Une sombre affaire
Magdeleine se pencha sur le visage de sa cousine Olympe et déposa sur son front un morceau d’étoffe préalablement trempé dans l’eau froide. – Si tu crois que ça va faire tomber la fièvre…, marmonna Marie dans sa moustache drue. Aussi sèche et craquante qu’une brindille, la vieille femme avait le pouvoir de soigner.
Magdeleine se saisit de la main brûlante d’Olympe et la pressa contre sa joue.
– Tu connais les plantes, Marie, il faut que tu la sauves.
– J’ai fait ma part : le marmot est né, le reste appartient à Dieu. La bonne femme s’essuya les mains sur sa robe et se dirigea vers la porte de la chambre.
– Je t’en prie, ne pars pas encore, il doit bien exister un remède.
– Si cet ignorant de docteur ne lui avait pas fait une saignée…
– Il a dit qu’il le fallait, Olympe avait du mauvais sang…
– On ne fait pas une saignée à une femme qui s’apprête à enfanter et a déjà un pied dans la tombe.
Soudain, la voix faible d’Olympe s’éleva. Elle réclamait Adélaïde, son enfant, que l’on avait confiée à une nourrice puisqu’elle-même n’était pas en état de la nourrir.
Agacée, Marie lâcha un long soupir, puis elle tourna la poignée de la porte.
– Je te promets que je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver ta cousine, mais j’ai peu d’espoir.
Magdeleine se jeta au cou de l’accoucheuse et déposa un baiser sur sa joue rouge.
– Que Dieu te bénisse, je savais que tu ne laisserais pas ma cousine dans les affres de la fièvre.
La bonne femme s’essuya le visage :
– Ne te réjouis pas trop vite, je ne fais pas de miracles. Et qu’est-ce que ça va changer pour ta cousine ? Tu as pensé à ce que diront les gens ? Un enfant sans père ?
Magdeleine ne répondit pas. Qu’aurait-elle
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits