Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Feu de l’Ombre
Feu de l’Ombre
Feu de l’Ombre
Livre électronique514 pages7 heures

Feu de l’Ombre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Cela fait trois mois que la chanteuse Miranda Grey est devenue une vampire et a épousé David Salomon, Primat du Sud. En tant que Reine, Miranda doit apprendre rapidement à tenir son nouveau rôle et à naviguer dans les eaux troubles de la politique des Insignes, se faisant immanquablement de dangereux ennemis au passage.

Et si les affaires compliquées des vampires et une carrière musicale qui prend son envol ne suffsaient pas, une force mystérieuse et puissante du passé de David refait surface, laissant dans son sillage le chaos et l’incertitude, qui viendront perturber la relation naissante de la Paire. Miranda découvre combien elle en sait peu sur son mari. Mais tandis qu’un assassin commence à viser ses amis et ses alliés, la Paire doit le prendre en chasse, même si leur vie pourrait être en jeu…
LangueFrançais
Date de sortie27 juin 2016
ISBN9782897671990
Feu de l’Ombre

Auteurs associés

Lié à Feu de l’Ombre

Titres dans cette série (3)

Voir plus

Livres électroniques liés

Fantasy pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Feu de l’Ombre

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Feu de l’Ombre - Dianne Sylvan

    C1.jpg175865.jpg

    « Le début explosif de Sylvan regorge d’action captivante, de romantisme et de vampires délicieusement nerds… Son irrésistible incursion dans le monde des vampires, ses personnages attachants et une intrigue complexe et résolument féministe vous feront désirer ardemment une suite. »

    — Publishers Weekly (mention spéciale)

    « La reine des ombres m’a captivée… Dianne Sylvan a réinventé une ville d’Austin complexe, sombre et sexy, peuplée de personnages que j’ai envie de revoir… Dianne Sylvan possède un style expressif et conserve un rythme endiablé jusqu’au bout. Prenez un siège. Restez tranquille. Profitez du spectacle. C’est intense, sombre, sexy, avec juste la bonne dose d’humour. Vous cherchez une nouvelle dépendance ? N’allez pas plus loin. »

    — Devon Monk, auteure de Dead Iron

    « La reine des ombres m’a accrochée dès la première page et ne m’a plus lâchée. L’héroïne, Miranda, est vulnérable et courageuse, et possède des pouvoirs magiques dont elle ne soupçonnait même pas l’existence. Le vampire David Salomon est aussi puissant et brave qu’il est séduisant. Dianne Sylvan fait une incursion originale dans le monde des vampires. J’ai vraiment adoré, et j’attends avec impatience son prochain livre. C’est une conteuse habile et talentueuse qui sait vraiment comment écrire un livre d’enfer ! »

    — Angela Knight, auteure à succès de Master of Shadows, citée par le New York Times

    « Dianne Sylvan est une auteure incroyablement talentueuse. Elle plonge le lecteur non seulement dans l’histoire, mais dans la moelle même d’un personnage qui commence à douter de sa prise sur la réalité. Si vous ne connaissez pas la région d’Austin, elle n’aura plus de secrets lorsque vous refermerez le livre… La reine des ombres se conclut en fanfare et laissera le lecteur euphorique. »

    — Sacramento Book Review

    « Il n’est pas difficile pour moi de mettre le doigt sur ce qui rend La reine des ombres si attrayant. Il y a en fait trois raisons. Un, Miranda ne surmonte pas soudainement ses angoisses. Deux, David est honnête sur ce qu’il est et ce qu’il a fait, et il ne s’attend à rien de plus de la part de Miranda qu’une bonne guérison. Et trois, le principe des âmes destinées l’une à l’autre fonctionne ici de manière incroyable. »

    — Night Owl Reviews

    « Très bien écrit… La relation entre l’empathe et le vampire nous donne un solide roman à suspense du Monde de l’Ombre qui captivera et émerveillera le public, tandis que l’Austin surnaturelle deviendra aussi réaliste à travers le prisme de protagonistes principaux imparfaits. »

    — Alternative Worlds

    « Mon livre préféré jusqu’ici en 2010… Touchant, bien écrit, haletant et sensuel, c’est un roman qu’il ne faut pas manquer. »

    — Fantasy Literature

    « Il est vraiment agréable de voir le personnage de Miranda passer du statut de victime à celui d’héroïne en pleine possession de ses moyens… Les personnages de soutien sont également bien développés, ce qui apporte de l’équilibre et de l’étoffe à ce roman d’amour surnaturel hautement divertissant. »

    — Monsters and Critics

    « Cette succession régulière de peur, de méfiance et d’amour a touché mes cordes sensibles… Suivre l’évolution de la relation entre Miranda et David a été un vrai plaisir. Voir Miranda devenir une vraie guerrière a été la cerise sur le gâteau. »

    — Bitten by Books

    « La reine des ombres fera sentir des choses au lecteur. Il lui fera sentir les émotions des personnages et ses propres émotions… Une note parfaite. Hautement recommandé. »

    — Romance Reviews Today

    Copyright © 2011 Dianne Sylvan

    Titre original anglais : Shadowflame

    Copyright © 2016 Éditions AdA Inc. pour la traduction française

    Cette publication est publiée en accord avec Penguin Group

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

    Éditeur : François Doucet

    Traduction : Kurt Martin

    Révision linguistique : Féminin pluriel

    Correction d’épreuves : Nancy Coulombe

    Conception de la couverture : Matthieu Fortin

    Photo de la couverture : © Thinkstock

    Mise en pages : Sébastien Michaud

    ISBN papier 978-2-89767-197-6

    ISBN PDF numérique 978-2-89767-198-3

    ISBN ePub 978-2-89767-199-0

    Première impression : 2016

    Dépôt légal : 2016

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque et Archives Canada

    Éditions AdA Inc.

