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Et si Néandertal…: Roman uchronique
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Et si Néandertal…: Roman uchronique
Livre électronique265 pages3 heures

Et si Néandertal…: Roman uchronique

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À propos de ce livre électronique

De nos jours, le Néandertal n’a pas disparu de la surface de la Terre. En effet, notre planète porte deux espèces d’hommes distinctes : la première c’est Néandertal, la deuxième c’est Sapiens.
La cohabitation est loin d’être facile. Des différences naissent l’incompréhension, le rejet, le spécisme. Les Sapiens, sûrs de leur supériorité qu’ils justifient par une plus grande diversité de type morphologique, méprisent les Néandertal. Cependant, ces derniers, plus robustes physiquement, sont aussi plus cérébraux. Inévitablement, des croisements se font entre les deux espèces, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Auteur de Bailar et de Le Grand Maître Essénien, Hervé Buschard signe avec Et si Néandertal… son troisième roman.
LangueFrançais
Date de sortie10 mai 2021
ISBN9791037725509
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    Aperçu du livre

    Et si Néandertal… - Hervé Buschard

    Première partie

    30 000 ans avant notre ère

    C’est une journée ordinaire sur une steppe quelque part au nord de la planète. Un groupe d’hommes et de femmes marche dans la neige depuis de longues heures. Il est traqué par un tigre énorme et affamé. Il n’est pas question de s’arrêter tant qu’on n’a pas trouvé un abri sûr pour y passer la nuit. Heureusement, le relief s’élève légèrement en lisière de la forêt qui s’étale maintenant devant le petit groupe. Kayl, qui est déjà passé par là, indique une grotte à ses compagnons qui acceptent avec soulagement de s’y installer pour se reposer. On allume des feux à l’intérieur et à l’extérieur de la grotte bien ventilée et l’on s’organise pour la garde. Les hommes, les femmes, les enfants, chacun met la main à la pâte.

    Le groupe se compose d’une cinquantaine d’individus. À l’intérieur, on se pelotonne autour du feu pour dormir, tassés les uns contre les autres tandis qu’à l’extérieur, ce sont deux femmes qui commencent à monter la garde.

    Kayl est le chef incontesté du groupe. C’est le plus vieil homme. Il a 35 ans. Un vieillard. Il a plusieurs femmes avec lesquelles il a déjà eu plusieurs enfants, mais celle qui l’accompagne partout est la plus belle de toutes. Non qu’il n’aime pas les autres, il les nourrit aussi, mais Sakkla, la femme à la peau brune que tout le groupe admire pour sa beauté et la finesse de ses traits, et Naim, son fils, sont simplement sa première compagne et son premier fils. Naim a un visage fin et une peau presque aussi sombre que celle de sa mère. C’est un enfant adorable qui socialise très volontiers et qui est aimé de tous, mais il reste le plus souvent près de sa mère qui le couve particulièrement, et surtout, il passe énormément de temps les yeux en l’air à observer le ciel…

    Kayl a rencontré Sakkla quelques années auparavant. C’était à plusieurs saisons de marche, dans un lieu sans neige et où il faisait très chaud. Trop chaud pour la tribu qui a décidé de retourner vers le froid. Sakkla s’en plaint un peu parfois, mais c’est une femme forte et courageuse qui a su, grâce à son comportement exemplaire en toutes circonstances, se faire accepter par le groupe malgré sa différence.

    La nuit passe sans problème particulier. Le tigre a été tenu à distance grâce au feu alimenté par les sentinelles qui se sont relayées. Cependant, il va falloir être vigilant dans la journée qui vient, car le fauve ne laissera le petit groupe en paix que quand il sera rassasié. Kayl propose de le tuer pour s’en débarrasser. Les autres sont d’accord. Ils le sont en général toujours quand Kayl fait une proposition du reste, car c’est lui qui a la plus grande expérience. Les volontaires ne manquent pas, mais les plus jeunes sont systématiquement écartés. Sakkla a elle aussi son mot à dire, elle qui bien souvent a chassé le lion sur les terres où elle est née. Elle demande à participer à la traque. Kayl est réticent, mais il peut difficilement refuser sans donner l’impression qu’elle bénéficie d’un traitement de faveur. Aussi, Sakkla est une redoutable chasseresse. Il accepte, mais ce sera la fois de trop.

