Dame en blanc et cœur noir
Quinze mois. Il y a déjà quinze mois que Mathilde a été engagée par Aymerie de Montfleury pour s’occuper de sa santé – jour et nuit. Présentée par un chirurgien ami du comte qui venait d’être victime d’un infarctus, elle s’est installée dans la villa Plein Soleil du cap d’Antibes et se consacre depuis au vieil homme et à son cœur défaillant.
Les rapports entre eux ont très favorablement évolué, au fil des semaines. Montfleury est un homme social, toujours à l’écoute des autres. Loin de l’image du vieux grigou près de ses sous, il se montre généreux en toutes circonstances et avec tout le monde.
En premier lieu avec Mathilde, mais aussi avec les dépanneurs, les quémandeurs et autres nécessiteux en tout genre.
Il est vrai qu’à 83 ans, Aymerie ne sait que faire de son argent. Il n’a plus de famille – sa femme est morte il y a près de vingt ans et il n’a jamais eu d’enfants. Il était lui-même fils unique, seul héritier de son père, grand comte et industriel célèbre disparu en 1988.
Depuis, Aymerie, homme d’affaires inspiré, n’a cessé de faire fructifier sa fortune, davantage par passion professionnelle que par appât du gain. Mais aujourd’hui, il doit se méfier : il pourrait être une proie idéale pour une personne mal intentionnée…
Après sa première attaque, Aymerie a été victime d’un second infarctus fin janvier.
Depuis, Mathilde redouble d’attentions envers lui. Matin et soir, elle lui distribue des médicaments au dosage précis afin de lutter contre le cholestérol ou favoriser la fluidification du sang. Après le déjeuner, elle fait quotidiennement une piqûre d’Héparine dans le gras du ventre de son patient. Mais son travail ne se limite pas à la distribution de médicaments. Engagée à plein temps à la demande d’Aymerie, elle se charge aussi de l’intendance, elle commande des repas équilibrés, fait parfois elle-même la cuisine, surveille les intervenants divers. Grâce à la confiance qui s’est
