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De fil en aiguille: Roman
De fil en aiguille: Roman
De fil en aiguille: Roman
Livre électronique185 pages2 heures

De fil en aiguille: Roman

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À propos de ce livre électronique

Le récit d'une jeune fille devenue couturière.

Rose Vermelle, jeune orpheline, part sur les routes exercer son métier de couturière à domicile. Elle quitte son passé, prête à se lancer dans l'avenir.
De fil en aiguille relate son parcours du Pas de Calais à la Somme, du début du XXème siècle jusqu'à la seconde guerre mondiale.
Une tranche de vie, une tranche d'histoire.

Accompagnez Rose Vermelle, jeune orpheline, sur les routes du Nord de la France, elle qui se lance à la poursuite de son destin de couturière.

EXTRAIT

Rose ferma les volets de sa maison, sept heures sonnaient à l’église toute proche. Elle rentra le vélo par le couloir, alla le ranger dans le « garin » de la cour. Elle fit chauffer sa soupe, et y trempa du pain, ce serait le repas du soir.
Rose allait se coucher, encore angoissée, comme chaque nuit, ces nuits de guerre, sans Louis à son coté…
Comme chaque soir, elle allait prier pour qu’il revienne sain et sauf à la maison.
Rose était arrivée, ici, à Elnon-sur-Scarpe, un petit village, près de St Amand les Eaux, juste après son mariage d’avec Louis.
La maison était située, curieusement, non loin du village où elle avait vécu autrefois, avec Mémée…
La vie présente parfois des coïncidences…
La maison, comme beaucoup d’autres maisons du Nord, était construite en briques, et mitoyenne de chaque côté, avec un jardin derrière.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Née en 1951, Dominique Firmin a fait ses études au Lycée Corot de Douai. Titulaire du BEPC, elle a toujours aimé la lecture et y consacrait beaucoup de temps tout en élevant ses quatre enfants.
Après une carrière de fleuriste, elle profite désormais de la retraite pour écrire.
LangueFrançais
Date de sortie15 janv. 2019
ISBN9782851135100
De fil en aiguille: Roman

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    Aperçu du livre

    De fil en aiguille - Dominique Firmin

    Première partie

    Rose Vermelle dite La Cousette

    Au chant du coq Rose s’éveilla d’un seul coup,

    regarda par la lucarne de sa chambre et vit le ciel du petit matin encore noir, elle soupira, s’étira, ayant du mal à émerger du sommeil qui l’habitait encore.

    C’était la mi-Novembre et il faisait déjà bien froid.

    La jeune fille descendit les marches de l’escalier de bois, il y en avait toujours une pour craquer plus que les autres.

    Serrant son châle sur ses épaules, elle s’empressa de tisonner le feu qui couvait.

    Mémée n’était pas encore levée, Rose pensa : elle était si fatiguée hier soir…

    La petite se dirigea vers la chambre de sa grand-mère et entrebâilla la porte, vit que son aïeule dormait encore, puis referma doucement.

    Aujourd’hui, ce serait du café et non de la chicorée, décida Rose : cela ravigoterait Mémée ! Sans bruit la jeune fille chauffa l’eau pour passer le café, le laissa ensuite bien au chaud, coupa deux quignons du pain qu’elles avaient cuit deux jours plus tôt, les tartina de fromage blanc, déposa deux bols sur la table.

    Elle déjeuna tranquillement, fit sa toilette, puis s’habilla de sa cape, chaussa ses sabots, et sortit pour aller tirer de l’eau au puits. Des toiles d’araignées dentelées perlaient de rosée au jardin.

    Rose saisit le seau, le jeta dans le puits, puis le remonta. Il cogna sur la margelle, de l’eau dégoulina le long de la pierre avec un son cristallin qui réveilla tout à fait la jeune fille.

    Rose trempa une main dans le seau et regarda les gouttes transparentes couler dans ses doigts.

    Rentrant dans la maison encore silencieuse la jeune fille intriguée, car cela était bien inhabituel, Mémée était toujours levée de bonne heure, s’approcha de nouveau du lit de sa grand-mère, doucement.

