L’Héritier des Dragons: Théa Grove, Chasseuse de Vampires, #1
Par Molly Webb
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À propos de ce livre électronique
Je m'appelle Théa, et je suis chasseuse de monstres. Ou un monstre moi-même. Ça dépend à qui vous posez la question…
Mon père m'a entraînée à me montrer dure et sans pitié, dans le but de prendre un jour sa place en tant que cheffe de notre clan. Puis j'ai découvert que mon père n'était pas l'homme qu'il semblait être. Alors j'ai monté ma propre entreprise. Maintenant, je travaille pour ceux que mon père exploitait. Oui, je suis payée. Mais je ne le fais pas pour l'argent.
Alors quand je découvre que le loup-garou enragé que je pourchasse est en réalité innocent, je veux savoir qui l'a piégé et pourquoi. Il s'appelle Marcus, avec ses larges épaules et ses yeux perçants, il est tout à fait capable de se protéger tout seul. Mais quelqu'un veut sa mort. Et moi, je veux qu'il reste en vie… au moins assez longtemps pour découvrir son secret.
Parce que Marcus n'est pas un simple morphe. Il est bien plus étrange que cela, et bien plus dangereux. Un secret ancien couve derrière son regard ardent.
Et quand il sera révélé, il est possible qu'il mette le monde à genoux…
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Aperçu du livre
L’Héritier des Dragons - Molly Webb
CHAPITRE UN
Il est quatre heures du matin, les rues d’Hollowmore sont pratiquement vides, si l’on oublie les retardataires rentrant de raves ou de clubs de glamour pour s’écrouler chez eux. De l’autre côté de la Dwell, les enseignes aguicheuses des casinos et des lieux branchés peignent les nuages en rose et violet, s’entrelaçant inlassablement en schémas hypnotiques. Après tout, il fait toujours nuit de ce côté de la ville.
Les Démoniques aux ailes de chauve-souris, comme chacun des clans morphes, se sont approprié une partie de la ville il y a plus de cent ans ; on appelle leur district Empyrean, et ils l’ont recouvert d’un voile de ténèbres qui les alimente en magie. Le soleil ne s’y lève jamais ; les lumières ne s’éteignent jamais ; les fêtes sont sans fin.
Ce qui en fait un paradis pour les vampires.
Mais quand un buveur de sang apparaît dans n’importe quelle autre partie de la ville, les heures calmes qui précèdent l’aube constituent leur moment favori pour rôder à la recherche d’une proie. C’est pourquoi je suis la seule Arcane dans les parages à cette heure. Voler au gré des courants d’altitude me place bien au-dessus de la poignée de voleurs démoniques qui s’aventurent en dehors de leur territoire, et puisque le battement de mes propres ailes couvertes de plumes est léger et silencieux, les gens de la surface ne me remarquent pas non plus, morphes ou non. Je tapote mon téléphone de mes doigts engourdis et confirme que je suis toujours sur la piste de ma cible. Je suis peut-être un peu trop optimiste d’espérer que le vent glacé apaise la migraine qui pulse sous mon crâne. Cette douleur sourde ne me quitte pas depuis des jours. Mais le département de police d’Hollowmore paie bien, et régulièrement, contrairement à la plupart de mes clients. Je ne peux pas me permettre de refuser un travail de leur part simplement parce que j’ai mal choisi mon moment pour arrêter de fumer.
L’adresse qu’ils m’ont donnée se situe au nord de la Dwell, près de la nette démarcation où des zones sombres et boisées interrompent les constellations scintillantes des réverbères. C’est Harahel, le territoire des Griffus ; il aurait fallu me payer beaucoup plus que ce que j’ai reçu si la police voulait m’envoyer là. Contrairement aux morphes des clans arcane et démonique, les Griffus ne se contentent pas d’une paire d’ailes quand ils se transforment. Ils prennent de gigantesques formes animales, griffes et crocs inclus. Personne n’a envie de se frotter à eux.
Le toit sur lequel je me pose enfin se situe dans un quartier qui n’appartient à aucun des clans. Barrow Knoll, d’après mon téléphone qui me gratifie également de la position de trois restaurants et d’un lavomatique dans les environs. Je range l’appareil dans ma poche et reprends forme humaine en secouant mes grandes ailes emplumées. Blanches comme la neige, elles font plus de trois mètres d’envergure – pas vraiment discret. Autant sonner la fanfare : Arcane ! Pas de magie sans lumière ! Si vous avez une dent contre les riches et les puissants, profitez-en !
