Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1: La fin du monde
L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1: La fin du monde
L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1: La fin du monde
Livre électronique292 pages3 heures

L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1: La fin du monde

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Le Rêve est le premier tome de la trilogie relatant l’épopée de Carla Jouvenssen, une jeune fille de douze ans qui, aux lendemains d’un troublant cauchemar, est amenée à voyager avec son père à Chichitangello. Mais la guerre gronde et Carla devra s’enfuir du monde des hommes en compagnie de son meilleur ami, Tom la belette.

À travers la jungle, les landes de glace, la savane désertique et les montagnes du Nord, Carla et ses amis connaîtront des aventures rocambolesques. Entre Bilbo le Hobbit, Alice au pays des merveilles et Les Chroniques de Narnia, L’Épopée de Carla Jouvenssen est un conte drôle, engagé et surprenant qui exaltera le lecteur quel que soit son âge.
LangueFrançais
Date de sortie18 nov. 2022
ISBN9782897757021
L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1: La fin du monde

Lié à L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1

Livres électroniques liés

Fiction générale pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L' EPOPEE DE CARLA JOUVENSSEN TOME 1 - P.J. Chadwick

    CHAPITRE UN

    Le rêve

    C

    arla se réveilla avec l’étrange sentiment d’être en train de voler. De chaque côté de son corps battaient d’immenses ailes de dragon. À l’horizon se couchait un soleil de sang. Elle plongea à travers les sombres nuages et fonça vers la terre. La sensation de vertige était si intense que Carla dut se retenir pour ne pas crier. Loin en bas sur la plaine, deux immenses armées fonçaient l’une vers l’autre. Redressant son majestueux corps de reptile, Carla se hâta vers la bataille dans l’espoir de pouvoir l’arrêter.

    Au moment où elle touchait le sol, ses ailes se métamorphosèrent en de puissantes pattes blanches. Elle fonçait maintenant à toute vitesse vers la bataille. Le vent ébouriffait la crinière blanche de la jeune fille, qui poussa un rugissement auquel répondirent en chœur des centaines de lions et de lionnes. L’armée des hommes fonçait vers eux au grand galop, et la terre tremblait sous les coups des milliers de sabots. Carla pouvait voir scintiller les lames des épées dans la rougeur du crépuscule, mais elle ne ralentit pas. La rage battait dans son cœur et faisait disparaître toute trace de peur. L’inévitable collision se produisit dans une explosion de rugissements et de sang. Une gigantesque ombre noire recouvrit alors le soleil. Il s’agissait de la silhouette d’un dragon.

    Prenant conscience qu’elle était en train de rêver, Carla se réveilla en sursaut. Il faisait noir et l’air était étouffant. Elle se demanda où elle était. Dans sa chambre ? Elle allait appeler sa mère pour se rassurer lorsque la terre trembla de nouveau. Cette fois, ce n’était pas un rêve; la sensation était beaucoup trop réelle ! Des pas lourds approchaient, comme des tonnes de briques tombant du ciel. Pourrrb ! Pourrrb ! Pourrrb ! La jeune fille était terrifiée, mais n’osait pas crier de peur d’attirer l’attention du monstre. Elle voulut courir se cacher dans sa garde-robe, mais elle était comme paralysée. Une corne scintillante transperça subitement le toit de sa maison. La créature renifla à l’intérieur, et Carla put sentir son haleine putride. D’un puissant coup de tête, la bête arracha le plafond de la chambre en poussant un horrible mugissement, découvrant une rangée de dents, chacune de la taille d’une épée. Carla se glissa sous le monstre et pria pour qu’il ne la voie pas. Elle crut discerner à travers la noirceur deux grosses grenades accrochées au ventre du monstre. Carla sut à cet instant – où sa mère cria son nom – qu’elle détenait la clé : pour arrêter le monstre, il fallait lui ôter ses grenades !

    La porte de sa chambre s’ouvrit d’un coup sec et Céline, sa mère, entra en trombe, suivie d’une petite belette grassouillette.

    — Carla, lève-toi ! Sinon, tu vas être en retard à l’école.

