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La Maison de Becky
La Maison de Becky
La Maison de Becky
Livre électronique192 pages2 heures

La Maison de Becky

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À propos de ce livre électronique

Parce que Phil Manners est un peu léger, c'est sur Becky, sa sœur, que retombe le souci de maintenir intact leur patrimoine familial : une ravissante propriété dans le Sussex et un manège.
Excellente cavalière, Becky donne des leçons d'équitation et monte elle-même en concours hippique les chevaux de son écurie. Un vétérinaire voisin la courtise mais, pour le moment, l'amour de sa maison, Huntsman's Folly, suffit à emplir le cœur de Becky.
Avec l'irruption du major Giles Bulmer dans sa vie tranquille, tout change soudain ! Cet homme encore jeune et si séduisant a pourtant été mêlé à un scandale dont on parle toujours. Certains prétendent même que le petit Michaël, dont il s'occupe, est son enfant...
La sage Becky se trouve bientôt emprisonnée — mais douce est la prison ! — par la tendresse de celui qui souhaite passionnément l'épouser. Qui donc viendra bouleverser Becky au point de l'amener à rendre au major la magnifique émeraude, gage de leurs fiançailles ?…
LangueFrançais
ÉditeurSkinnbok
Date de sortie10 mai 2023
ISBN9789979646082
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    Aperçu du livre

    La Maison de Becky - Vivian Stuart

    La Maison de Becky

    La Maison de Becky

    La Maison de Becky

    Huntsman’s Folly

    © Vivian Stuart, 1956

    © eBook: Jentas ehf. 2022

    ISBN: 978-9979-64-608-2

    This book is sold subject to the condition that it shall not, by way of trade or otherwise, be lent, resold, hired out, or otherwise circulated without the publisher’s prior consent in any form of binding or cover other than that in which it is published and without a similar condition, including this condition, being imposed on the subsequent purchase.

    All contracts and agreements regarding the work, editing, and layout are owned by Jentas ehf.

    CHAPITRE PREMIER

    Dans tout le comté, on connaît ce bruit. Moins que quiconque, Becky Manners pourrait s’y tromper ! Elle relève la tête, sourit et murmure :

    — Enfin !

    En quelques gestes rapides et précis, elle achève d’étriller Gallant Donald, puis elle dispose la couverture sur l’échine du cheval, qui aussitôt tend le cou et allonge vers la jeune fille une bouche entrouverte. A sa façon, silencieuse et pourtant éloquente, il quémande...

    Becky accompagne d’un sourire indulgent le geste qui la fait porter la main à sa poche pour en extraire le morceau de sucre attendu.

    — Tu es gourmand, Donald. Comment sais-tu qu’il en reste un pour toi ?

    Donald prend la friandise sur la paume et la croque, avec un air qui montre qu’il est parfaitement conscient que sa maîtresse est contente de lui.

    « En vérité, pense Becky, après une dernière caresse, Donald s’est surpassé en sautant les obstacles ce matin. Il a de grandes chances de gagner l’Open Jumping à la fête de Carsdale samedi, surtout si Philippe obtient une permission pour le monter. »

    Son frère Philippe est au sommet de sa gloire de cavalier, à présent. Il a gagné à Windsor, il y a deux mois, et si, l’an dernier, il ne faisait pas partie de l’équipe britannique à White City, il sera certainement sélectionné cette année si les exigences de son service militaire le permettent. Son incorporation, après deux sursis, aurait difficilement pu arriver à un moment plus inopportun, à son point de vue, pense tristement Becky.

    C’est un véritable défi de diriger une école d’équitation, tout en participant elle-même à des concours, aidée uniquement dans l’entretien de l’écurie par le jeune et bien intentionné mais peu intelligent Joe Stacey. Et pourtant, elle y parvient. Fort heureusement le camp de Philippe se trouvant à une douzaine de milles de Huntsman’s Folly, le jeune homme passe la plus grande partie de ses week-ends à la maison. Si le manège peut assurer leur vie matérielle jusqu’à la démobilisation de Philippe, Huntsman’s Folly, qui a vu naître et mourir tant de générations de Manners, n’aura pas besoin d’être vendue. Philippe y vivra et le temps venu, son fils en héritera.

