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Les Contes Interdits - Baba Yaga
Les Contes Interdits - Baba Yaga
Les Contes Interdits - Baba Yaga
Livre électronique214 pages383 heures

Les Contes Interdits - Baba Yaga

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À propos de ce livre électronique

Une femme.

Un entrepreneur dévoré par les ténèbres, à la recherche d’une lumière pour lancer son projet.

Une femme d’affaires déterminée à obtenir l’objet de ses désirs.

Trois cavaliers s’abreuvant de la misère humaine.

Un repaire secret où la mort se vend au prix du marché.

Parfois sorcière, parfois ogresse, mais habitant toujours sa singulière hutte à pattes de poules, Baba Yaga apparaît dans de nombreux contes russes. Cette histoire, inspirée de Vassilissa la Belle du folkloriste Alexander Afanasyev, nous amène devant cette femme mythique, à l’ombre des portes marquant la frontière entre les royaumes des vivants et des morts.
LangueFrançais
Date de sortie2 août 2022
ISBN9782898080609
Les Contes Interdits - Baba Yaga
Auteur

Dominic Bellavance

Dominic Bellavance est bachelier multidisciplinaire en création littéraire, en littérature québécoise et en rédaction professionnelle. Il est lauréat d’un prix Aurora Awards et a été finaliste aux Prix littéraires Bibliothèques de Québec — SILQ.

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    Aperçu du livre

    Les Contes Interdits - Baba Yaga - Dominic Bellavance

    Acte i — vassily

    1

    Le gros homard sur la planche à découper agita lentement ses antennes. Le pauvre crustacé aurait pu passer plusieurs années supplémentaires — peut-être 30 ou 40 — au fond du fleuve à manger des petits crabes et des mollusques, mais il avait préféré s’aventurer dans une cage pour le simple plaisir de goûter un appât. Et de fil en aiguille, le destin l’avait conduit dans la cuisine de Chez Joe.

    Vassily ravala sa salive. Il prit l’une des pinces du crustacé, la plus grosse, et l’arracha en exécutant un mouvement de torsion. Le craquement de la carapace lui rappela aussitôt le tibia de Chris, qu’il avait brisé l’année dernière, en tentant de l’extirper de sa voiture accidentée.

    « DOLLY ! ! ! »

    Une chaleur lui monta au visage. Il devait trouver un moyen d’exorciser cet épisode de son esprit. Il s’accrocha au comptoir et se concentra sur sa respiration, sans fermer les yeux — non, ça, jamais —, car dès qu’il se retrouvait dans le noir et qu’il sentait le souffle glacial de l’angoisse dans son cou, les images de cette nuit fatidique s’embrasaient.

    Les antennes du homard s’agitèrent, et ses pattes pianotèrent au ralenti la surface de la planche à découper. Était-ce vrai que ces animaux ne ressentaient aucune douleur, ou c’était une histoire inventée pour déculpabiliser les cuisiniers ?

    Il souleva la deuxième pince, et l’arracha comme la première.

    Peu après avoir envoyé les morceaux dans l’eau bouillante, Vassily coupa des légumes, brassa la trempette à l’ail et demanda à Zach, son sous-chef, de trancher du concombre à la mandoline. Il prit un moment pour s’éponger le front.

    De sa position, il vit la cinquantaine de clients fréquentant le restaurant, et devant eux, des plats qu’on pourrait qualifier d’ordinaires, sans ambition : pâtes en sauce, contre-filets, pavés de saumon avec câpres et verdure, tournedos, risottos, le tout accompagné de vin acheté à la SAQ et revendu le double du prix. La seule nouvelle addition au menu cette année : de la crème brûlée.

    Joseph Stepford voulait que son établissement serve les complets-cravates du centre-ville de Montréal sur l’heure du dîner, avec des menus spéciaux dont les prix oscillaient autour de 18 dollars. Le soir, il espérait attirer la faune urbaine dans une atmosphère lounge, sous la lumière d’une dizaine d’écrans géants qui retransmettaient religieusement les matchs du Canadien.

    Un resto ordinaire, pour des gens ordinaires. Rien dans cette salle à manger ne se distinguait de la moyenne des bistrots de la métropole. Chez Joe se revendiquait comme un endroit rassembleur — aux dires du propriétaire — mais pour Vassily, tout ce que Joe Stepford arrivait à rassembler sous son toit, c’était des employés payés au salaire minimum qui jetaient l’éponge après deux mois de labeur. La nouvelle génération ne jurait que par la loi du moindre effort et s’attendait à un traitement spécial. Mais comment leur en vouloir ? La pénurie de main-d’œuvre leur donnait le plein pouvoir, et les conditions de travail dans la cuisine laissaient à désirer : les couteaux tranchaient à moitié, deux des fourneaux cuisaient à la mauvaise température, le dispositif pour laver la vaisselle datait du siècle dernier, et la brigade était continuellement en manque de personnel, au point où certains salariés devaient bosser pour deux, sans espérer d’augmentation sur leur chèque de paie.

    Vassily s’accrochait malgré tout à cet endroit. Pas la peine de perdre mon temps à distribuer des CV ailleurs. Il n’avait pas l’expérience requise pour se faire engager dans un cinq étoiles ; même s’il changeait d’établissement, ce serait du pareil au même, à part qu’il réapprendrait à cuisiner dans un environnement étranger. Pour jouer dans les ligues majeures, il fallait lécher des culs à longueur de journée. La restauration était un monde de

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