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Sirènes au Guilvinec: Les enquêtes de Maxime Moreau - Tome 15
Sirènes au Guilvinec: Les enquêtes de Maxime Moreau - Tome 15
Sirènes au Guilvinec: Les enquêtes de Maxime Moreau - Tome 15
Livre électronique259 pages3 heures

Sirènes au Guilvinec: Les enquêtes de Maxime Moreau - Tome 15

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À propos de ce livre électronique

Une famille bien comme il faut visée par une attaque... Ses membres sont-ils aussi irréprochables qu'ils ne paraissent ?

Au beau milieu de la nuit, des coups de feu sur une voiture inoccupée réveillent les habitants d’une rue tranquille de Quimper. Certes, il n’y a pas de victime, et c’est heureux, mais pour quelle raison un ou plusieurs inconnus ont-ils agi ainsi ? Est-ce un message à destination de la famille visée ou de l’un de ses membres ? Mais alors, lequel ? Le père mareyeur au Guilvinec et à Penmarc’h, la mère esthéticienne à Pont-l’Abbé, le fils lycéen ou la fille collégienne ? Et si la vérité était tout autre ?
Confrontés à des non-dits et des secrets, Maxime Moreau et ses équipiers de la police judiciaire vont aller de surprise en rebondissement, avant que la vérité n’éclate, aussi imprévisible que diabolique.

Laissez-vous surprendre par cette quinzième enquête de Maxime Moreau dans le Pays bigouden !

EXTRAIT

"La voiture se gara le long du trottoir. Le conducteur n’en descendit pas tout de suite. Il observa les abords, à la recherche du coupé BMW blanc dont il connaissait la plaque d’immatriculation par cœur, alors qu’il ne se souvenait jamais de celles de ses propres véhicules. Il le vit, à une cinquantaine de mètres, impeccablement parqué le long du muret sur lequel, aux beaux jours, beaucoup s’asseyaient pour se repaître du panorama. Tourmentées ou calmes, les eaux de l’océan Atlantique le passionnaient lui aussi, et invariablement le ramenaient vers elles. Comme les sirènes de L’Odyssée, leurs chants l’attiraient. Que ce soit le doux murmure des vagues léchant le sable, le clapotis contre la coque d’un bateau, ou les assourdissantes déflagrations lorsqu’elles explosent contre un quai ou des rochers, il aimait la mer. Il fallait qu’elle soit là, toute proche. Il ne parvenait toujours pas à comprendre pourquoi il n’habitait pas une ville du bord de mer. Si, finalement, avec du recul, il comprenait pourquoi : un temps, l’amour avait été le plus fort. L’amour avait décidé à sa place. À l’époque, l’idylle n’était pas naissante puisque lui et son épouse se connaissaient depuis quatre ans lorsqu’ils avaient emménagé dans la grande maison héritée par sa femme, au décès de sa mère. Jour après jour, le temps avait fait son œuvre, imposant de nouvelles habitudes auxquelles il s’était plié de bonne grâce, trouvant un équilibre en partageant son existence entre les avantages d’une ville de taille moyenne, et la mer que pour son travail il voyait quotidiennement.
Au deuxième étage du petit immeuble résidentiel, cachée derrière le rideau d’une porte-fenêtre, la femme guettait celui qu’elle attendait. Il était pile à l’heure. Mais que faisait-il ? Pourquoi n’ouvrait-il pas la portière ?"

À PROPOS DE L'AUTEUR

Natif de Concarneau, Stéphane Jaffrézic habite et travaille à Quimper. Une conversation avec un ami sur un nouveau phénomène de société lui a inspiré son quinzième roman policier. Il est par ailleurs organisateur de murder parties et président du collectif d’auteurs “L’assassin habite dans le 29”.

LangueFrançais
Date de sortie19 mars 2020
ISBN9782355506413
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    Aperçu du livre

    Sirènes au Guilvinec - Stéphane Jaffrézic

    REMERCIEMENTS

    À Dominique Quéroué et Pascal Tanguy, pour leurs compétences techniques qui donnent du crédit à mes intrigues.

    À Élisabeth Mignon, pour le sérieux de son travail de relecture.

    À toute l’équipe des Éditions Alain Bargain.

