Yannick Grannec LES SIMPLES

Dans les vallées du Loup et de l’Estéron, une communauté de sœurs bénédictines vit recluse depuis cinq siècles, au rythme des saisons. Au crépuscule de ses jours, la doyenne, sœur Clémence, consigne ce que lui ont enseigné les « simples », ces plantes médicinales dont elle use pour soulager les maux de ses comparses et des villageois des environs, assistée de sa jeune apprentie, Gabrielle d’Estéron.

Mais en cette fin d’hiver, la visite de Léon de Sine à l’abbaye Notre-Dame du Loup, mandaté par l’évêque de Vence furieux de voir le lieu échapper à son autorité et à celle du roi, promet de perturber l’immuabilité du rituel. Foudroyé par la beauté de Gabrielle, le jeune prêtre se met en tête de l’épouser, s’opposant ainsi au projet de l’abbesse de faire de la novice son héritière. Enfant malingre offerte par son père aux louventines, Gabrielle s’est épanouie à la suite d’une révélation mystique et possède l’étoffe d’une sainte propre à susciter de nouvelles vocations, nécessaires à la survie de la communauté. Alors que les échos de la réforme protestante résonnent contre les murs de l’abbaye, une lutte s’engage entre les paisibles bénédictines et ceux venus troubler son recueillement, sur fond d’anciennes rivalités familiales, politiques et religieuses. Roman minéral porté par une prose somptueuse, Les Simples, de Yannick Grannec, entremêle aux destinées individuelles un contexte historique troublé.

Sœur Clémence

— Fais-moi la pluie, dit Fleur.

Les doigts de sœur Clémence ruissellent sur le crâne de l’enfant.

— Fais-moi le vent.

Elle souffle sur les tendres paupières, fermées d’extase.

— Touche mon cœur comme il t’aime.

Sous la paume de la vieille femme, l’oiseau en cage