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La dame qui fuit Saint-Tropez: Roman policier
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La dame qui fuit Saint-Tropez: Roman policier
Livre électronique211 pages2 heures

La dame qui fuit Saint-Tropez: Roman policier

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À propos de ce livre électronique

Thriller sous le soleil de la Côte d'Azur
1925, sur la Côte d'Azur. Tout sourit à Colette, dont la notoriété ne cesse de grandir. Attirée par le Midi, elle achète à Saint-Tropez une maison très simple, qu’elle baptise la Treille Muscate.

Quelques décennies plus tard, un important homme d’affaires parisien y est assassiné dans des conditions obscures. Delphine Naboulet, admiratrice de Colette et passionnée par son œuvre, part sur les traces de son auteur favori et se retrouve au centre du drame. Sur fond d’immobilier douteux, la nouvelle enquête du Capitaine Ange Mattéi prend une saveur particulière, à l’accent du Midi et aux odeurs d’olive. 
Un roman policier haletant sur les traces de Colette !
À PROPOS DE L'AUTEUR 
Martine Cadière vit entre Waterloo et le Périgord Noir. Auteure et conférencière, elle est membre de l’Association des Écrivains belges et de l’Association des Conférenciers de langue française. Elle écrit essentiellement des romans policiers contemporains dont le sujet est toujours une femme mythique, qui a des combats à mener et des idées à défendre. C’est Ange Mattéi, un gendarme Corse, malin, extraordinairement courtois et très épris de sa femme, qui dirige les enquêtes.
EXTRAIT 
Tout a commencé le jour où Maxence Pelissier a exigé d’occuper la Treille Muscate au mois de juillet. Madame Chotard, la responsable commerciale de l’agence, m’avait prévenue. L’été, les nantis qui louent une villa dans le golfe de Saint-Tropez sont toujours arrogants et mauvais payeurs. Toujours. Et s’ils ont l’air normaux ou affables, il faut se méfier, redoubler d’attention et tout vérifier. Et je sais que le jour du départ, avant de leur remettre la caution, il conviendra de prendre son temps et d’éplucher tous les postes un par un.

Mais pour l’heure, les locataires viennent à peine d’arriver. Et depuis que j’attends debout sur la terrasse, alors qu’il est plus de midi et qu’il fait une chaleur d’Afrique, je me dis que Madame Chotard a diablement raison. J’ai soif mais plutôt mourir que de mendier un verre d’eau à ces gens, un couple de Parisiens chics aux narines pincées, sans enfants. Ils vont et viennent, ouvrent le frigidaire, inspectent les chambres, le jardin, la piscine. Ils n’en finissent pas de sortir les valises des voitures et de fureter partout et, moi, je suis bien obligée d’attendre le chèque de garantie et de relever les compteurs. À plusieurs reprises, je me suis retrouvée sur leur chemin, mais ils ne m’accordent pas un regard. Je suis idiote de ne pas m’asseoir, mais, debout, il me semble que je contrôle mieux la situation. Puisque je suis condamnée à cuire et à patienter, et que personne ne m’adresse la parole, je reste donc en conversation silencieuse avec les buis et les lézards. Mais je garde les épaules dégagées, la tête haute et l’attitude professionnelle. Pas question de me laisser aller.
LangueFrançais
ÉditeurMols
Date de sortie9 déc. 2014
ISBN9782874021725
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    La dame qui fuit Saint-Tropez - Martine Cadière

    Monaco

    1.

    Je l’ai trouvée au bord d’une route que craignent

    les automobiles, et derrière la plus banale grille…

    une maison petite, basse d’étage

    avec une terrasse couverte de glycine.

    Colette

    Tout a commencé le jour où Maxence Pelissier a exigé d’occuper la Treille Muscate au mois de juillet. Madame Chotard, la responsable commerciale de l’agence, m’avait prévenue. L’été, les nantis qui louent une villa dans le golfe de Saint-Tropez sont toujours arrogants et mauvais payeurs. Toujours. Et s’ils ont l’air normaux ou affables, il faut se méfier, redoubler d’attention et tout vérifier. Et je sais que le jour du départ, avant de leur remettre la caution, il conviendra de prendre son temps et d’éplucher tous les postes un par un.

