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La promesse de lendemains heureux
La promesse de lendemains heureux
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Livre électronique255 pages3 heures

La promesse de lendemains heureux

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À propos de ce livre électronique

Piotr se voit confier par la Tsarine une paire de boucles d’oreilles aux pouvoirs surnaturels qu’il doit mettre en sécurité à Paris. Ce qu’il pensait être un voyage tranquille se transformera en calvaire au fil des événements qui se succéderont tout au long du parcours. Il parviendra néanmoins à s’établir en France, mais la grande histoire modifiera le cours de sa vie. Quel secret se cache derrière ces boucles d’oreilles ? Sera-t-il un jour découvert ?
LangueFrançais
Date de sortie20 oct. 2021
ISBN9791029011818
La promesse de lendemains heureux

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    La promesse de lendemains heureux - Yves Rossetto

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    La promesse de lendemains heureux

    Yves Rossetto

    La promesse de lendemains heureux

    Les Éditions Chapitre.com

    31, rue du Val de Marne 75013 Paris

    © Les Éditions Chapitre.com, 2021

    ISBN : 979-10-290-1181-8

    Les larmes du passé fécondent l’avenir.

    Alfred de Musset

    À Annie,

    Chapitre 1. La montre

    Le père Gravelot damait déjà les pistes de ski des Ménuires, il y a plus de trente ans alors que son fils était encore en culottes courtes. Il avait pour tout matériel une paire de skis en hickory, un gros rouleau qu’il devait tirer derrière lui et une bonne dose de courage, surtout par mauvais temps. Il lui fallait de nombreuses heures de labeur pour faire une piste et ensuite le soir venu, il s’attelait à la traite de ses vaches.

    Fernand, le fils, avait pris sa succession il y a 10 ans. La technologie heureusement avait fait évoluer le métier et maintenant, il était assis au volant de sa dameuse, la Monique, comme il l’appelait en souvenir de la seule fille qui avait bien voulu, il y avait fort longtemps, lui prodiguer quelques signes d’affection. Il est vrai qu’il n’était pas un apollon et son visage grêlé en avait rebuté plus d’une. Il était pourtant gentil, Fernand, mais tellement maladroit que même ses copains de beuverie se battaient souvent avec lui en raison d’une parole malencontreuse qu’il avait prononcée au mauvais moment. Il l’aimait sa Monique et il passait avec elle le plus clair de son temps.

    Ce matin au démarrage, il avait astiqué la carrosserie comme le font les chauffeurs de maître avec leur limousine. L’après-midi avait été plutôt calme et maintenant alors que l’obscurité tombait sur la montagne, sa journée n’était pas encore terminée. Les animaux s’étaient réfugiés dans leur gîte, la nuit était très claire et le froid s’intensifiait rapidement. Bien qu’ayant le chauffage dans la cabine, Fernand avait revêtu sa grosse parka orange que lui avait donnée le gestionnaire des remontées mécaniques lors de son embauche, il y avait bien longtemps. Elle était maintenant d’un orange plus que sale, le bout des manches totalement élimé et une grande déchirure en balafrait le dos.

    L’engin montait la pente dans un vacarme assourdissant tout en raclant la neige superficielle et en la tassant dans un second temps. Fernand passait au ras des combes et quelques fois il sentait la chenille qui commençait à déraper sur le côté ; il avait alors des sueurs froides, se mettait à transpirer et se promettait immédiatement qu’il arrêterait de boire définitivement dès son retour à la maison. Cette nuit-là, il était sobre, il n’avait pas pris la moindre goutte d’alcool et ne s’était pas fait piéger dans un traquenard par ses copains. L’engin poursuivait son ascension, la pleine lune éclairait la neige lui donnant des reflets argentés. Les phares éclairaient les traces laissées par les animaux lorsqu’un bruit sec se fit entendre dans le bac de récupération sous la cabine, suivi d’un second plus sourd. Fernand stoppa l’engin et descendit inspecter le récupérateur à l’aide de sa lampe torche. Il balaya avec le faisceau lumineux l’intérieur et rien ne semblait être dégradé. Il savait que quelques fois des bruits de ce type se font entendre, mais ils sont en général dus à des objets perdus qui sont récupérés par la machine. Il remonta dans l’habitacle en se disant qu’il vérifierait tout cela à l’arrivée chez lui. Il remit les gaz et amorça la descente vers la station. Le froid était maximum et maintenant la neige gelait en surface. Deux fois avant d’arriver chez lui, les chenilles dérapèrent et l’engin finit sa course dans un muret de neige. Il était temps de rentrer, la journée avait été très longue et ses réflexes commençaient à s’émousser.