    PROLOGUE

    Il n’y avait pas un chat dans la rue. Tous devaient être au travail, ou confortablement installés chez eux, au chaud, à l’abri des bourrasques glaciales qui régnaient depuis trois jours. On en venait à regretter la pluie, et surtout le redoux qui en découlait. Ici, en Bretagne, on ne se formalisait pas d’une averse, mais le froid, même sec, n’emportait pas l’adhésion de la majorité. Comble de l’horreur, y compris au moment le plus propice de la journée, le thermomètre n’atteignait pas le zéro, ce qui était mal vécu et devenait le principal, voire l’unique, sujet de conversation. Des températures négatives couvraient toute la région, et, fait extrêmement rare, hormis sur une fine bande côtière, il avait neigé. Une épaisseur de cinq à huit centimètres, qui collait aux semelles des chaussures et aux pneumatiques, paralysant la population. Parce que ici, à l’ouest de la France, loin des Alpes, des Pyrénées ou du Massif central, nul véhicule ou presque était équipé de pneus neige ou de chaînes. Alors, on limitait les déplacements, en attendant des jours meilleurs, quand la pluie salvatrice ferait grimper le mercure en positif.

    La voiture se gara le long du trottoir. Le conducteur n’en descendit pas tout de suite. Il observa les abords, à la recherche du coupé BMW blanc dont il connaissait la plaque d’immatriculation par cœur, alors qu’il ne se souvenait jamais de celles de ses propres véhicules. Il le vit, à une cinquantaine de mètres, impeccablement parqué le long du muret sur lequel, aux beaux jours, beaucoup s’asseyaient pour se repaître du panorama. Tourmentées ou calmes, les eaux de l’océan Atlantique le passionnaient lui aussi, et invariablement le ramenaient vers elles. Comme les sirènes de L’Odyssée, leurs chants l’attiraient. Que ce soit le doux murmure des vagues léchant le sable, le clapotis contre la coque d’un bateau, ou les assourdissantes déflagrations lorsqu’elles explosent contre un quai ou des rochers, il aimait la mer. Il fallait qu’elle soit là, toute proche. Il ne parvenait toujours pas à comprendre pourquoi il n’habitait pas une ville du bord de mer. Si, finalement, avec du recul, il comprenait pourquoi : un temps, l’amour avait été le plus fort. L’amour avait décidé à sa place. À l’époque, l’idylle n’était pas naissante puisque lui et son épouse se connaissaient depuis quatre ans lorsqu’ils avaient emménagé dans la grande maison héritée par sa femme, au décès de sa mère. Jour après jour, le temps avait fait son œuvre, imposant de nouvelles habitudes auxquelles il s’était plié de bonne grâce, trouvant un équilibre en partageant son existence entre les avantages d’une ville de taille moyenne, et la mer que pour son travail il voyait quotidiennement.

    Au deuxième étage du petit immeuble résidentiel, cachée derrière le rideau d’une porte-fenêtre, la femme guettait celui qu’elle attendait. Il était pile à l’heure. Mais que faisait-il ? Pourquoi n’ouvrait-il pas la portière ?

    Dans sa voiture, l’homme enfonça la casquette sur sa tête, remonta le col de son blouson, avant de s’assurer du résultat dans le miroir du pare-soleil. S’avouant qu’il était évident que l’on ne pouvait le reconnaître, il posa la main sur la poignée de la portière. Il sortit en souplesse ; du moins, tout est relatif, de façon plus souple qu’il ne le faisait d’ordinaire. Connaissait-il une seconde jeunesse, ou était-ce en prélude au rendez-vous galant qu’il se voulait léger comme l’air ? Il entrevoyait la réponse, et comme un adolescent certain de retrouver sa petite copine avec laquelle, en s’y blottissant ou en la prenant dans ses bras, il allait redécouvrir l’indicible bonheur de ressentir la chaleur d’un corps près du sien. Il sentit un frisson parcourir son corps tout entier.

    Il avait envie de courir, mais il ne pouvait se permettre de se faire remarquer, alors il s’obligea à marcher. Curieusement, de penser à ne pas accélérer le pas lui donnait l’impression de ne pas marcher normalement, de manquer de naturel.

