Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Les plus grands bâtards de l'Histoire: La saga des enfants illégitimes
Les plus grands bâtards de l'Histoire: La saga des enfants illégitimes
Les plus grands bâtards de l'Histoire: La saga des enfants illégitimes
Livre électronique237 pages2 heures

Les plus grands bâtards de l'Histoire: La saga des enfants illégitimes

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Qui sont ces enfants illégitimes qui ont fait l'Histoire ?

De Charles Martel, bâtard de Pépin le Bref, qui permettra l’avènement du grand Charlemagne à Mazarine Pingeot et le scandale que suscita la révélation de son existence, en passant par l’enfant que Napoléon eut avec une suivante de la Princesse Murat, prouvant sa fertilité qui le poussa à la répudiation de Joséphine de Beauharnais et Pierre Ier devenu Tsar de Russie, alors qu’il est un enfant bâtard de la Grande Catherine, ce livre vous entraine à la découverte des enfants illégitimes qui ont bouleversé le cours de l'Histoire.

Un ouvrage richement documenté retraçant les le destins de ces célèbres enfants nés hors mariage

EXTRAIT :

Des bâtards, il y en a toujours eu. Il y en a, et il y en aura encore.

La plupart sont restés anonymes, connus le plus souvent de leurs seuls géniteurs.  Par contre, certains – est-ce dû à leur bonne étoile, est-ce dû à leur charisme, est-ce dû à leur valeur exceptionnelle ? – sont entrés de plain-pied dans la grande Histoire. Ils ont marqué leur époque dans des domaines multiples : militaire, politique, scientifique, artistique…

Que serait-il advenu si les Grecs, Thémistocle à leur tête, n’avaient pas vaincu les Perses ? Si Hastings n’avait pas souri à Guillaume le Conquérant, l’Angleterre n’aurait-elle pas été différente ? Sans Jeanne d’Arc, Dunois et d’autres, ne parlerait-on pas aujourd’hui l’anglais à Paris ? Que dire encore de ces condottieres, ces mercenaires de haut vol qui ont aidé à façonner notre Europe actuelle ? Galilée ne nous a-t-il pas ouvert de lointains horizons qu’encore de nos jours nous tentons d’explorer ? Si la Joconde de Léonard de Vinci n’était pas au Louvre, ce musée perdrait la moitié de ses visiteurs ! Apollinaire, Feydeau, dans un tout autre registre, ne nous ont-ils pas fait vivre d’excellents moments ? Le général Weygand n’a-t-il pas contribué à la victoire lors de la Grande Guerre ?

Cet ouvrage est composé de petits chapitres. Le lecteur aura le loisir d’y vagabonder au gré de sa fantaisie, de sa curiosité, de ses centres d’intérêt tout en découvrant des épisodes de l’Histoire qui ne lui sont pas forcément familiers.
LangueFrançais
Date de sortie2 mars 2015
ISBN9782390090564
Les plus grands bâtards de l'Histoire: La saga des enfants illégitimes

Lié à Les plus grands bâtards de l'Histoire

Livres électroniques liés

Encyclopédies pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Les plus grands bâtards de l'Histoire

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Les plus grands bâtards de l'Histoire - Gérard de Rubbel

    familiers.

    HERCULE,

    le « Schwarzenegger » de la mythologie

    Ce personnage, le plus connu des héros qu’a compté l’antiquité, est appelé par plusieurs mythologistes « princeps ordinis spuriorum », « le prince de l’ordre des bâtards », autrement dit « le patron des bâtards ».

    Les historiens modernes distinguent Hercule de deux façons : premièrement un prince, un héros nommé aussi Alcide, dont l’existence historique se compose d’expéditions dans la Grèce et dans l’Asie-Mineure ; en second lieu un astre, le soleil, dont la marche apparente dans les douze signes du zodiaque est figurée par les douze travaux de ce demi-dieu.

    Il est certain que le soleil a été adoré sous le nom d’Hercule ou sous un nom semblable en Italie, en Gaule et surtout en Lybie, en Égypte, en Phénicie. L’écrivain et savant romain Varron a compté jusqu’à quarante-trois Hercules ; d’autres en ont recensé encore plus.

    Quant au héros grec, il est nécessaire de rapporter brièvement les prodiges que lui ont attribués les poètes, ces « théologiens » païens.

    Il naît de Jupiter et d’Alcmène, femme d’Amphitryon, général des Thébains. Pour prolonger ses amours avec Alcmène, le maître des dieux ordonne même au soleil de s’arrêter. Le héros vient au monde. À peine né, il est persécuté par Junon, à la fois sœur et épouse de Jupiter, qui sait quelle haute destinée va connaître l’enfant.