    La petite posa la main sur le bras de Mémée et comprit qu’Ambroisie ne se réveillerait plus du sommeil où elle était plongée, Mémée était morte.

    Rose après la stupéfaction sentit son cœur se fendre et pleura.

    Ainsi c’était ça la mort !...

    Mémée ne bougeait plus, ne parlait plus… la jeune fille ne reconnaissait plus son aïeule, elle qui avait été si vivante.

    Au bout d’un très long moment Rose se résolut à partir, angoissée à l’idée de laisser seule sa grand-mère, mais voulait avertir la voisine.

    Rose presque pliée en deux de douleur, traversa la route, tapa à la porte d’Odeline.

    Lorsque la voisine lui ouvrit Rose ne pût que gémir :

    — C’est Mémée…

    Odeline saisit tout de suite ce qui était arrivé.

    — Ambroisie !

    Cette nuit ? demanda-t-elle.

    —  Bois ! commanda-t-elle en versant une petite goutte d’alcool dans le café qu’elle versa tout de suite à la jeune fille.

    — Pauvrette, répéta-t-elle plusieurs fois en serrant ses mains dans les siennes.

    Retournes donc auprès de ta grand-mère petiote, moi, je vais chercher Mr le curé…

    Rose s’installa, selon les dernières volontés de Mémée quelques jours chez la voisine.

    Beaucoup de gens vinrent veiller Mémée une dernière fois, tout en faisant la neuvaine.

    La petite sentit un léger apaisement la gagner entourée de toutes ces personnes qui priaient pour sa grand-mère.

    L’enterrement eût lieu le vendredi, Rose devait quitter la maison dès le lundi. Le propriétaire lui avait laissé quelques jours afin de se retourner, après, il fallait lui rendre les clefs.

    La maison n’appartenait pas à son aïeule, elle ne l’occupait que comme locataire…

    Aidée de la bonne du curé et d’Odeline elle déménagea les quelques affaires qu’elle possédait : un trousseau, quelques pièces de monnaie cachées dans un pot sur la cheminée.

    La petite trouva refuge au presbytère.

    Le soir, autour d’une soupe de pois cassés au lard, en compagnie du curé, de sa bonne et d’Odeline Rose se sentit entourée, mais resta muette la gorge serrée, les larmes aux yeux.

    Trois jours plus tard le curé lui donna une lettre.

    Rose, surprise, sortit dans le petit jardin, voulant être seule pour la lire :

    Elle dévora chaque mot avec avidité :

    « Ma chère enfant »

    Lorsque tu liras ceci je ne veux pas que tu pleures plus que tu ne l’as déjà fait…

    Prends l’argent que Mr le curé te donnera et l’adresse d’Huguette.

    Demandes à travailler chez elle, tu as appris le métier.

    Il est temps pour toi de devenir couturière à domicile, tu en es capable je le sais, en tout cas fais pour le mieux.

    La vie c’est comme ça !

    Je suis sûre que tu feras de belles choses.

    Je t’embrasse de là-haut, ta Mémé Ambroisie.

    Rose plia la lettre avec précaution, bien sûre de toujours la garder.

    * Si Ambroisie avait révélé son adoption à Rose, elle ne lui avoua jamais cette pensée, il est des choses qui doivent rester secrètes pour le bien de l'enfant, quoi qu'en pensent de bonnes âmes.

    « Qui avait donné, à Rose, une petite infirmité, était-ce volontaire ou non » car l’enfant boitait, très légèrement, de la jambe gauche. Ambroisie, avait toujours pensé que c’était à cause (ou grâce à cela) qu’elle avait trouvé ce bébé sous le porche de l’église.

    On avait dû se débarrasser de cette chose qui encombrerait !

    Mais Rose, avait aussi, un corps aux mensurations parfaites, n’était ni trop grande ni trop mince, possédait grâce et légèreté, et un visage d’ange avec un teint rosé, des cheveux clairs ondulés, de grands yeux bleu-pervenche bordés de longs cils.

