Marin Fouqué 77
Il attend. Au début, c’est tout ce qu’on sait de lui. Dans le vrombissement des voitures et le silence d’un hameau du sud du 77, le département de la Seine-et-Marne. Est-il collégien, lycéen? Qu’importe. Il possède un sens très pointu du portrait et de l’anecdote qu’il décline avec dextérité et un brin de facétie, pour nous donner à voir ce coin très loin de Paris, où tout n’est pas encore bitume, où il y a beaucoup d’espace et de temps pour écouter et observer. Les gars qui déboulent à toute allure en faisant des doigts d’honneur, le père Mandrin, un paysan bougon qui voue un culte à la boue et à l’ère d’avant la bétonisation, les petits qui font les malins, la fille Novembre, garçonne, casse-cou et mignonne aussi, qui électrise les regards, une vieille aux mains baladeuses, les ados qui foirent les études, ainsi que les timides à côté de leurs pompes et de leurs vies. Le bus passe. Il se roule un joint. Il contemple les autos métallisées qui passent et les tags sur les murs qui s’impriment dans son esprit et rejoignent ses souvenirs. Une enfance dans le 77. Les histoires qu’on s’invente à cet âge-là sur les grandes personnes qui nous paraissent toutes excentriques ou dangereuses ou folles. Et les courses-poursuites, les amours, les défis, les trahisons, les bêtises et les vengeances. Devant lui, le narrateur a une journée entière pour créer. Avec 77, Marin Fouqué nous offre de la poésie in progress, une performance assurément. ■
MÉTALLISÉE, MÉTALLISÉE, MÉTALLISÉE
Ça se voyait à nos tronches, qu’on s’y attendait pas. Drôle de convoi. Surtout à cette heure-ci
Trois à la suite. Si lentement. C’est rare. Voilà pourquoi je m’en souviens. Cette journée a commencé comme un moteur qui démarre mal. Une hésitation. Une saccade.Trois longs râles. D’habitude, les cris des pneus, c’est court, c’est
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