    À l’instigation de la déesse, Eurysthée, roi de Mycènes et frère aîné d’Hercule, l’expose à plusieurs travaux au cours desquels Junon est convaincue qu’il finira par y laisser la vie. On en compte ordinairement douze.

    Il étrangle d’abord Némée, un lion d’une grandeur extraordinaire qui ravage toute la contrée, et il enfile sa peau en souvenir de cette victoire. Il tue ensuite dans le marais de Lerne une hydre, serpent énorme à sept têtes, lesquelles repoussent à mesure qu’elles sont coupées. Il capture le sanglier d’Erymanthe qui terrifie les habitants d’Ardadie et l’offre à Eurysthée. Il poursuit pendant près d’une année et tue à coups de flèches la biche de Cérynie aux pieds d’airain et aux cornes d’or, qui causait d’énormes dommages dans les environs du mont Ménale. ll met en fuite d’horribles oiseaux qui, sur le lac Stymphale, massacrent les passants à l’aide de leurs plumes aiguisées comme des flèches. Il est vainqueur des Amazones, guerrières qui habitent les bords du fleuve Thermodon. II immole deux tyrans, Busiris et Diomède, dont l’un sacrifie à Jupiter tous les étrangers qui abordent en Égypte, dont l’autre, en Thrace, fait dévorer les voyageurs par des chevaux féroces. Il met aussi à mort le cruel Géryon, roi d’Espagne, lequel avait trois corps. Il nettoie également les écuries d’Augias, roi d’Élide : les immondices accumulées depuis longtemps infectaient l’air d’une odeur pestilentielle. Il dompte un taureau sauvage que Neptune a envoyé pour dévaster la Grèce. Il enlève les pommes d’or du jardin des Hespérides et endort le dragon qui les garde. Il descend aux enfers et en ramène Alceste, qu’il rend à son mari Admète.

    Après avoir réussi à accomplir ces différents travaux, il parcourt l’univers en délivrant les mortels des fléaux ou des monstres qui les tourmentent, faisant la guerre aux plus célèbres brigands, brisant les fers des opprimés, séparant les monts Calpé (Gibraltar, Europe) et Djebel Musa (sur la rive sud du détroit de Gibraltar, Maroc), et réunissant ainsi l’Océan à la Méditerranée. On a d’ailleurs appelé ces promontoires les « Colonnes d’Hercule ».

    Le héros qui a dompté tant de monstres, échappé à tant de dangers, surmonté tant d’obstacles, ne peut cependant repousser les flèches de Cupidon. Omphale, reine de Lydie, le séduit tellement que, selon certaines sources, pour lui plaire, il change sa massue en quenouille et quitte sa peau de lion pour des vêtements de femme. Il s’attache ensuite à Iole, fille d’Euryte. Déjanire, sa femme, pour le ramener, lui envoie la chemise du centaure Nessus. À peine l’a-t-il revêtue que, brûlé d’un feu intérieur, il se jette dans un bûcher ardent où il est consumé. Jupiter lui donne une place dans le ciel et lui fait épouser Hébé, déesse de la jeunesse.

    Voilà ce que la légende raconte d’Hercule. L’on y retrouve les germes de certaines opinions, que des religions plus modernes ont adoptées. Le soleil qui s’arrête à la voix de Jupiter, l’inimitié de l’implacable Junon, la conception et la naissance du héros, ses prodiges, sa résurrection ont fait l’objet de fréquentes imitations. Mais ce qui est le plus curieux, c’est de voir que les amours de Jupiter et d’Alcmène, qui ont donné naissance à Hercule, sont publiquement représentées sur les théâtres de Rome et d’Athènes. Cela doit être rangé parmi les contradictions les plus frappantes dont l’univers abonde. C’est comme si, dans le quinzième siècle, les auteurs des « mystères » avaient présenté sous son côté comique la naissance de Jésus-Christ.

    En dégageant l’histoire d’Hercule de toutes les croyances ou de toutes les opinions surnaturelles et absurdes dont elle est entourée, on aperçoit un prince qui, dans les temps héroïques, a rempli le rôle d’un chevalier du Moyen Âge. Les expéditions auxquelles il a pris part ont une grande ressemblance avec les entreprises des siècles de l’anarchie féodale. Tantôt les guerriers de l’une et de l’autre époque réprimaient le brigandage individuel, tantôt ils allaient en corps d’armée exercer contre leurs voisins leur colère et leur avidité. Selon les récits des historiens anciens, Hercule a parcouru d’abord le Péloponnèse, est passé ensuite dans l’Étolie et l’Eurytanie, se constituant l’arbitre suprême des rois ou des chefs des nations, élevant les uns, détrônant les autres ou les faisant périr, disposant en maître de leurs familles et s’emparant de leurs troupeaux qui, aux époques primitives, constituaient la principale richesse. Ses descendants, qu’on nomme les Héraclides, n’ont pas pu longtemps se maintenir dans le Péloponnèse et ont été forcés de se retirer chez les Doriens.

    THÉMISTOCLE,

    le « tombeur » des Perses au tragique destin

    Hérodote, Thucydide ou Plutarque nous ont livré le récit des luttes de la Grèce contre les Perses et nous ont fait admirer les exploits de Miltiade, d’Aristide et de Thémistocle ? Ces simples chefs athéniens nous apparaissent comme des êtres supérieurs dans l’Histoire. Thémistocle, surtout lui, a connu une destinée hors du commun et une fin tragique.

    Thémistocle, fils de Néoclès, était, d’après la loi athénienne, un bâtard, puisque sa mère était étrangère, originaire d’Halicarnasse en Asie Mineure. Ses débuts ont été ceux d’un jeune homme livré aux plaisirs et à la débauche, mais, par la suite, il a su parfaitement effacer ses erreurs de jeunesse : s’étant livré tout entier aux affaires publiques, il a mérité, en peu de temps, l’estime de ses concitoyens. Nommé préteur, et, en cette qualité, il est chargé de conduire la guerre contre Corcyre, l’actuelle Corfou, qui se termine par une victoire.

    À l’aide d’une flotte qu’il a fait construire avec le produit des mines que les magistrats avaient tendance à dilapider chaque année en folles dépenses, il a rendu ses compatriotes maîtres de la mer, alors infestée par les pirates. Mais la marine, créée par ses soins, va également être le salut d’Athènes et du reste de la Grèce.

    Xerxès, roi de Perse, fils de Darius, voulant venger la défaite que son père avait subie, dix années auparavant, à Marathon, rassemble ses troupes de terre et de mer et se dirige vers la Grèce avec plus de trois millions d’hommes, nombre incroyable, attesté cependant par les anciens historiens. Persuadé que sa ville ne pouvait tenir devant les forces innombrables des Perses, Thémistocle conseille aux Athéniens de se réfugier à Salamine et à Trézène. La confédération des Grecs envoie Léonidas, roi de Sparte, défendre, avec sept mille hommes le défilé des Thermopyles, situé entre la Thessalie et la Locride, et une flotte de trois cents trières occuper le détroit d’Artémision, formé par les côtes de la Thessalie et par celles de l’Eubée. Malgré une défense fantastique et héroïque, Léonidas succombe aux Thermopyles sous le nombre, et se sacrifie avec ses trois cents Spartiates : sans espoir de victoire, il a renvoyé les autres troupes afin de les préserver pour la Grèce. Dans le même temps, la flotte des Grecs, composée de trois cents navires, livre, près d’Artémision, un combat à la flotte des Perses trois ou quatre fois plus nombreuse. Toutefois, malgré leur victoire « à la Pyrrhus », Eurybiade et Thémistocle, chefs de l’armée navale grecque, jugent plus prudent d’abandonner leur position, et se replient près de Salamine. Thémistocle, secondé par Aristide qu’il a fait revenir d’exil, entraîne Xerxès à livrer bataille dans le détroit formé par l’île de Salamine et l’Attique, là où les navires perses ne peuvent pas se déployer. Les Grecs remportent la victoire.

    Cependant Xerxès, avec les immenses forces qui lui restent encore, peut continuer la guerre. Thémistocle, afin d’épargner à sa patrie de plus grands dommages, avertit en secret le roi de Perse qu’il est question, parmi les alliés, de détruire le pont qu’il a emprunté pour passer d’Asie en Europe. Ce stratagème réussit à merveille. Xerxès, effrayé, se dépêche de regagner son royaume. Mardonios, qu’il laisse en Grèce avec des forces considérables, perd plusieurs batailles, son armée est détruite et il meurt au combat.

    Grâce au courage et à la prudence de Thémistocle, la Grèce échappe à la plus formidable invasion qu’on ait jamais tentée. Mais Athènes, abandonnée par ses habitants, a été complètement démolie par les Perses. Après la guerre, les Athéniens veulent restaurer leurs murailles. Les Spartiates, jaloux des Athéniens et voulant les maintenir en état d’infériorité, s’y opposent sous des prétextes fallacieux. Thémistocle fait poursuivre les travaux ; seulement il se rend en Lacédémone, obtient délai sur délai, fait traîner les pourparlers en longueur, et quand les murs sont terminés, il dévoile aux Lacédémoniens ce qui s’est passé entre temps et leur reproche vivement leur injustice. Ceux-ci sont bien obligés de prendre leur parti des faits accomplis.