    1385, boul. Lionel-Boulet

    Varennes (Québec) J3X 1P7, Canada

    Téléphone : 450 929-0296

    Télécopieur : 450 929-0220

    www.ada-inc.com

    info@ada-inc.com

    Diffusion

    Canada : Éditions AdA Inc.

    France : D.G. Diffusion

    Z.I. des Bogues

    31750 Escalquens — France

    Téléphone : 05.61.00.09.99

    Suisse : Transat — 23.42.77.40

    Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

    Imprimé au Canada

    Participation de la SODEC.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Sylvan, Dianne, 1977-

    [Shadowflame. Français]

    Feu de l’Ombre

    (Le monde de l’Ombre ; 2)

    Traduction de : Shadowflame.

    ISBN 978-2-89767-197-6

    I. Martin, Kurt, 1970- . II. Titre. III. Titre : Shadowflame. Français.

    PS3619.Y485S5214 2016 813’.6 C2016-940053-0

    Conversion au format ePub par:

    Lab Urbain

    www.laburbain.com

    À Red, qui a ouvert la première porte,

    et à Meredith, qui a ouvert la seconde

    Première partie

    Expulsion du paradis terrestre

    1

    Cette année-là, l’automne arriva en lion, portant le coup de grâce aux derniers soubresauts d’un été interminable et torride. Les orages balayèrent le centre du Texas et le lavèrent de la poussière et des herbes sèches. Toute la ville sembla renaître une fois qu’on lui eut ôté le fardeau de la chaleur.

    Les nuits étaient déjà très fraîches en cette première semaine d’octobre tandis que le dernier membre connu de l’organisation Blackthorn pédalait à toute vitesse dans les rues, poussé par la terreur, à la recherche de quelqu’un, n’importe qui, pouvant l’abriter.

    Les portes lui claquèrent l’une après l’autre au visage. Personne n’était assez stupide dans le Monde de l’Ombre pour lui ouvrir la porte… pas cette nuit. Les bars avaient fermé de bonne heure, les fenêtres s’étaient obscurcies, et la poigne glaciale du vent enlevait tout espoir de fuite dans les rues vides de la ville. Seul un fou aurait voulu regarder dehors cette nuit. Seul un fou aurait voulu être impliqué.

    L’Insigne était en chasse.

    Désespéré, il courut en direction du centre-ville fortement peuplé, où il espérait se fondre dans la foule mortelle, ignorant que partout dans la ville sa basse température corporelle et sa vitesse surnaturelle étaient suivies par un réseau d’ordinateurs qui envoyait ses coordonnées toutes les cinq secondes. Il ne pouvait plus bouger sans être aussitôt ciblé.

    — Situation.

    Le ton de la voix de Faith était féroce, même dans l’éther numérique.

    — Le lièvre approche du coin est de la 5e et de Trinity. On l’intercepte ?

    De son poste en haut d’un restaurant de l’autre côté de l’intersection, la reine du sud des États-Unis observait les rues en plissant les yeux, balayant la zone avec ses sens. Elle était debout, un pied posé sur le muret qui faisait le tour du toit, retenant ses cheveux d’une main pour libérer son visage. Son souffle lent et calme se condensait en produisant des filets de fumée blanche pendant qu’elle attendait avec patience et tranquillité.

    La circulation humaine était dense, même pour un jeudi. Leur proie était manifestement venue ici pour cette raison, croyant que l’Élite ne voudrait pas faire de scandale.

    — Gardez vos positions, dit-elle dans son bracelet-émetteur juste comme une silhouette mince tournait le coin en flèche, se faufilant entre les gens sur le trottoir, essayant de ne pas avoir l’air de quelqu’un en fuite.

    Il traversa Trinity au feu rouge, évitant de justesse un autobus, essayant d’atteindre le côté où elle se trouvait, qui était beaucoup moins bondé, plus sombre et situé de façon pratique près d’un point d’accès souterrain. Elle le laissa traverser et attendit.

    Quand il se considéra enfin en sécurité et ralentit le pas, elle sauta du toit du bâtiment. L’air siffla autour d’elle sur deux étages, et elle fit une pirouette dans les airs pour venir se poser au sol, ses bottes heurtant le béton avec bruit.

    Elle se redressa, rejetant ses cheveux par-dessus ses épaules. Le vent souleva un pan de son manteau pour le ramener vers l’arrière, dénudant sa gorge. Lorsque le lièvre aperçut ce qu’elle portait au cou, il se figea et devint livide comme un fantôme.

    Il pivota sur lui-même pour prendre la fuite par le chemin d’où il arrivait, mais il était cerné. Derrière lui, Faith se tenait les bras croisés, sourire aux lèvres.

    Il fit face à Miranda, à un doigt de la panique.

    — Voulez-vous demander grâce ? interrogea-t-elle.

