Dramatique La chasse
Le mois d’octobre tire à sa fin. Dans la forêt, du roux des fougères à l’or des ormes en passant par le rouge feu des chênes et les ramures cuivrées des hêtres, dans toutes les futaies, l’automne flamboie de mille tons. Un tapis de feuilles mortes couvre allées et sentiers. Tout est encore calme, mais plus pour longtemps.
C’est jour de « courre au cerf ». La veille, le maître d’équipage, Charles Danvert et Lebat, son valet de limiers, ont établi la liste des chiens qui participeraient à la chasse, écartant les blessés ou les trop jeunes. Devant le château de Charles Danvert, chevaux, veneurs, boutons et piqueux attendent le retour de Lebat, parti faire le bois dès l’aube. Avec Volovent, son meilleur chien dressé pour localiser les cerfs avant le départ de la chasse, Lebat a parcouru la forêt en silence. Volovent n’aboiera pas en sentant la voie d’un animal. Il le localisera dans les enceintes forestières, sans le déranger, afin de savoir où attaquer la chasse, où mener la meute pour lever la bête à chasser.
Lebat a repéré une troisième tête et un dix-cors jeunement. Il a signé l’entrée des cerfs dans leurs enceintes, d’une brisée de branche qui permettra de retrouver les lieux. Parmi ceux qui attendent, se trouve Jacques Vercou, l’un des plus fidèles suiveurs de l’équipage. Jacques est agriculteur et ses terres jouxtent celles de Charles Danvert.
Il en aime le cérémonial, avec ses veneurs, les cavaliers en redingote pourpre aux parements jaunes d’or, bottés de noir et coiffés de bombes d’équitation appelées capes, tandis que les femmes en longues jupes-culottes arborent des tricornes sur leurs cheveux joliment ramenés sur la nuque. Il aime les voir campés sur leurs selles français, des chevaux puissants, robustes et capables d’aborder tous les terrains pendant quatre heures de chasse à travers plaines et futaies. Il aime les cris des chiens lâchés sur une voie, les sonneries de trompes signalant le départ de la chasse et chaque étape de son déroulement. Tout en lui vibre,