Mais sans mes ailes, sans lumière du soleil pour faire ressortir la luminescence arcane de ma peau, je ne suis qu’une fille banale, en jean et bomber cuir élimé. Je replace mon arbalète pour qu’elle pende à mon épaule, prête à l’emploi – ombre dans mon dos jusqu’à ce que je la saisisse entre mes mains.
Depuis le toit, le quartier n’est qu’un amas de rues étroites éclairées par de vieilles lampes qui dispensent une lumière orange, de petites maisons dotées de jardins de la taille d’un timbre-poste, bien trop de recoins sombres entre les deux. Trois humains ont été retrouvés morts ce mois-ci à moins d’un kilomètre d’ici, vidés de leur sang et des marques de crocs sur leur cou. Quand ils ont retrouvé un loup-garou dans le même état, la police est venue me voir. Le ton bourru de l’inspectrice Fiduci – Nous avons un menu spécial Théa – n’a trahi aucune urgence. Mais, contrairement à son prédécesseur, l’inspectrice sait quand elle a la tête sous l’eau et elle n’est pas du genre à laisser un vampire assez affamé pour s’attaquer à d’autres hybrides sans rien faire. Il faut l’exterminer, et vite.
Je descends au niveau de la rue par une vieille issue de secours métallique, le poids familier de mon arbalète contre ma cuisse. Une voiture laisse échapper un son de basses en passant. Le trottoir sent vaguement les vers de terre après la pluie. J’adopte une démarche vive et ordinaire, rabats la capuche de mon sweat sur mes cheveux blond platine pour qu’ils n’accrochent pas la lumière des réverbères. Pas de morphe ici, mon bon monsieur. Rien qu’une délicieuse étudiante sans défense.
Notre vampire a dû se trouver une planque dans le coin –un garage, un lieu étroit en sous-sol, quelque chose du genre – et ce quartier est plein à craquer de fenêtres de sous-sol barrées de planches, de soupiraux cassés, de garages aux portes branlantes. Pas étonnant qu’on n’ait pas encore retrouvé la bestiole. Elle a peut-être même plus d’un repaire. La police a réduit les possibilités à ce quartier, mais devoir réclamer des permis de chasse à l’Assemblée Générale les ralentit. La plupart des vampires ne sont pas assez dangereux – ou malins – pour poser problème, mais celui-ci les fait tourner en bourrique.
Je réprime un soupir et me pince l’arête du nez : cette migraine ne faiblit pas. Bon, avec un peu de chance, ma cible me facilitera la vie.
Un mouvement furtif dans l’ombre d’un porche attire mon regard : le croissant blanc d’un visage tourné vers les cieux, une main délicate qui agrippe un bras. Deux personnes, enlacées dans un coin. On pourrait presque les prendre pour un couple passionné, jusqu’à ce que la main se détende et retombe, molle, tandis que l’autre silhouette se penche en avant, les épaules voûtées. De plus, la brise transporte une odeur caractéristique : celle du sang et de la pourriture.
Ha. La chance est avec moi.
Mes doigts s’avancent vers l’arbalète, mais même en visant bien, le carreau de bois – substitut correct pour un pieu – pourrait toucher la victime en traversant ma cible, et les dommages collatéraux sont vraiment mauvais pour les affaires. Il faut d’abord que je les sépare. Je soupire. Adieu, l’élément de surprise.
Ma voix résonne dans la rue silencieuse :
— Hé ! Il y a des hôtels pour ça !
La silhouette penchée dans l’ombre se tourne vers moi avec la rapidité d’un serpent, sa bouche sombre formant une tache dans son visage fantomatique, les yeux habités d’une lueur frénétique dans ses orbites bleuies. Ouais, c’est ça. Je recule d’un pas, une main sur la bouche, telle une proie. Approche.