    Un instinct de survie irrationnel s’empara de lui, et il se jeta sur elle en grognant.

    Elle rit en faisant un pas de côté pour l’accueillir en lui écrasant un poing en plein visage. Il s’étendit de tout son long en poussant un cri animal de douleur et de frayeur, et il gesticula pour se remettre debout, essayant de retrouver un hypothétique avantage. Il tenta de lui porter un coup, qu’elle bloqua facilement, se tournant pour lui donner un coup de poing dans le ventre et un autre à la tête.

    Il chancela, mais ne tomba pas. Ce n’était pas une petite nature. Mais il était manifestement surpris qu’elle n’en fût pas une non plus. De toute évidence, il n’avait pas prêté l’oreille aux rumeurs qui se propageaient lentement dans le Monde de l’Ombre depuis trois mois, comme une tempête sur le point d’éclater… ou il avait bien entendu les histoires, mais les avait balayées du revers de la main, croyant qu’une simple femme ne pouvait être aussi forte.

    L’expérience lui prouva qu’il avait tort. Elle évita un autre coup, celui-là moins irréfléchi. La peur de l’homme commençait à se sentir.

    Elle aimait ça.

    Elle tourna sur elle-même et lui donna un coup de pied à la tête, et il s’écroula au sol, mais se remit aussitôt debout, malgré le sang qui giclait de son nez et de sa bouche. Il était manifestement étourdi, mais le désespoir le poussait à essayer encore et encore, seulement pour être repoussé par une reine rieuse qui n’avait même pas transpiré.

    Il y avait des humains tout près, venant de l’est. De façon distraite, elle pencha sa volonté dans leur direction et leur suggéra mentalement de tourner à gauche plutôt qu’à droite. Lorsqu’ils se rendraient compte qu’ils avaient pris la mauvaise direction, il n’y aurait plus rien à voir ici.

    Elle s’approcha jusqu’à un mètre ou deux du lièvre, laissant son pouvoir surgir autour d’elle. Il laissa fuser un gémissement et tomba vers l’arrière.

    — Agenouille-toi devant ta reine, grinça-t-elle.

    Il se jeta sur les genoux, sanglotant de manière incohérente dans l’ombre de Miranda.

    — Une belle démonstration de la part d’un homme qui a tué deux membres de mon Élite durant la guerre, dit-elle. Tu étais un membre clé de l’organisation, Jackson. Nous savons qui tu es et avons dressé une liste de tes crimes. Tu as réussi à nous échapper pendant tout ce temps parce que tu te cachais comme un lâche pendant que tes amis mouraient à ta place. Mais plus maintenant.

    En l’entendant tirer son épée de son fourreau, Jackson tomba sur ses coudes, refermant ses mains sur sa nuque. Il avait décidé maintenant de demander grâce. Il rejeta le blâme sur les autres membres de l’organisation, tout spécialement Ariana et Bethany Blackthorn, qui l’avaient forcé à tuer. Il n’était pas responsable ; c’était de leur faute à elles. Il n’avait fait que suivre les ordres.

    Elle avait entendu ces arguments des dizaines de fois au cours des derniers mois, et elle avait su chaque fois, comme c’était le cas maintenant, qu’il s’agissait d’un mensonge.

    — Tu me déçois, lui dit-elle. Pire ? Tu m’ennuies.

    Elle lui donna un nouveau coup de pied, dans les flancs cette fois, et il baissa instinctivement les bras pour protéger son ventre tout en laissant sa nuque exposée. D’un seul élan gracieux, elle le décapita et recula à temps pour éviter le flot de sang qui baigna le trottoir d’une couleur écarlate pendant que le corps de l’homme basculait.

    Une satisfaction sombre et lugubre emplit Miranda pendant que le corps de l’homme était secoué de spasmes, puis cessait de bouger. La tête était tombée face en l’air, les yeux écarquillés, la bouche relâchée.

    Elle se pencha et attrapa le bord de la veste de Jackson pour essuyer sa lame avant de la rengainer. Elle devrait la nettoyer comme il faut, une fois revenue à la maison. Sophie lui avait enseigné à ne jamais ranger une lame couverte de sang… sans parler que l’épée avait déjà appartenu à Sophie et que Miranda pouvait presque entendre la voix mordante de la minuscule vampire chaque fois qu’elle avait envie de ne pas traiter l’arme avec le respect qui lui était dû.

    Elle leva les yeux vers Faith, qui souriait d’un air sauvage.

    — Nettoyez à fond dans l’allée trois, dit Miranda.

    Faith adressa un signe au reste de l’équipe. Ils connaissaient la procédure : emmener la tête et le corps sur le toit d’un édifice à proximité, où ils seraient exposés aux rayons du soleil à l’aube, mais ne risqueraient pas d’être découverts par un passant mortel. Utiliser la prise d’eau la plus proche pour nettoyer le sang. Heureusement, c’était la dernière fois qu’ils auraient besoin d’appliquer la procédure avant un bout de temps.

    Elle resta plantée là un moment à les regarder travailler, et Faith vint se placer à côté d’elle.

    — Tu deviens dangereusement bonne pour ce genre de chose, dit la commandante en second d’une voix calme. Je ne suis toujours pas habituée à ça.

    Miranda sourit.

    — Ce qu’il y a de plus inquiétant, c’est que ça ne me dérange même pas.

    Faith haussa les épaules.