    Le tigre a senti le danger. Il a remarqué le rythme différent imprimé par la troupe d’hommes dans la neige et l’étrange ballet auquel elle se livre. Alors, il se tient prudemment à l’écart, attendant le moment propice pour attaquer. Seulement, les hommes et les femmes le contournent en un grand demi-cercle, le prenant au piège. Quand il comprend la manœuvre, il est trop tard, pourtant c’est un animal non seulement affamé, mais puissant et redoutable. Il va se défendre, et c’est Naim qu’il prend pour cible. Sakkla ne le laissera pas faire. Son unique enfant ne se fera pas déchiqueter par ce fauve affamé. Elle s’interpose. Dans le corps à corps mortel, qui s’ensuit, du tigre et de la femme à peine plus grande qu’une de ses pattes antérieures, mais tout aussi déterminée, aucun ne sortira vainqueur, car les deux vont succomber. Après une lutte fulgurante, sous les yeux médusés du reste de la troupe le corps du fauve imposant s’immobilise, éventré, dans une mare de sang qui s’étale sur la neige, tenant dans ses pattes puissantes le corps sans vie de Sakkla.

    C’est Kayl qui comprend le premier et qui se précipite pour extirper sa compagne du cadavre de l’animal dont les viscères fumants la recouvrent presque entièrement. Le vieux chef va rester plusieurs jours sans manger et pratiquement sans dormir. Son fils, accablé lui aussi de chagrin, veillera près de lui.

    Kayl se console de voir dans le visage de son fils les traits fins de sa mère et dans ses yeux désormais tristes et toujours levés vers le ciel, la même flamme venue d’ailleurs. Sakkla venait d’ailleurs. Parfois, Kayl va jusqu’à se demander si elle appartenait au même monde que lui et le reste de son peuple. Elle, au visage si délicat et à la peau si sombre. Au corps et à l’odeur si différents de ceux de ses autres femmes. Il parle souvent d’elle avec son fils. Naim ressemble à sa mère et Kayl est aussi ému par sa différence. Comme pour sa mère, ce qui frappe le plus c’est le fait que sous l’effort, il ne bave pas, comme le font les autres hommes et femmes de la tribu, mais c’est curieusement la peau de son corps tout entier qui rejette sa transpiration. Comme sa mère aussi, il est nettement moins poilu que les autres membres du groupe et si sa peau est moins sombre que celle de Sakkla, elle n’en est pas moins d’un bronze qui tranche nettement avec le blanc rosé de celle des autres jeunes garçons du groupe, différence qui lui vaut un certain succès auprès des jeunes filles… Hélas, à la grande déception de Kayl qui rêvait de voir sa famille s’agrandir de son côté, depuis que Naim est en âge de procréer, il n’a encore eu aucune descendance. Il semble décidément de plus en plus évident au chef à l’esprit si vif que Sakkla appartenait bien à une espèce différente de celle de son peuple.

    La petite troupe, sans doute par mimétisme pour son chef, mais aussi certainement parce qu’elle l’appréciait sincèrement, ne se console pas non plus de la perte de Sakkla. Personne n’ose proposer de quitter le campement qu’ils ont établi depuis sa mort, pourtant les vivres commencent à manquer. La viande séchée du tigre s’est avérée corrompue par des parasites et les rares qui se sont aventurés à en manger ont été malades. C’est Naim qui, la mort dans l’âme, finit par dire à son père qu’il serait temps de continuer la route.