    Becky pousse un soupir. Lorsqu’elle sort de l’écurie, son regard se pose avec tendresse sur la vieille demeure sommeillant paisiblement sous le soleil de la mijournée. Cette ferme Tudor, bâtie sur le flanc vert d’une colline boisée du Sussex, avec ses douces briques rouges et ses cheminées tordues, tient tellement au cœur de la jeune fille, aujourd’hui comme hier, que, pour ne pas la vendre à des étrangers, elle sait qu’elle aura le courage de travailler jusqu’à l’extrême limite de ses forces. C’est son foyer et celui de Phil, elle en aime chaque pierre, chaque poutre comme il les aime lui aussi.

    Elle les aime peut-être un peu plus que lui, en dépit du fait que la maison appartient à Phil, puisque c’est lui l’héritier, et elle seulement la sœur bien qu’elle soit l’aînée de deux ans. Un jour, Phil se mariera, il amènera à Carsdale sa femme qui deviendra la maîtresse de Huntman’s Folly, mais l’aube de ce jour ne se lève encore et, en attendant, c’est à Becky de travailler pour conserver la maison familiale. Elle éprouve une si grande tendresse pour son jeune frère...

    La voiture a amené la jeune fille dans la cour et négocie à présent le dernier tournant de la route. C’est la vieille De Dion de Jamie Frazer, que tout le comté appelle familièrement « Arabella ».

    Jamie, un de ses plus anciens et plus intimes amis, est maintenant l’associé de son père, le vétérinaire du district, qui a son cabinet à Carsdale, tandis que Jamie s’occupe d’un autre cabinet dans un petit village.

    Becky, qui a pourtant toute confiance en ses capacités, ne l’a fait appeler qu’après bien des hésitations. Il fallait qu’un vétérinaire vînt soigner ce poney qui, tout à coup, s’est mis à boiter, mais la jeune fille tergiversait par scrupule, car Jamie n’envoie jamais ses notes.

    Elle le salua affectueusement et s’avança dans la cour à sa rencontre.

    Jamie répondit par un joyeux bonjour et se disposa à extraire ses longues jambes de la petite auto.

    Quand il eut enfin réussi à se dégager, il se dressa devant Becky. C’était un garçon à la laideur sympathique, vêtu d’un pantalon de flanelle usé et d’une chemise retroussée sur ses bras hâlés. Ses yeux gris regardaient la jeune fille avec une pointe de moquerie. Ses mains, Becky le remarqua lorsqu’il en passa une dans ses épais cheveux blonds, étaient maculées de graisse et de poussière.

    — Oh ! mon Dieu, dit-elle, encore une panne, Jamie ?

    — Un pneu crevé. Arabella est à bout de souffle, je le crains. Il faudra que je la remplace un de ces jours, car ce n’est pas juste d’attendre d’elle qu’elle marche comme une voiture récente à son âge. Mais bien que je rêve d’un monstre aux chromes reluisants, qui avalerait gaillardement les milles, je suis, en dépit de tous ses défauts, étrangement attaché à Arabella. Et fier aussi, ajouta-t-il avec un sourire. On ne rencontre pas souvent une auto de son époque sur les routes aujourd’hui. Excuse-moi, continua-t-il en montrant ses mains sales, mais je ne puis pas rendre visite à mon patient dans cet état, surtout — la moquerie dans son regard fut évidente — surtout lorsque tu m’as fait l’honneur de m’appeler en consultation, miss Manners ! Cela arrive si rarement.

    — Tu sais pertinemment pourquoi je ne t’appelle que lorsque je ne puis pas faire autrement, se défendit Becky. Si tu m’envoyais tes notes...

    Jamie rougit sous son hâle.

    — Je ne puis pas faire payer mes amis, Becky.

    — Alors tu n’auras jamais de voiture neuve, répliqua-t-elle avec une logique implacable, puisque la moitié des habitants du comté sont tes amis. Et on prétend que tu es écossais !

    — Je le suis, rétorqua Jamie sur un ton belliqueux que démentait son sourire.

    Becky lui tendit un linge en disant :

    — Alors, tu es un Ecossais aux instincts pervertis.

    — Mes instincts sont parfaitements normaux, croismoi, assura le jeune homme. Merci, ajouta-t-il en prenant le linge dont il s’essuya soigneusement les mains.

