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Nouvelles saisons suivi de les heures virales: Roman
Nouvelles saisons suivi de les heures virales: Roman
Nouvelles saisons suivi de les heures virales: Roman
Livre électronique109 pages1 heure

Nouvelles saisons suivi de les heures virales: Roman

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À propos de ce livre électronique

Saint-Pierre-sur-Asse est une petite commune rurale de Basse Marche au nord du Limousin.


Caroline, en repos chez la mère d’une amie à la suite d’un burn-out sévère, va se retrouver au cœur d’une histoire d’amour et d’un crime. Sa vie en sera changée.


Plusieurs mois après, c’est Laurence, une romancière parisienne venue pour un projet d’écriture, qui, confinée à Saint-Pierre pour cause de COVID-19, s’attache à ce territoire.


C’est au travers des récits de ces deux citadines que ce roman nous fait entrer dans cet univers de la campagne que certains imaginent à tort morne et loin de la modernité.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Passionnée par la littérature anglo-saxonne en général et en particulier par les romans de Rosamunde Pilcher, Marie José Dauby est une férue de romans policiers, d’histoire, de théologie et de poésie.



LangueFrançais
Date de sortie20 oct. 2021
ISBN9791037735621
Nouvelles saisons suivi de les heures virales: Roman

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    Aperçu du livre

    Nouvelles saisons suivi de les heures virales - Marie José Dauby

    Nouvelles saisons

    Première partie

    Mon premier vœu mal refermé

    Mon premier amour infirmé…

    La possibilité d’une île, Michel Houellebecq

    Mathilde et moi

    Antoine Berthier, le vieux en question, qui marchait sur la route au loin, avait soixante-dix ans. Mathilde, mon interlocutrice en avait soixante-trois. On était début juillet et les chaudes soirées de l’été qui s’installait se prêtaient parfaitement à la promenade d’un maître et de son chien. Quant à l’agressive saillie verbale de mon amie, elle déguisait la douleur et la peur d’une femme blessée.

    Je jouais la légèreté.

    — Il semble avoir encore beaucoup de charme, notre Antoine.

    — Je ne suis pas attirée par les vieux.

    — J’ai cru comprendre. Mais je te fais remarquer que vous aviez déjà ces sept ans d’écart au temps de vos amours.

    Rires, sourires et grimaces.

    — Il avait promis de ne jamais revenir !

    — Je sais. Il a vendu la maison quand même !

    — Pour y revenir en locataire aujourd’hui !

    — Il est veuf maintenant.

    — Caroline, une promesse est une promesse !

    — …

    — Que peut-il bien venir faire ici à part me tourmenter ?

    — Tu devrais en parler à François.

    François est le frère de Mathilde.

    — Je ne comprends pas. Il aurait déjà dû m’annoncer lui-même le retour de son vieux copain. Tout cela est loin d’être clair.

    — Trois jours maintenant qu’il est là. Qu’il sillonne les routes et les chemins, en voiture, à pied, à toute heure. Trois jours que tu ne veux plus sortir, que je fais seule toutes les courses !

    Ni lecture ni télévision ce soir-là. Le chant étrange des grenouilles qui coassaient n’était pas seul à nous tenir à la fenêtre de la cuisine.

    Le regard de Mathilde ne pouvait se détourner du maigre cours d’eau qui, sous nos yeux, serpentait au milieu du pré en contrebas de la maison. C’est là qu’enfant, plus jeune qu’eux, elle s’évertuait à suivre François et Antoine dans d’interminables parties de pêche à la gardèche. De gentils garçons pleins de patience et de bienveillance pour cette petite sœur incontournable qui ne cessait de prendre son fil dans les herbes folles et appelait sans cesse au secours. Le décès précoce de leurs parents avait particulièrement soudé François et Mathilde. François, aujourd’hui encore, alors même que tous deux étaient devenus de vénérables grands-parents, se montrait toujours très protecteur envers Mathilde.

    Bien sûr que Mathilde était amoureuse d’Antoine. Bien sûr qu’il ne voyait en elle qu’une gentille gamine. Bien sûr qu’elle en essuierait des larmes au fil des ans, en voyant défiler les conquêtes du jeune homme.