    L’entrée de la résidence était commandée par un digicode. À aucun moment il n’avait pensé à demander le code, et celle qui l’attendait n’avait pas non plus pensé à le lui donner. De la dernière phalange de son index, il appuya sur le bouton du seul logement qui ne possédait pas une étiquette comportant le nom du ou des propriétaires.

    — Oui ! fit une voix féminine.

    — Je suis là.

    — Vas-y, monte, je t’attends.

    Négligeant l’ascenseur qui lui aurait fait perdre un temps précieux, car bien entendu il n’était pas au bon niveau, il embouqua l’escalier. Il aurait voulu franchir les marches deux à deux, mais la crainte de parvenir essoufflé deux étages plus haut le retint. Pour ce rendez-vous, il s’était mis à son avantage, se douchant, se rasant de près, se parfumant d’une eau de toilette au prix mirobolant, s’habillant avec goût. Il n’allait pas tout gâcher en arrivant époumoné, une goutte de sueur sur le front…

    Il y avait deux portes sur le palier. Pour éviter toute méprise, l’une était entrebâillée. Sans sonner ou frapper, il repoussa lentement la porte du dos de la main. Elle pivota sur ses gonds, découvrant un couloir qui menait à deux chambres et à la salle de bains. Il entra, referma la porte, et tourna la clé dans la serrure. Cette formalité accomplie, sans hésiter, il prit à droite, vers la pièce à vivre. Elle était là, debout, de dos, nue, totalement nue.

    Aussitôt, il en éprouva de la déception, car il aurait voulu la déshabiller lui-même, procédant par étapes, tout en l’embrassant et en la caressant. Sa contrariété fut de courte durée. Il en fallait plus, beaucoup plus, pour éteindre l’envie de la posséder qui soudain l’envahit.

    Les longs cheveux noirs de la femme étaient retenus par un chouchou, qu’elle défit d’un geste rond, souple, élégant. Mi-homme mi-bête, il laissa tomber sa casquette, s’approcha, l’enlaça et l’embrassa à la limite du cou et de la nuque. Plus excité que jamais, il soufflait. Il en avait conscience, alors intérieurement il s’exhorta au calme, mais son instinct animal prenait le dessus.

    Comme toutes les autres, la pièce était vide de tout mobilier. Pas un lit pour recevoir leur délire amoureux, pas une table ou même une chaise, seulement le sac à main de la femme et ses vêtements. Qu’à cela ne tienne, il l’emmena vers le sol, se débarrassa de ses vêtements sans y accorder autant de soin qu’il en avait mis pour les enfiler. Sur le plancher vitrifié, il la prit.

    I

    — Salut, Simon, c’est Max. Je vais être en retard, ce matin. J’ai un pneu à plat sur ma bagnole. Le temps de mettre la roue de secours et de passer déposer l’autre pneu à un garage pour qu’on retire la pointe que j’ai vue, et j’arrive.

    — Pas de souci. Je viens d’arriver au bureau, là, mais depuis cinq heures et demie ce matin, j’étais avec Maela.

    Maela Gourriou est une sympathique trentenaire qui dépend de l’antenne de police judiciaire de Brest. Elle a pour avantage de parler le breton, ce qui est un atout non négligeable lorsqu’elle doit interroger des personnes qui pratiquent cette langue. L’avantage pour cette polyglotte est que le lien peut se faire plus facilement, et amener à divulguer de précieuses informations.

    — Comment va la jeune brigadière-chef ?

    — Elle n’était pas à prendre avec des pincettes. Elle était furax de venir si tôt depuis Plouzané. Je ne dirais pas qu’elle fume clope sur clope mais, à ce régime-là, elle ne fera pas la matinée avec son paquet.

    — C’est du lourd, ce qui a motivé sa venue ?

    — Ce matin, à quatre heures trente, une voiture a essuyé des coups de feu. Ça s’est déroulé ici à Quimper, à quelques centaines de mètres du tribunal, rue Louis-Hémon. Tout le voisinage a été réveillé. La BAC* était sur place quelques minutes plus tard. La BSU** a isolé le site et a prévenu le permanent du parquet, la vice-procureure Juliette Trodat, qui à son tour a saisi le permanent de la PJ, cette chère Maela. Elle m’a réveillé pour me demander de l’aider à procéder aux premières constatations, et elle a requis le concours du SRIJ***. Ils sont trois sur place, depuis une petite heure.

