La tartine: Un histoire vraie
Par Alain De Deyn et Donald George
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DES AUTEURS
Alain De DeynA, fils d’un résistant rescapé des camps de concentration, est accompagné dans l’écriture par Donald George, philosophe et directeur de la Maison de la Francité.
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Aperçu du livre
La tartine - Alain De Deyn
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ISBN : 978-2-931008-68-3
Dépôt légal : D/2021/10.213/16
Tous droits strictement réservés. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie, microfilm ou support numérique ou digital, sans l’accord préalable et écrit de l’éditeur, est strictement interdite.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.
Toute l’histoire que vous allez lire dans les pages qui suivent est véridique. C’est l’histoire de Nestor De Deyn…
ALAIN DE DEYN
TABLE DES MATIÈRES
Page de titre
Page de copyright
Exergue
Les premiers pas
Le front de l’Yser
Retour de flamme(s)
Les jeux d’enfants
Le bruit des bottes
La guerre des boutons
Entre boutons et barreaux
L’armée secrète
Occupé !
Le dilemme
La solution
L’entrée en résistance
La mission de trop
Une certaine idée de la justice
Bonjour prison(s)
Sept lieux de détention en trois ans et onze mois
Saint-Gilles ou le simplet résistant
Un aller simple
Essen, simplement une halte-garderie
Bochum, entre nuit et brouillard
La tourbière d’Esterwegen
La faim
René
L’infirmerie
Les brutes et les truands
Le début du tunnel
La pause repas – Pas pour tout le monde
Le bout du tunnel
La nuit d’avant
Le jour d’après
La prison de Gross-Strehlitz
Gross-Rosen, où l’on « conte » les morts
Ravensbrück, où l’on décompte les vivants
Les temps changent
Retour vers le futur
L’attente
La route
La route, encore
La route, toujours
L’approche
Mère à l’horizon
Retour à la réalité
Boulevard des invalides
Du pain sur la planche
La vie en retour
Le train-train
À la vie – À l’amour
Le chaud et le froid
Renaissance
Dilbeek – juillet 2020
Annexes
LES PREMIERS PAS
Le front de l’Yser
J’ai poussé mon premier cri le 4 janvier 1915. C’était (en quelque sorte et à mon corps défendant) un « cri de guerre ». Six mois auparavant en effet, alors que j’étais dans le ventre de ma mère, Gravilo Princip, un parfait inconnu à mes yeux encore jamais ouverts, assassinait le prince François-Ferdinand d’Autriche et son épouse la duchesse de Hohenberg à Sarajevo. Cet événement – finalement assez local – allait provoquer une série de réactions en chaîne de la part des grandes puissances européennes et mènerait l’Humanité à vivre la Première Guerre mondiale. Ma naissance se jumelait ainsi à celle d’un conflit international qui allait conduire à la mort dix millions d’êtres humains. Mes parents me baptisèrent Nestor, sans savoir que ce nom avait été porté par un des héros de la guerre de Troie, l’un des rares guerriers grecs à avoir connu un retour sans histoire de ses batailles.
Mon père n’était pas présent à ma naissance. Quelques mois auparavant, lorsque la guerre avait éclaté en août 1914, il avait été réquisitionné et appelé à prendre les armes. Il avait 21 ans. Boulanger de métier, ses armes étaient couteaux, fourchettes, cuillères et spatules, et il fut directement affecté aux cuisines militaires de campagne, loin des premières lignes du combat. Confiné aux abords du front de l’Yser, ses supérieurs ne lui avaient pas permis de revenir pour se marier ni pour être aux côtés de ma mère lors de l’accouchement. Il m’a un jour confié que ses conditions de vie là-bas n’étaient pas à plaindre, en tout cas par rapport aux autres hommes qui vivaient dans le froid humide des tranchées sous la pluie des bombes et le feu des fusils… Sans oublier l’ypérite appelée aussi le « gaz moutarde », utilisé pour la première fois de l’histoire dans le cadre des combats. Mon père n’y était pas directement confronté. En léger retrait du front, il n’en voyait que les nuages jaunâtres. Il fallait constamment s’en éloigner et déplacer sa cuisine mobile en fonction de la direction du vent. C’était pour mon père une véritable chance de pouvoir se tenir à la lisière de la guerre chimique sans jamais être obligé d’y entrer. Les autres privilèges étaient liés à sa fonction de cuisinier : la chaleur à la proximité des fours à pain et des cuves servant à préparer la soupe, l’assurance d’être aux premières loges pour se nourrir et d’être placé dans des zones dites sécurisées.
Mon père réussissait à trouver le temps d’écrire régulièrement. Uniquement à ma mère. Une fois par semaine. Le courrier arrivait toujours avec du retard, beaucoup de retard : plusieurs semaines, parfois plusieurs mois. Elle était devenue dépendante de ces courriers. Chaque lettre illuminait ses pupilles et distillait une lumière particulière que peignaient les cils lorsque ses paupières se refermaient le temps d’un instant. Ma mère m’a souvent raconté, durant mon enfance, ce qu’elle ressentait à chaque lecture et relecture des lettres que mon père lui écrivait. Celui-ci n’ayant jamais permission pour venir la voir, c’était le seul fil ténu qui la reliait à lui. En cette fin d’année 1914, elle avait 23 ans, Catherine, et le ventre gonflé par la chrysalide qu’elle portait en elle et qui m’enveloppait de son voile nymphal et protecteur, au fond de ce petit hôpital où elle avait eu le privilège de pouvoir accoucher grâce à l’entremise d’une tante religieuse qui y travaillait.
Ma mère trouvait le contenu de ces lettres assez restrictif. Les jours qui y étaient décrits se ressemblaient dans l’horreur. Quelques années plus tard, encore adolescent, je les ai trouvées et les ai parcourues en cachette. Je me souviens y avoir lu qu’il était difficile de faire la cuisine en portant un masque à gaz, que la nourriture elle-même était probablement infectée par des particules chimiques et que les hommes avaient du mal à manger en gardant leur masque sur le visage. Même lorsqu’on était loin du front, le gaz était là, résiduel et diffus, mais bien présent. Dans les aliments, dans les vêtements. C’était les vomissements assurés, avec souvent la mort, au bout du bout.
Au souvenir de la lecture de ces lettres, je me dis qu’elles devaient paraître à ma mère fort étranges, comme le fruit d’une écriture automatique qui mêlerait à chaque ligne l’horreur et l’amour, conjuguant le bruit des bombes aux battements du cœur de mon