    Malgré les services immenses que Thémistocle a rendus à ses concitoyens, il ne peut cependant éviter leur jalousie et leur ingratitude. Comme Miltiade, comme Aristide et tant d’autres citoyens illustres, il doit subir l’ostracisme, cette punition infligée à ceux qu’on ne peut accuser d’aucun crime. Exilé par les siens, il se retire à Argos. Accusé par les Lacédémoniens (Spartiates) de s’être allié avec le roi de Perse pour opprimer la Grèce et condamné par les Athéniens pour crime de trahison, il va s’installer à Corcyre. D’autres inimitiés le contraignent à quitter cette ville. Il se réfugie chez Admète, roi des Molosses, qu’il doit aussi rapidement quitter. Enfin, craignant de ne pas trouver dans la Grèce entière un refuge sûr, il se résout à passer en Asie-Mineure. Artaxercès, appelé « Longue main » a succédé à Xerxès son père. Thémistocle écrit à ce prince, afin d’en obtenir l’asile que lui refuse son ingrate patrie. Le roi le lui accorde bien volontiers. L’Athénien s’efforce d’apprendre la langue perse. Il ne lui suffira que d’un an pour la parler parfaitement. S’étant ensuite présenté au roi, il est séduit par l’accueil et par les dons d’Artaxercès. Il lui promet de l’aider dans sa guerre contre les Grecs.

    De retour en Asie-Mineure, il s’installe à Magnésie, l’une des villes que le roi lui a données pour assurer sa subsistance. Vient le moment où il lui faut tenir sa promesse. Mais il réfléchit longuement sur l’injustice d’un engagement qu’un moment de surprise et de détresse lui a arraché, et, pour s’y soustraire, il prend volontairement du poison. Ses restes sont ramenés par ses amis à Athènes, mais en secret, parce qu’ayant été condamné pour trahison, les lois ne permettent pas qu’on lui accorde publiquement les honneurs d’une sépulture.

    ROMULUS,

    le socle d’une civilisation

    Dans l’antiquité, les fondateurs d’empires, les premiers législateurs, les instaurateurs de nouvelles religions prétendaient généralement tirer leur origine des dieux, soit pour donner plus d’autorité à leurs lois et à leurs ordonnances, soit pour se faire respecter davantage de leurs compagnons rustres et mal dégrossis. Ce n’est pas seulement, comme on l’a dit tant de fois, la reconnaissance des peuples qui a peuplé le ciel de leurs héros, de leurs rois ou de leurs bienfaiteurs : c’est l’ambition, l’intérêt, le charlatanisme mêlés à une foule de prodiges faux ou des liens mensongers avec les dieux qui les ont placés là ! Pour ne citer qu’un exemple : comment Romulus, le fondateur de Rome, aurait-il pu persuader ses rudes et ignares guerriers de renoncer à leurs habitudes de brigandage, de quitter leur vie errante pour se renfermer dans les murs d’une cité et se soumettre à des lois contraignantes, s’il n’avait pas eu l’idée géniale de s’attribuer une origine céleste et de faire intervenir les dieux dans tous ses actes, dans toutes ses directives ?

    Tout est merveilleux dans l’histoire du premier roi de Rome. Ses débuts, son règne et sa mort sont accompagnés de tels prodiges, qu’il n’est pas étonnant que certains historiens aient mis en doute jusqu’à son existence. Même son nom, dans lequel entre celui de Rome, mot qui en grec signifie force, tout semble arrangé après coup par des historiens plus imaginatifs que dignes de foi ; mais le fond de l’histoire est vrai malgré les détails invraisemblables qui s’y trouvent mêlés.

    Romulus et Remus naissent d’une vestale, Rhéa Silvia et du dieu Mars, dieu de la guerre. Amulius, leur oncle, ordonne que les jumeaux soient jetés dans le Tibre. Les eaux du fleuve se retirent et leur berceau reste à sec ; une louve les nourrit de son lait ; un berger, Faustulus, les emmène chez lui et les fait élever par sa femme. Dans ce récit, on retrouve la pratique de l’exposition des enfants qui a été en usage chez tous les peuples de l’antiquité. Les anciennes histoires sont pleines de légendes d’enfants sauvés par des bergers et reconnus plus tard par leurs parents. Moïse, sauvé des eaux en est un autre exemple. Toutefois, l’on peut se demander si le culte de Vesta était en honneur à cette époque, et si les prêtresses appelées vestales et contraintes au vœu de virginité étaient déjà consacrées au service de cette déesse. En revendiquant Mars comme père, Romulus ne pouvait pas mieux éclaircir les zones d’ombre de sa naissance et mieux aider à l’accomplissement de sa future destinée.