    — Je me rappelle que tu as dit la première nuit : « C’est maintenant mon travail. »

    La reine repensa à la bataille au Haven et à la longue nuit de nettoyage et de pertes qui avait suivi. Faith voulait qu’elle aille se reposer. Elle avait refusé et avait endossé son rôle sans hésitation, affectant des membres de l’Élite pour brûler les morts et soigner les blessés, laissant le Primat remettre le réseau en route et s’occuper des dommages au bâtiment lui-même. C’était presque le lever du soleil lorsqu’ils s’étaient tous les deux arrêtés.

    — Où est ton seigneur et maître cette nuit ? demanda Faith. Ne devrait-il pas être ici aussi ?

    — Non, répondit la reine, les yeux fixés sur le corps décapité de Jackson pendant que deux soldats de l’Élite l’enroulaient dans une bâche de plastique pour l’emporter. Il avait un rendez-vous. Il valait mieux que je m’en occupe de toute façon. Je veux faire connaître ma présence.

    — Je pense que tu as bien réussi, dit Faith en désignant la scène de la tête. On s’occupe du reste, si tu dois partir.

    — Parfait. Je te reverrai au Haven. Téléverse les rapports de la nuit sur le serveur avant de terminer ton service.

    Faith s’inclina devant elle, imitée par tous les autres. Miranda leur adressa un signe de tête, puis se tourna avant de s’enfoncer dans l’obscurité.

    L’affrontement se déroulait dans un box en coin au fond du Kerbey Lane Café.

    Une femme à la tête rasée avec plusieurs perçages faciaux fixait un homme aux yeux bleus portant un long manteau noir. L’homme buvait une Corona avec une tranche de lime pendant qu’elle mangeait une assiette de nachos aux haricots noirs. Autour d’eux, le café grouillait comme d’habitude, les clients ignorant ce qui se passait parmi eux.

    Ils auraient pu être deux personnes ordinaires — même s’ils formaient un couple étrange — s’étant donné rendez-vous pour apprendre à se connaître devant un menu tex-mex.

    — Alors… vous êtes un vampire.

    Il fit un signe de tête calculé.

    — Et vous êtes officiellement le vampire le plus effrayant du Texas.

    — Du sud des États-Unis, oui.

    Kat lui jetait un regard dur, et il ne put s’empêcher d’être impressionné. Elle n’avait pas peur de lui, du moins pour l’instant. La plupart des humains pouvaient déceler une partie de ce qu’il était, ce qui les mettait mal à l’aise. Soit elle ne pouvait sentir la même chose qu’eux, ce qui voulait dire qu’elle était bête à pleurer, soit elle était assez forte pour tenir son bout.

    Il pencherait plutôt pour la seconde hypothèse.

    Il savait qu’il pourrait la terrifier s’il le souhaitait. Tout ce qu’il avait à faire était de laisser s’ouvrir son champ de protection, ou de forcer ses yeux à devenir argentés ou ses dents à s’allonger. Il pourrait la fixer avec une certaine expression — celle d’une panthère fixant un cerf depuis un arbre —, et elle chercherait instinctivement à prendre la fuite.

    Il ne fit rien de tout ça. C’était trop important pour se laisser aller à ces enfantillages.

    Pour la première fois depuis longtemps, David Salomon avait quelque chose d’autre à prouver que de montrer à quel point il pouvait être effrayant.

    — Vous avez transformé mon amie en vampire, dit Kat sans le quitter du regard. Pourquoi devrais-je avoir quoi que ce soit à faire avec vous ?

    — Parce que vous vous faites du souci pour elle, répondit-il d’un ton raisonnable, et parce que vous savez que je ne disparaîtrai pas.

    — Je connais l’histoire, remarqua-t-elle. Un type sexy et mystérieux se présente juste au moment où elle a besoin de quelqu’un, l’isole de son réseau, l’entraîne dans quelque chose de dangereux. Vous savez comment ça se termine ? Avec des bleus et des appels d’urgence. Et des mesures d’interdiction. Et la meilleure amie avec un permis de port d’arme qui se pointe à la maison du mec pour lui faire sauter les testicules.

    Il baissa les yeux sur son sac à bandoulière.

    — Laissez-moi deviner… un Sig Sauer P232 ?

    — La question n’est pas là, comte Joli Garçon. Quoique, si je fais sauter vos couilles, vont-elles repousser ? ajouta-t-elle en plissant les yeux.

    David sourit.

    — Je pense que nous allons bien nous entendre, Kat.

    — Parlez pour vous. Dites-moi ce qui fait de vous un type qui mérite Miranda.

    — Rien, avoua-t-il. Mais elle et moi sommes liés, et nous le serons jusqu’à notre mort. On ne peut plus rien y changer maintenant. Elle est coincée avec moi… et vous aussi, si vous désirez conserver son amitié, et j’espère sincèrement que c’est le cas.

    — Pourquoi ?

    — Parce qu’elle aura besoin de vous. Sous certains aspects, elle est aussi vieille que moi, mais sous d’autres, elle est si jeune… Elle a des attaches au monde mortel qu’elle souhaite conserver. Pour que cela devienne possible, elle aura besoin de soutien dans ce monde, à savoir le vôtre.

    — Alors, vous dites que je peux l’aider à rester humaine.