    Elle a longtemps découpé des robes de mariées dans le Petit écho de la Mode que recevait sa grand-mère Marthe. Elle cachait sous son édredon des Nous Deux ou autres romans-photos dérobés aussi à Marthe qui lui interdisait cette lecture. Mais Marthe avait tant à faire qu’il n’était pas difficile de tromper sa vigilance. Peut-être aussi qu’elle n’était pas dupe et laissait faire. Un sourire malicieux quand, longtemps après, Mathilde dévoilerait son petit manège… Portée par ses sentiments pour Antoine, l’orpheline se projetait dans le grand bain de la vie des adultes où l’amour est la grande affaire.

    Il en faudrait du temps avant qu’Antoine ne la voie comme une femme. Trop tard.

    Ce soir, alors qu’à quelques encablures de là, dans la maison sur la colline en face, Antoine devait être rentré de sa balade vespérale, Mathilde ne semblait pas voir le splendide coucher de soleil qui incendiait le ciel de cette paisible campagne limousine.

    J’étais chez Mathilde depuis plus de deux mois. Venue me mettre au vert, chez la mère de ma meilleure amie, à la suite d’un burn-out sévère. Mathilde avait été ma prof d’arts plastiques dans ce lycée de Limoges qu’elle avait fini par quitter pour d’autres horizons. C’était il y a longtemps.

    Ni Gabrielle Russier ni Brigitte Macron… Mathilde avait seulement abandonné l’éducation nationale après avoir vécu un épisode amoureux avec un élève de Terminale quand sa fille Cécile et moi étions en classe de première. Divorce. Cécile et sa sœur Marianne étaient restées vivre à Limoges avec leur père, tandis que Mathilde ouvrait à Poitiers une boutique de prêt-à-porter. Avec une amie d’enfance. Une couturière qui se retrouvait sans emploi à cause de la fermeture d’une usine de textile à La Souterraine.

    Les filles de Mathilde en voulurent beaucoup à leur mère. Il y eut des années très difficiles. Les relations se réchauffèrent quand Cécile et Marianne devinrent mères à leur tour et accédèrent à la demande de leurs enfants de connaître mieux leur grand-mère maternelle. Les trois enfants chérirent leur mamie. Une nouvelle ère commençait aussi pour la mère et ses filles.

    Mathilde, aux vacances scolaires de Toussaint et de février recevait les deux petites filles de Cécile et le fils de Marianne. Elle s’ingéniait à rendre ces séjours passionnants pour les enfants.

    Parfois, elle allait passer quelques jours près d’eux à Paris. Des visites éclairs, car elle ne se sentait pas assez proche de ses filles et de leurs styles de vie pour s’installer durablement près d’elles et de leurs familles. Cécile était magistrate et avait épousé un professeur d’éducation physique. Marianne était comédienne. Avec un mari dentiste, issu d’une famille bourgeoise, elle n’exerçait sa profession que très épisodiquement.

    Mathilde… Mon ancienne prof, la mère « indigne » de ma plus vieille copine. Je n’en revenais toujours pas qu’elle ait accepté de me recevoir – à la demande de sa fille – de rompre cette semi-solitude qu’elle avait choisie pour vivre ses années de retraite. Pour éventuellement me permettre de retrouver goût à la vie après ma tentative de suicide. Et voilà que je me perdais là avec elle dans la contemplation du maigre ruisseau où nul enfant ne vient plus taquiner de poissons.

    Une famille en été

    Mathilde n’avait jamais douté qu’elle viendrait finir ses jours au pays de ses racines, ici, à Saint-Pierre-sur-Asse, une petite commune du nord de la Haute-Vienne. La maison que lui avait léguée sa grand-mère était devenue sa résidence principale depuis trois ans. Elle était construite à un kilomètre du bourg, au sommet d’un petit tertre boisé au carrefour de deux routes communales. Cette petite parcelle de terre, elle la voyait comme une île. Accessibilité, mais mise à distance. Des décennies de turbulences venaient s’échouer là, à l’abri des combats, des tumultes et des passions.

    Lire, peindre, écrire et n’ouvrir la porte qu’à la famille et quelques amis soigneusement sélectionnés. C’est dans cette configuration de vie que Mathilde avait accepté de me recevoir et nous avions dès le départ fixé les règles de notre cohabitation. Nous avions de lointains souvenirs en commun et nous trouvâmes tout de suite une proximité rassurante. Instinctivement, nous savions quand nous rapprocher ou nous éloigner l’une de l’autre. Quand ou non partager des moments ou des activités. Les tâches ménagères, les courses, l’occupation de l’espace, tout fonctionnait sans heurt, sans agacement. Nous trouvâmes mille sujets de

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