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Un été incertain
Un été incertain
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Livre électronique156 pages2 heures

Un été incertain

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À propos de ce livre électronique

Pour Leslie Cabot, dernière survivante d'une famille décimée par la guerre civile, l'exode vers l'Ouest commence comme un rêve.
Mais le rêve devient vite cauchemar.
La jeune fille va endurer la faim, la soif, les attaques d'indiens hostiles. Mais le plus dur à supporter pour elle est le mépris cynique de Cole McCullough, l'étranger énigmatique qui a rejoint leur convoi.
Et Leslie, une Nordiste et Yankee ne peut ressentir que de la haine pour cet aventurier sudiste sans foi ni loi…
LangueFrançais
ÉditeurSkinnbok
Date de sortie10 mai 2023
ISBN9789979646136
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    Aperçu du livre

    Un été incertain - Vivian Stuart

    Un été incertain

    Un été incertain

    Un été incertain

    Wild Rivers Run

    © Vivian Stuart, 1983

    © eBook: Jentas ehf. 2022

    ISBN: 978-9979-64-613-6

    This book is sold subject to the condition that it shall not, by way of trade or otherwise, be lent, resold, hired out, or otherwise circulated without the publisher’s prior consent in any form of binding or cover other than that in which it is published and without a similar condition, including this condition, being imposed on the subsequent purchase.

    All contracts and agreements regarding the work, editing, and layout are owned by Jentas ehf.

    1

    Leslie repoussa le plaid qui l’enveloppait d’un geste vif. Puis elle sauta hors du chariot bâché, retombant avec grâce sur ses pieds. Les pionniers avait établi leur campement pour la nuit. Le silence qui régnait aux alentours n’était interrompu que par le frémissement du vent dans les ramures. Songeuse, elle fit quelques pas dans la clairière.

    Le scintillement des étoiles déchirait le voile obscur du ciel. Jamais encore, pas même dans l’Est, elle n’avait été témoin d’une telle beauté nocturne. Sous les reflets argentés de la lune, le paysage prenait un aspect féerique. Le jeune fille soupira, les paupières closes.

    Le murmure lointain du ruisseau parvenait jusqu’à elle. Cela faisait des semaines qu’ils traversaient des régions arides, sans rencontrer le moindre torrent. Leslie se promit de se baigner longuement le lendemain. Avec un plaisir intense, elle sentirait enfin la caresse apaisante de l’eau sur son corps...

    Leslie se contracta soudain. Derrière elle, un léger craquement venait de se produire. Mais le cri de terreur qui s’échappa de sa gorge fut aussitôt assourdi par une main puissante, meurtrissant sa bouche. Paralysée par la peur, Leslie vit la lame acérée d’un poignard briller à quelques centimètres de son cou.

    — Si vous m’apportez ce que je vous demande, je ne vous ferai aucun mal, proféra une voix aux accents graves et désespérés. Avez-vous compris ?

    Suffoquant sous la pression de la paume vigoureuse, Leslie émit un gémissement. Puis, comprenant que toute lutte serait vaine, elle inclina la tête.

    — Parfait ! conclut son agresseur.

    Il relâcha alors son étreinte.

    — Maintenant retournez-vous et je vous dirai ce qu’il me faut.

    Lentement, Leslie pivota sur elle-même. La respiration haletante de l’homme résonnait dans la pénombre. De nouveau la voix commanda :

    — Regardez-moi à présent.

    Réprimant son, effroi, elle releva les yeux. Les rayons de lune nimbaient le visage de Leslie d’un halo lumineux contrastant avec la masse plus sombre de sa longue chevelure. Vêtue d’une simple chemise de coton blanc qui retombait en amples plis à ses pieds, elle paraissait totalement fragile et vulnérable. Son regard terrorisé se détourna de la lame d’acier pour affronter la silhouette masculine émergeant de l’ombre.

    Elle tressaillit sous le choc que lui procurait la vision de l’étranger. Une extraordinaire impression de force et de virilité émanait de sa personne. De stature imposante, il se tenait devant elle dans une immobilité étrange. Pourtant elle demeurait consciente, à chaque instant, de la puissance contenue de son corps. L’entrebâillement de sa chemise maculée de taches de boue laissait apparaître une poitrine musclée. Des boucles châtains s’échappaient de son chapeau qu’il portait rejeté en arrière. Quant à ses prunelles pailletées d’or, elles étaient sans cesse en alerte, comme celles d’un animal pourchassé.

    A ce moment précis, la peur que Leslie ressentait l’abandonna. Elle comprit alors que l’individu fuyait un danger qui le menaçait et qu’il devait être en proie à une profonde détresse. Une sorte d’émotion envahit Leslie, adoucissant ses traits jusqu’alors crispés par la panique.

    L’homme continuait à l’observer sans mot dire. Il la dévisagea avec insistance puis ses yeux suivirent les courbes harmonieuses du corps de la jeune fille. Il s’arrêta longuement sur ses épaules découvertes, toujours figé comme une statue de pierre.

    Leslie, assaillie par un trouble subit, ne put réprimer un frisson. Mais avant même qu’elle ait eu le temps de s’écarter, il se rapprocha d’elle d’un bond. La main qui quelques instants plus tôt enserrait le poignard effleura la chevelure de Leslie. Puis elle descendit le long de sa joue pour s’attarder sur sa nuque. Des ondes la parcoururent. Le contact des doigts de l’inconnu sur sa peau faisait naître en elle des sensations qu’elle n’avait jamais soupçonnées. Subitement, la tête de l’étranger bascula contre la sienne. Puis il vacilla et s’effondra brusquement sur le sol où il demeura inerte.

    Leslie le contempla avec incrédulité. Que lui arrivait-il ? Mais l’aboiement d’un chien, rompant le calme de la nuit, la tira de son état de torpeur.

    Elle reprit aussitôt ses esprits et se dirigea en toute hâte vers l’arrière du véhicule. Le bidon contenant de l’eau potable, arrimé à proximité des roues épaisses du chariot, attira son attention. Il lui fallait à tout prix parvenir à le décrocher de son support sans éveiller Birdie Gordon. Avec mille précautions, elle souleva l’énorme masse de métal. Birdie Gordon venait d’émettre un grognement.

    Le cœur battant, Leslie attendit. Puis, comme rien ne se produisait, elle poursuivit sa tâche. Elle tira le container jusqu’au milieu de la clairière. L’étranger ne bougeait toujours pas... S’efforçant de maîtriser son tremblement, Leslie humecta son mouchoir d’eau fraîche et le tamponna délicatement sur les tempes brûlantes de l’homme. Un gémissement sortit de ses lèvres tandis qu’elle continuait à lui prodiguer ses soins. Puis, il entrouvrit les paupières.

    — Je... je crois que j’ai perdu connaissance, bredouillat-il d’une voix affaiblie.

    De nouveau, Leslie sentit une indescriptible émotion s’emparer d’elle. Elle recula, comme pour résister au magnétisme qui l’attirait vers lui.

    — Que diable se passe-t-il donc par ici ?

    Birdie Gordon avait écarté les pans de la bâche qui recouvrait la roulotte et pointait un fusil en direction de la clairière.

    — Leslie ? Tout va bien ? prononça la femme avec inquiétude.

    Avalant avec peine sa salive, Leslie répondit d’un air aussi naturel que possible :

    — Ne vous tourmentez pas. Je suis ici.

    La corpulence de Birdie Gordon n’entravait en rien la souplesse de ses mouvements. Elle sauta hors du chariot, toujours armée de son fusil, et rejoignit Leslie. Son regard acéré se posa tour à tour sur la jeune fille puis sur l’homme qui gisait sur l’herbe, sans dissimuler sa stupéfaction.

    — D’où sort-il ? gronda-t-elle en ébouriffant d’un geste machinal ses mèches grisonnantes.

    Au même instant, la voix rocailleuse du chef du convoi fusa derrière eux.

    — Qu’y a-t-il, mes petites dames ?

    Frémissante de rage, Birdie se retourna pour le toiser.

    — Surveillez donc votre langage ! lança-t-elle, furieuse. Je n’ai peut-être pas reçu la meilleure éducation qui soit mais je ne vous laisserai pas nous parler sur ce ton.

    Elle attendit avant de reprendre :

    — J’étais en train, précisément, de chercher à comprendre ce qui se passait, monsieur Alonzo Simms, lorsque vous avez fait irruption en hurlant.

    Puisque c’est ainsi, je m’adresserai à Miss Leslie, rétorqua Simms, offusqué. J’effectuais mon tour de garde lorsque j’ai entendu du vacarme. Alors qu’y a-t-il ? insista-t-il.

    Leslie se troubla.

    — Je n’arrivais pas à dormir. Je suis sortie prendre l’air et...