    La jeune fille, encore sous le choc du cauchemar, se retourna dans son lit. Toutes les images tourbillonnaient dans sa tête, mais lorsqu’elle essaya de mettre de l’ordre dans ses idées, celles-ci s’emmêlèrent davantage. Sa mère la regarda avec compassion.

    — Ma petite chérie, tu as fait un autre cauchemar ?

    Carla ne répondit pas. Elle essayait de se concentrer pour récupérer les dernières images du rêve avant qu’elles ne disparaissent de son imaginaire. Tout avait été si clair, si réel. Comme une vision du futur. Elle fixait le plafond. Celui-ci était toujours bel et bien là, ce qui la rassura.

    — Carla, tu n’as pas à t’inquiéter, dit sa mère, il n’y a pas de gros méchant monstre. Ce n’était qu’un tout petit rêve…

    Carla, outrée, se redressasur son lit. Elle en avait marre que sa mère la prenne pour une petite fille faisant de simples cauchemars. Il s’agissait de visions. Presque chaque fois qu’elle faisait un rêve aussi puissant, il se confirmait dans la réalité. Par exemple, la semaine dernière, elle avait rêvé que son amie Amanda tombait d’un arbre, et c’était arrivé ! Cela faisait des années qu’elle essayait de convaincre sa mère, mais celle-ci ne la croyait pas. Elle pensait que Carla s’imaginait des choses.

    L’année dernière, Carla avait même dû rendre visite à un spécialiste dans la grande ville afin qu’il trouve ce qui clochait chez elle. Il s’avéra que la jeune fille n’avait rien d’anormal. « Juste une imagination débordante », avait conclu le spécialiste.

    — Maintenant, tu dois te préparer pour l’école, ma chérie, insista Céline. Tu ne voudrais pas que papa soit en retard au travail à cause de toi ?

    Carla se leva en poussant un soupir de découragement. Sa mère avait cette manière de lui parler qui l’énervait. Elle n’était plus une enfant; elle allait bientôt avoir treize ans ! La jeune fille enfila un chandail et se dirigea vers la cuisine, Tom sur les talons.

    Tom, c’était son meilleur ami. Ils étaient inséparables et faisaient tout ensemble. Quand Carla prit place à la table, la petite belette s’installa sur ses cuisses.

    — Alors, tu as encore rêvé à un dragon ? demanda sa mère en lui servant un bol de gruau en guise de petit déjeuner.

    — Ce n’était pas un dragon, cette fois, rétorqua Carla.

    — Ah non ? C’était quoi, alors ?

    — Un hippopotame.

    — Un hippopotame ? répéta sa mère, amusée.

    — Oui, un hippopotame… cornu.

    Le rire d’un homme retentit à l’autre bout de la table.

    — Les hippopotames, ça existe, indiqua le père de Carla en baissant son journal. Mais les hippopotames cornus, on les appelle des rhinocéros, ma chérie.

    Carla détourna les yeux, n’ayant que faire de la leçon de son papa. Son regard se posa sur l’image de la première page du journal. On y voyait un village dévasté, piétiné par ce qui ressemblait à un immense pachyderme cornu. Carla ne pouvait plus détacher ses yeux du papier : le monstre était le même que celui de son rêve  avec la corne et tout ! Sa mère dut remarquer son inquiétude, car elle se plaça entre sa fille et le journal.

    — Il s’est passé des évènements, hier, l’informa-t-elle d’un ton grave. Ils risquent de bouleverser le monde tel que tu le connais. La paix est plus que jamais menacée, et la guerre pourrait éclater à tout moment.

    Ses mots rebondirent dans la tête de Carla. C’était tellement étrange. Elle avait vu cette guerre dans son sommeil. Encore une fois, la réalité venait confirmer ses rêves. Par quel genre de synchronisation surnaturelle cela était-il possible ?

    — Ne t’inquiète pas, ma chérie, reprit Céline, ces incidents se déroulent de un autre continent et ne devraient pas trop affecter le cours des choses ici.

    — Et pourquoi donc ? demanda Carla, sceptique.

    — Parce que nous sommes de l’autre côté de l’océan et que le monstre ne peut pas nous atteindre, répondit simplement sa mère.