    Mais pour l’heure, les locataires viennent à peine d’arriver. Et depuis que j’attends debout sur la terrasse, alors qu’il est plus de midi et qu’il fait une chaleur d’Afrique, je me dis que Madame Chotard a diablement raison. J’ai soif mais plutôt mourir que de mendier un verre d’eau à ces gens, un couple de Parisiens chics aux narines pincées, sans enfants. Ils vont et viennent, ouvrent le frigidaire, inspectent les chambres, le jardin, la piscine. Ils n’en finissent pas de sortir les valises des voitures et de fureter partout et, moi, je suis bien obligée d’attendre le chèque de garantie et de relever les compteurs. À plusieurs reprises, je me suis retrouvée sur leur chemin, mais ils ne m’accordent pas un regard. Je suis idiote de ne pas m’asseoir, mais, debout, il me semble que je contrôle mieux la situation. Puisque je suis condamnée à cuire et à patienter, et que personne ne m’adresse la parole, je reste donc en conversation silencieuse avec les buis et les lézards. Mais je garde les épaules dégagées, la tête haute et l’attitude professionnelle. Pas question de me laisser aller.

    Madame Pelissier-Morelle, la riche et pâle locataire de cet été torride, me tend enfin une main nonchalante, en regardant ailleurs. Elle a pris le temps de se changer et alors que je ruisselle de partout, elle est incroyablement fraîche dans une robe en soie blanche, coiffée d’un joli chapeau qu’elle a rabattu sur le côté pour ne pas offrir son visage à la lumière. Elle se tient très droite et part clairement du principe que je suis une esclave.

    — Eh bien, merci, ce sera tout, Madame. Si nous avons besoin de vous, nous avons le numéro de l’agence.

    Je lui fais un vague signe de tête, je ramasse mon sac, mon porte-documents, et je sors par le côté du jardin. J’ai hâte de retrouver Madame Chotard et de lui expliquer comment on peut tuer de sang-froid, de mille façons différentes. C’est que j’ai eu le temps d’y penser.

    Mais comme j’ai somme toute un naturel joyeux, je pense aussi à tout ce que je vais m’offrir avec mes honoraires, plutôt confortables pour une telle villa située aux Canoubiers, face à la Méditerranée. C’est l’endroit le plus agréable du golfe.

    Quelques terrains, d’une valeur inestimable, ont été récemment vendus à un consortium immobilier resté anonyme. Personne ne sait ce qui va s’y construire, mais toutes les agences immobilières du golfe de Saint-Tropez vont se battre pour avoir ces propriétés en portefeuille.

    Et, ici, les gens espèrent que la vue sera préservée, le Maire et les élus s’y sont engagés. Si quelqu’un prend la peine de vérifier au cadastre, il distinguera un petit immeuble qui appartient au lot, situé rue du Temple, à l’entrée de Saint-Tropez. C’est un grand cube couleur rose fané qui ressemble de loin au Titanic, et c’est Vacatim, une agence immobilière de la rue du Petit Bailli qui gère le bien.

    L’agence qui m’a engagée il y a un an à peine.

    2.

    Septembre 1925.

    Lettre à Monsieur François Fracchia, entrepreneur

    Boulevard Louis-Blanc à Saint-Tropez

    J’accepte le devis de seize mille francs que vous me

    soumettez et j’espère que nous serons, l’un et l’autre, contents.

    Dites-moi d’avance ce que vous me demanderez au moment

    où vous commencerez les travaux.

    Colette

    — Alors, tu aimes ?

    — Si j’aime ? J’adore, Maurice, mon petit Maurice, c’est celle-ci qu’il me faut.

    — Il n’y a aucun confort, tu l’as remarqué ?

    — Je m’en tape, du confort.

    — Il est vrai qu’elle n’est pas chère. Trente mille francs…

    — Négocie encore, Maurice, moi, j’en suis incapable.

    Monsieur Tondu, le propriétaire de la maison, se tient à l’écart, sur la terrasse. C’est un homme complètement chauve, dont le crâne rasé brille au soleil. Il s’évente frénétiquement.

    Colette, séduite par les parfums du Midi, la mer tiède et le chant bondissant des cigales, veut la maison, elle la veut de toute son âme. Maurice ne pourra pas la lui refuser, elle l’observe d’ailleurs en coin, les deux hommes discutent doucement, en se souriant. Maurice a l’habitude des transactions, on peut lui faire confiance.

    Le jardin est une véritable forêt équatoriale, mais Colette aime ça, les jardins sauvages. Il sera toujours temps de l’apprivoiser, la maison d’abord. Et Maurice, le merveilleux Maurice qui se tourne vers elle.