La chose délaisse l’objet de son affection – une fille à la chevelure sombre – qui s’écroule au sol. La victime heurte les pavés de l’alcôve avec un son dur, sa tête remue faiblement. Avec un peu de chance, il lui reste assez de sang dans les veines pour s’en tirer. Le vampire émerge dans le halo orangé du réverbère, ses lèvres ensanglantées tordues en un sourire suffisant. Ce mec devait avoir à peu près mon âge, avant, vêtu d’une veste chic et du genre de pantalon auquel on fait un pli. Évidemment. Ma déplorable année et demie à la fac était peuplée d’abrutis sortis du même moule.
Sans surprise, il se jette sur moi avec rapidité, couvrant la distance comme on rembobine une cassette. Mais je le suis plus encore. Je prends mon élan et écrase mon poing sur son visage.
Il titube en arrière, plus étonné que blessé. Au moins, il a cessé de sourire. Profitant de son déséquilibre, je me jette sur lui et lui assène un autre coup avant qu’il ne récupère ses esprits et arrête le suivant, me contraignant à esquiver les siens.
Pas mal. Étonnamment, il est économe et se maîtrise : la plupart des vampires s’agitent dans tous les sens et dispersent leurs coups. Il a dû bénéficier d’un entraînement quelconque de son vivant. Sa tête part en arrière sous un autre de mes coups et j’agrippe sa veste pour le ramener vers moi, une main sur le manche de l’épée passée à ma ceinture, prête à activer sa lame d’énergie bleutée crépitante pour le décapiter, qu’on en finisse.
Mais dans une torsion et un bruit de vêtement qu’on déchire, il se dégage de sa veste qui me reste dans la main et quitte la lumière pour retrouver l’ombre d’une ruelle. Je laisse échapper un grognement de frustration en me lançant à sa poursuite.
Des poubelles et des annexes probablement illégales encombrent la ruelle, la transformant en circuit de course d’obstacles à l’aveugle, sans marge de manœuvre. Ma cible perd de précieuses secondes à renverser un conteneur à ordures, que je franchis plus rapidement qu’il n’avait anticipé, et je le rattrape enfin.
— Attends, hoquette-t-il en esquivant mon coup. Je pourrais t’être utile ! J’ai des infos !
Mais bien sûr ! Néanmoins je veux bien jouer le jeu si ça me laisse une ouverture.
— Ah oui ? dis-je en faisant craquer mes jointures. Quoi, par exemple ?
— Il y en a d’autres comme moi, halète-t-il. Je les connais. Je peux te mener à eux !
— Hm-hm.
Je me rapproche, la main sur la poignée de mon épée ; il recule. Parle, sangsue.
— Je suis sûre que tu fais partie du gratin de la société vampirique, je le raille.
— Il y a eu des réunions ! insiste-t-il. Clandestines ! Tu veux savoir où ?
Apparemment il croit être le premier à se rattraper aux branches pour se sortir d’une tombe bien méritée. Quel imbécile. Il n’y a pas de société vampirique, pas de réunions. C’est impossible. Les vampires sont dirigés par leurs pulsions. Ils sont incapables de planifier, de s’organiser et ne recherchent définitivement pas la compagnie. Ils ne peuvent se concentrer que sur le sang, chaud et frais, et ils s’entretueraient sans la moindre hésitation ni remords pour l’obtenir. Comme des crabes dans un panier.
Je fais mine de réfléchir.
— Écoute…
Il plonge avant que j’aie pu me mettre en position, lèvres retroussées sur ses crocs pointus, et un horrible craquement retentit derrière moi quand je suis projetée à terre. Merde, l’arbalète. Je fais un roulé-boulé, les hauts murs aux fenêtres barricadées et la lumière faiblarde d’un patio tournent autour de moi tandis que j’enfonce les bouts renforcés de mes bottes dans le ventre du vampire et le fais passer cul par-dessus pour atterrir bruyamment dans la poubelle.
Je n’ai pas besoin de mon épée, finalement : j’ai les lumières du patio. Des lumières solaires.
J’envoie une lance de volonté sur ces ampoules troubles et clignotantes et un trait de lumière – la lumière du soleil, blanche et brûlante – fuse en retour. Ma cible a à peine le temps d’émettre une grimace d’agonie avant de s’évaporer dans un nuage de cendres sifflantes. Je reste étendue sur le sol, tâchant de reprendre ma respiration tout en crachant des flocons de vampire grillé.
— Quel dommage. (Je me redresse avant de me rendre compte que la voix traînante vient de ma tête.) On dirait que j’ai manqué le spectacle.
