En justes noces
Madame Vilniou, je ne comprends pas, s’étonna la comtesse, vous êtes toujours la première à être ravie de vous souvenir de quelque chose que vous ne nous avez pas servi depuis longtemps, et là, je vous propose d’innover et vous freinez des quatre fers!
La cuisinière gardait un visage fermé.
– Songez que si vous faites ce dessert et que monseigneur l’apprécie, il ne manquera pas de le crier sur tous les toits. Votre réputation, déjà excellente, en sortira encore grandie. Et pour les ingrédients, ne vous inquiétez pas, je sais où les trouver.
Madame Vilniou se leva et fit mine d’aller mettre du bois dans la cuisinière.
– Je vous laisse la recette, dit la comtesse en se levant. Étudiez-la, prenez le temps d’y réfléchir et nous en reparlerons dans quelques jours.
« C’est tout réfléchi », grommelait madame Vilniou tandis que Maurice entrait, après s’être effacé devant la comtesse et l’avoir saluée d’un bref signe de tête. Il avait soif, ce n’était pas de sa faute. Après avoir bu à longs traits un grand verre d’eau, il avisa la recette, la lut et fit mine de se lécher les babines.
– Eh bien, ça en bouche un coin ! dit-il. Tout ça pour ce gros lard avec sa tête de moine de boîte de camembert ! Vous l’avez lue, au moins, avant de secouer la tête comme une sale gosse capricieuse ? Et puis, j’ai entendu les derniers mots de la comtesse, elle a l’air d’y tenir. Je ne comprends pas, vous devriez être flattée.
Il déchiffrait attentivement la recette.
– Du jus de truffe ? Comment fait-on du jus de truffe ?
Et il incitait la cuisinière à lire le papier, lui tendant ses lunettes qu’elle avait laissées à l’autre bout de la table. Elle devenait de plus en plus rouge.
– Je ne sais pas ! explosa-t-elle soudain. Ça