    On ramasse les armes et les outils et tout le monde se regroupe pour faire de nouveau route vers le froid. Naim emporte avec lui les cheveux de sa mère et la peau du tigre qu’elle a tué pour le sauver. Toute sa vie, il portera cette peau et ces cheveux en souvenir d’elle. Il se souviendra aussi, chaque fois que l’astre de feu se perdra sur l’horizon, que c’est à Sakkla, sa mère qu’il doit d’être encore en vie. Il vénérera sa mémoire jusqu’à sa mort. Chaque jour, ses pensées pour sa mère montent vers le ciel et le soleil dès que le groupe s’arrête pour la nuit, et depuis quelque temps, si l’obscurité semble vouloir finir plus vite, tout le monde a la nette impression que c’est pour saluer la mémoire de Sakkla, la chasseresse à la peau sombre, compagne du chef vénéré. Au fil des jours et de l’avance de la tribu, le ciel noir de la nuit laisse place à un ciel de plus en plus clair et enfin, après plusieurs semaines de marche, le soleil ne se couche plus du tout. D’abord, il s’est caché derrière l’horizon un court instant. Puis le jour suivant et après une longue journée de marche, il est resté visible, illuminant le ciel sans discontinuer. La tribu a déjà été témoin de ce phénomène, il n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, c’est de voir chaque soir avec quelle ferveur Naim scande le nom de sa mère vers le ciel en brandissant la peau de tigre et la mèche de cheveux qui ne le quittent plus, et aussi de voir Kayl son père, le chef incontesté, agenouillé, prostré à côté de son fils. Toutefois, il reste le chef, et nul dans le groupe ne songe à manquer de s’incliner ou de s’agenouiller devant les reliques brandies par Naim quand le moment est venu.

    Kayl, lui, n’a rien emporté de Sakkla que son souvenir. Cependant, il a aussi répudié toutes ses autres femmes, incapable qu’il est de chasser de sa mémoire celle qu’il préférait. Cela encore n’est pas surprenant, c’est une pratique courante chez ce peuple qui semble tendre peu à peu vers la monogamie et dont les membres font montre d’une grande sensibilité.

    Non, le plus inattendu c’est de voir des membres d’autres groupes se joindre à celui de Kayl dont la réputation de grand chef juste et fort a voyagé loin ; et surtout que ces nouveaux membres se mettent eux aussi à vénérer la mémoire de Sakkla, cette femme à la peau sombre qu’ils n’ont pour la plupart jamais rencontrée, mais dont l’exploit relaté par ceux qui en ont été témoins ne manque pas de susciter l’admiration. Certes, la beauté et le charisme de Naim ne sont pas étrangers au succès du culte nouveau voué à sa mère, mais ce culte ne s’en répand pas moins à tout le peuple des neiges et même au-delà, chez ceux qui ont établi leurs campements ou leurs bases dans des steppes plus verdoyantes, mais aux températures encore très basses.

    Sakkla a été inhumée sur place, à l’endroit même où elle a succombé et pendant les millénaires à suivre, la recherche de sa tombe va occuper des générations d’archéologues qui ne parviendront jamais à la localiser.

    En moins de quatre générations et bien après la mort de son fondateur, le culte de Sakkla est suivi chez tous les descendants du peuple de Kayl. Plus qu’une légende, la femme à la peau sombre, tueuse de tigre, protectrice de sa progéniture et par extension de tout le peuple qui l’avait adoptée, est devenue une déesse. Celle qui pourtant appartenait à une autre espèce d’êtres humains est devenue paradoxalement la mère et la protectrice de tout un peuple d’hommes qui vénèrent sa mémoire loin, au-delà des steppes gelées qui avaient vu ses exploits.

    D’autres rencontres ont lieu entre les deux peuples qui se côtoient de plus en plus au fil des générations. La fascination du peuple du froid pour les femmes du peuple de Sakkla aux traits si fins et à la peau si sombre, mais aussi souvent aussi claire que celle des descendants de Kayl ne faiblit pas. Puis au fil des siècles, c’est le climat qui va séparer les deux espèces d’êtres humains. Celle de Kayl au nord, dans les grandes étendues neigeuses et le froid rigoureux et au sud, celle du peuple dont était issue Sakkla, la déesse, dans des plaines plus tempérées voire des déserts arides où les descendants de Kayl redoutent de s’aventurer en raison de la chaleur qu’ils supportent si difficilement.

