La malédiction de Boisdelles
Lorsque Rémi Lucas aperçut enfin le panneau qui indiquait l’entrée du petit village de Boisdelles, dans l’Aude, il poussa un long soupir de soulagement.
Ça n’avait pas été une mince affaire d’y parvenir. A partir de Lagrasse, à environ une dizaine de kilomètres, son GPS l’avait lâché et il avait dû sortir une carte routière après s’être perdu à plusieurs reprises.
En traversant un autre village, il s’était arrêté au café où quelqu’un lui avait indiqué la route. C’était la première fois qu’un truc pareil lui arrivait. Pourtant, depuis qu’il était journaliste indépendant il passait plus de temps sur la route qu’à son bureau installé dans son petit studio rouennais. Il venait de couvrir près de mille bornes en deux jours.
Soudain, un chat noir traversa juste devant lui et il donna un grand coup de frein pour l’éviter. Sur le bord de la route, le matou s’immobilisa pour le fixer de ses immenses yeux verts, l’air furieux. Rémi n’était pas superstitieux, mais un frisson lui remonta le long de la colonne vertébrale jusqu’à l’arrière du crâne, puis une envie de vomir le prit. Il se gara sur le bas-côté pour aller rendre son repas de midi dans les herbes folles.
– Ça va, je ne l’ai pas fait exprès ! lança-t-il à l’attention du chat qui ne le quittait pas des yeux. Tu n’as rien, c’est l’essentiel.
Il adorait les chats. Dans son petit studio, il n’aurait pas été raisonnable d’en avoir un, mais chez ses parents, il y en avait toujours eu. Dès que sa mère voyait un chat errant, elle le ramenait à la maison.
Il alla prendre une bouteille d’eau dans le coffre de sa voiture et s’aspergea le visage. Il avait tellement chaud tout d’un coup. Et puis il mourait de soif.
Le chat était resté dans la même position, on l’aurait cru empaillé. – Tu es rancunier ! Puisque je te dis que je ne l’ai pas fait exprès, c’est toi qui es imprudent ! Tu as faim ? Il me reste un sandwich au jambon dans la glacière,
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