    — Laissons-les bosser avec Maela jusqu’à ce que j’arrive, on verra ce qu’ils pourront nous apprendre. Pour ce matin, on ne change pas le dispositif d’hier. Tu dis à Justin et Suzy de planquer, et toi, tu planches sur les écoutes.

    — Entendu. À tout à l’heure !

    C’est bien ma veine. De l’équipe du matin à l’hôpital Laennec de Quimper, Murielle est partie depuis près de deux heures ; sinon, j’aurais pris sa voiture et j’aurais requis un garage local pour réparer le pneu, et le tour était joué. Je pose mon portable et mon blouson sur le siège conducteur, referme la portière, et vais prendre le cric et la croix démonte-roue dans le coffre. Allez, au boulot !

    La roue de secours en place, un passage par la maison est obligatoire pour me laver les mains, tant l’enjoliveur était sale de résidus de freinage ou de je-ne-sais-quoi. Je suis en train de me savonner les mains quand mon portable fait entendre les premières notes de Whole lotta love, le méga-tube du groupe Led Zeppelin que j’ai choisi pour sonnerie depuis un bon moment, sans m’en lasser. Me déhanchant pour lire le nom de l’appelant, je constate qu’il s’agit de Simon. Il va attendre une minute, il n’y a pas urgence. Lorsque j’ai les mains sèches, je le rappelle.

    — Tu as cherché à me joindre ou tu as fait une mauvaise manip’ ?

    — J’ai bien tenté de t’avoir en ligne. Juliette Trodat a appelé, elle te veut au plus tôt dans son bureau.

    — Eh bien, elle va patienter. Elle t’a dit ce qu’elle me voulait ?

    — Oui, dessaisir Maela et nous confier l’affaire des coups de feu. Je lui ai dit de ne pas compter sur toi avant une bonne demi-heure.

    — En gros, c’est le temps qu’il va me falloir pour rappliquer. Je me mets au volant, et je vais directement au tribunal. Tu as vu avec Suzy et Justin ?

    — Oui, ils viennent de partir.

    — OK. À plus tard !

    Sept à huit minutes pour sortir de Concarneau et emprunter la bretelle d’accès à la voie express, autant sur celle-ci avant la bretelle de Troyalac’h, un peu plus pour, après tout un jeu de ronds-points, me diriger vers le centre-ville de Quimper, encore deux ou trois pour trouver un stationnement et revenir à pied, et je suis au tribunal de grande instance à peu près dans le créneau horaire indiqué.

    À l’entrée, un agent de sécurité m’invite à déposer dans une bannette en plastique les objets métalliques en ma possession. Ma carte professionnelle m’évite le portique, et la sonnerie qui n’aurait manqué de retentir car, outre mon portable et mon trousseau de clés, j’ai mon arme de service dans son holster, et une paire de menottes dans son étui.

    Au rez-de-chaussée, la porte du bureau de la vice-procureure est entrouverte. Assise derrière son bureau, la femme de loi est occupée à signer un document que sa secrétaire a glissé dans un parapheur. Quand c’est fait, cette dernière revient vers la porte, arbore un sourire à croquer, et après un regard vers sa supérieure hiérarchique, qui acquiesce en opinant du menton car elle aussi m’a aperçu, elle s’efface pour me céder le passage, puis sans bruit referme la porte.

    — Bonjour, capitaine Moreau. Asseyez-vous. Alors, un problème de voiture, ce matin ?

    — Une crevaison, ce qui entraîne un léger retard. Je m’en tire bien, il a commencé à pleuvoir juste quand je resserrais le dernier boulon.

    C’est sans ambages qu’après cette précision elle entre dans le vif du sujet :

    — Avez-vous été avisé des coups de feu de cette nuit ?

    — Oui, par l’un de mes équipiers, celui à qui la brigadière-chef Maela Gourriou a demandé un coup de main.