    Puis se retournant pour faire face à la jeune fille, il demanda avec une légère inquiétude :

    — Es-tu résolument hostile à Arabella ?

    — Non, bien sûr, pourquoi le serais-je ? Ce n’est pas moi qui ai à supporter sa conduite capricieuse.

    — Dans ce cas, viens déjeuner avec moi. J’ai encore une visite à faire à la Ferme Dale, mais si cela ne t’ennuie pas de m’accompagner, nous pourrions ensuite aller dans ce nouveau restaurant Le County Club, à Hatton.

    Becky jeta un coup d’œil à sa culotte d’écuyère, puis à la chemise de Jamie et soupira.

    — Je voudrais bien, mais nous ne sommes pas vêtus pour le County Club. En outre, j’ai une leçon à trois heures.

    — Tu pourras te changer pendant que j’examine le poney et j’ai une veste neuve, resplendissante, dans la voiture. Viens, Becky, tu ne sors jamais avec moi et je te promets que tu n’auras pas une minute de retard pour ta leçon.

    Becky hésitait. Il était vrai qu’elle n’était pas sortie avec Jamie depuis longtemps. Elle n’était d’ailleurs sortie avec personne, elle n’avait pas le temps. De plus, Jamie ne l’avait pas invitée, il était beaucoup trop occupé à faire la cour à Barbara Huntford. La rumeur prétendait qu’ils s’étaient querellés, mais, comme elle le connaissait bien, Becky se gardait de l’interroger. Jamie était fier et se montrait parfois très susceptible.

    Elle avait entendu parler du nouveau County Club. Il avait une piscine, un jardin magnifique, et, en un jour comme celui-ci, on servait probablement les repas sur la terrasse, ce qui devait être extrêmement agréable.

    Et puis, elle éprouvait beaucoup d’affection pour Jamie Frazer et de reconnaissance pour sa gentillesse. Le moins qu’elle puisse faire, c’était de déjeuner avec lui puisqu’il le lui demandait. Il était sans doute malheureux à cause de Barbara et cela pouvait l’égayer un peu.

    Elle accepta donc, les yeux brillants, et fut récompensée par le lent sourire ravi de Jamie.

    Elle le conduisit au box du poney.

    Elle le laissa examiner l’animal et courut se changer.

    Lorsqu’elle redescendit un quart d’heure plus tard, parée de la plus neuve de ses robes en coton, elle s’arrêta à la porte de la cuisine afin de prévenir Mrs Marchant, l’aide journalière, qu’elle serait absente pour le déjeuner.

    La vieille Nannie qui s’occupait habituellement du ménage était partie pour la journée et Becky se dit, en jetant un coup d’œil au plat peu appétissant de viande froide et de salade que Mrs Marchant préparait, que Jamie n’aurait pas pu choisir un meilleur jour pour l’inviter.

    C’est ce qu’elle lui dit en le rejoignant dans la cour et elle fut surprise de le voir rougir.

    — Si tu ne viens avec moi pour ne pas manger la cuisine de Mrs Marchant, j’annulerai l’invitation, dit-il.

    Ses yeux l’examinaient d’une air étrange et, bien qu’il plaisantât, Becky sentit qu’il était blessé et regretta son manque de réflexion.

    — Oh ! Jamie, dit-elle vivement, tu sais bien que ce n’est pas pour ça.

    — Bien, dit-il, réconforté. Tu es charmante à regarder, je serai fier d’être vu en ta compagnie dans le restaurant si chic de Carsdale, tu supporteras, haut la main, la comparaison avec les beautés locales, ma chère Becky. C’est vraiment dommage que tu ne t’habilles pas plus souvent, parce que tu es une fille rudement bien.

    — Vraiment ?

    Becky était flattée, mais au plaisir que lui causaient ces compliments se mêlait de l’étonnement. Jamie ne lui en faisait pas souvent. Il changea vivement de sujet et lui donna son avis sur la blessure du poney, tout en se dirigeant vers sa voiture.

    — J’ai vu Joe et lui ai dit ce qu’il fallait faire, continua-t-il et, prévenant la question de Becky, il ajouta :

    — Je lui ai dit également que tu sortais et qu’il devait rester jusqu’à ton retour. Tu n’auras donc pas besoin de te presser.