    Enfin, devant la porte de son garage il coupa le contact et descendit de la dameuse. Il allait rentrer chez lui quand il se souvint que des objets avaient probablement été absorbés par la machine ; il revint sur ses pas, se pencha vers le bac et à l’aide de son bras en ratissa la surface. Il sentit un premier objet qu’il ramena à lui ; une paire de lunette de soleil, d’une bonne marque, mais avec un verre cassé et une branche qui était complètement tordue. Il décida de la mettre à la poubelle dès qu’il rentrerait à la maison. Il recommença l’opération une seconde fois en grattant un peu plus le mélange neigeux et sentit sous ses doigts un objet plus doux, avec un bracelet, probablement une montre. Il la tira à lui délicatement. Elle était de belle qualité et ne semblait pas être abîmée. Son bracelet de cuir fauve était mouillé, mais elle fonctionnait toujours. Il la fourra dans sa poche en se disant qu’il la regarderait de plus près lorsqu’il passerait à table.

    Il tourna la grosse clé dans la vieille porte de chêne et entra dans la pièce froide et lugubre. Il éclaira la petite lampe sur le buffet du salon et se mit à allumer le poêle : quelques bouts de papier journal froissés, un peu de petit bois et une bûche et immédiatement une douce chaleur se dégagea accompagnée d’une forte odeur de fumée. Fernand frotta ses yeux qui le piquaient. Il entreprit de préparer son repas du soir : une bonne soupe de poireaux avec quelques pommes de terre, un gros morceau de tomme de Savoie arrosé d’un coup de rouge. Machinalement, alors qu’il brassait la soupe dans la casserole, il mit la main à sa poche. Il sentit la montre qu’il y avait mise une bonne heure avant. Il la sortit et la regarda avec attention. Elle était en bon état. Il n’en avait jamais vu d’aussi belle. Le bracelet en cuir était maintenant sec et sur le cadran en nacre était écrit… il alla chausser ses lunettes… « Hermès ».

    Il ne connaissait pas ce nom, pour lui toutes les montres se résumaient à deux aiguilles qui tournent autour d’un cadran. La seule qu’il avait eue, venait de ses parents qui lui avaient offert pour sa communion. Sur le cadran il était marqué « Lip » et il pensait que sur toutes les montres c’était la même chose qui était inscrite. Il l’enfila à son poignet, mais ne put pas fermer le bracelet, il était trop petit et le système de verrouillage trop compliqué. À chaque fois qu’il essayait, la boucle lui coinçait la peau. Il décida de s’en séparer et d’aller le lendemain la vendre au bijoutier. Il en tirerait bien quelques billets pour arrondir la fin du mois. Il la remit dans sa poche et la cala sous son mouchoir. Après le repas lorsqu’il décida d’aller se coucher, il la sortit à nouveau, essuya le verre de sa main et la posa sur le bahut du salon. Désormais dans la pièce les odeurs se mélangeaient : la fumée du feu, la soupe aux poireaux et la transpiration d’une journée bien chargée. La nuit fut courte et à sept heures, il se leva pour préparer son petit-déjeuner. La pièce sentait encore les relents du repas de la veille : ça ne le dérangeait pas. Une fois sa collation terminée, il prit la montre et la mit dans sa poche recouverte de son mouchoir, comme s’il avait peur qu’elle s’échappât. Il comptait bien en tirer un bon prix ! Il chaussa ses bottes, remit sa parka orange, sa casquette de marin et verrouilla la porte de la maison.

    La journée s’annonçait neigeuse, le plafond nuageux était bas et très gris. Fernand monta dans sa 4 L, tira sur le démarreur trois fois et le moteur pétarada ; trente ans qu’elle tournait comme une horloge et jamais elle ne l’avait trahi. Il enclencha la première et se dirigea vers la nationale qui allait le conduire chez le bijoutier. Une petite heure et il amorçait la rue principale de la ville.

