Trois petits bols blancs

Ce qui est certain, c’est que cette discipline me passionne, reprit Liselotte qui expliquait à ses amies ce qui la retenait à Rome. – Tu comptes tout de même rentrer en France un jour ? s’enquit Esther. – Oui, bien sûr. J’avais besoin d’air. C’est pourquoi je suis partie. Mais il n’est pas question que je m’installe pour de bon en Italie. Comme toujours, quand elles étaient réunies, leur bavardage se prolongeait, or Liselotte ne tenait pas abuser de la générosité de la comtessa.

– Souhaitons-nous un heureux anniversaire ! lança-t-elle, profitant d’un bref instant de silence dans la conversation.

– Te voilà bien pressée ! ricana Esther.

Elle les imaginait, chacune leur petit bol blanc rempli de champagne à la main.

– On t’a préparé le tien ! précisa Colombe. Elles entonnèrent alors le refrain d’une voix si joyeuse que Liselotte sentit ses yeux devenir humides.

– Tu ne chantes pas! la sermonna Colombe.

– Si, si !

Quand Liselotte raccrocha, son émotion était telle qu’elle s’accorda quelques minutes dans la pénombre de la pièce avant d’aller remercier son hôtesse qui, discrètement, s’était retirée dans un salon voisin.

– Trois petites filles nées le même jour font connaissance le jour de leur entrée au pensionnat! murmura Thomasina. Voilà qui n’est pas banal !

– Aucune de nous ne l’est et ne l’a jamais été, avoua Liselotte en acceptant de s’asseoir un instant, sur le siège capitonné de soie que lui désignait la comtessa.

Évoquant les années Marigold, elle retrouva momentanément l’insouciance de sa jeunesse.