    — Oui, mais...

    Le front lisse de la jeune fille se plissa.

    Elle n’avait pas dit à Joe de réparer la barrière mobile du paddock, et de préparer Monarch pour l’après-midi. Jamie, devinant la possibilité d’un retard, la poussa gentiment mais fermement sur le siège du passager et vint devant la vieille voiture pour mettre le moteur en marche. Arabella partit sur-le-champ, mais avec un tel bruit que les faibles protestations de Becky furent noyées dans le tintamarre de la ferraille.

    Jamie, un peu rouge après ses effort avec la manivelle, jeta celle-ci dans le coffre et monta à l’avant presque d’un seul mouvement. Avant que la jeune fille s’en soit rendu compte, ils descendaient la colline. Jamie dit d’une voix haletante, la bouche près de l’oreille de Becky :

    — Nous voilà en route !

    — Oui, on dirait, acquiesça-t-elle sans enthousiasme, mais j’aurais voulu parler à Joe...

    — Il va très bien, c’est un bon garçon sur qui on peut compter.

    — Oui, il fait tout ce qu’on lui dit, à condition qu’on le lui dise...

    — Tu te tourmentes beaucoup trop, Becky, reprit Jamie, moi... je ne me fais jamais de souci.

    Elle lui jeta un coup d’œil. Jamie était un charmant camarade, mais il ne comprenait pas. De quoi se soucierait-il en réalité ? Il n’avait d’autre préoccupation que lui-même; la clientèle de son père était la plus grande et la plus riche du comté. Dans quelques années, quand sonnerait pour M. Frazer l’heure de la retraite, Jamie n’aurait qu’à chausser ses souliers. Et M. Frazer, à l’inverse de son fils, envoyait ses notes avec une régularité infaillible le premier de chaque mois. Becky poussa un soupir. Jamie, prenant le tournant brusque de l’entrée du village, l’entendit pardessus le ronronnement du moteur d’Arabella et après un regard interrogateur, suggéra :

    — Les choses ne vont-elles pas comme elles devraient ?

    — Oh ! elles ne vont pas mal, éluda Becky.

    — Philippe te manque, je pense.

    — Terriblement, avoua-t-elle et pas uniquement pour les choses pratiques comme pour monter dans les concours, mais parce qu’à présent j’ai toute la responsabilité. Si le manège ne tourne pas, ce sera ma faute.

    — Pour l’amour du ciel, pourquoi ne tournerait-il pas ? demanda le prosaïque Jamie. Vous vous êtes fait une excellente réputation; vous êtes même à la mode, si j’en crois la rumeur... Caroline Lucas n’est-elle pas ton élève ?

    — Oui.

    — Sa mère roule sur l’or.

    — Je sais, mais je ne fais pas payer les leçons plus cher à Caroline qu’aux autres élèves.

    — Tu le devrais, ma chère, lança Jamie d’un ton sec. Mrs Lucas ne s’apercevrait même pas du prix des leçons.

    — Sans doute, mais je ne puis pas; de toute manière, ajouta-t-elle en riant, c’est bien à toi de conseiller aux autres de faire ou non payer leurs clients !

    — Parfait, inutile d’insister. Je vais t’envoyer une note phénoménale un de ces jours, suffisante pour payer l’achat de ma nouvelle voiture.

    — A en juger par les bruits qu’émet Arabella, tu ferais bien de ne pas tarder. Es-tu sûr qu’elle ne va pas exploser ?

    — Absolument certain, affirma Jamie.

    Ils laissèrent derrière eux le village et la voiture s’élança dans la montée de la route de Carsdale. De là, en se retournant, il était possible d’apercevoir Huntman’s Folly et Becky, par la force de l’habitude, se retourna. Au delà d’un océan d’herbe verte et drue, elle vit, grâce aux rayons du soleil perçant obliquement à travers les arbres qui l’entouraient, briller les briques rouges, tandis qu’une douzaine de fenêtres reflétaient la lumière avec fidélité. La maison paraissait si paisible et si jolie que des larmes voilèrent un instant les yeux de la jeune fille et sa gorge se contracta.

    Jamie — qui était ce matin particulièrement perceptif — dit doucement :

    — Tu aunes cette maison, n’est-ce pas Becky ?

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