs, puisqu’elles n’avaient pas encore atteints la trentaine !

    – Oui, je sais que tu n’aimes pas entendre les mauvaises nouvelles, continua Juliette plus sérieuse que jamais. Mais tu devrais allumer ta radio de temps à autre.

    – Que s’est-il passé ?

    – Un meurtre.

    – Un… quoi ? S’étonna Alaïs en haussant les sourcils de surprise. Où ça ?

    – Pas très loin de chez nous, à Concoret, non loin de la tombe de Merlin. Une femme a été retrouvée assassinée, attachée sur un autel après avoir subie un rite de magie noire.

    – Tu es sérieuse ? Demanda Alaïs en se souvenant soudain du rêve qu’elle avait fait dans la nuit.

    – Oui ! S’exclama Juliette d’une voix presque stridente. Te rends-tu compte que celui qui tue toutes ces pauvres filles s’est rapproché de chez nous ? Ne peux-tu donc pas écouter les infos une fois dans ta vie ? Je te signale que c’est la dixième qui a disparait ! Pourtant avec Simone tu devrais être au courant !

    – Désolée, mais à force de l’entendre jacassée je ne l’écoute plus ! Rétorqua-t-elle avec un petit sourire.

    Alaïs regarda son amie qui semblait nerveuse. Comment avait-elle pu passer à côté de faits aussi important ? Mais elle avait raison. Elle n’aimait pas entendre les informations, que ce soit à la télévision ou à la radio. Cela lui rappelait trop ses parents. Et c’était devenu à un tel point qu’elle ignorait qu’un meurtrier courait dans la nature ! Elle soupira et croisa le regard bleu de Juliette qui la fixait intensément.

    – Tu as raison, dit-elle finalement. Je vais écouter les infos ce soir.

    – Oui et suis mon conseil, renchérit Juliette avec un sourire engageant. Enfermes-toi à doubles tours le soir.

    Alaïs lui fit un sourire rassurant et s’éloigna vers son groupe qui attendait patiemment sur un parking, tandis que Juliette rejoignait le sien à l’autre bout. Elle avait revêtue sa tenue de travail, débardeur blanc portant l’emblème de Brocéliande, short blanc et chaussures de randonnées. Elle avait accroché à sa ceinture une boussole, une gourde et son couteau suisse, les seuls outils qui lui étaient nécessaires en cas de besoin.

    – Bonjour ! Lança-t-elle aimablement en arrivant à la hauteur du groupe de touristes. Je suis Alaïs Bourgeois, votre guide pour la matinée. Je vois que vous avez tout prévu pour la randonnée ! Ajouta-t-elle en regardant les tenues vestimentaires des hommes et des femmes.

    Tous approuvèrent chaleureusement et lui sourirent. Alaïs le leur rendit et en compta dix avant de pouvoir entamer la promenade, quand ses yeux tombèrent sur un homme plus grand que tous les autres. Il était en retrait et restait silencieux. Il était d’ailleurs le seul à ne pas avoir mis les vêtements adéquats pour faire une randonnée ! Elle ne pouvait voir ses yeux, car il portait des lunettes de soleil. Il possédait une carrure athlétique, une épaisse chevelure noire et une peau tannée par le soleil. Encore un espagnol ! Se dit-elle en pensant à ceux qu’elle avait déjà rencontrés. Mais il fallait avouer que celui-là battait des records ! Contrairement aux autres, c’était le seul qui portait un jean délavé et une chemise blanche au col ouvert. Et pour compléter le tout il portait aux pieds… des tongs !

    – Dites-moi ! Lui lança-t-elle en posant ses mains sur les hanches. Je ne pense pas que vos chaussures de plages soient appropriées pour une randonnée !

    Le groupe se retourna vers l’inconnu et rit d’amusement en baissant les yeux sur ses pieds. Alaïs l’observa et le vit sourire sans faire de réflexions. Apparemment cela n’avait pas l’air de le déranger…

    – Bon ! S’exclama-t-elle en tapant dans ses mains. Allons-y ! Suivez-moi et ne vous éloignez surtout pas ! Nous avons pas mal de chemin à faire avant d’arriver au Val sans retour.

    Elle ouvrit la marche et aperçut Greg qui lui fit un signe de la main alors qu’il se préparait à partir avec son groupe. Elle lui répondit en lui faisant un grand sourire et s’écria :

    – Salut Greg !