    — Mais tu comprends rien, maman. C’EST LA FIN DU MONDE ! SI ON L’EMPÊCHE PAS, LE MONSTRE VA VENIR ET VA TOUT DÉTRUIRE ! Y’A QUE MOI QUI SAIT COMMENT L’ARRÊTER !

    — Un peu prétentieuse, la petite, répliqua le père de Carla en souriant. C’est la fin du monde tel qu’on le connaît, en effet. Il y aura beaucoup de changements, c’est certain, mais c’est parce qu’ils sont nécessaires.

    Carla adorait son père. C’était un homme imaginatif qui refusait de prendre quoi que ce soit au sérieux – à l’exception, bien sûr, de son travail. Elle aurait aimé qu’il soit plus présent à la maison. Ivan Jouvenssen partait chaque semaine pour promouvoir la Charte des droits des animaux dans le monde. Il n’y avait rien de plus important pour lui que cette idée de justice entre les espèces. « Dans notre monde, disait-il, nous cohabitons avec des animaux et les considérons comme des sans-âmes. Pourtant, sans eux, nous ne serions rien, et si nous continuons à les traiter aussi méchamment, nous risquons fortement de disparaître. »

    Cette pensée déchirait le cœur de Carla parce qu’elle ne pouvait s’imaginer vivre une journée sans Tom. Celui-ci s’agita justement sous la table. Il sauta des cuisses de Carla, s’étira langoureusement et marcha tranquillement jusqu’à son bol de nourriture.

    — Et comment comptes-tu arrêter, ma belle, un monstre que même les meilleurs chasseurs de l’Empire n’arrivent pas à neutraliser ? ajouta Ivan en sirotant son café.

    — Ce n’est pas compliqué, il suffit de lui confisquer ses grenades.

    — Ah oui, bien sûr…

    Mais Carla n’était pas d’humeur à blaguer. Elle se leva d’un bond, décidée à terminer son petit déjeuner sans la désagréable compagnie de ses parents, qui étaient évidemment trop adultes pour comprendre quoi que ce soit qui sortait un tantinet de l’ordinaire.

    La jeune fille sortit en trombe de la cuisine, suivit par Tom. Elle se laissa choir sur son lit avec désespoir. La belette se faufila jusqu’à elle et se lova dans le creux de sa poitrine.

    « Un tout petit rêve », lui avait dit sa mère. Un petit rêve, oui, mais qui emplissait sa tête à l’en faire exploser. Céline les croyait en sécurité, ici, mais Carla savait que ce n’était qu’une question de temps avant que son cauchemar ne devienne réalité. Le monde tel qu’ils le connaissaient s’apprêtait à changer, avait indiqué son père. Tout ce que les gens tenaient pour acquis – leur famille, leur travail, leur petite vie rangée – était sur le point de s’effondrer.

    Il aurait été stupide d’attendre et de ne rien faire. Mais n’est-ce pas ce que Céline lui conseillait ? Cela révoltait Carla que sa mère n’ait pas le courage d’affronter la vérité.

    La jeune fille poussa un long soupir. Elle sentait qu’elle devait partir, mais pour aller où ? Le message avait été si clair dans son rêve, mais maintenant, plus rien ne faisait de sens.

    — Et si ce n’était qu’un tout petit rêve, après tout ? souffla-t-elle en caressant sa belette. Et si maman avait raison. Et si c’était moi qui imaginait tout ? Qu’est-ce que tu en penses, toi, Tom ?

    La belette posa une patte sous son menton, comme si elle réfléchissait. Enfin, elle s’exprima de sa voix aiguë :

    — Il faut que t’écoutes ton cœur, Carla. C’est ce que ton père te dit tout le temps. N’est-ce pas ce qu’il fait, lui : écouter son cœur et vivre son rêve ?

    — Mais mon rêve était atroce ! s’exclama Carla, horrifiée.

    — Peut-être que ton-ton-ton rêve n’est pas la réalité, bégaya nerveusement Tom. Peut-être que c’était juste une pré-pré-prémonition pour t’avertir de quelque chose.

    Carla songea à son passé. Au cours de sa première année à l’école, ses camarades l’avaient trouvée bizarre parce qu’elle parlait aux oiseaux qui picoraient dans la cour. Il lui avait fallu du temps pour constater qu’elle était la seule qui comprenait le langage des animaux. Son père lui avait ensuite expliqué que ce don, elle l’avait hérité de lui, qui l’avait lui-même hérité de sa grand-mère.