    Il était à peine 9 heures et le stationnement ne présentait aucune difficulté. Il entra dans la boutique en ôtant sa casquette par respect comme lui avait appris son vieux père. Le commerçant le salua, heureux de le voir de si bon matin :

    – – Alors mon Fernand, comment vas-tu, il y a longtemps que l’on ne s’est pas vu, qu’est-ce qui t’amène de si bonne heure ?

    Fernand était un grand timide. Il connaissait bien le bijoutier, car celui-ci venait tous les lundis faire du ski à la station et ils avaient sympathisé il y a plusieurs années, mais c’était la première fois qu’il le rencontrait dans sa boutique. Il tournait et retournait sa casquette sur son bas ventre comme s’il voulait cacher quelque chose de honteux, et il se lança :

    – Ben, j’ai trouvé ça et je voudrais bien te la vendre.

    Il sortit du fond de sa poche caché sous son mouchoir, la trouvaille de la veille.

    – Fais-moi voir cette petite merveille !

    La montre quitta la grosse main poilue de Fernand pour atterrir dans celle plus fine et méticuleuse du bijoutier. Ce dernier sortit sa loupe du comptoir et commença l’examen de l’objet.

    – Tu vois Fernand, c’est un beau modèle de chez Hermès, une Cap Cod Grand Modèle. Elle est numérotée comme toutes les montres de cette marque.

    – Combien tu m’en donnes ?

    – Et bien tu vas être déçu, mais je ne peux rien t’offrir, car cette montre est référencée chez le fabricant et je dois l’informer pour retrouver le propriétaire et lui rendre son bien.

    – Ben, merde alors !

    – Peut-être te donnera-t-il une récompense ?

    – J’espère bien, j’ai pas fait tout ça pour rien.

    Le commerçant nota les numéros d’enregistrement de la montre et rechercha le téléphone de Hermès. Alors qu’il s’apprêtait à saisir son portable pour appeler, la porte de la boutique s’ouvrit brusquement. Deux hommes vêtus de noir entrèrent en trombe. Ils étaient armés et nul ne pouvait douter de leur intention. Ils braquèrent le bijoutier et Fernand. Ils demandèrent la caisse, se saisirent de quelques bijoux accessibles immédiatement et comme la montre était sur le comptoir, ils l’emmenèrent avec eux.

    Le hold-up ne dura pas plus de trois minutes et le bijoutier saisit son téléphone, non pas pour appeler le fabricant, mais la police, tandis que Fernand, les mains sur la tête criait : « au voleur ! ».

    Tous les deux restèrent pantois, la montre avait fait un passage éclair dans la boutique.

    Les cambrioleurs étaient partis depuis une bonne demi-heure quand les policiers arrivèrent toute sirène hurlante. Ils bloquèrent la rue et les alentours de la bijouterie comme si le hold-up était toujours en cours.

    Fernand regardait le bijoutier ; il n’aurait jamais pensé que sa journée se déroulerait ainsi. Lui qui espérait gagner facilement de l’argent, était en train d’en perdre, car il ne pouvait pas retourner à son travail… il était le témoin d’un hold-up !

    Chapitre 2. Pascal

    Déjà une heure que les policiers interrogeaient le bijoutier et Fernand au sujet du cambriolage dont ils étaient les victimes. Le commerçant n’était pas trop amer, le montant du vol était ridicule et il se demandait même s’il allait faire une déclaration à son assureur. Fernand par contre enrageait, car la montre était partie avec les voleurs. Le bijoutier voulait la rendre à son propriétaire, mais le destin en avait décidé autrement. Néanmoins lui, il était là, avec la police, alors qu’il n’y était pour rien et qu’il n’en tirerait aucun bénéfice. Il était certain que la prochaine fois, il ne dirait rien à personne et garderait tout pour lui. En plus pour un hold-up de 3 minutes, ça faisait une heure qu’ils tournaient en rond avec leurs questions.

    Les policiers se décidèrent enfin à partir tout en disant qu’ils s’occuperaient de retrouver les auteurs du méfait. Personne n’était dupe, le montant du larcin était trop ridicule et ne méritait pas que l’on s’en préoccupe.

    Le bijoutier était convaincu que c’était l’œuvre de petits délinquants et qu’ils se feraient prendre un jour ou l’autre.