    – Salut Alaïs ! Tu viens boire un verre ce soir? Lui demanda-t-il sur la lancée.

    – On verra ça tout à l’heure ! Lui répondit-elle sur le même ton.

    Alaïs et son groupe marchait déjà depuis une bonne heure sur le chemin pédestre et bavardaient gaiement tout en profitant du calme des lieux. Ils atteignirent enfin le sentier qui menait vers le Val sans Retour. Ils entrèrent sur un chemin sinueux entouré d’arbres, et marchèrent tranquillement pendant plus d’une heure. Les touristes bavardaient gaiement tout en s’arrêtant de temps à autre pour prendre quelques photos. Le paysage était sauvage et des multitudes de rochers en schiste rouge bordaient les passages ou sortaient de terre. Ils s’enfoncèrent dans d’épais bois qui les cachèrent du soleil. Alaïs se retournait quelques fois pour voir si tout le monde la suivait bien et leur conseillait de bien faire attention à ne pas trébucher. Ils arrivèrent sur les hauteurs du Val sans retour et un magnifique paysage se présenta à leurs yeux, avec en contrebas, le célèbre étang. Elle leur présenta les lieux, tout en balayant le paysage du bras. Elle continua de marcher, non sans se tracasser, car il y avait une chose qui la chiffonnait. Elle se retourna de nouveau et compta son effectif. Il manquait quelqu’un !

    – Nous allons nous arrêter un instant, nous avons perdu l’un d’entre nous ! S’exclama-t-elle d’une voix forte qui résonna comme un écho entre les arbres, et la roche. Surtout vous ne bougez pas d’ici, je vais tenter de le trouver !

    La surprise se peignit sur les visages et Alaïs remonta le chemin pour partir à la recherche de cet inconscient. La colère mêlée à l’inquiétude l’envahit tout à coup. N’importe qui savait que l’on pouvait facilement se perdre dans cet endroit, si l’on n’avait pas de boussole ! Elle remonta l’allée et l’appela à plusieurs reprises. Elle s’écarta du sentier et pénétra dans les profondeurs de la forêt, tout en continuant à l’appeler, mais seul l’écho lui répondit. Elle pesta contre cet homme qui lui gâchait son début de journée. Et l’épaisseur des arbres et des feuillages, mais aussi des bosquets, l’empêchaient de voir loin. Elle soupira bruyamment et revînt sur ses pas pour rejoindre son groupe. Elle les retrouva quelques minutes plus tard, assis sur un vieux tronc d’arbre. Ils discutaient sur les derniers évènements qui avaient eu lieu dans la forêt de Brocéliande. Elle arriva à leur hauteur et sortit son téléphone portable de sa poche.

    – Alors, vous l’avez retrouvé ? Lui demanda l’un d’entre eux.

    – Non, répondit-elle sèchement en composant le numéro des secours. Je suis navrée, mais nous allons devoir écourter notre petite escapade.

    – Que voulez-vous écourter ? Lui demanda soudain une voix grave qui surgit derrière elle.

    Alaïs sursauta de peur et laissa échapper son téléphone qui tomba sur les feuilles mortes. Elle se baissa pour le ramasser, mais l’homme fut plus rapide et leurs mains se touchèrent. Troublée par ce contact si soudain, elle retira sa main et leva les yeux pour rencontrer ses lunettes de soleil. Il ne les avait pas quittées, à sa plus grande déception. Elle aurait tant voulu voir la couleur de ses yeux… Elle se releva brusquement, gênée par sa présence si proche, et ressentit un étrange pressentiment. La colère s’empara d’elle et elle le fusilla du regard.

    – Où étiez-vous ? S’écria-t-elle plus fort qu’elle ne l’aurait voulu. Vous cherchez à vous perdre où quoi ?

    Il se contenta de lui sourire et enfourna ses mains dans les poches de son jean, à la plus grande stupéfaction d’Alaïs. Elle le regarda se rapprocher du groupe, muette de stupeur. Inconscient… et arrogant ! Se dit-elle avant de reprendre la tête.

    – Bon, nous pouvons repartir ! S’exclama-t-elle en engageant la marche. Dans peu de temps nous descendrons vers le miroir aux fées.