    — Te voilà propriétaire, ma perle.

    — Oh, merci, Maurice, oh, que je suis heureuse.

    Puis elle se tourne vers l’ancien occupant et lui adresse un sourire radieux.

    — Vous verrez, Monsieur Tondu, je la soignerai, votre maison.

    — Faites ce qui vous plaira, ma petite dame, je n’y allais jamais, bien content de m’en débarrasser.

    Elle n’écoute déjà plus, elle a disparu derrière la végétation et, courbée vers le sol, elle a enfui les mains dans la terre. Oh, mais que ce jardin est enivrant ! D’abord, des tomates et des courges, puis les rosiers, la vigne, la glycine, les chats.

    Ensuite, on verra.

    3.

    Je suis si bien que je me le reproche presque.

    J’ignorais tout de ce pays et j’y trouve

    une chaleur éventée, des nuits fraîches et ma maison !

    Je n’ai aucun confort, mais ça n’a pas d’importance,

    j’habite avec une lampe à pétrole,

    un matelas et mon maillot de bain.

    Colette

    Madame Chotard a des yeux partout. Sur les contrats, les photos de vitrine, le cléfier, mais aussi le kilométrage des voitures « Vacatim », les produits d’entretien, les factures et les dépenses. C’est le genre de femme capitonnée de certitudes et très sûre d’elle mais c’est une vraie professionnelle, rien à voir avec moi, Delphine Naboulet, exécutante administrative en principe et bonne à tout faire en réalité. Mais j’aurais tort de me plaindre, le travail est agréable, l’ambiance épatante, et le job rapporte. Que demander de plus.

    — Vous savez conduire ?

    Ben, oui, je sais conduire. Je ne sais pas faire grand-chose d’autre et mes cinquante ans bien sonnés ne sont sans doute pas un atout commercial, mais je maîtrise correctement l’anglais, j’ai une petite voiture et je raffole des jardins, des plantes médicinales et du commerce. Pour la location de villas luxueuses, ça devrait suffire, non ?

    Non. Je vois ça dans les yeux de Madame Chotard.

    — Vous connaissez le golfe ?

    Pas sous toutes les coutures, mais il n’est pas bien compliqué, son « golfe », qu’elle prononce avec la bouche en cul-de-poule. Il est même assez moche si on y réfléchit bien avec les baraques à pizza, les marchands de matériaux et les restos de routiers plantés sur la route. Et je ne parle pas des campings, des enseignes criardes et du monstrueux carrefour de la Foux. Dix minutes pour le contourner en hiver, trois heures en été, tout le monde sait ça. Mais bon, Madame Chotard vit encore sur les gloires de Saint-Tropez.

    Et pour qui aime un ciel immuable, le sable fin, de grands parasols en jonc et quelques yachts élégants, les plages de Saint-Tropez sont tout simplement parfaites. Pour les autres, et je suis de ceux-là, le golfe est très ennuyeux.

    Moi, ce que j’aime dans le golfe, c’est de savoir que Colette y était aussi. Colette est mon grand sujet, ma passion et mon exemple, Colette, tombée amoureuse de Saint-Tropez et propriétaire d’une maison qui la rendait tellement heureuse qu’elle se le reprochait. Voilà ce que j’aime, le Saint-Tropez du dix-neuvième, un territoire protégé, les jolies maisons verticales, le paradis des chats et des jeunes cyprès.

    Donc, j’ai été engagée. Je ne sais pas pourquoi mais je savais que ça allait marcher. Au début pourtant, j’étais transparente, les beaux yeux de Marianne Chotard ne me voyaient pas et il a fallu que je m’impose. Et quand j’ai su qu’un de mes premiers contrats concernait la Treille Muscate, j’ai cru défaillir de bonheur. Que cette villa soit aujourd’hui baptisée « Shalimar », une horreur, n’a pas terni ma joie.

    4.

    Malgré tout, mon jardin est resté un jardin provençal,

    l’ail est au long de l’espalier et le piment près du rosier

    que l’on taille bas pour qu’il résiste au vent.

    Colette

    On en a vu défiler dans l’agence, mais quand je l’ai vue entrer, j’ai tout de suite su que c’était elle qu’il nous fallait. Pendant une longue semaine, j’ai épluché une série déprimante de CV nuls à pleurer, pas de permis de conduire, aucune notion d’informatique, et pas un mot d’anglais ou d’allemand.