    — Non, dit-il en s’avançant sur sa chaise, soutenant le regard de Kat. Elle n’est plus humaine, Kat. Elle ne le sera plus jamais. Un jour, elle vous regardera vieillir et mourir, et elle restera telle qu’elle est, sans âge, éternelle, jusqu’à ce que quelqu’un nous tue tous les deux. Ce qu’elle est, par contre, c’est votre amie, et le fait qu’elle veuille rester votre amie malgré la douleur inhérente à aimer un mortel dit beaucoup de bien sur vous. Vous devriez vous sentir honorée.

    Kat fit un signe de tête lent, souriant presque.

    — Vous devriez l’être aussi.

    — Je le suis.

    Elle fit de nouveau un signe de tête, avant de dire :

    — C’est vous qui payez, hein ?

    — Absolument.

    — Alors, parlons du dessert.

    Cinq minutes avant le lever du rideau — juste comme son agente, Denise, était sur le point de faire un infarctus —, Miranda entra à grands pas dans la boîte, les cheveux emmêlés par le vent et les yeux brillants à cause de la chasse.

    Elle pouvait entendre la foule de l’autre côté de la scène, un murmure sourd de trois cents voix, leur excitation collective rampant comme une chose vivante le long des murs. Elle monta la volée de marches métalliques jusqu’aux coulisses, le sourire accroché aux lèvres, et s’imprégna de leurs émotions en prenant une grande inspiration.

    Elle leva le pouce à l’intention de Denise, qui fit de la tête un signe de soulagement exaspéré en guise de réponse. Rejetant ses cheveux vers l’arrière et faisant tomber d’un coup des épaules son manteau dans les mains d’un technicien, Miranda se tourna vers le régisseur et fit un signe de tête.

    Le silence se fit dans la salle pendant que l’éclairage baissait et qu’un projecteur passait sur le micro et sur l’objet qui se trouvait derrière : sa guitare noire qui luisait sur un support.

    Les applaudissements éclatèrent quand la foule vit l’instrument.

    Miranda sourit et s’avança dans la lumière.

    Miranda avait envie de trois choses après chaque spectacle : du sang, du chocolat et une douche chaude.

    Avant de pouvoir obtenir l’une de ces trois choses, elle devait revenir en coulisses et affronter la barrière de la presse, puis réussir à se faufiler à l’arrière et prendre le volant elle-même ou attendre que Harlan la conduise dans un endroit plus discret pour chasser.

    Il y avait plusieurs véhicules à la disposition des Insignes, mais celui que le Primat préférait était la Town Car que Harlan conduisait dans les rues de la ville. Si le Primat et la reine devaient se rendre à des endroits différents ou avaient des emplois du temps différents, comme c’était souvent le cas ces jours-ci, ils devaient planifier les déplacements de Harlan ou, comme elle préférait, elle devait conduire sa propre voiture en ville.

    Même si David avait de vives appréhensions à la savoir seule en ville, Miranda adorait sa voiture, et elle adorait suivre la route sinueuse qui traversait le pays des collines pour se rendre au Haven. Elle aimait être indépendante. Alors, la plupart des nuits après sa représentation, et après qu’elle avait trouvé quelqu’un pour dîner, elle se glissait derrière le volant de sa petite Toyota argentée et prenait la route touristique 360 à l’extérieur de la ville.

    Elle était presque prête à fuir la chaleur et la clameur de la boîte lorsque Denise frappa à la porte de la loge et dit :

    — Hé, as-tu une minute ?

    — Bien sûr, répondit Miranda, revérifiant que le miroir était encore couvert d’une serviette. Qu’y a-t-il ? demanda-t-elle en ramenant ses cheveux humides vers l’arrière pour les attacher avec une bande élastique.

    Denise MacNeil était une femme noire d’une beauté saisissante qui respirait la compétence et l’assurance, deux choses essentielles pour une femme dans l’industrie musicale, comme l’avait découvert Miranda. Denise avait le maintien d’une guerrière et lui faisait penser beaucoup à Faith, sauf qu’au lieu d’une épée, Denise était armée d’une mallette et d’un BlackBerry et qu’elle chassait les occasions d’affaires, pas les hors-la-loi. Miranda aurait continué d’évoluer dans le circuit des bars sans trop réfléchir si Denise ne s’était pas présentée, mais depuis le peu de temps qu’elle était l’agente de la reine, elle avait déjà mis les choses en branle pour un contrat de disque et doublé ses engagements. Il aurait été facile pour une personne aussi déterminée de se montrer arrogante, mais Denise conservait un côté chaleureux qui lui attirait encore plus de respect.

    — Il y a une dame du Statesman qui veut une interview pour leur supplément culturel de la fin de semaine, expliqua Denise. Rien d’interminable, seulement quelques questions. Es-tu partante ?

    Miranda soupira. Elle avait donné un gros spectacle et eu une longue soirée, retenant l’attention de l’auditoire assez facilement, mais c’était toujours exigeant, et elle ne s’était pas nourrie cette nuit. Ses dents commençaient à picoter, et ses entrailles donnaient l’impression de se dessécher. Elle fit une rapide inspection interne et détermina qu’il lui restait environ une demi-heure avant que les choses ne deviennent insupportables.

    — Bien sûr.

    — Super. Aussi, n’oublie pas que la semaine prochaine nous avons rendez-vous avec les types du Bat Cave.

    — Compris.