    Il repensa à la montre et appela immédiatement la maison Hermès. Après avoir décliné son identité et expliqué le motif de son appel, il donna le numéro de série et entra en possession des informations, à savoir : la montre appartenait à Monsieur Pierre Lechat demeurant à Tours, Indre et Loire, de profession, journaliste d’investigation. Un numéro de portable lui fut également communiqué.

    Il se chargea de lui téléphoner immédiatement.

    Pierre Lechat répondit aussitôt et fut très surpris d’apprendre que sa montre, à laquelle il tenait beaucoup, avait été récupérée dans la neige. Il pensait ne jamais la revoir l’ayant perdu avec ses lunettes lors d’une chute mémorable sur une piste noire. Il proposa de venir rencontrer le commerçant, l’après-midi même, car il était encore dans la station des Menuires et ne devait repartir que le lendemain chez lui en Touraine.

    Trois heures plus tard, Pierre Lechat entra dans la boutique.

    Le bijoutier ne s’attendait pas à recevoir ce genre d’homme.

    Il était jeune, les cheveux longs, un jean qui lui descendait bien en dessous de la ceinture et un air baba cool qu’il avait rarement vu dans son établissement. Comment une montre d’une telle valeur avait-elle pu atterrir au poignet de ce type d’individu ?

    Une fois les présentations faites, le commerçant expliqua la situation. Pierre l’écouta avec attention sans jamais l’interrompre. Le bijoutier était satisfait de ce comportement respectueux et ne savait pas pourquoi, mais ce jeune homme commençait à lui plaire. Le journaliste le questionna sur les agissements des cambrioleurs, sur leurs silhouettes, sur le véhicule qu’ils avaient utilisé.

    L’interrogatoire terminé, Pierre les remercia et leur dit qu’il ne quitterait pas la région avant 48 heures et qu’il allait enquêter et leur donnerait ses conclusions rapidement.

    Il quitta la bijouterie et alla faire le tour des commerces voisins. Il entra dans la pâtisserie d’en face. À cette heure de l’après-midi, il n’y avait pas le moindre client et la jeune femme qui était au comptoir l’accueillit avec un large sourire. Quand il lui dit qu’il enquêtait sur le vol à la bijouterie, son visage se ferma. Pierre pensa immédiatement que la jeune femme savait quelque chose. Il détendit l’atmosphère en lui posant des questions sur les gâteaux en exposition et lui demanda si elle voulait en partager un avec lui. Elle devint toute rouge et retrouva son sourire. Elle le remercia de son attention et lui dit qu’elle avait vu le cambriolage, car elle était en train de choisir des gâteaux pour une cliente, dans la vitrine, quand les voleurs remontèrent dans leur voiture.

    Elle lui expliqua qu’elle connaissait bien le chauffeur. Elle n’avait pas eu de mal, car il était en classe au collège avec elle. De plus, elle savait qu’il avait ce type de voiture. Le véhicule n’avait plus de plaques minéralogiques, mais un gros autocollant du club de canoë était présent sur la vitre arrière. Pascal Bouvier était le trésorier de cette association.

    Elle lui expliqua à quelle adresse il pourrait le trouver.

    Pierre la remercia, prit sa boîte de gâteaux et sortit de la pâtisserie, bien décidé à aller voir le fameux Pascal.

    La route qu’il prit longeait l’Arly. Il était bien loin de la splendeur et du calme imposant de la Loire. Cette rivière tumultueuse, agitée, se frayait en permanence un chemin à travers les blocs de pierre arrachés à la montagne. Des arbres déracinés entravaient le fil de l’eau. Ils étaient le souvenir de crues importantes et dangereuses.

    Il arriva dans un petit lotissement composé de pavillons modestes. Il s’arrêta devant le numéro 312. Une maison simple couverte de tuiles rouges et devant le portail d’entrée une vieille twingo blanche était garée. Elle ne portait plus de plaques, mais un gros autocollant du club de canoë local masquait en grande partie la vitre arrière.

    Pierre se dit qu’il était bien chez l’Arsène Lupin local. Il ne savait pas ce qu’il allait trouver derrière cette porte et n’était pas trop rassuré quand il appuya sur la sonnette.