    Tout le monde se releva et la suivit silencieusement. Et tout cela par la faute de cet homme ! Elle espérait au moins qu’il se tiendrait tranquille et qu’il ne partirait pas à nouveau pour « se promener »! Cependant, plus ils approchaient de l’étang, plus un étrange malaise s’emparait d’elle. C’était quelque chose de fort et elle ressentait une sensation de mort. Et cela, depuis qu’elle avait touché cet homme. Elle jeta un coup d’œil rapide par-dessus son épaule et le trouva juste derrière elle.

    – Excusez-moi, dit une femme d’une quarantaine d’années. Je sais que ma question va vous paraître indiscrète mais… le jeune homme du centre nautique… c’est votre petit ami ?

    Alaïs lui jeta un regard surpris et l’observa quelques instants. A plusieurs reprises elle s’était déjà faite séduire par des hommes lors des randonnées, mais c’était bien la première fois qu’une femme lui posait une telle question !

    – Non, lui répondit-elle finalement, non sans se sentir gênée.

    – Pourtant, renchérit celle-ci avec un grand sourire. Il a l’air de s’intéresser à vous.

    Alaïs n’aimait pas la tournure que prenait cette conversation. Greg ne l’avait jamais intéressé, aussi séduisant soit-il. C’était d’ailleurs lui qui lui faisait régulièrement des avances à l’époque, avant qu’il ne soit marié à Micha. Et par moment il s’amusait encore à la taquiner sur le sujet.

    Elle aperçut avec soulagement le pont du miroir aux fées et soupira silencieusement.

    – Nous arrivons ! S’exclama-t-elle en se retournant pour leur faire face, sans prendre la peine de s’arrêter. Vous vous apercevrez bientôt de la magie qui opère sur les lieux. Faites attention dans la descente, les rochers sont très trompeurs à certains endroits !

    Ils arrivèrent à l’entrée du célèbre étang, niché au creux du Val sans retour. Le groupe découvrit une vallée entièrement creusée dans le schiste rouge, entourée de chênes et de hêtres centenaires. Les touristes s’extasiaient sur la beauté des lieux et Alaïs les invita à la suivre jusqu’à l‘étang. Quand ils arrivèrent au bord de l’eau, elle se retourna et leur dit :

    – Vous voici arrivés en plein cœur du Val sans retour et devant le miroir aux fées. Asseyez-vous s’il vous plaît.

    Ils lui obéirent et s’installèrent face à elle, à même le sol, tandis qu’elle s’asseyait en tailleur, plaçant l’étang derrière elle. Elle détacha sa gourde et but une gorgée d’eau avant de la poser à ses côtés. Elle regarda son groupe tranquillement, tout en souriant doucement. Elle posa ses mains sur ses cuisses et prit une inspiration profonde avant de dire :

    – Maintenant je vais vous demander d’écouter ce que je vais vous raconter, leur dit-elle d’une voix paisible. Tout d’abord, décontractez-vous et fermez les yeux.

    Elle attendit patiemment qu’ils ferment leurs paupières. Elle chercha son trouble fête du regard et le trouva assis non loin d’elle. Il lui sourit, prit une position semi-allongée pour écouter son récit et cueillit un brin d’herbe pour le porter à sa bouche.

    – J’espère que vous fermez les yeux sous vos lunettes, lui dit-elle, sans répondre à son sourire.

    – Bien sûr, répondit-il de sa voix grave. Je ne fais que ça.

    – Menteur ! Fermez vos yeux maintenant, ordonna-t-elle, sèchement.

    Malgré elle, elle ne put retenir un frisson au son de cette voix grave qui semblait la pénétrer toute entière. Elle tourna la tête vers son groupe et respira un bon coup avant de commencer. Il fallait absolument qu’elle calme le trouble qui s’était emparé d’elle car sinon elle ne conterait pas la légende comme elle le souhaite.

    – Nous voici plongés dans un endroit rempli de mystères et de magie. D’après la légende, Morgane la fée lança un sort sur le Val sans retour pour se venger de l’infidélité de son amant. C’est alors que tous les chevaliers infidèles furent retenus prisonniers dans cet endroit. Mais seul Lancelot, qui était resté fidèle à Guenièvre, put rompre l’enchantement et échapper au sortilège… ouvrez les yeux à présent.

    Le groupe d’hommes et de femmes lui obéirent et lui firent un sourire radieux. Alaïs le leur rendit, et se retînt de ne pas regarder du côté de l’inconnu. Elle se demanda à ce moment là, quel était son nom… mais l’heure n’était pas à la devinette, car elle devait continuer. Elle se leva, et fit

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