    Denise lui adressa un grand sourire.

    — Et une autre petite chose. Ils ont inventé ces petits machins bizarres dans lesquels on peut parler pour voir sa voix ressortir à l’autre bout. De cette façon, si jamais tu penses arriver, disons, deux minutes avant le lever du rideau, tu peux éviter à ton agente de souiller son pantalon haute couture.

    Miranda lui rendit son sourire avant de faire remarquer :

    — Je n’ai jamais été en retard. Mais je vais essayer de ne pas être aussi juste la prochaine fois.

    Denise secoua la tête en partant et dit :

    — Je suis dans cette industrie depuis quinze ans et je n’ai jamais réussi à ajuster ma montre à l’heure normale des musiciens.

    Miranda rangea sa guitare dans son étui, faisant glisser sa main sur le manche luisant de la Martin.

    — C’est l’heure normale des vampires, dit-elle d’un ton calme à l’instrument, mais nous ne le lui dirons pas.

    Un moment plus tard, il y eut un autre coup à la porte, et une femme glissa sa tête dans la loge.

    — Madame Grey ?

    Miranda leva les yeux de son téléphone, où elle vérifiait qu’il n’y avait aucun message du Haven en attente d’être lu, et fit signe à l’humaine d’entrer.

    La reporter avait une apparence tout à fait ordinaire, avec des cheveux châtain clair à la coupe plutôt sévère et des lunettes qui lui donnaient l’air d’une bibliothécaire. Elle portait un ensemble sans style qui était passé de mode et semblait manifestement nerveuse.

    — Je suis Stacey Burnside, de l’Austin American-Statesman. Denise a dit que vous aviez un moment à m’accorder ?

    — Entrez, dit Miranda avec un sourire.

    Sa prise de l’Insigne avait entraîné des instincts nouveaux et étranges, comme celui de mettre les humains à l’aise aussi souvent que possible. Elle avait presque des sentiments maternels à leur endroit, surtout envers les jeunes femmes maladroites qui semblaient incapables de trouver leur place dans le monde et évitaient le regard de l’étoile montante fascinante à qui tout semblait réussir.

    — Asseyez-vous, ajouta Miranda.

    Stacey trébucha presque sur la chaise pliante en s’asseyant et en fouillant pour trouver son magnétophone. Miranda pouvait sentir l’expérience d’une journaliste instruite — et Stacey n’était pas une journaliste amateur, elle le sentait bien — luttant contre une crainte mêlée d’admiration.

    Miranda percevait souvent cette disposition… du moins, de la part des humains. Elle essayait de s’y habituer.

    — Je ne prendrai pas beaucoup de votre temps, dit Stacey en tapotant sur le magnétophone numérique jusqu’à ce qu’un voyant rouge s’allume. Nous faisons un papier cette semaine sur les artistes de la relève qui enregistrent ici à Austin.

    — Eh bien, je suis heureuse de soutenir la scène musicale locale, lui raconta Miranda en prenant l’autre chaise pliante et en croisant une jambe par-dessus l’autre.

    Elle avait mis son manteau, mais son Insigne dépassait un peu du col, et elle remarqua que la jeune femme le fixa pendant un moment. Cela arrivait aussi souvent. La plupart du temps, les gens avaient la même expression sur le visage : est-ce que ce truc luit ?

    — Austin m’a bien reçue depuis que j’ai commencé à monter sur scène, ajouta la reine. Je souhaite travailler avec l’équipe du Bat Cave pour mon premier CD.

    Stacey remonta ses lunettes sur son nez.

    — C’est le studio fondé par Grizzly Behr, le père de Mike Behr, des Three Tequila Floor, c’est bien ça ?

    — Oui.

    — J’ai entendu dire qu’il est impossible d’entrer dans le studio Bat Cave en ce moment.

    Miranda sourit.

    — En fait, ils partagent mon enthousiasme pour ce projet.

    Tout était une question d’influence dans l’industrie musicale… et Miranda en avait à revendre. Aucune porte ne lui était fermée, aucun cordon ne l’empêchait d’entrer dans les clubs, même les plus élitistes. L’Insigne avait une emprise sur tous les paliers de gouvernement, et le Primat participait à toutes les affaires municipales, légales ou non. Il n’y aurait pas beaucoup d’efforts à consentir pour que son premier simple se classe au palmarès du Billboard le jour de sa sortie.

    Mais elle ne voulait pas que ça se passe comme ça. Elle avait l’intention d’y arriver avec son seul talent… mais elle n’était pas naïve au point de penser que l’industrie s’intéressait autant au talent qu’au pouvoir. Elle était plutôt encline à enfoncer la porte du succès avec ses toutes nouvelles bottes hautes.

    — Vous avez récemment essayé une nouvelle chanson, Bleed, dit Stacey. Les critiques ont de la difficulté à la classifier. Quelles ont été les influences pour les paroles et la sonorité ?

    Miranda joua avec son bracelet-émetteur, soupesant la réponse.

    — C’est une chanson très personnelle, répondit-elle. Les paroles ont été les premières que j’ai écrites après une période très difficile que j’ai traversée l’année dernière. J’ai pensé que le changement de ton, passant de la douleur au triomphe, trouverait un écho chez les auditeurs. Elle a une facture qui la rapproche des premières chansons de Tori Amos, mais la version studio incorporera des éléments plus électroniques. La vision que nous avons pour l’album en entier est un son riche et sombre qui laissera de la place pour la franchise de certaines des paroles.