    Elle, avec sa petite robe blanche et ses jambes joliment bronzées, tape à la vitesse de l’éclair et parle trois langues. Avec ça, elle affiche une allure assurée sans trop en faire, des yeux francs et un sourire éblouissant. Elle n’est pas de la première jeunesse, mais tant mieux, notre clientèle n’aime ni les apprentis ni les débutants.

    Antoine Abatucci, le patron de l’agence, me regarde en coin. Quoi ? Abatucci me regarde toujours en coin, il aime que je prenne des décisions à sa place, que je travaille à sa place, que je fasse tout à sa place. Abatucci est un fainéant, un vrai. Tout l’ennuie et le fatigue, sauf l’appât du gain, une promesse de vente ou un chèque d’acompte. Là, il s’excite et il se réveille. C’est énervant.

    — Madame Chotard ?

    — Oui ?

    — Je peux vous parler en privé ?

    — Oui. Bien sûr que oui.

    Abatucci m’a attirée dans le bureau du fond, celui de Gérard Porterain, un des commerciaux.

    — Alors, on la prend ?

    — Et les autres candidates ?

    — Vous les décommandez. Vous prétextez un temps de réflexion, des congés annuels, enfin n’importe quoi, il faut en finir ! Agissez, Madame Chotard, vous avez carte blanche.

    Comme d’habitude, il a réussi à me refiler le boulot. Je suis donc revenue dans le bureau principal, où elle m’a attendue, les mains sagement croisées sur ses genoux.

    — Vous commencez demain, Madame Naboulet.

    Et je lui ai souri sans vraiment sourire, j’ai parlé d’un ton maussade, je l’ai détaillée de la tête aux pieds. Il ne fallait pas qu’elle s’y croie.

    5.

    Ô lumière ! Le mur, au voisinage de tant de feux,

    rougit comme une joue.

    Colette

    Madame Chotard a voulu que je l’accompagne. Aller avec elle en clientèle est éprouvant. Non pas qu’elle minaude ou prenne toute la place, mais elle a une façon de faire sentir qu’elle est là et qu’elle mène le jeu qui me rend hystérique. Elle parle avant moi, puis disparaît quand il faut appâter le client, me laisse tout négocier et revient pour m’interrompre aux bons moments. Ça me rend dingue.

    Mais je n’ai aucun droit. Madame Chotard sévit sur tout le marché immobilier de Saint-Tropez, de Gassin jusqu’à Grimaud. Elle est bien connue des agences concurrentes et nul ne songerait à marcher sur ses plates-bandes. C’est la figure charismatique de Vacatim, le client qui entre dans l’agence ne voit qu’elle et son travail est parfait. Elle est ordonnée, soignée et fanatiquement minutieuse. Au début, elle ne me parlait pas de sa famille ni de sa vie privée. Rien, pas un mot. C’en était risible, ce mystère qu’elle construisait autour d’elle. Mais un matin, alors que les autres étaient en visite, elle est venue près de moi.

    — Regardez, Delphine, j’ai une nouvelle cuisine.

    Elle a déposé sur mon bureau une grande photo couleur d’un électroménager rutilant, avec îlot chromé et hotte futuriste. Personnellement je n’aime pas trop, mais je ne peux ignorer le geste.

    — Superbe !

    — N’est-ce pas ?

    Elle se permet un sourire rêveur. Je l’imite automatiquement car à l’agence Vacatim, quand Madame Chotard sourit, tout le monde sourit.

    — J’en rêvais depuis tellement longtemps. La négociation McLean, vous vous souvenez ?

    Si je m’en souviens ! Une après-midi entière dans l’agence, à palabrer en anglais, à faire chauffer la calculette, à évaluer les travaux… À la signature, nous étions épuisées mais c’est le mois suivant que je me suis offert un séjour en Égypte.

    Elle me reprend la photo des mains, sans rien ajouter. Elle ne dira rien de plus, mais j’ai pris ça comme un signe, un début de complicité, il fallait bien que je me contente de peu. Après tout, je vis plus de huit heures par jour avec elle.

    L’intermède cuisine flambant neuve ne s’est pas reproduit. Nous parlons donc des clients, des nouveaux biens rentrés en portefeuille, de la saison qui commence, de Sarkozy, de Hollande, de rien du tout. Madame Chotard ne se livre jamais et j’ai bien compris le pouvoir d’une telle attitude.

    Bref, au moins une fois par jour, je me dis que je ne la supporte plus et, rentrée chez moi, je

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