    — Sitôt prévenue, je suis allée sur les lieux. Je n’en sais pas énormément pour l’instant, sinon que le propriétaire de la voiture canardée travaille dans le Pays bigouden et réside à Quimper. Maela Gourriou va rester avec vous aujourd’hui, avant de repartir vers le Finistère nord.

    Inutile d’objecter quoi que ce soit, sa décision est prise.

    Il faut croire qu’involontairement j’ai grimacé ou que mon regard a trahi mon abattement, car elle s’empresse d’opposer :

    — Abandonnez momentanément le dossier de stupéfiants sur lequel vous travaillez, ou confiez-le à un seul de vos agents, et concentrez vos forces sur cette affaire. Vous savez aussi bien que moi que lorsque les dealers seront arrêtés, aussi important soit leur trafic, d’autres prendront leur place, et tout sera à recommencer. Alors…

    Le reste de sa phrase se perd dans un silence lourd de signification.

    — Mes chefs veulent des résultats, Madame la procureure. Du produit, encore du produit, toujours du produit.

    — Je connais leurs exigences, mais ils doivent bien comprendre que nous ne parviendrons jamais à éradiquer les trafics. Il s’en trouvera toujours pour reprendre le flambeau. Le marché des stupéfiants est bien trop lucratif. Pour l’affaire qui désormais vous concerne, il y a eu usage d’une arme, et cela est bien plus grave. Je m’accommoderai avec votre hiérarchie, s’il le faut. Pour l’instant, vous êtes chargé d’une enquête de flagrance. Si d’ici deux semaines vous n’obtenez pas de résultat, je nommerai un juge d’instruction.

    Elle se lève et marche vers la porte, signe que l’entretien est terminé.

    — Vous avez fait du bon boulot, lors de votre dernière grosse affaire. Et en un temps limité, qui plus est. Si vous travaillez à la même vitesse, il n’y aura vraisemblablement pas de raison d’en nommer un. Au revoir, capitaine Moreau. Bon courage !

    Pour clore le rendez-vous et motiver les troupes, le coup de brosse à reluire qui va bien. Une éternelle coutume, chez les membres du parquet, à laquelle je ne me ferai jamais. Son comportement n’est pas détestable, à l’inverse de celui du procureur Colinet, il est même un brin amical, et apporte une certaine détente à nos rencontres.

    Le temps de notre entrevue, la pluie a cessé, laissant de belles flaques et remplissant les caniveaux. Je n’ai pas envie de découvrir les lieux de la fusillade, pourtant proches. Pas maintenant. Ma priorité est de me procurer les premiers éléments recueillis par la BAC et la BSU, les premiers à être intervenus. Cela ne me prendra pas beaucoup de temps avant d’aller retrouver Maela.

    Au commissariat de la rue Théodore-Le Hars, quelques serrements de main aux collègues du rez-de-chaussée, puis je rejoins Simon dans son bureau, au troisième étage.

    — Comment ça va, Max ?

    — Une seconde, j’arrive, dis-je en allant à mon bureau allumer mon ordinateur. Pas génial, mon début de journée : d’abord un pneu crevé, et maintenant la proc’ qui nous refile du taf supplémentaire, comme si on n’avait que ça à faire. Et toi, ça baigne ?

    — Oui, ça va. Comme convenu, Suzy et Justin sont en planque, et moi je retranscris les SMS et appels d’hier soir et de la nuit. Coup de bol, il n’y en a pas des masses.

    — Tant mieux, parce qu’on laisse momentanément tomber ce dossier ! Oh, avant d’en parler, je voudrais te féliciter.

    Interloqué, il retient la main qu’il me tendait pour me saluer, maintenant que je suis dans son antre.

    — Me féliciter ! Et pourquoi donc ? Qu’est-ce que j’ai bien pu faire qui puisse mériter tes félicitations ?

    — Ce ne sont pas seulement les miennes, de félicitations. Attention, roulement de tambour : brigadier-chef Simon Jaouen, vous êtes nommé au grade de major de la police nationale.

    — Non ! Tu déconnes ! Je l’ai, ma promo ?

    — Je suis très sérieux. J’ai appris ça hier soir. Te sachant émotif, mon biquet, je ne t’ai pas prévenu, sinon tu n’aurais pas fermé l’œil de la nuit. Or, j’ai besoin d’agents parfaitement reposés et disposant de toutes leurs facultés pour mener à bien les missions dont nous sommes chargés.