    — Vous êtes plutôt discrète au sujet de votre vie personnelle. Des rumeurs récentes veulent que vous soyez mariée. Y a-t-il du vrai là-dedans ?

    Miranda sourit.

    — En fait, oui.

    Elle leva sa main gauche, montrant l’anneau de platine qui s’y trouvait.

    — Je suis mariée depuis environ deux mois.

    Les yeux de Stacey s’illuminèrent — une exclusivité !

    — Que pouvez-vous me dire au sujet de votre mari ?

    — Oh, je pourrais vous dire de nombreuses choses, mais il est une personne très secrète, tout comme moi. Je vous dirai que sa rencontre a complètement changé ma vie, et que nous formons une paire parfaite.

    — Vivez-vous dans la région d’Austin ?

    — Oui.

    — Dans la ville elle-même, ou dans la banlieue ?

    Miranda gloussa.

    — Dans la région, fit-elle en regardant sa montre et en se levant. Je suis désolée, mais je dois rentrer maintenant.

    — Une dernière question, si vous le permettez.

    Elle semblait si enthousiaste que Miranda ne put refuser.

    — Allez-y, dit-elle à la femme en pliant sa chaise pour la déposer contre le mur.

    Elle essayait de garder les lieux bien rangés pour le groupe qui jouait après elle, même si ses membres rendaient rarement la pareille.

    Stacey fouilla de nouveau dans son sac pour trouver quelque chose.

    — Heu… attendez…

    Miranda se retint de rouler les yeux, mais les tiraillements dans son estomac commençaient à se faire insistants. Elle apprenait toujours à contrôler sa faim. Contrairement à sauter un repas lorsqu’elle était mortelle, attendre trop longtemps avant de se nourrir pouvait affecter son jugement et conduire à des incidents malheureux… ce qui s’était produit plus d’une fois les premières semaines. Si David n’avait pas insisté pour chasser avec elle pendant un certain temps, elle aurait pu tuer quelqu’un. Elle avait un sac de secours dans la voiture, gardé sur la glace dans le coffre, mais sa voiture était à un pâté de maisons, et il y avait du monde qui traînait dehors, alors elle ne pouvait pas simplement l’ouvrir et l’avaler d’un coup.

    — OK, dit Stacey en se redressant.

    Miranda remarqua qu’elle tenait quelque chose à la main. Elle aperçut brièvement du métal et du bois…

    — Pourquoi êtes-vous assez stupide pour vous déplacer sans garde du corps ? demanda Stacey en levant la main.

    Le corps de Miranda réagit avant que son cerveau ne puisse enregistrer ce qui se passait, et elle se jeta vers l’arrière pendant que l’arme partait, se tournant de côté une fraction de seconde avant que le pieu s’enfonce dans son épaule. L’impact la projeta vers l’arrière contre le mur, et elle poussa un grognement en bondissant vers la femme, qui avait déjà pivoté sur ses talons et filait hors de la pièce.

    Miranda manqua Stacey de quelques centimètres à peine et se lança à la poursuite de la femme, sa vue tournant au rouge vif à cause de la colère. Stacey courait à toute vitesse dans le corridor étroit des coulisses, renversant des gens sur son passage. Miranda se faufila à travers la foule, ignorant la douleur et le sang qui coulait sur sa poitrine. Elle entendit des hoquets de surprise derrière elle pendant qu’elle s’approchait de la présumée meurtrière, mais Stacey tendit la main vers le côté et tira une pile de haut-parleurs sur roulettes pour entraver la course de Miranda.

    La reine les écarta d’un coup de pied et continua la poursuite, mais lorsqu’elle jaillit par la porte arrière, il n’y avait plus aucun signe de Stacey, plus personne. La ruelle était vide.

    — Bon sang ! s’écria Miranda dans la ruelle déserte.

    L’alerte se déclencha immédiatement sur son émetteur.

    — Une équipe d’urgence au bar et grill chez Mel’s, code Alpha 1 ! entendit-elle la voix de Faith commander en mode de diffusion générale. Étoile 2, Étoile 2, Miranda, tout va bien ? entendit-elle ensuite.

    Miranda prit une profonde inspiration.

    — Étoile 3, ici Étoile 2, je vais bien. Je suis blessée, mais pas gravement. Une femme qui se faisait passer pour une journaliste m’a planté un pieu dans l’épaule. Elle avait un genre de fusil sous-marin. J’ai perdu sa trace, mais je compte bien la poursuivre…

    — Oh que non, fit une voix.

    Miranda se tourna à temps pour voir les ombres au coin du bâtiment se densifier et se fondre ensemble, la substance même de la nuit tournoyant sur elle-même pour prendre la forme d’un homme en noir avec une pierre flamboyante autour du cou.

    Le Primat fut à ses côtés en quelques secondes, et l’air de son visage, même s’il était extrêmement séduisant pour elle, aurait glacé le sang d’un humain.

    — Que s’est-il passé ? demanda-t-il en la prenant aux épaules.

    Lorsqu’il vit le pieu, il poussa un sifflement de colère, et ses yeux prirent une couleur argentée.

