Les sortilèges de Brocéliande
Marina pénétra en coup de vent dans la boutique du loueur de bicyclettes, Jean Keroët.
– Bonjour, monsieur, j’aimerais louer un… Le brave homme l’interrompit :
– La saison bat son plein, désolé. Je n’ai plus de vélos hollandais ni de vélos tout-terrain. Et encore moins d’électriques.
Devant la mine déconfite de Marina, il proposa :
– J’ai tout de même ce vélo classique à cinq vitesses, pour dame. C’est celui de ma femme. Elle ne s’en sert pas tous les jours. Je veux bien vous le louer pour la journée. – Il me conviendra parfaitement, assura Marina.
Elle laissa un chèque de caution, enfourcha la bécane et traversa aussi vite qu’elle put le pittoresque petit bourg breton. Quand la route s’enfonça dans la campagne, alors seulement, elle se permit de pleurer. Dieu merci ! il n’y avait pas de circulation, car les larmes brouillaient sa vue et la bicyclette tanguait. Elle s’arrêta pour pêcher son mouchoir dans sa poche.
Gaël lui répétait sans cesse qu’elle était la plus jolie fille qu’il connaissait, et qu’elle ressemblait à une fée de sa forêt de légende, une princesse réincarnée dans une jeune personne moderne.
Tamponnant ses yeux, Marina eut un rire amer : la princesse aux yeux rouges, voilà ce qu’elle était en ce moment. Elle le détestait ! Elle l’aimait !
Elle enfourcha son vélo et fila à toute allure. Comme elle n’avait plus l’habitude, des crampes se firent bientôt ressentir.
Gaël… c’était fini. Elle n’aurait jamais dû accepter de venir dans la famille de son ami pour leurs vacances, qu’ils avaient réussi à prendre à la même date.
Tout de suite, quand elle avait rencontré une certaine Armelle, Marina avait eu la conviction que tout allait basculer. La cousine de Gaël! Ma sœurette, disait-il! Sa sœur, tiens donc ! En fait, ils avaient dû être très liés, car Armelle affichait avec son cousin – d’ailleurs
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