    Pourtant, des enfants naissent encore d’unions entre les deux espèces, mais ces enfants n’ont jamais ou que très rarement de descendance, et quoi qu’il en soit, cette descendance ne dépasse jamais la deuxième génération et dans ce cas extrême, elle produit toujours des individus à la santé précaire.

    De plus, les enfants nés de couples mixtes ne présentent pas les mêmes caractéristiques tant physiques que psychologiques. Comme Naim, ceux nés d’une union entre un père descendant de Kayl et d’une mère descendante de Sakkla (qu’elle ait la peau noire ou non) ont le plus souvent les traits de leurs mères, fins et délicats. Ils sont considérés comme des canons de beauté au corps élancé, tant garçons que filles, mais ils ont aussi un esprit très développé tourné vers le mysticisme et la religion. En revanche, les enfants issus d’un père descendant de Sakkla et d’une mère descendante de Kayl, s’ils sont plus rares, sont aussi considérés comme des êtres nettement moins beaux et beaucoup plus frustes. Socialement, ils s’adaptent moins bien que les premiers et ils sont souvent à la source de conflits. Les enfants sont bagarreurs et deviennent des adultes marginaux et difficilement contrôlables à l’esprit vil et sournois. Dans les deux cas, les enfants présentent systématiquement les caractéristiques physiques de leurs mères, les plus flagrantes étant la forme générale du corps plus ou moins robuste, de la tête plus ou moins proéminente et la pilosité plus ou moins abondante, mais aussi et surtout le mode de transpiration par la peau ou par la bouche. En revanche au niveau psychologique, ces enfants hybrides développent beaucoup plus volontiers les caractéristiques liées au peuple de leurs pères respectifs en les exacerbant.

    Ainsi en va-t-il au fil des siècles pendant lesquels les êtres humains vont coloniser la terre et s’y établir en harmonie.

    Ainsi en va-t-il jusqu’à la civilisation…

    Soissons, an 486 de notre ère

    — Par Sakkla, il ne sera pas dit que ce Romain me résistera !

    — Mon roi, qu’il soit fait selon ta volonté…

    — Je veux que demain la ville de Soissons abrite ma garnison. Ainsi, notre royaume embrassera-t-il tout le nord de la Gaule. Cette dernière enclave est le seul obstacle qui se dresse encore devant moi. J’y camperai demain soir et ce maudit Syagrius mordra la poussière. Maintenant, laisse-moi, je vais prier Sakkla.

    — Ô, Clovis, mon roi, tu parles encore de prier cette déesse, mais avec tout le respect que je te dois, ne crois-tu pas qu’il serait temps de faire un geste vers les catholiques ?

    — Peste soit d’eux ! Nous verrons cela avec l’évêque de Reims après la bataille. Pour le moment, je désire rester seul.

    Alguerand le laisse seul en se promettant de lui faire tenir parole concernant les catholiques. Le clergé gallo-romain sera un allié sûr et incontournable dans l’avenir si Clovis souhaite étendre son royaume encore plus au sud. La bataille sera rude contre les Romains qui sont très déterminés, mais si le dieu de l’Église veut que Clovis remporte cette bataille, alors lui, Alguerand, saura l’en remercier.

    Le lendemain soir, comme prévu, Clovis établit son campement à Soissons. Les troupes romaines ont bien résisté, mais elles étaient trop peu nombreuses. Cependant, la supériorité numérique de l’armée du roi des Francs n’eût pas suffi à elle seule à remporter la victoire. Une discipline de fer imposée à ses soldats et une solide expérience du combat acquise au fil des ans étaient aussi nécessaires. L’affrontement a été sanglant et Clovis s’y est engagé à fond aux côtés de ses troupes. Bavant, soufflant autant que son propre cheval, il a lui-même participé personnellement à la victoire dont il tirera la gloire à juste titre. Sa bravoure suffit parfois à elle seule à faire fuir ses adversaires qui sont tout aussi impressionnés par sa stature et son allure, mais c’est sa force physique qui est la plus extraordinaire. Comme ceux de son espèce, il est capable de guider son cheval d’une main pendant que de l’autre, il parvient d’un seul revers de bras à fendre en deux le corps de son adversaire ! Quand on sait que son épée pèse près de dix kilos, on imagine la puissance qu’il faut développer pour la manier de la sorte, pendant plusieurs heures de bataille. De plus, ses hommes et lui supportent bien plus facilement le froid que leurs ennemis dont les membres s’engourdissent quand la température est trop basse, les rendant plus vulnérables.