    — Ce n’est pas grave, insista-t-elle. Si nous nous dépêchons, nous pouvons encore…

    — Tu es blessée, répliqua-t-il sèchement. Cela reçoit la priorité. Maintenant, ne bouge pas et prépare-toi… inspire profondément… expire maintenant lentement…

    Elle fit ce qu’il demandait, et à l’expiration, il tira sur le pieu.

    Miranda poussa un cri. Elle sentit le bois traverser le muscle comme si chaque fibre du pieu était une dent de scie qui déchirait la chair sur son passage. C’était comme si le bois laissait une trace huileuse et vénéneuse qui s’enfonçait dans son corps et lui enlevait toute sa force.

    Sa vision devint floue, et elle s’affaissa dans les bras du Primat.

    — Ah mon Dieu, fit-elle.

    — Du calme, mon amour, dit-il d’un ton beaucoup plus doux. Du calme. Ferme les yeux… respire.

    Miranda ferma les yeux en serrant les paupières avec vigueur, et elle essaya de se concentrer sur la sensation des mains du Primat sur ses bras, le son de la respiration du Primat, le rythme de la pulsation du Primat, qu’elle pouvait sentir, toujours, dans ses propres veines. Elle sentit qu’il faisait passer de son pouvoir dans le lien qui les unissait, et elle sentit pendant un moment une chaleur insupportable dans son épaule, puis une démangeaison horrible qui se transforma en engourdissement.

    Lorsqu’elle ouvrit les yeux, la blessure avait disparu, même s’il restait un trou béant dans son manteau.

    — Merde, murmura-t-elle. J’adorais ce manteau.

    Elle perdit connaissance sur ces mots, heureuse qu’il fût là pour la rattraper.

    Faith réussit, on ne sait comment, à empêcher David de réduire le bâtiment en miettes à la recherche de l’attaquante, mais ce n’était pas une mince affaire. La demi-douzaine de soldats de l’Élite qui se présentèrent sur les lieux semblait effrayée par sa colère. Qui ne l’aurait pas été ? Un nuage noir d’énergie bouillonnante l’entourait pendant qu’il se tenait les bras croisés et observait l’équipe fouiller le club à la recherche d’indices, tandis qu’une autre équipe essayait de relever la piste de la fuyarde. Les quelques humains qui assistaient à la scène n’avaient aucune idée de ce qui se passait vraiment, mais ils savaient que Miranda avait été attaquée et que son personnel de sécurité s’occupait de l’affaire. L’air sur le visage de son mari était suffisant pour tenir quiconque, humain ou vampire, à distance.

    Faith rejoignit le Primat lorsque l’équipe eut pris les choses en main, et elle prit sa place habituelle à ses côtés — à gauche, puisque la place de la reine était à droite. La reine était actuellement inconsciente dans la voiture.

    — C’est inacceptable, dit David d’une voix sombre. Elle n’ira plus nulle part sans garde du corps. Compris ?

    — Entièrement d’accord, sire, mais vous aurez de la difficulté à la convaincre.

    — Je la ferai suivre s’il le faut.

    Faith fit à peine un signe de tête. Elle avait déjà appris à ne pas prendre parti.

    — Hormis le pieu lui-même, que nous allons faire analyser, il n’y a rien, dit la commandante en second. Personne n’a aucun souvenir du visage de cette femme, sauf bien sûr la reine. Cette garce a réussi d’une manière ou d’une autre à convaincre Miranda qu’elle était humaine, et c’est assez… troublant.

    — Tout à fait d’accord.

    — La meilleure hypothèse, c’est qu’il s’agit d’une vampire avec un champ de protection de l’enfer, mais il n’y a aucun moyen d’en être sûr.

    — Voici une meilleure question, dit David. Oublions ce qu’elle était et demandons-nous qui elle était.

    — De toute évidence, c’était un coup planifié. Elle avait une fausse carte de presse et même un numéro de téléphone factice. Je fais une recherche pour trouver qui a pu acheter des papiers à ce nom, mais je doute que nous trouvions quelque chose.

    Faith fit un signe à Élite 33, qui transportait le sac et la guitare de Miranda du club vers la voiture, et demanda au Primat :

    — Le réseau de capteurs a-t-il enregistré quelque chose d’anormal ?

    L’expression sombre de David devint orageuse.

    — De façon plutôt intéressante, non. Il n’y a pas eu de pic à l’écran.

    — Comment avez-vous su qu’il fallait nous envoyer ici, alors ?

    — J’ai senti le pieu.

    Ses yeux étaient fixés sur la voiture au bout de la ruelle.

    — Ou l’attaquante était une humaine et plus rapide à la course que la reine, poursuivit-il, ou elle était une vampire qui n’a pas été détectée par le réseau. Je n’aime aucune de ces deux possibilités, Faith. Je compte sur vous pour retrouver cette personne et me l’emmener.

    Faith ne souligna pas à quel point ce serait difficile, voire impossible. L’Élite comptait de fins limiers, mais jusqu’à maintenant, l’équipe était bredouille. Cette femme s’était évanouie dans la ville peuplée sans laisser une seule empreinte de pas ou une seule trace d’énergie. Même la plus grande médium à leur disposition — Miranda — l’avait perdue, quoique si elle n’avait pas été blessée, la reine eût probablement rattrapé la femme en quelques minutes.

    Une attaque planifiée. Précise, ciblée… ce qui menait Faith à croire que cette Stacey connaissait exactement celle

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1