    Rose était allée quelque temps à l’école, partait en emmenant le déjeuner dans son cartable en bois. Puis, sa grand-mère (comme elle l’appelait) lui apprit son métier de couturière, et aussi à broder.

    Lorsque Ambroisie n’y vit plus assez clair pour coudre, Rose commença à faufiler, bâtir, repriser à sa place… et se débrouillait bien, ayant du goût et de la patience.

    Ambroisie savait les simples et guérissait aussi les brûlures. Elles ramassaient toutes deux des pissenlits, des orties blanches, des herbes médicinales.

    La fillette courait, sauvage et heureuse, sous le regard avenant et bienveillant de son aïeule.

    Les gens venaient parfois de loin pour essayer de soulager leurs douleurs.

    Les tisanes guérissaient de la grippe, des maux d’estomac et la toux.

    Odeline, souffrant souvent du ventre, disait à Mémée, en buvant sa tisane :

    — Tu vois, Ambroisie, la vie est mal faite : tu voulais plus d’enfants, moi j’en voulais moins !

    Elle en avait eu huit !

    Rose aimait à cirer le grand buffet, dans la pièce à vivre, où sa grand-mère rangeait les remèdes et les tisanes, dans des pots, bouteilles ou de petits sacs.

    Quand on ouvrait les portes il s’en dégageait une subtile odeur.

    Mémée racontait parfois, à la lueur du quinquet, le soir, l’épidémie du choléra en 1886, la guerre de 1870 avec les Prussiens.

    *Rose pleurait, de grosses larmes coulaient sur ses joues, elle ne voulait pas quitter la maison où toutes les deux elles avaient vécu jusque-là.

    Ne voulait pas partir de ce petit hameau où elle avait tant de souvenirs : revoyant la petite silhouette nerveuse, toujours active, jamais fatiguée, ni désespérée de la vie.

    La petite se rappelait toutes les heures passées au métier à tisser à faire des pièces portées ensuite chez le traitant qui donnait souvent un pourboire, car la collecte était toujours splendide ! Ces jours-là on cuisinait une flamique aux oignons.

    Toutes deux, à la Grande-Ferme, pendant la saison allaient démarier les betteraves, et débarrasser les chardons du blé, afin de faire un peu d’économie pour l’hiver.

    Mais, il y avait bien longtemps que Mémée n’y allait plus, n’en avait plus la force…

    Ambroisie avait pu se procurer un deuxième métier, Rose faisait des mouchoirs et quelques grandes pièces de lin.

    Le jour de Noël personne ne travaillait, on avait droit à une orange et à un « Jésus en pain d’épice »

    Odeline essaya de consoler Rose, en l’embrassant :

    — T’en-fais-pas ma fille, ça va aller, je suis bien sûre que Mémée te vois de là où elle est et elle te guidera.

    *Rose partit donc chez Huguette qui habitait un petit bourg non loin de Saint-Omer, à Préaux d’Ecuries.

    Huguette Coquelle était une petite cousine de Mémée.

    Rose la trouva bien changée, elles ne s’étaient pas vues depuis longtemps, car ces dernières années Mémée ne voulait plus voyager. Huguette avait bien maigri, et n’avait plus cet air si fier qu’elle affichait avant.

    Huguette n’avait pas été prévenue du décès de Mémée.

    — Ça ne m’étonne pas ! Ambroisie ne voulait jamais déranger !

    Puis elle narra aussitôt quelques souvenirs en reniflant, peinée de la nouvelle.

    — Sais-tu, qu’elle a eu un amoureux ?

    Mais, hélas, pendant un naufrage, il trouva la mort.

    Ta grand-mère ne s’était jamais mariée après cela, mais ne se plaignait pas pour autant…

    Aussi, Ambroisie n’aimait pas beaucoup la mer !

    C’était un caractère !

    Elle disait que c’était une chance d’avoir pu t’adopter !

    — Mais dis donc toi, tu es devenue une vraie jeune-fille ! lança-t-elle à Rose.

