Une petite note d’amour
Une fois encore, Rebecca attendait ses enfants qui devaient arriver seuls par le train Paris-Avignon ce dimanche soir, à 23 h 43. Et une fois encore, le train avait presque vingt minutes de retard. La jolie trentenaire tira nerveusement sur sarobelégèrepuisenfonçasesdeuxmains dans sa chevelure brune en faisant quelques pas sur le quai. Elle avait beau chercher, elle ne se rappelait pas avoir récupéré une seule fois, à un horaire décent, ses deux filles Camille et Mathilde, déjà presque adolescentes, et le petit dernier, Joseph, 7 ans. Jean, son ex-mari ne pensait qu’à lui et à sa nouvelle petite amie.
Pourtant, leur rencontre avait été une évidence. Ils s’étaient connus seize ans plus tôt pendant leurs études de commerce et s’étaient immédiatement aimés. Puis Jean avait pris la tête d’une prestigieuse boîte de marketing parisienne et quand Rebecca avait accouché de leur troisième enfant, il avait oublié toutes ses responsabilités parentales. Après leur séparation, Rebecca avait obtenu la garde des enfants. Elle vivait avec eux dans un beau mas provençal transformé en maison d’hôtes, à quelques kilomètres du village de Lauris, au cœur du Luberon. Jean, qui était resté à Paris, devait recevoir les enfants un week-end sur deux et la moitié des vacances. Mais il ne respectait que très rarement cet arrangement. Malgré l’aide d’un médiateur familial, il ne cessait de réclamer ou de renvoyer les enfants chez leur mère au dernier moment. Il n’avait aucun égard pour l’organisation du calendrier de Rebecca qui ne se sentait jamais soutenue ni écoutée.
Fort heureusement, nous étions le 15 août. Rebecca n’aurait à s’inquiéter ni des devoirs ni de l’école, et ses hôtes étaient déjà couchés depuis longtemps. Elle décida de profiter de ce petit moment de calme dans la nuit d’été et regarda vers l’horizon. Le quai était surélevé et elle pouvait deviner, au nord, les jardins de la gare avec leurs grands bassins et leurs roseaux. Elle entendait d’ailleurs distinctement le chant des grenouilles. Au-delà s’étendaient les parkings et la zone