    Il attendit quelques secondes et elle s’ouvrit, laissant apparaître devant lui, un jeune homme en pleurs, les yeux gonflés et qui n’arrêtait pas de se moucher.

    – Vous êtes de la police ?

    – Non, je suis détective privé !

    – Moi, je ne voulais pas, mais c’est Julien qui m’a forcé. La première fois j’ai trouvé ça rigolo, mais chez le bijoutier j’ai vraiment flippé. Heureusement que les pistolets étaient en plastique, ça me rassurait.

    – Vous parlez du cambriolage ?

    – Oui, pourquoi êtes-vous là, sinon ?

    – Je suis venu rechercher ma montre. Je peux entrer.

    Pierre entra dans la maison avec le jeune homme. Une odeur nauséabonde de transpiration avait imprégné la pièce. Sur une table basse, face à une télévision qui devait être allumée toute la journée, des restes de pizza faisaient la joie d’une dizaine de mouches.

    Pierre était maintenant rassuré, le jeune homme qui lui faisait face n’avait rien d’un dangereux gangster, mais était simplement un gosse paumé qui avait fait une bêtise avec un copain.

    – Racontez-moi un peu, comment c’est passé tout cela.

    – Hier nous étions avec Julien chez la mère Sokorina. On venait de lui faire ses courses parce qu’à 80 ans elle ne fait plus grand-chose et comme on la connaît depuis toujours nous lui rendons des services.

    Elle a voulu nous payer et a sorti de l’argent d’un petit coffret en bois. Nous avons vu qu’à l’intérieur il y avait également quelques bijoux. Elle a laissé le couvercle levé tout le temps. Julien m’a fait un clin d’œil et a tiré un bijou sous le nez de Madame Sokorina. Il n’a pas pris l’argent. Nous sommes sortis en rigolant et mon copain m’a dit : – tu vois c’est facile. Elle n’en a plus besoin à son âge. Je lui ai laissé le fric pour qu’elle mange.

    C’est vrai que c’était aisé. La pauvre voit si mal. Nous avons mis le bijou dans la corbeille à pain en le posant sur un tissu pour ne pas l’abîmer. Julien m’a proposé que nous allions le lendemain matin chez le bijoutier pour lui piquer sa caisse pour nous faire un peu de fraîche. Je lui ai dit pourquoi pas. J’ai enlevé les plaques d’immatriculation de ma voiture, nous avons pris les pistolets en plastique de notre enfance et enfilé des bas de ma mère, sur la tête. Le cambriolage n’a pas duré longtemps, mais je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Heureusement que le pistolet était factice, parce que je le serrais tellement que j’aurais bien pu appuyer sur la gâchette tellement j’étais crispé. Avant même d’entrer dans la boutique, je regrettai déjà mon geste. Je crois que Julien également. D’ailleurs il est reparti chez lui et ne voulait pas emporter les bijoux du vol. Maintenant c’est moi qui suis embarrassé avec.

    – Pascal, j’ai une solution à te proposer.

    – Laquelle ?

    – Je récupère les bijoux et je les remets à Madame Sokorina et au bijoutier. Je ne dis rien à personne, mais ton copain et toi vous arrêtez de faire ce genre de bêtises.

    – Tenez, ils sont tous là dans la corbeille. Pour Madame Sokorina, il n’y a que la boucle d’oreille, celle qui est attachée au bracelet de la montre. Tout le reste appartient au bijoutier, mais par contre sa caisse on l’a dépensée, car il n’y avait que cent euros.

    – Je pense qu’il ne dira rien pour cela.

    Pierre récupéra l’ensemble des bijoux, fit un clin d’œil à Pascal et reprit la route direction la ville. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour atteindre le centre, la circulation était fluide en ce jeudi après-midi.

    Lorsqu’il poussa la porte de la boutique, une sonnette bruyante émit un véritable hurlement. Le commerçant avait dû trouver que le vacarme effrayerait les voleurs.

    Il reçut Pierre avec un grand sourire et fut très surpris qu’en aussi peu de temps, il ait retrouvé le butin.

    Pierre lui expliqua le marché qu’il avait passé avec le jeune homme, mais ne lui dit rien sur les identités des deux voleurs.

    – Je n’en reviens pas de votre rapidité. Vous devriez aller donner des cours dans les écoles de police. Merci vraiment et il faut que vous repreniez votre

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