Je me traîne debout avec un dos douloureux qui m’arrache une grimace.
— Héro... Combien de fois devra-t-on avoir cette conversation ?
La propriétaire de la voix m’observe depuis le sol : elle ressemble à un chat qui se fondrait dans la nuit, à l’exception d’une tache blanche sur son poitrail et de ses yeux luminescents, ronds et dorés comme des pièces. Sa fourrure noire est inaltérée par la cendre poudreuse qui se répand suite à la défaite du vampire.
— C’est pénible, en effet, convient Hérodote en battant de la queue avec dédain. Mais si tu tiens à ce que nous revisitions ce sujet, je ne t’en empêcherai pas.
Je me penche vers elle et, tandis qu’elle me gratifie d’un bâillement outrancier, je martèle avec insistance :
— Reste. À la. Maison. L’une de nous deux se fera tuer à cause de toi.
— De ce point de vue, tu m’as l’air de t’en sortir adroitement toute seule.
— Je suis toujours là, non ?
Héro perd intérêt pour la conversation et renifle les vêtements froissés du vampire.
— Ah, soupire-t-elle, et sa fourrure s’illumine un instant comme si une lumière l’éclairait quelque part. Délicieux. Quelle considération de ta part de me laisser des restes.
— Fais-toi plaisir.
Je sors mon téléphone de ma poche. L’écran arbore des fêlures toutes fraîches ; je savais bien que j’aurais dû souscrire à cette assurance. Le clavier fonctionne toujours, heureusement, et je compose rapidement le numéro des secours pour qu’une ambulance vienne s’occuper du casse-croûte du vampire. À la lumière de ma lampe-torche, l’arbalète a essuyé bien plus de dommages que moi : une partie de l’arc est cassée et le fil pend. J’aimais les lattes de bois de frêne qui la composent et lui confèrent un retour surnaturel – associées à la barre de chêne et aux carreaux d’aubépine, le tout forme un trio de charme – mais, on m’avait prévenue, voilà l’inconvénient : la force et la souplesse du bois ont leurs limites.
Je replace l’arme sur mon épaule et éclaire les pavés avec ma lampe. Il me faut plusieurs minutes pour trouver ce que je cherche parmi les cendres : une dent, longue et aiguisée, tout ce qu’il reste de ma cible. Je l’empoche dans le but de la remettre à l’inspectrice Fiduci.
Il est pratiquement cinq heures, je suis courbaturée, grognon, j’ai un foutu mal de crâne et l’inspectrice ne sera pas disponible avant dix heures. Je vais en profiter pour voler quelques heures de sommeil. Cela dit, je pourrais passer par le bâtiment qui abrite ce qui me sert de bureau ; Anika ouvre le café en bas – La Fève Joyeuse – à six heures. Je ne vais certainement pas l’embêter avec l’arbalète, elle a bien assez à faire… mais la vision d’un de ses petits-déjeuners composés de sandwiches débordant de fromage, bacon et confiture de tomate se matérialise soudain avec une telle clarté dans ma tête que je jurerais en sentir l’odeur. Mon estomac gargouille.
Héro arpente toujours la ruelle en scintillant doucement dans le noir tandis qu’elle lape les résidus de ma magie.
— Je vais manger un morceau chez Anika, l’avertis-je. Tu viens ?
Elle termine son repas en se léchant les babines et ne prend même pas la peine de se retourner ; sa queue tressaute une fois paresseusement pour prendre congé et elle disparaît le temps d’un clin d’œil. Rien d’étonnant de la part d’une cat sidhe. Elle ne réapparaitra sûrement à la Fève qu’à la seconde où Anika utilisera ses pouvoirs, alors elle miaulera piteusement, comme si elle n’avait pas été nourrie depuis des semaines. Je lève les yeux au ciel et prends la direction de la rue pour ressortir mes ailes.
Une nouvelle voix me fait bondir au moment où j’atteins le trottoir.
— Joli feu d’artifice, Arcane.
Les paroles ne sont pas fortes, mais graves et rocailleuses. Un homme grand, d’au moins deux mètres de haut, se tient négligemment appuyé contre le mur de briques à ma droite. Il porte un pantalon de treillis, une veste bouffante par-dessus un sweat-shirt gris, et arbore une barbe hirsute.
— Merci.