    La jeune fille avait fini par saisir qu’il était plus sage de ne pas parler de son pouvoir à ses amis (et encore moins à ses professeurs, qui la regardaient avec de grands yeux comme si elle était disjonctée). C’était donc devenu leur petit secret, à elle et aux jolies tourterelles. En fait, Carla jouait rarement avec les autres enfants, préférant rester à l’ombre des arbres avec ses amies ailées. Les garçons avaient fini par la laisser tranquille (après qu’une nuée d’oiseaux les eut bombardés de fientes), et Carla avait commencé à apprécier l’école, même si elle s’y ennuyait parfois.

    Au moins, cette année, elle avait une vraie amie : Billie, une petite nouvelle qui venait d’emménager dans le quartier.

    Billie était une grande rêveuse, qui parlait toujours tout doucement et qui laissait les tourterelles se poser sur ses jolis cheveux bruns. Elle ne jugeait pas Carla quand celle-ci parlait avec les oiseaux, et les deux jeunes filles passaient leurs récrés à jouer et à rigoler. C’était vraiment ce que Carla aimait le plus de l’école.

    On cogna à la porte de sa chambre. C’était justement l’heure d’y aller, à l’école.

    Après sa journée à l’école, Carla médita sur son lit, face à la montagne de devoirs qui l’attendait sur son bureau. Elle repensait à sa journée. Les professeurs avaient rassemblé tous les élèves pour leur parler des attentats de la veille. Le directeur leur avait dit de ne pas s’inquiéter (même s’il était lui-même visiblement inquiet). Il avait affirmé que Chichitangello, la capitale, avait été attaquée et que cette triste tragédie marquerait l’histoire, mais qu’ils étaient malgré tout en sécurité ici. Rien dans leur vie n’allait beaucoup changer ; il y aurait toujours des mathématiques, du français et des devoirs à faire. Carla bouillonnait rien que d’y penser. Pourquoi les adultes s’obstinaient-ils à ne jamais rien vouloir changer ? Elle se leva pour commencer ses devoirs, mais elle était incapable de se concentrer. La seule chose qui lui revenait en tête était son rêve et l’incroyable sensation de vertige de voler.

    Comme un dragon.

    Durant la matinée, elle avait été tellement distraite que son institutrice avait demandé à lui parler à l’heure du dîner. Carla lui avait assuré que tout allait bien, qu’elle avait juste passé une mauvaise nuit. Mais la vérité est qu’elle était profondément bouleversée. Elle sentait que sa vie était sur le point de basculer dans le vide de l’inconnu.

    Se tournant vers Tom, avachi sur l’oreiller, elle déclara :

    — Je n’ai pas le choix, je dois partir.

    Elle laissa cette pensée se déposer en elle comme une feuille atterrit doucement sur le sol par une belle journée d’automne.

    L’idée germait. C’était effrayant et excitant à la fois.

    — Devrais-je partir ou bien rester♫ devrais-je enfin tout laisser tomber ? chanta Tom.

    — Partir… réfléchit la jeune fille. Mais pour aller où ? À Chichitangello ? Comment suis-je censée me rendre là-bas, moi ? Ça se trouve de l’autre côté de l’océan !

    La belette haussa innocemment les épaules. Sa maîtresse en profita pour lui caresser le menton.

    — J’haïs ça quand tu me flattes, râla Tom en se débattant. J’suis pas un chat !

    Carla, oubliant momentanément le dilemme qui lui pesait, redoubla de caresses. D’un geste vif, Tom saisit sa main toute délicate entre ses dents.

    — Arrête ou je mords, menaça-t-il.

    La jeune fille ne put contenir son rire.

    — Mords, mords ! cria-t-elle en se roulant par terre.

    — Grrrrrrrr ! grogna la belette en imitant une bête sauvage, sans toutefois mettre sa menace à exécution.

    À bout de souffle, Carla posa sa tête sur le sol.

    — Merci, Tom.

    — Merci pourquoi ? rétorqua le petit mammifère.