    — T’es con, Max ! Tu aurais dû me bigophoner.

    — Pour que tu fêtes ça à l’apéro avec Madame ? Ce qui m’a retenu, c’est que tu n’aurais pas été frais et dispo ce matin.

    Devant son air indécis, je me dois de le rassurer :

    — Mais non, je rigole ! Ça m’a effleuré, mais je me suis dit que ce serait bien de le faire avec les collègues.

    Nouveau regard soupçonneux du major.

    — Là encore, ce n’était qu’une plaisanterie. Pour dire la vérité, je n’ai pas pris le temps quand j’ai eu l’info, et en arrivant chez moi j’ai complètement zappé.

    — Dommage, sinon, j’aurais prévu un truc pour aujourd’hui. J’aurais pris des croissants.

    — Partie remise, mon ami. Allez, on se met au boulot : que peux-tu me dire sur les coups de feu de cette nuit ?

    — Très peu. Il y a trois bastos dans la carrosserie et une autre dans le pare-brise d’une Mercedes. Un gros modèle.

    — Je vais récupérer des infos chez Bruno Céramit. Il en sait peut-être plus.

    À l’étage en dessous, le capitaine responsable de la BSU est attablé derrière son bureau, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur. Ayant entendu le bruit de mes pas, il lève une paupière.

    — Ah, je t’attendais ! annonce-t-il en tendant une main, que je serre. Je me doutais que j’allais avoir ta visite.

    — Salut, Bruno. Note bien que je m’en serais passé. On n’avait pas besoin de ça, on ne sait déjà plus où donner de la tête.

    — Ne te tracasse pas, j’ai l’habitude.

    Cela est dit sans animosité, Céramit ne vivant pas mal la décision du procureur.

    — Qu’est-ce que vous avez pu gratter ?

    — Rien. Mes gars ont discuté avec le proprio de la bagnole en attendant que la permanente de la PJ arrive, mais ils n’ont pris aucune déposition.

    — Et que dit le propriétaire ?

    — Il n’a pas d’ennemi, il ne voit pas qui pourrait lui vouloir du mal. Selon lui, ce n’est pas sa voiture qui était ciblée. Ce serait un hasard.

    — Ils le croient ?

    — Pour l’instant, rien n’interdit de lui faire confiance.

    — Merci, Bruno, à plus tard.

    *

    Accompagné de Simon, à qui j’ai relaté mon court entretien avec le patron de la BSU, je quitte le commissariat pour rallier la rue Louis-Hémon. Le palais de justice est en bordure de l’Odet, la rivière qui traverse la ville avant de suivre son cours jusqu’à Bénodet, où elle se mêle à l’océan Atlantique. Derrière le palais de justice, des rues calmes abritent de splendides demeures bourgeoises construites pour la plupart dans la première moitié du XXe siècle. En temps normal, il n’est pas évident de dénicher une place pour se garer. Mais aujourd’hui, tant que les techniciens du SRIJ n’ont pas terminé de photographier les lieux sous tous les angles et de procéder à toutes sortes de relevés et constatations, une voiture de police barre la rue et interdit la circulation. Un vent léger fait danser la rubalise jaune sur lequel il est inscrit « Police nationale — Zone interdite ». Pour nous laisser accéder, un policier en uniforme récemment affecté au commissariat la soulève bien haut pour éviter qu’elle ne s’accroche sur l’antenne. Nous sortons de la voiture, et attendons que Maela s’aperçoive de notre arrivée, demeurant derrière un cavalier numéroté posé au sol près d’une douille pour ne pas polluer la scène. Il y a d’autres cavaliers, une bonne dizaine qui chacun porte un chiffre, sur le macadam ou le trottoir.

    Les spécialistes de la police technique et scientifique ont déployé les grands moyens en termes d’effectifs. Ils sont trois, en combinaison blanche et capuche, gantés et masqués. L’un fouille précautionneusement l’habitacle de la Mercedes, les deux autres, le coffre. La brigadière-chef est près d’eux.

    Lorsque les deux techniciens délaissent le coffre pour aller vers leur

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