    Syagrius quant à lui, sentant que la cause était entendue, s’est enfui chez les Wisigoths avec quelques-uns de ses hommes. Hélas pour lui ! Il ignorait que Clovis avait un accord de principe et de protection avec ses voisins du sud de la Loire qui le respectent et le craignent tout à la fois. Ces derniers ne vont pas tarder à livrer l’autoproclamé « roi des Romains » au roi des Francs qui le fera exécuter sans pitié. Le sort réservé aux lâches.

    Quelques jours après la bataille, Alguerand s’empresse de rappeler à son roi l’engagement qu’il a pris auprès des catholiques. Clovis qui n’en peut plus de la faconde de son chef de troupe finit par accepter de faire un geste.

    — Que me conseilles-tu, mon bon Alguerand ? demande-t-il de guerre lasse.

    — Eh bien, il semble que Monseigneur l’évêque de Reims soit très attaché à un certain vase en argent dont il exige la restitution. Selon lui, Syagrius l’aurait dérobé au clergé. Après vérification, il apparaît en effet que ce vase fait partie du butin entassé par les Romains.

    — Tu oublies cependant une chose : tout roi que je suis, je ne suis pas en mesure de disposer de ce butin. Pas plus de ce vase que de quoi que ce soit d’autre. Il sera tiré au sort, comme le reste. Tu peux toujours espérer que celui qui en héritera acceptera de le restituer à qui de droit ! ajoute-t-il en riant.

    — Mon roi, je crois que cette fois l’occasion est trop belle de satisfaire l’Église. Ce simple vase y pourrait suffire. Fais montre d’autorité et empare-toi de celui-ci pour une fois, pour la bonne cause de plaire à Monseigneur l’évêque.

    — Je ne puis m’y résoudre, mon brave Alguerand. Sakkla me souffle que les hommes qui ont combattu à nos côtés ne verraient pas d’un bon œil un tel abus d’autorité. Nous opérerons au tirage au sort comme il est de coutume et nous nous en remettrons au hasard. Sakkla dans son infinie bonté ne manquera pas d’éclairer notre chemin, dit-il songeur, en caressant lentement la peau rayée de noir et orange qu’il porte autour du cou.

    Alguerand est de la même espèce, mais il est moins attaché au culte de Sakkla, la déesse Noire, que son roi. Il ne porte pas de peau de tigre comme lui et il est beaucoup moins fervent dans ses prières. De plus, s’il s’en cache encore, il est plutôt séduit par le dieu des Gallo-Romains et par leur Christ. Il ne désespère pas de convertir son roi un jour, ou du moins d’infléchir plus sensiblement ses convictions en direction du clergé. Car il est de plus en plus convaincu que l’empire Franc gagnerait infiniment à une union avec les catholiques et que son extension au sud serait vite suivie d’une autre encore plus importante à l’est, grâce à cette union.

    Comme prévu, le tirage au sort du butin récupéré auprès des Romains à Soissons a lieu. Mais hélas, ni Clovis ni Alguerand n’héritent du fameux vase d’argent. C’est Childéric le Brave, un soldat émérite et ombrageux, fils d’une Franque et d’un Gallo-Romain dont Clovis se méfie instinctivement, qui l’obtient. Or saint Rémi, l’évêque de Reims ne semble pas vouloir renoncer à sa précieuse relique. Il presse Clovis de la lui restituer au nom du Christ sous peine de voir sa colère s’abattre sur son royaume. Alguerand, plus

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