    — Merci d’être toi… tout simplement.

    Tom se gratta la tête pour essayer de comprendre ce que voulait dire sa maîtresse. Décidément, ce rêve la faisait dérailler. L’oreille plaquée contre le plancher, Carla écouta ses parents, qui discutaient en bas, dans la cuisine.

    — Tu vois, elle rit ! affirma son père. Je te l’avais bien dit qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Carla est en train de devenir une femme… C’est normal qu’elle devienne de plus en plus folle.

    — Arrête de niaiser ! Arrête de niaiser ! Arrête de niaiser ! croassa Hubert, le perroquet, debout sur son perchoir.

    Hubert ne répétait rien d’autre que cette phrase. C’était son mantra. Ivan avait consulté un vétérinaire à ce sujet. Au terme d’un long examen, celui-ci avait diagnostiqué un trouble du spectre autistique au perroquet. Toutefois, à l’exception de ce petit toc, c’était une bête bien aimable qui faisait partie de la famille depuis longtemps. Et Carla appréciait énormément le sens de l’humour d’Hubert.

    — Ça paraît que ce n’est pas toi qui l’endures depuis des semaines, répliqua Céline. Elle est comme enragée. Même sa professeure à l’école m’a fait une remarque à ce propos.

    — C’est l’adolescence, dit Ivan, envahi d’un élan de tendresse pour cette femme qui était sa compagne depuis près de vingt ans.

    Céline, qui prenait soin de tout le monde, qui dirigeait la chorale de l’école, qui agissait comme bénévole responsable de la coopérative alimentaire du quartier…

    Après avoir réfléchi, Ivan se leva.

    — Je pars pour la capitale la semaine prochaine. Carla pourrait venir avec moi. Je crois que ça lui changerait les idées de voir de nouveaux décors.

    — Mais, Ivan, c’est la guerre, là-bas ! s’écria Céline.

    — Ce n’est pas la guerre, chérie. Il y a seulement des tensions politiques. Tu sais bien qu’il ne faut pas croire tout ce qui est écrit dans les journaux. J’ai communiqué avec la chancelière Ellah, qui m’a dit que tout était sous contrôle.

    — Si la chancelière le dit, souffla Céline, pas convaincue.

    — Je crois que ce voyage tombe à point nommé. C’est exactement ce qu’il faut à Carla. Alors, qu’est-ce que tu en dis ?

    Céline restait sur la défensive, les bras croisés.

    — S’il te plaît, chérie, insista Ivan en enlaçant sa femme. Ça lui ferait du bien de passer du temps avec moi. Et inversement ! S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît…

    — Arrête de niaiser ! Arrête de niaiser ! Arrête de niaiser ! répéta le perroquet.

    Les délicieux arômes de la sauce aux champignons sauvages qui mijotait sur le feu s’infiltrèrent dans les narines d’Ivan, qui s’en délecta avec un sourire.

    — C’est d’accord, céda Céline. Vous partirez tous les deux pour Chichitangello lundi prochain. Mais tu dois me promettre une chose, Ivan Jouvenssen.

    C’était toujours du sérieux quand Céline prononçait son nom au complet. Ivan ouvrit bien grand les oreilles.

    — Je t’écoute, mon amour, dit-il.

    — Tu dois me promettre que tu ne lâcheras pas ta fille des yeux une seule seconde !

    — C’est promis, affirma Ivan en embrassant sa femme.

    Intérieurement, il jubilait.

    Ce furent les croassements d’Hubert qui extirpèrent Carla de ses pensées. La conversation de ses parents rejouait en boucle dans sa tête. Elle n’en revenait pas que son père ait décidé de l’emmener à Chichitangello. C’était comme si la vie s’alignait pour que son rêve puisse se réaliser. Elle se retourna sur le plancher et s’étira. Le même sentiment revenait la hanter, celui d’avoir dorénavant une mission : arrêter le monstre. Bien qu’elle ne pût l’expliquer, elle avait le sentiment que c’était son devoir.

    Parlant de devoirs… Elle devait s’y mettre avant qu’il ne soit trop tard. Sa professeure lui avait accordé la fin de semaine pour peaufiner sa présentation sur les bonobos. Ces

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1