    La maison d’Huguette était agréable : il y avait une très grande cuisine, avec un immense placard cachant le coin toilette, un salon-salle à manger, une pièce contenant de beaux meubles, mais où on n’allait jamais, et une verrière (avec quelques vitres cassées). L’escalier menait à trois chambres.

    Il y avait un beau jardin, mais très mal entretenu. Huguette aimait les fleurs ; mais elle avouait, humblement : je n’y connais rien en jardinage.

    De toute manière, par ce temps d’hiver, on ne pouvait rien faire là.

    Huguette était seule et n’avait pas d’enfant, son mari, directeur d’une manufacture, était parti avec une jeune femme, sa secrétaire.

    Cela avait paru impossible à Huguette au début.

    — Et tout ça, s’il-vous-plait, après avoir supporté ses frasques, patiemment, pendant des années !

    D’ailleurs, elle n’y croyait qu’à moitié, à peu près sûre qu’il reviendrait... un jour.

    Il lui avait tout laissé, la maison, les meubles, de l’argent, même.

    — Complètement fou, il est devenu fou…

    Le coup de cotron, ma parole, il a eu le coup de cotron !

    Rose se demandait bien ce qu’était un coup de cotron, mais n’osait pas en demander plus à Huguette.

    Huguette prépara quelques piles de linge, comme Rose lui avait demandé. Tout en reprisant, la jeune fille écoutait le bavardage d’Huguette.

    —Tu es ma bouffée d’oxygène ! soupirait-elle, l’embrassant soudain d’un élan spontané.

    Depuis la fuite de son mari, Huguette avait décidé d’en profiter : faire des emplettes et recevoir !

    Des voisines, des amies que lui, monsieur son mari ne considérait pas du même rang, arrivaient vers dix-huit heures, après avoir fini leur ouvrage, jouaient aux cartes en bavardant gaiement, en buvant de la chicorée, se racontaient leurs journées et leurs déboires.

    Huguette avait réalisé que son mari lui avait imposé son mode de vie.

    — Je me suis mal mariée confia-t-elle à Rose, je ne voyais que la belle situation et les avantages 

    Surtout, ne fais pas la même bêtise !

    Elle se rendit compte que la maison était bien grande pour elle, et s’était bien dégradée, le temps ayant rongé les boiseries. Un orage avait même abimé la cheminée, et le jardin !...

    Tout avait poussé tellement que la petite porte du fond ne s’ouvrait plus…

    — D’habitude, c’est mon mari qui…

    Mais, n’y pensons plus ! N’y pensons plus !

    Elle songeait même à la vendre.

    *Un matin, Rose n’arriva pas à se lever : c’était comme si une chape de plomb était tombée sur ses épaules.

    Elle sentit une énorme fatigue la gagner, n’avait plus envie de rien, trainait au lit, parfois jusqu’a presque midi, faisait juste un brin de toilette, et restait assise le midi à table, sans pouvoir avaler quoi que ce soit.

    Pourtant Huguette était aux petits soins pour elle, cuisinant tout ce qu’elle aimait, essayant de lui redonner le moral, lui racontant des bêtises et des blagues, la forçant à mettre le nez dehors, bavardant avec elle, de l’une ou l’autre, dans le village.

    Rose était comme absente, cela dura plusieurs semaines.

    Huguette l’emmena alors pour de longues promenades vivifiantes, où elles admiraient des chevaux dans la campagne aux terres voilées de brume. Elles observaient des hommes, aux écuries, qui brossaient les encolures des bêtes, peignaient leurs queues, ôtaient la terre de leurs sabots. Elles respiraient l’odeur de foin et de crottin, revenaient, fourbues… mais : c’était une saine fatigue avait décrété Huguette.

    Huguette patientait : l’état de Rose, elle connaissait…

    Elle lui confia que cela lui était arrivé, lorsque son mari était parti.

    Un beau matin, ce fut Noël…

    Huguette cuisina un bon repas, invita ses amies et partagèrent cette journée dans la bonne humeur.

    Après la messe de

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