    Elle n’acheva pas sa phrase. Les pupilles de l’inconnu ne reflétaient à présent qu’une étonnante sérénité comme si toute appréhension avait brutalement disparu. Elle seule savait qu’il avait repris conscience et qu’il les écoutait en silence. Aucun de ses compagnons de voyage ne connaîtrait le secret qui l’unissait désormais à l’étranger. Pourtant, l’éducation qu’elle avait reçue lui enseignait les vertus de l’honnêteté, honnissant le mensonge et la dissimulation. Mais rien ne lui ferait avouer en quelles circonstances étranges elle s’était trouvée face à l’homme allongé devant eux.

    — Ainsi, vous êtes sortie en plein milieu de la nuit, enchaîna Alonzo Simms.

    — Oui et j’ai aperçu cet homme dans la clairière, s’empressa de poursuivre Leslie. Il est blessé à la tête.

    — Est-il armé ? lança Simms.

    Dans sa chute, le poignard de son agresseur avait volé parmi les hautes herbes. Certaine que personne ne le retrouverait, Leslie déclara :

    — Vous voyez bien qu’il n’a pas de revolver. Je ne crois vraiment pas qu’il soit animé d’intentions hostiles.

    Simms se frotta le menton d’un air dubitatif.

    — Il s’agit peut-être d’un hors-la-loi.

    — A moins qu’il n’ait été attaqué par des bandits, au contraire, répliqua Birdie, ravie de contrecarrer le chef de convoi.

    Celui-ci lui adressa un regard courroucé.

    — Dans l’état où il se trouve, reprit Birdie, il ne risque pas de nous faire le moindre mal. Transportez-le près de ma roulotte. Je le surveillerai jusqu’à son réveil. Il pourra nous expliquer les raisons de sa présence dans notre campement lorsqu’il aura recouvré ses esprits.

    Simms haussa les épaules avec résignation. Puis il souleva le blessé de ses bras solides et le déposa auprès du fourgon bâché.

    — Méfiez-vous de lui ! jeta-t-il avant de s’éloigner dans l’obscurité.

    — Que voulez-vous donc qu’il m’arrive, murmura Birdie en brandissant son fusil. Je suis en sécurité.

    — Quelle radoteuse ! siffla Simms entre ses dents.

    Leslie épousseta la poussière collée sur sa chemise immaculée. Sa compagne, qui n’avait rien perdu de son geste, demeura silencieuse.

    — Mon enfant, êtes-vous sûre de ne rien me cacher ? dit-elle après un moment d’hésitation. Vous me semblez bien étrange...

    La voix de Birdie contenait des inflexions d’une douceur inhabituelle.

    — Tout va bien, je vous assure. Ne vous inquiétez pas pour moi, articula Leslie avec difficulté. Bonne nuit !

    Mettant un terme à une conversation qu’elle jugeait trop embarrassante, la jeune fille se glissa à l’intérieur du chariot. Elle s’enroula dans sa couverture et ferma les paupières. Il lui était impossible d’effacer le visage de l’étranger de sa mémoire.

    Etait-ce bien elle, Leslie Cabot, qui avait menti à ses compagnons de voyage pour protéger un homme dont elle ne savait rien ? Un long soupir s’échappa de ses lèvres. L’inconnu avait vraisemblablement pénétré dans leur campement dans le but de les voler. Mais, pour la première fois de sa vie, elle s’était rangée du côté du mal pour une raison inexplicable...

    Leslie s’agita longuement sur sa couche avant de parvenir à trouver le sommeil. Lorsqu’elle s’endormit enfin, les images de la scène nocturne continuèrent à hanter ses rêves...

    John Cabot, le grand-père de Leslie, lui avait inculqué le respect de la droiture et de l’honnêteté. C’était un homme d’une intégrité remarquable qui jouissait de l’estime de tous. Sa longue barbe blanche, la vivacité de son regard perçant évoquaient en Leslie un personnage biblique. Tel un patriarche, il déclarait souvent à sa petite-fille avec emphase :

    — Souvenez-vous que l’école que je dirige, l’institution Cabot, a été fondée par mes aïeux. N’oubliez jamais, ma chère enfant, de respecter le souvenir de notre ancêtre Jérémie Cabot. C’est lui qui a créé cette respectable école en 1631 afin de prodiguer aux riches comme aux pauvres un enseignement sans discrimination de race ou de fortune.

    Le flambeau avait été transmis de génération en génération. Les Cabot, de père en fils, avaient repris la noble mission de Jérémie. Tour à tour, chacun d’entre eux s’était efforcé de suivre ses préceptes afin d’atteindre l’idéal dont Jérémie rêvait ; un collège ouvert à tous, formant des hommes courageux et animés

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