    À l’âge adulte, Romulus et Remus rassemblent un grand nombre de pasteurs et d’aventuriers. Ils mènent des luttes fréquentes contre des brigands ; mais n’étant pas assez puissants pour mettre sous leur joug les peuplades voisines et se sachant entourés d’ennemis, ils décident de fonder une ville sur le lieu même où ils avaient été exposés et où ils avaient été élevés. Ils se disputent quant au nom à donner à la cité nouvelle et conviennent finalement de s’en référer au vol des oiseaux (les auspices), mode de divination assez commun chez les anciens peuples d’Italie et adopté depuis par les Romains. Romulus, ne pouvant se mettre d’accord avec son frère, le tue de sa propre main, donne son nom à la Ville et lui impose ses lois. Il divise le peuple en trois tribus et trente curies. Il établit la distinction entre patriciens et plébéiens : la première classe comprend les citoyens de haute lignée et la seconde correspond au petit peuple. À l’instar de plusieurs autres villes d’Italie, il institue un sénat composé de cent personnes choisies parmi les patriciens. Pour sa garde personnelle, il instaure un corps de trois cents hommes à cheval (centuries) appelés Célères. C’est encore à Romulus que l’on doit la distinction entre patrons et clients.

    La forme de gouvernement que Romulus donne aux Romains est une sorte de royauté mixte. Son pouvoir est loin d’être absolu ; il le partage au contraire avec les sénateurs et le peuple. Ainsi, comme on peut le remarquer, la constitution de Rome a été républicaine dès les débuts.

    Il ne suffit pas à Romulus de créer l’ordre politique et civil, il doit songer aussi au culte religieux et il instaure des cérémonies et des sacrifices. Les augures qui observent le vol et le chant des oiseaux, les aruspices qui consultent les entrailles des victimes consacrées aux dieux, sont particulièrement visés par ses nouveaux règlements.

    Mais Rome ne compte encore qu’une quantité restreinte de citoyens : Romulus, pour en augmenter le nombre, déclare que sa ville sera un asile pour tous ceux qui viendront s’y établir ; suivant en cela l’exemple de tous les anciens fondateurs. Il voit donc accourir en peu de temps, sous sa houlette, une foule de gens libres ou d’esclaves, de vagabonds, d’aventuriers, de débiteurs qui fuient leurs créanciers ou de criminels qui cherchent à se soustraire à la justice. Toutefois un État uniquement composé d’hommes ne peut tenir le coup longtemps. Toutes les populations voisines refusent de s’allier par mariages avec les Romains et reçoivent, sous des quolibets outrageants, les messagers de Romulus. Celui-ci, indigné et furieux, annonce des jeux solennels en l’honneur du dieu Comus, dieu de la joie et de la bonne chère. On y accourt de toutes parts et particulièrement les Sabins. À un signal donné, la jeunesse romaine s’élance l’épée à la main et se saisit de toutes les jeunes filles qui assistent au spectacle. Les plus belles sont destinées aux principaux sénateurs.

    C’est ainsi que les Romains se procurent des femmes ; mais les parents, outrés par cette manœuvre pour le moins « cavalière » et revenus dans leur ville, soulèvent leurs compatriotes. Une ligue des peuples voisins se forme contre Rome et une guerre sans merci s’engage. Cependant une paix est conclue à la prière des jeunes Sabines qui se sont établies à Rome et qui se jettent entre les combattants. À partir de ce jour, les Romains et les Sabins ne forment plus qu’un seul et même peuple. Tatius, roi des Sabins, règne conjointement avec Romulus ; mais il meurt peu après et Romulus se retrouve de nouveau seul au pouvoir.

    Malgré les invraisemblances qui apparaissent dans le beau récit de Tite-Live, il serait trop hasardeux de mettre en doute l’enlèvement des Sabines ; car des faits semblables se sont produits dans une foule de sociétés naissantes.

    Lorsque Romulus voit son autorité consolidée à l’intérieur comme à l’extérieur, c’est-à-dire, malgré tout, sur un territoire assez restreint, il s’efforce de rendre son pouvoir absolu et de se placer au-dessus des lois, lois que lui-même a promulguées ; mais les sénateurs, qui craignent de perdre leurs privilèges et qui sont fatigués de la tyrannie, se débarrassent de Romulus. Pour apaiser le peuple, ils font savoir qu’il a été enlevé

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1