Mon ton est léger, mais je suis sur mes gardes. Tout chez ce type sent le Griffu : son odeur animale, son style sans prétention, sa carrure musclée, même sa façon de se tenir. Il y a quelque chose de minéral chez lui, une présence indéfectible, comme une montagne. Je parie qu’il se transforme en ours. Et il n’a pas l’air ravi de me voir.
— C’est plutôt culotté de ta part, fait une nouvelle voix, d’étaler ta magie comme ça, dans le coin.
Et merde, en voilà deux autres qui arrivent de l’autre côté, les mains dans les poches : un homme et une femme, tous deux grands et solides comme des rocs.
— T’es qui, d’ailleurs ?
— Appelez-moi Théa, réponds-je avec un haussement d’épaule et un sourire forcé en fourrant mes mains dans mes poches pour imiter leur posture. Et je viens de me faire agresser par un buveur de sang, pour info. On fait ce qu’on peut.
— Fais pas la maline, grogne quelqu’un d’autre derrière moi.
Cette fille a un visage rond et des tresses, elle est plus petite mais aussi plus nerveuse, les poings serrés, prête à se battre.
— C’est toi qui le chassais, reprend-elle. Tu devrais réfléchir avant de venir te battre sur notre territoire.
Je hausse les sourcils mais lève les mains en signe d’apaisement.
— Euh, excuse-moi, mais la dernière fois que j’ai vérifié, Harahel était par là. Depuis quand ce quartier appartient aux Griffus ?
— C’est toi qui vas nous apprendre où s’arrêtent nos frontières ? rétorque le premier type.
Il parle calmement mais son regard est dur dans la lueur orangée des réverbères.
— Je clarifie, c’est tout.
C’est des conneries, mais ils ont l’avantage du nombre, ils m’encerclent, et ce n’est pas pour rien qu’on les appelle Griffus. Qu’aurais-je à affronter s’ils décidaient de se transformer ? Comme si cet homme-ours ne suffisait pas. Des lions de montagne ? Des loups ? Je pourrais toujours m’envoler, mais sortir mes ailes à cet instant ne ferait que jeter de l’huile sur le feu et je ne parierais pas sur ma rapidité à leur échapper. J’ai peut-être tourné le dos aux Arcanes, mais ça ne veut pas forcément dire grand-chose ; certains sauteraient sur la moindre opportunité de voler dans les plumes d’un autre clan. Si je devais me battre contre des Griffus, cela pourrait rapidement entraîner de graves répercussions sur la ville toute entière.
— Écoutez, dis-je en reculant d’un pas. Je n’avais pas l’intention de froisser qui que ce soit. Je suis juste là pour le boulot, d’accord ? Le mec que j’ai grillé a tué un loup-garou et trois humains. Il devenait dangereux, et maintenant vous n’avez plus à vous en préoccuper. O.K. ?
— Nous sommes parfaitement capables de surveiller notre territoire, crache la femme.
— Oui, évidemment. (Continue de sourire, Théa.) Considérez ça comme une faveur.
Le premier type se détend un peu, mais l’autre femme croise les bras.
— Une faveur ? De la part d’une Arcane ? Où est le piège ? On te fait pas confiance, le piaf.
Les autres approuvent en chœur et le cercle se resserre. Enfin, c’est raccord avec le reste de ma nuit. J’aurais peut-être dû regarder mon horoscope avant de sortir. Je pose les mains sur mes hanches, enroule deux doigts autour de la poignée de mon épée mais le contact du cuir ne m’est pas d’un grand réconfort.
Si je dois la tirer, je serai vraiment dans la mouise.
CHAPITRE DEUX
— Q ue se passe-t-il ici ?
La voix traverse l’air tendu comme un son de cloche – pas aussi grave que celle de l’ours, mais elle porte le poids de l’autorité, et mes interrogateurs se retournent d’un coup pour lui faire face, le dos bien droit. Une silhouette maigre aux longs cheveux méchés de gris pénètre dans le cercle. La lumière tombe sur le visage buriné aux sourcils froncés d’une femme, accentuant ses ombres.
Évidemment, c’est la gamine nerveuse qui parle en premier :
— Nous avons trouvé cette Arcane en train de faire une démonstration de ses talents. Elle a pulvérisé un vampire juste ici, Dame Espina ! Sous notre nez !
Espina. Parfait, je suis vraiment dedans jusqu’au cou. Il s’agit de la matriarche du clan griffu ; la femme qui m’étudie de ses yeux sombres indéchiffrables fait probablement partie du Conseil Privilégié.
La petite nerveuse se trémousse en silence quelques secondes mais ne semble pas pouvoir se retenir plus longtemps :
— On peut pas les laisser se balader sur notre territoire et…
— Techniquement, l’interrompt doucement Dame Espina sans me quitter des yeux, nous sommes toujours à Barrow Knoll. Nous protégeons ce quartier mais il ne nous appartient pas. (La nerveuse ouvre la bouche pour protester mais l’ours pose une main sur son épaule avec un regard d’avertissement.) Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que tu comprennes dans quoi tu as failli te fourrer. Quel est ton nom, Arcane ?
— Euh, dis-je en me raclant la gorge. Théa. M’dame.
Un sourire sans joie étire la commissure de ses lèvres.
— Je m’en doutais, répond-elle avant de se tourner vers les siens. Vous avez devant vous une héritière directe de la famille Grove.
Je sens la chaleur me monter aux joues comme une gifle à l’évocation de ce nom.
— Je ne suis pas…
Ma protestation se perd dans un hoquet collectif de… quoi, de surprise ? De dégoût ?
— Mais alors qu’est-ce qu’elle fiche ici ? demande l’un d’eux avec une grimace révulsée. Elle nous… nargue parce qu’elle sait qu’on ne peut rien lui faire ? C’est ça ?
Je craque.
— Je vous ai dit que j’étais là pour le travail. La police m’a engagée, si vous voulez tout savoir. Je ne suis l’héritière de rien du tout. Je travaille seule.
— Chasser des vampires ? Pour des humains ? sourit Dame Espina. Et que pense ton estimé père de tout cela ?
Qui nargue qui maintenant ? Je desserre les mâchoires avec précaution.
— Il faudra lui demander directement. On ne se parle pas vraiment.
— Eh bien, ton travail est terminé, ricane la nerveuse. Alors tire-toi d’ici.
— Et la prochaine fois, ajoute Dame Espina sans une once d’indulgence, montre à notre clan le respect qu’il mérite en t’en tenant éloignée.
Je n’ai pas besoin qu’on me le dise deux fois ; je sors mes ailes et les ouvre avec un bruit sec.
— Message reçu.
L’instant d’après, je suis dans les airs, leurs silhouettes musclées s’éloignent sous moi, perdues parmi les bâtiments. J’inspire une grande goulée d’air froid, puis une autre, l’adrénaline pulse sous mon crâne tandis que les lumières des réverbères se transforment en lointaines lucioles.
Je suis secouée, et en colère de l’être. Je suis soulagée, et en colère de l’être. J’ai une bonne raison pour ne pas utiliser le nom de mon père. Je n’ai pas besoin de sa fichue protection. Non que cela l’intéresse particulièrement de l’étendre jusque-là. Mais il n’en a pas besoin. Il n’a pas besoin de remuer ne serait-ce que le petit doigt. Il s’en est assuré.
Je hais comment l’attitude des gens change à l’évocation de cette simple syllabe. Comme un sort. Une malédiction. Grove. J’aimerais trouver des ciseaux enchantés capables de découper ce nom hors de ma vie.
Bref. Je ne pense plus à mon drame familial. Quelque part derrière les nuages, le soleil se lève, transformant les ténèbres éclairées d’orange en gris terne. La Dwell forme une ligne qui serpente à travers la ville et je la suis vers l’est, en direction d’un visage amical, d’une tasse de café chaud, et d’un bon petit-déjeuner.
Il est plus tard que je ne le pensais. Le café est déjà ouvert, la clochette tinte discrètement quand je pousse la porte. Anika, ses cheveux noirs relevés en son habituel chignon décoiffé, lève les yeux de derrière le comptoir où elle dispose des cafés sur un plateau pour un type en costume et me désigne la table la plus proche : un grand mug fumant et une assiette contenant un paquet enveloppé de papier m’y attendent déjà. Anika a beau être humaine, je jurerais qu’elle a des superpouvoirs.
— Tu es un ange.
Je pends l’arbalète au dossier de la chaise et déballe le sandwich. Il
